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Citations de Jean Barbe (39)


Je rentre soûl, je me précipite au lit pour éviter ton regard. Je vais au lit, je fais semblant de dormir. Je ne prends des nouvelles de rien. Mais j'écoute. Je reconnais à ton pas ta colère contre moi. Tu marches sur les talons, brusquement, et le plancher résonne comme une peau de tambour.. Tu fais du bruit. Tu manifestes ton désaccord, ton humiliation, ta détresse, ton envie de me faire du mal pour te venger de celui que je te fais. Mais tu es trop bien éduquée. Tu ne crois pas aux bienfaits de la violence. Alors tu brasses les assiettes, les tasses, tu manies les objets avec brusquerie, comme s'ils étaient moi. Cette rage, il faut bien l'évacuer, la faire sortir ; elle crispe tes muscles, elle contraint tes poumons, elle t'étouffe.
[...]
Je ne fais rien. Je suis faible. Je suis fait d'une matière faible. Ça craque là où je suis. Alors je ne bouge pas. Je ne fais rien. L'inertie est la seule force qui me reste.
[...]
Et quand enfin tu viens te coucher, ta colère un peu calmée, je fais toujours semblant de dormir. Il n'y aura pas de gestes tendres, nous ne savons plus. J'écoute ta respiration ralentir, ton souffle s'apaiser. Alors seulement je peux moi aussi espérer le sommeil. Côte à côte sans nous toucher, l'amour épuisé, et sachant tous deux que demain ne sera pas une autre journée, mais la même, jusqu'à ce que quelque chose cède au-delà de tout espoir.

(p.138-139)
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- [...] Ce que je sais, c'est le sentiment de puissance qu'on éprouve lorsqu'on met quelqu'un en joue et qu'il suffit d'une pression du doigt pour effacer à jamais une vie. Je vous met au défi d'essayer : postez-vous sur un toit avec une carabine à lunette et visez les fourmis qui arpentent les trottoirs pour se rendre innocemment au travail. Vous n'avez même pas besoin de tirer, ils n'ont même pas besoin d savoir que vous êtes là. Vous éprouvez l'exaltation de la puissance. C'est comme une drogue. Au début, c'est une drogue. Même sans tirer. Mais il arrive ce qui arrive dans ces cas-là, et puisqu'on peut tirer, on finit par le faire.

(p.334-335)
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La vie serait insoutenable si nous n'avions pas la capacité d'oublier. Et la vie est insupportable parce que nous oublions.
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Ici, les choses se précipitent. La chronologie m'échappe. Les souvenirs se chevauchent. Je ferme les yeux pour que les images se précisent. Je me souviens de la peur. J'avais peur. Pour ne pas avoir peur, il faut être mort. C'est étrange cette sensation. C'est totalement insensé que de se ruer vers l'ennemi, vers le feu de l'ennemi. Et pourtant, ce n'était pas insensé. Il y a, pendant la guerre, une logique dont on ne retrouve plus le fil en temps de paix.

(p.258)
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"On n'aime pas quelqu'un, on aime l'image qu'on s'en fait. L'amour n'est jamais inconditionnel, il y a toujours des conditions. Et l'amour d'une mère ... C'était comme le filet gluant d'une toile d'araignée."
p.227
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Nous allions tout droit vers la déception de l'âge adulte, quand soudain les hommes et les femmes qui vous entourent cessent de vous parler en bébé et vous révèlent d'un seul coup tout ce dont ils vous avaient jusqu'alors protégés : la duplicité, les contorsions de la vie en société, l'épouvantable obligation de gagner sa vie, l'absence totale de pitié d'un monde qui vénère l'argent et sacrifie les hommes par cupidité.
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- Écoutez, dit-il, je n'ai jamais tué par plaisir, vous comprenez ?
- Oui.
- Je n'ai jamais tué pour gagner quelque chose ni par vengeance ni quoi que ce soit. Ceux que j'ai tués étaient des ennemis, et je les ai tués dans l'exercice de mes fonctions à l'intérieur d'un cadre établi, d'accord ?
- D'accord.
- Eh bien, ça ne change rien. J'ai tué quand même. Et au début, même si on ne le veut pas, on ressent quelque chose de très fort. Au début, il n'y a rien de plus puissant. Rien. Enlevez la culpabilité, la peur du châtiment et la condamnation morale, et tuer devient l'acte qui vous procure le plus grand sentiment de puissance qui soit. Meilleur que l'orgasme, qui nous ramène à notre condition de mammifère, alors que tuer nous élève à la condition de Dieu.

(p.334)
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Les gens veulent améliorer leur sort, continua-t-il. Tout le malheur vient de là. On prend les armes pour faire un monde meilleur! Et on devient inhumain à force de rêver d'un peu plus d'humanité.
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La culture, les arts, la littérature, le roman sont ce qui se rapproche le plus de la télépathie. Pendant qu'on lit un roman, on vit dans la peau d'un autre, on ressent ce qu'il ressent, on vibre à ce qui le fait vibrer. On aime et désespère avec lui. On ressent sa joie, ses craintes et son ennui. Pendant le temps de la lecture, quelques heures ou quelques jours, on vit plus que notre vie : on vit la sienne aussi, en parallèle. On se charge d'âmes.
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"Le vrai pouvoir des anges,pensai-je, c'est de pouvoir tout quitter en quelques battements d'ailes."
p.177
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Il suffit d'avoir une poignée d'hommes à diriger pour comprendre que six milliards d'individus ne sont pas dirigeables.
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Le garçon comprit que l'amour était une forme délicieuse et particulièrement puissante de télépathie.

P.142
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À quoi sert de rêver puisqu'on se réveille un jour ?
p.173
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Mes jours se déroulaient selon une routine établie qui ne sollicitait aucune contribution de ma part. Je ne vivais pas ma vie, elle s'en chargeait toute seule. Une existence raisonnable jusqu'à la dissolution du moi. (p. 18)
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Sur les montagnes de gravats, les enfants jouaient toujours en poussant de petit cris. Ils étaient une dizaine, aux vêtements déchirés, inconscients des luttes de leurs parents, de leurs sanglots refoulés. Sur les ruines de leur ville, ils jouaient. Ils n’étaient que des enfants, crottés, hirsutes, rêveurs. Des petits monstres.
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Gras et mou, je considérais la lecture comme un exercice violent dont je me reposais en fumant des clopes.
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Qu'est-ce qu'une haine entre deux peuples frères sinon un trait de famille cimentant son histoire ? Vous nous retirez le ciment en nous objectivant. Vous avez transformé en spectacle planétaire ce qui était une tragédie privée; à nos débordements, vous avez appliqué votre propre théorie de la mise en scène. Nous sommes devenus les acteurs de votre théâtre, les marionnettes de votre arrogante compassion.
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Jean Barbe
"On est toujours d'un côté ou de l'autre de la geule des armes" Page 9
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Les larmes d’une mère. Quelle force prodigieuse en tire-t-elle! Je la regardais, intimidé. Je voyais ma mère, je voyais toutes les mères du monde. Je voyais Florence, la mère de mes enfants. L’immensité de l’amour maternel, l’immensité de l’impuissance de l’amour. Les mères, de leurs bras, veulent endiguer l’océan, de leurs larmes irriguer les déserts. L’amour est éternellement condamné à chercher un geste, une caresse, un mot, un baiser pour s’incarner. Fantôme d’amour qui soupire après la vie, c’était elle, c’était cette vieille-là, dans cette ruine-là, la maison de famille où le Monstre avait appris à marcher.
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Les gens veulent améliorer leur sort, continua-t-il. Tout le malheur vient de là. On prend les armes pour faire un monde meilleur! Et on devient inhumain à force de rêver d’un peu plus d’humanité.
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