Citations de Jean-François Samlong (33)
« Non. Le fruit pourri tombe mais ne pourrit pas l’arbre, alors que le pouvoir pourrit tout l’intérieur du corps de ces hommes politiques véreux . »
on rêve de voler avec l’oiseau, de courir avec la gazelle, de ramper avec le serpent, de nager avec le crocodile, de grimacer avec le singe (sans avoir la prétention de lui apprendre à faire la grimace !), de barrir avec l’éléphant et, le plus drôle, de rire av ec l’hyène, ou encore de vagir, de rugir, de mugir et, le pire, de pratiquer la « politique de l’autruche », tête enfouie sous des chimères.
« Les enfants qui se cachent pour ne pas mourir, puis cachent qu’ils ont été cachés, à qui l’on cache leurs origines ou dont les origines se cachent , nous enseignent que c’est par un récit que se compose notre identité .
Boris Cyrulnik .
C’est infernal d’être étranger à soi, à celui qui cherche à récurer sa mémoire pour que rien n’ait plus un a ir de famille avec ce qui a été, et à chambouler l’échelle des valeurs, déraciner les souvenirs comme on déracine les mauvaises herbes.
Tout à coup, le goût des fruits sauvages me submergea et déclencha en moi le désir. Dès que ma bouche voulait mordre dans un fruit, elle se tournait vers Malika comme vers la chair d’une mangue gorgée de soleil dont la saveur étanchait ma soif, momentanément.
Madou cède à son appétit de vengeance, mais qui pourra dire pourquoi Bruno est mort ? Qui décide de cela ? Plage vide. Maison vide. Coeur vide. Cependant la vie continue, de part et d'autre du présent, écartelée entre ce qui a été et ce qui est, parce qu'on ne sait rien de ce qui doit être ou pas, la vie se présentant à nous comme un livre qu'on lit toujours pour la première fois, chaque page qu'on tourne pouvant être la dernière, quand, surpris en pleine lecture, l'oeil hagard voit le papier se déchirer. c'est le trou noir. Chaque instant est en train de devenir un présent qu'on n'a pas anticipé, qui tient à la fois de l'incertain et de l'irrévocable, au hasard coupé de la réalité.
L'imprécision du souvenir la déstabilisait de temps en temps et un tremblement agitait ses mains, à tel point que, au bord de la crise de nerf, l'angoisse la mordait à la gorge, étonnée que l'imagination ne remédiât pas à tout...
Il n’est pas de loi qui clame que l’enfant doit naître dans l’amour et grandir dans la haine.
Si elle existe il faut l’enfreIndre.
Là où je suis debout face à vous tous, des vieillards, des femmes et des enfants ont été achevés à la machette sans pitié. Au bord des ravines, au pied des cascades, au sommet des cratères, les Blancs ont assassiné la liberté une fois de plus
Le monde est un, indivisible, et le miracle n’est que naturel si on aime l’odeur des grands félins. À condition de se souvenir néanmoins que la brousse exhale un arôme grisant, qu’elle est régie par ses propres lois, dont celle-ci, la plus édifiante selon moi, gravée dans l’écorce du baobab : tout arrive ici, surtout ce qui ne doit pas arriver… L’effet de surprise est total.
On ne se méfie pas assez de ce qui est inconnu. Lorsqu’on chasse, la mort frappe dès qu’on relâche son attention. Elle frappe dès qu’on est sourd aux pas feutrés, indifférent aux branches qui s’agitent, insensible à l’odeur de la peur. Et elle frappe aussi dès qu’on se méprend sur le monde des sentiments.
Il est des nuits où, ne pouvant pas dompter ce cœur qui s’affole face à la ligne de mire du destin, on tombe de cauchemar en cauchemar, et l’épouvante de la chute conforte le sentiment de la fragilité de l’être pris dans le jeu de la traque. Il est des nuits qui pleurent, gémissent, rugissent. Il est des nuits dont on ne sait pas si elles se termineront ou pas, on sue, on suffoque, on succombe au mirage dans le désert du Kalahari, l’esprit critique émoussé. Il est des nuits où l’on se sent seul à chercher une issue, d’un côté ou d’un autre.
Et c’est toujours la nuit.
Et c’est toujours l’insomnie.
Puis c’est l’aube nouvelle.
La jalousie m’amènerait également à me conduire de façon aberrante, à perpétrer des actes odieux.
C’est connu que la fièvre fait dire n’importe quoi au malade. On laisse divaguer ses pensées hors du raisonnable. On soupire pour un câlin. On minaude. On geint. On sanglote.
...au fil de mes années de chasse, j’avais appris à amadouer ma fougue. Je me comporterais avec le vieil homme comme avec un félin. Ne pas le sous-estimer. Ne pas foncer sur lui tel un buffle, mais analyser chacun de ses mouvements.
L’inéluctable était là : nous ne pouvions rien raturer ou corriger dans le livre de notre destinée.
Ne pas flancher. Ne pas sangloter. Le bruit de mon pas m'a encouragée à marcher vers la porte, à l'instant où j'aurais aimé que quelqu'un me dise comment exister si on ne sait pas où l'on va, alors que même les bêtes, la nuit, se rassemblent pour dormir.
On a tous un petit quelque chose à se reprocher, quand ce ne sont pas les pires ignominies.
Le vent éparpilla les nuages ; le ciel laissa entrevoir une trêve, tandis que des pelletées de terre recouvraient les cercueils
Ne pas retrouver la lumière ne signifie pas qu’elle ait disparu