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Citations de Jasmin Darznik (84)


-Dieu est partout, me dit un jour ma mère alors que je n’étais encore qu’une fillette.
Plissant des yeux , elle me cloua du regard et ajouta:
-Il est partout, il voit tout ce que tu fais.
Bien qu’elle ne fût pas voilée, sa vie serait toujours un tapis de prière devant l’autel de la peur.
( Iran années 40)
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Et c’était l’amour, ce sentiment tremblant
Qui soudain nous enveloppait
Dans l’allée sombre
Et nous ensorcelait dans la chaude munificence
De nos souffles, nos cœurs battants et nos sourires furtifs.

« Ces jours-là », Forough Farrokhzad
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J’accroche deux boucles de cerises rouges à mes oreilles
Je colle des pétales de dahlias sur mes ongles
Il existe une rue
Où des garçons des cheveux en bataille
Le cou mince et les jambes maigres
Étaient amoureux de moi
Et pensent encore au sourire innocents d’une feuille
Qu’une nuit le vent a emportée

(Forugh Farrokhza)
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Les pièces de la maison familiale étaient réparties selon la tradition en une andaroon, aile destinée aux femmes, et une birooni, réservée aux hommes. Un long et étroit couloir reliait les deux parties de la maison et de hauts murs en briques barricadaient la résidence sur tous ses côtés. C’était une maison qui se détournait du monde pour jeter ses regards vers l’intérieur ; une maison dans laquelle les femmes pensaient que les murs étaient à l’affût du péché ; une maison où la vérité se devait d’être chuchotée ou était tout bonnement tue.
Chapitre 2
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Nous avons cueilli la vérité au jardin
Sous le regard timide d’une fleur anonyme
Nous avons atteint l’éternité
Dans l’instant infini
Où deux soleils se font face.

Extrait de "La Conquête du jardin" de Forough Farrokhzad
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La fin de mon enfance venait de sonner, même si je l’ignorais encore. Si j’avais eu conscience de ce qui allait m’arriver, aurais-je pénétré à la suite de ma mère dans cette pièce, enfouie dans les bas-fonds de la ville ? Si j’avais deviné l’objet de la visite, aurais-je fait demi-tour pour prendre la fuite avant que ma mère ne frappe le heurtoir en laiton contre la porte ? J’en doute. J’avais quinze ans et, aux dires de tous, j’étais déjà une fauteuse de troubles, mais en ces instants où ma sœur et moi nous étions tenues dans la lumière couleur de miel du Téhéran de cet automne-là, je n’avais pas la moindre idée du sort qui m’attendait et j’étais trop pétrifiée pour prendre la fuite.
(Incipit)
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Je parle de nos mains amoureuses,
Passerelle pour traverser la nuit lumineuse,
Bercée par les parfums et la brise.

Viens dans la prairie
Dans la vaste prairie
Et appelle-moi à travers
Les houppes soyeuses des acacias
Comme le cerf appelle sa compagne.

( extrait de " La conquête du jardin " de Forough Farrokhzad )
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On ne fait que se perdre en regardant en arrière.
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« Mon pays est de ceux où l’on estime qu’une femme est par nature pécheresse, où l’on affirme que les voix féminines ont le pouvoir de pousser les hommes à la luxure et à les détourner tant des questions célestes que terrestres. Pourtant, quand je feuilletais les revues et ouvrais des recueils de poésie, j’y trouvais des hommes qui décrivaient toujours leurs amours et leurs maîtresses avec une franchise et une liberté consommées. Pendant des milliers d’années, les hommes ont comparé leurs bien-aimées à ce qui leur plaisait, dépeint sur tous les modes leurs requêtes et supplications amoureuses, décliné tous les états que l’amour leur procurait. Et les gens lisaient cette poésie dans la sérénité la plus totale. Personne n’élevait de protestation. Personne ne s’écriait : « Ô mon Dieu, les fondations de la moralité ont été ébranlées ! La pudeur et la pureté sont des valeurs sur le point de s’effondrer. Cet auteur va dévoyer la morale de notre jeunesse ! Nous sommes voués à la damnation ! »

Parce que j’étais une femme, on a voulu me bâillonner et m’asphyxier. Mais je ne pouvais me contenir. Il m’était impossible de jouer les modestes, les pures ou les bonnes filles. Non. J’étais une femme et ne pouvais m’exprimer avec la voix d’un homme, car ce n’était pas la mienne, c’eût été malhonnête et illégitime. Mais il y avait plus : en écrivant en tant que femme, je voulais également affirmer qu’une femme était, elle aussi, un être humain. Proclamer que nous avions nous aussi le droit de respirer, de nous récrier ou de chanter. »

Chapitre 14
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[Dans les années 50] J'apprenais à marcher dans les rues de Téhéran comme si elles m'avaient toujours appartenu, et à mesure que je découvrais le plaisir d'observer le monde, je me rendais compte que les restrictions de mon enfance n'étaient pas simplement destinées à nous cacher, nous les filles, de la vue des autres, mais aussi à nous dissimuler l'ampleur du monde.
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La finalité de toutes les forces
c'est de s'unir au principe lumineux du soleil
et de couler dans l'intelligence de la lumière
(...)
Pourquoi m'arrêterais-je ?
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Je suis née en Iran, pays s'étirant sur 4800 kilomètres et juché sur un plateau rocailleux bordé de tous côtés par de hautes montagnes. Au nord, des forêts de pins, de bouleaux et de trembles longent la mer Caspienne; au sud, s'élèvent des mosquées aux dômes de turquoise, se déploient des villages sculptés dans la pierre couleur de miel ainsi que les vestiges des jardins et palais de Pasargades, Susa et Persépolis. De vastes déserts de sel et de sable s'étendent d'est en ouest. Chaque jour de l'année, les quatre saisons se déclinent à l'intérieur des frontières iraniennes. Ici, sous une surface en perpétuel changement où fleurs sauvages, sable, roc et neige se côtoient, les veines noires du pétrole plongent au coeur de la terre.
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- Pensez aux écrivains que vous admirez le plus. Qu’est-ce qui vous a apporté du réconfort dans leurs mots ? Donné du courage ? Seuls les auteurs qui ont pris le risque d’être honnêtes ont le pouvoir de nous toucher.
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- On ne fait que se perdre en regardant en arrière, disait-il.
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On apprenait à une fille iranienne à se tenir tranquille et à être docile, or dès ma plus tendre enfance, j'étais entêtée, bruyante et effrontée. Une bonne fille iranienne devait être pieuse, modeste et soignée ; j'étais impulsive, raisonneuse, et désordonnée. Je me considérais l'égale de mes frères, avec l'esprit et l'audace qu'il fallait pour répondre aux leurs. Enfants, quand ma sœur et moi jouions dans le jardin, ma mère nous criait toujours dessus parce que nous laissions et abîmions nos vêtements. Comme Pouran était d'un tempérament plus doux et prompte aux larmes, elle essuyait moins de reproches : mais un coup d'oeil de ma mère à un de mes coudes écorchés, un de mes genoux égratignés ou ma robe salie, et elle s'emportait, m'empoignait et m'assénait une fessée ou une gifle.
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J'apprends à marcher dans les rues de Téhéran comme si elles m'avaient toujours appartenu, et à mesure que je découvrais le plaisir d'observer le monde, je me rendais compte que les restrictions de mon enfance n'étaient pas simplement destinées à nous cacher, nous les filles, de la vue des autres, mais aussi à nous dissimuler l'ampleur du monde.
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Quel que soit le sujet, on en revenait toujours au pétrole : la façon dont il était extrait du sol, qui était autorisé à l'exporter, quelles seraient les conséquences si le pays obtenait finalement la souveraineté sur ses puits de pétrole et les profits afférents. Subterfuges, accusations et cupidité faisaient rage, se déchaînant sans relâche jusqu'à ce qu'un jour, à Abadan, la terre répondit elle-même par le feu.
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J’imiterais à la perfection le sourire séduisant d’Ava Gardner, et le regard froid et assuré de Vivien Leigh. J’irais là où j’en aurais envie, et j’écrirais ce qui me plairait. Je reconnais que mon plan pour réaliser tout cela était peu original, mais au sein de ce monde limité, mes méthodes n’appartenaient qu’à moi : je choisirais mon propre mari, et ainsi, j’échapperais enfin à la maison du Colonel.
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Dans l'incendie d'Abadan, Golestan voyait toute l'histoire de notre pays, mais une force plus essentielle l'avait attiré ici. La réalisation d'un film requérait du contrôle. De la maîtrise. Sa réussite tenait à la façon dont un film absorbait le spectateur. Alors que nous travaillions ensemble, je me rendis compte que ce qu'il faisait avec une telle assurance et facilité consistait en réalité à capturer le monde. Diriger un film revenait à dire. Voici comme je vois le monde, et à ajouter : voyez le comme moi.
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L'amour est une autre contrée. Non, j'irai plus loin : la différence entre deux pays étrangers n'est jamais aussi grande que celle qui existe entre être amoureux et ne pas l'être. Non seulement le monde autour de soi semble transformé quand on est épris de quelqu'un - lumineux alors qu'il était morne, vivant et varié alors qu'il n'était que routine- mais les gens ne sont plus les mêmes, à commencer par soi, encore qu'il s'agit peut-être juste d'un retour à son moi originel.
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