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Citations de Jean-Baptiste Fressoz (37)


Sortir du carbone sera autrement plus difficile que sortir du capitalisme, une condition aussi nécessaire qu'insuffisante.
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Enfin, même si les interruptions soudaines d'éclairage dans les salles de spectacle ne tuèrent aucun monarque, elles furent indirectement la cause de centaines de morts. En 1858, quinze personnes sont piétinées au théâtre Victoria de Londres lors d'une panique suscitée par une légère explosion de gaz. En 1881, à l'Opéra de Nice, le décor prend feu à cause d'un bec de gaz. Plus de deux cents personnes périssent asphyxiées, brûlées ou étouffées dans la panique qui suit. (...)
Après la catastrophe de Nice, les lampes à huile firent d'ailleurs un retour dans les salles de spectacle françaises pour guider les spectateurs vers la sortie en cas d'interruption du gaz.
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En démontrant le télescopage du temps court de l’action humaine et du temps long de la Terre, les sciences du « système Terre » ont également ouvert un nouveau champ d’investigation absolument fondamental au croisement des sciences naturelles et de l’humanité.
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Dans l'histoire géologique tout comme dans leurs modélisations du futur, les scientifiques ont détecté des points de basculement du climat et des seuils d'effondrement brutal des écosystèmes. Ainsi, notant que la Terre oscille depuis 400 000 ans entre un état froid, glaciaire, et un état tiède, interglaciaire, ils suspectent l'existence d'un "point de bascule" (vers +2° ou +3° ?) au-delà duquel le système Terre changerait d'attracteur et se dirigerait vers un nouvel état stable résolument plus chaud (à +5° ? +8° ? Nul climatologue ne peut le prédire) qui a existé il y a des dizaine de millions d'années, bien avant l'apparition du genre humain, et a duré des millions d'années. Bien loin des projections linéaires des rapports du GIEC, il s'agirait d'un véritable saut dans l'inconnu.
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Prendre au sérieux l'Anthropocène, c'est donc acter qu'il n'y a rien à gagner à parler de "crise environnementale". Le mot crise entretient un optimisme trompeur ; il donne à croire que nous serions simplement confrontés à un tournant périlleux de la modernité, à une épreuve brève dont l'issue serait imminente. Le terme de crise désigne un état transitoire, or l'Antrhopocène est un point de non-retour
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En 2002, dans un article de la revue scientifique Nature, Paul Crutzen développe sa proposition : il faut ajouter un nouvel âge à nos échelles stratigraphiques pour signaler que l'Homme, en tant qu'espèce, est devenu une force d'ampleur tellurique. Après le Pléistocène, qui a ouvert le Quaternaire il y a 2,5 millions d'années, et l'Holocène, qui a débuté il y a 11 500 ans, "il semble approprié de nommer Anthropocène l'époque géologique présente, dominée à de nombreux titres par l'action humaine". Le Prix Nobel propose de faire débuter ce nouvel âge en 1784, date du brevet de James Watt sur la machine à vapeur, symbole du commencement de la révolution industrielle et de la "carbonification" de notre atmosphère par combustion du charbon prélevé dans la lithosphère.
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La transition des pays riches d’Europe de l’Ouest hors du charbon est, en partie, un artefact statistique lié à une convention commode : l’attribution des émissions de CO2 aux pays producteurs des biens et non aux consommateurs.
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Ce livre a décrit les contextes politiques, théologiques, impériaux et savants au sein desquels le changement climatique fut perçu, pensé, anticipé, craint, enduré mais aussi célébré depuis le XVIème siècle. Un autre récit est toutefois possible, qui dégage dans le maelström des théories du XIX ème siècle – portant sur la chaleur, la physique du Globe, les âges glaciaires ou la spectroscopie des gaz – les avancées scientifiques ayant abouti au diagnostic contemporain du réchauffement global. Cette histoire est infiniment plus claire, plus courte, mais aussi plus rassurante. Les savoirs en question ont été validés par la physique contemporaine, le doute en est exclu de même que la politique, les conquêtes, les forêts, les mauvaises récoltes, le peule, la faim, les révoltes.
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« Si le réchauffement global a été et reste un choc pour les consciences, c'est parce que le début du XX ème siècle, la civilisation industrielle et la science nous ont inculqué deux idées confortables mais fausses. D'une part, que l'agir humain ne saurait perturber le climat, de l'autre que les sociétés riches n'avaient, pour l'essentiel, plus rien à craindre de ses soubresauts. Notre sidération face à la crise existentielle du réchauffement tient largement à ces illusions rassurantes d'un climat à la fois inébranlable et inoffensif. Elle est l'épilogue funeste de l'histoire qu'a retracé ce livre ».
Début de l'épilogue.
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Au bout de notre enquête, nous n'avons pas découvert "l'origine" d'une "conscience" écologique, mais plutôt l'inverse : "la fabrication industrielle et scientifique d'une forme d'apathie face à l'agir climatique. La genèse de sociétés qui se plaisaient à croire qu'elles avaient enfin conjuré cette menace.
Fin de l'introduction.
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L'histoire de l'énergie à visée gestionnaire repose sur un sérieux malentendu : ce qu'elle étudie sous le nom de "transition énergétique" correspond en fait très précisément à l'inverse du processus qu'il convient de faire advenir de nos jours dans le contexte de la crise climatique et du pic pétrolier.
La mauvaise nouvelle est que si l'histoire nous apprend bien une chose, c'est qu'il n'y a en fait jamais eu de transition énergétique. On ne passe pas du bois au charbon, puis du charbon au pétrole, puis du pétrole au nucléaire. L’histoire de l'énergie n'est pas celle de transitions, mais celle d'additions successives de nouvelles sources d'énergie primaire. L'erreur de perspective tient à la confusion entre relatif et absolu, entre le local et le global : si, au 20e siècle, l'usage du charbon décroît relativement au pétrole, il reste que sa consommation croît continûment, et que globalement, on n'en a jamais autant brûlé qu'en 2012.
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L'image de la Terre vue de l'espace véhicule une interprétation simplificatrice du monde. Elle procure un sentiment de vision d'ensemble, globale, dominatrice et extérieure, plutôt qu'un sentiment d'appartenance humble. Elle couronne ce que Philippe Descola a nommé le "Naturalisme", né en Occident, par lequel nous concevons les autres êtres de la Terre comme partageant la même "physicalité" que nous humains, mais comme étant d'une intériorité radicalement différente de la nôtre, nous positionnant ainsi en surplomb par rapport à la nature, dans l'extériorité stratégique de celui qui gère et pilote le système Terre auquel il appartient. Cette appréhension de notre place sur Terre à partir d'une perspective spatiale prolonge aussi une vision de l'objectivité comme une "vue de nulle part" née au milieu du 19e siècle, selon laquelle le bon savoir est celui qui est produit en s'abstrayant du système observé, pour laisser parler la nature. Ainsi, on ne pourrait bien connaître et bien gérer les problèmes de la planète qu'en la regardant de l'espace, par une vision en quelque sorte "déterrestrée". Ce point de vue supérieur postule non simplement que "nous n'avons qu'une seule Terre" (le fameux slogan de la Conférence de Stockholm en 1972), mais aussi qu'il existe un savoir supérieur sur les problèmes de la planète. Il perpétue un imaginaire naturaliste (dont l’anthropologue Philippe Descola a montré qu'il était un des quatre grands modèles de rapport des humains au monde) et, plus encore, un imaginaire "déterrestré", produit d'une culture technoscientifique qui s'est développée conjointement avec les dynamiques qui nous ont fait basculer dans l'Anthropocène. Cet imaginaire n'est pas neutre et domine d'autres imaginaires du rapport à la Terre (ceux des communautés indigènes et des mouvement socio-environnementaux populaires par exemple) qui pourraient, eux aussi, être porteurs de perspectives et de solutions pertinentes face aux dérèglements écologiques.
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Notre conception "moderne" de la liberté se heurte aux limites planétaires, non sans crispation d'ailleurs. Elle bute contre la finitude des ressources et des capacités d'absorption de nos impacts sur la planète.
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L'Anthropocène est politique en ce qu'il implique d'arbitrer entre divers forçages humains antagonistes sur la planète, entre les empreintes causées par différents groupes humains (classes, nations), par différents choix techniques et industriels, ou entre différents modes de vie et de consommation. Il importe alors d'invertir politiquement l'Anthropocène pour surmonter les contradictions et les limites d'un modèle de modernité quo s'est globalisé depuis deux siècles, et explorer les voies d'une descente rapide et équitablement répartie de l'empreinte écologique des sociétés.
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L'histoire moins indifférenciée et plus explicative de l'Anthropocène que nous proposons dans ce livre s'attache à déplacer la focale de l'étude des milieux atteints et des cycles biogéochimiques perturbés vers les acteurs, les institutions et les décisions qui ont produit ces atteintes et ces perturbations.
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Le récit dominant des antropocènologues fabrique une humanité abstraite, uniformément concernée, voire, implicitement, uniformément coupable.
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Ce qui signifie que "nous" - enfin, surtout les 500 millions les plus aisés du globe - consommons non seulement les fruits mais aussi l'arbre sur lequel nous sommes assis.
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Habiter moins effroyablement la Terre devient l'enjeu du XXI° siècle sous peine de secousses politiques et géopolitiques majeures
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L'impératif climatique ne commande pas une nouvelle transition énergétique, mais oblige à opérer, volontairement, une énorme auto amputation énergétique : se défaire en quatre décennies de la part de l'énergie mondiale - plus des trois quarts - issue des fossiles. Penser que l'on puisse tirer de l'histoire quelques analogies utiles sous-estime de manière dramatique la nouveauté et l'énormité du défi climatique.
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Car si les origines du réchauffement sont faciles à retracer, ce qui permettrait son arrêt dépasse l'imagination historique.
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