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Citations de Jean Dubuffet (62)


Jean Dubuffet
Je suis en tout domaine épris de sauvagerie
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La notion de culture, telle qu'elle est conçue aujourd'hui, essentiellement publicitaire, se trouve naturellement portée à affectionner les oeuvres les plus lourdement significatives pour ce qu'elles se prêtent mieux aux mécanismes de la publicité, puis à transporter le principe de valeur des oeuvres à leur valeur publicitaire.
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Pour mes portraits j'aime bien donner à mes personnages le plus possible un petit air de fête. Ce qui m'intéresse c'est leur fête propre à chacun bien sûr, leur spécialité personnelle de fête, mais pour dire la vérité, non, je n'ai pas très fort ce sentiment que chacun soit tellement spécialiste. C'est plutôt comme un sentiment que j'aurais plutôt d'un petit air qui court tout partout de par le monde et pas seulement dans le visage des personnes mais en même temps aussi bien que la même musique dans les arbres, dans les nuages, dans les eaux et dans le vent.... Je crois bien que le portrait le plus sommaire, le plus informe, mais qui joue tant soit peu cette musique, me fera meilleur service que celui le plus appliqué du monde auquel manquerait ce petit air là
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La fleur de barbe



Extrait 10

Barbe des longues veillées
Barbe des fautes inexpiées
Barbe des délibérants consternés
Char de barbe des amants
Barbe des attentes vaines
DEs guetteurs des assiégés
Barbe des occasions manquées
Barbe des renoncements
Puant silo de laine
Barbe empoisonnée d'Isaïe
Barbe des barons de Baltique
Et du cavalier de Hongrie
Surgis muraille maléfique
Au menton des démons d'Asie
Entends la jolie musique
Le fracas des cloches de barbe
Sonne et terrifie
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La fleur de barbe



Extrait 6

Fils insolent débile enfant
Regarde bien ce que je suis
Cesse tes dires imprudents
Je suis le château de barbe
Je suis la citerne aux échos
La nacelle du vaisseau
Pavoisé de barbe
Je suis le mouvant rideau
La robe de nuit du drapeau
Je suis le stratégique oiseau
Aux ailes de barbe
A genoux jeune étourdi
Épelle le manuscrit
Du grand corps de barbe
Chaque jour s'y sont inscrits
Mes jeûnes mes appétits
Texte menu géographie
Déchiffre l'arbre de vie
Carte de vœux inassouvis
Déployée comme une prairie
Lis dans le livre de ma barbe
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La fleur de barbe



Extrait 1

As-tu cueilli
La fleur de barbe
sur la mi-côte
C'est le printemps et voici
Que la barbe reverdit
s'en tisse le fil un lundi
A la fin de la semaine
S'embarbe tout le pays

J'ai parcouru le lit
De la barbe aux menus nids
Route de silence et de nuit
Mes pieds se sont épanouis
Dans la tiède laine nourrie
Des souvenirs de toute vie
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Quelques termes d'emploi très commun demandent à voir leur sens élucidé: à commencer par la qualification d'intelligent, laquelle, il y a lieu d'en prendre bien conscience, s'applique à qui fait montre d'une faculté d'adaptation particulièrement empressée au jeu des concepts culturels et au maniement des principes et mécanismes de pensée que la culture lui propose. C'est à ce docile caméléon dénué de couleur propre et prêt à prendre celle du bain dans lequel on le plonge que va l'attribution du prix d'excellence.
On appelle doué pour le dessin un qui montre de l'aptitude à dessiner dans le mode que la culture du moment impose; on dit de celui-ci qu'il sait dessiner, on dit de son ouvrage, bien docile au vent de la culture, qu'il est bien dessiné; il en va de même pour bien parler, bien écrire, bien se comporter.
Qui est en quête d'apports personnels et non de reflets de miroir, sera donc conduit à inverser le poids de ces termes, et à porter son attention à ce qui n'est pas intelligent, n'est pas bien dessiné, bien écrit.

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Jean Dubuffet
Titres

Texturologies
Récit du sol
Natura genitrix
Pierre de contention
Messe de terre
La vie sans l'homme
Sérénité profuse
La vie interne du minéral
Tumulte végétal
La célébration du sol
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Parmi les peintures qui m'ont occupé l'an dernier s'en trouvent bon nombre qui ne représentent rien que le dessus d'une table ; celle-ci est parfois porteuse d'objets indéterminés, mais le plus souvent nue. Ces tables, de texture croûteuse et hérissée, comme celle des paysages, sont avec ces derniers en étroit rapport. Elles répondent à l'idée que n'importe quel lieu du monde est... peuplé d'un fourmillement de faits : pas seulement ceux qui appartiennent à la vue de la table elle-même mais aussi, mêlés à ceux-ci, d'autres qui appartiennent à la pensée de l'homme et qu'il projette sur sa table au moment qu'il la regarde..
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Jean Dubuffet
Ceux à qui le monde n'apparaît pas à leur goût, je leur conseille de ne pas tâcher de changer le monde mais de changer leur goût.
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L’argument des professeurs et des agents de culture contre l’art brut est que l’art purement brut, intégralement préservé de tout apport provenant de la culture et de toute référence à elle, ne saurait exister. Je ferai alors observer aux professeurs que le même caractère de chimère qu’ils trouvent à la notion d’art brut peut se trouver de même en n’importe quelle autre et par exemple dans la notion de sauvagerie, ou, pour citer une notion à laquelle sont en ce temps si sensibilisés nos milieux culturels, dans la notion de liberté. Si les professeurs se voyaient remettre la chaîne d’arpentage avec le compas du géomètre et requis de jalonner le terrain en plantant où il se doit le piquet de la sauvagerie, le piquet de la liberté et ceux de tous les autres relais de la pensée, ils seraient en même embarras que pour déterminer le point exact où doit être fixé le piquet de l’art brut. C’est en effet que l’art brut, la sauvagerie, la liberté, ne doivent pas se concevoir comme des lieux, ni surtout des lieux fixes, mais comme des directions, des aspirations, des tendances. (…)
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Le propre de la culture est de projeter une vive lumière sur certaines productions, de drainer la lumière au profit de celles-ci sans souci de plonger par là tout le reste dans l'obscurité.
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Prospectus et tous écrits suivants



  Un homme réclame une compagne, on lui amène la momie de Thaïs. La plus attachante fille que l'Egypte connut, lui dit-on. Ce n'est pas son affaire, c'est une fille vivante qu'il aime mieux. (La bonne, par exemple.)
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Prospectus et tous écrits suivants
Poisson fossile



  À mesure que s'éloigne l'actualité d'un ouvrage humain, il devient ce que le fossile du poisson devient au poisson. Que l'on m'excuse, je préfère dans mon bocal la plus humble, la plus commune des ablettes — mais vivante (et, de l'être, si passionnante !) au plus illustre poisson fossile.
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Prospectus et tous écrits suivants
Congé aux seins et aux fesses



  L'homme appelle beau ce qui le ravit, ainsi l'érotomane l'objet de ses appétits ; mais l'art n'a pas plus à faire avec les appels du sexe que ceux de l'estomac. de l'emploi inconsidéré de ce vocable Beau relève la confusion qu'ont instituée les Grecs de la beauté avec la vénusté, celle, si singulière, de l'art avec l'érotisme. Les Grecs s'amusèrent de ce que ce rapprochement eut à l'origine d'insolite et de scabreux, au lieu qu'aujourd'hui cet emploi des thèmes de l'amour dans l'art est si usé que c'est plutôt en les écartant que l'art scandalise. Rien à reprendre à ce qu'une peinture soit érotique, mais comme une autre serait par exemple catholique, ou gastronomique, ou bonapartiste, ou, aussi bien, antiérotique, anticatholique, etc.
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La fleur de barbe



Extrait 8

Tu te joues déplaisant gamin
Du menton glabre de l'ancien
Toute ma face avec soin
Débarrassée de son crin
N'ai-je du rasoir au matin
Néttoyé mes bajoues
Mon visage que tu bafoues
Brille de l'éclat de son teint
Comme le creux de ma main
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La fleur de barbe



Extrait 5

Voici que tout s'assombrit
C'est la tempête de la barbe
A l'aube une rumeur gronde
De la barbe aux mille cris
La trompette de barbe mugit
Adroitement vieillard maudit
Tes déboires tes soucis
Vieux tisseur sagace
TU les as tressés en tapis
Qui te protège aujourd'hui
De toute menace
Or voici que gîte et surgit
Sous ton vieux nez rabougri
La treille de houblon gris
Tendue comme un filet piégeur
Malheur à qui s'assoupit
Sur cet oreiller trompeur
Malheur à qui n'a pas compris
Ce que guettent dans leur abri
Les cent yeux mi-clos de ta barbe
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La fleur de barbe



Extrait 4

Comment trouves-tu bel enfant
La barbe de l'ancien
Poussée depuis si grand temps
Toute de pleurs arrosée
TRouves-tu pas qu'elle fait
Un opérant effet
Ma barbe de braise et de sang
ma barbe du feu couvant
Ma brulante barbe
Je la trouve mon parent
mon générateur mon sang
Aveuglante pour mon jeune âge
Un effrayant instrument
De trop dangereux usage
Serpent aux nombreux replis
Nœud de souvenirs et d'oublis
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La fleur de barbe



Extrait 3

On dirait que voilà quelqu'un
Qui s'en vient bruissant par ici
Vieux débris clocher décrépi
Mais qu'est-ce donc que ceci
Que je vois pendre
A ton vieux menton gris
Si mon nez ne s'est pas mépris
Je sens l'odeur de la barbe
Tiens voilà qu'il parle il dit
Grommeleur et endormi
M'entends-tu as-tu compris
Ma barbe aboie toute la nuit
Mon poulet mon oiseau joli
J'ai faim de barbe
Voici mon festin servi
Mon aliment mon salmis
De vagues de vents de fourmis
Je mange jusqu'à ce que mort s'ensuit
Le ragoût gris de la barbe
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Jean Dubuffet
Pour ce qui est d'aller sur la lune, je n'en ai pas la moindre envie et même si l'autobus y menait en deux heures je ne crois pas que je me dérangerais. Il y a bien assez de choses intéressantes à voir sans se déranger tant. C'est une erreur très commune de croire qu'il faut se déranger pour aller voir très loin des lieux supposés plus intéressants que ceux où on se trouve. Si on ne sait pas prendre intérêt à ceux où on se trouve, on ne prendra pas intérêt non plus à ceux qu'on va voir.
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