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Citations de Jean-Hubert Gaillot (36)


Depuis deux semaines que nous partagions la même cabine, chaque soir nous attendions le moment de reprendre cette conversation, qui nous tenait éveillés sur nos couchettes jumelles, dans ces transats, quand la flemme, la fatigue, notre légère ivresse et le doux balancement du Sécession nous dissuadaient d'accomplir le moindre effort supplémentaire. On était bien. Le Rintintin avait toujours un tas de questions à poser et d'histoires à raconter, il était doué pour repousser l'heure de s'endormir.
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Ils donnaient l'impression de s'être rencontrés sur la pavé d'un trottoir, derniers survivants au lendemain d'une fête, qui auraient décidé de passer le reste de la journée ensemble. Ils n'étaient pas rentrés chez eux, ils n'étaient pas retournés se coucher laissant ce moment se dérouler comme un jour sans fin.
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Je manquais de vocabulaire, il m'arrivait de peiner sur certains articles à cause de leur longueur, pourtant j'ai continué à piocher un peu chaque jour sur ces rayonnages, pour le plaisir de déranger l'alignement des magazines en tirant le coin supérieur de leur reliure à bord jaune, et poussé par l'intuition qu'avec National Geographic, même dans un numéro très ancien, il y aurait toujours un secret à découvrir.
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Son toubib lui déclare : Il va falloir arrêter de boire, fumer et baiser. Le copain : Je vivrai plus longtemps ? Le toubib : Non, mais le temps vous paraîtra plus long.
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Si le désir de perfection impliquait de tout faire par soi-même, à partir de zéro, c'était aussi cela, songeai-je, qui les avait poussés à s'écarter de la voie commune, où on ne choisit jamais rien, où on subit toujours tout.
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La palme revenait à Denise. Loin de la folie instantanée du Rintintin ou des flèches pince-sans-rire décochées par Kepler, son imagination comique à rebondissements, dès qu’elle était lancée, n’avait plus de limites. Mieux valait ne pas lui fournir de prétexte car on ne savait jamais ce qu’elle avait en vue. Elle créait des situations et avait l’art de tendre des pièges dans lesquels, une fois tombé, il était difficile de ne pas s’enferrer. J’en avais déjà fait l’expérience chez Mas, pour mon bien, et avec un résultat moins glorieux dans l’affaire Trois-Pattes.
Effervescents, et cependant pleins de sollicitude les uns envers les autres, c’était comme s’ils se connaissaient de la veille. Ils donnaient l’impression de s’être rencontrés sur le pavé d’un trottoir, derniers survivants au lendemain d’une fête, qui auraient décidé de passer le reste de la journée ensemble. Ils n’étaient pas rentrés chez eux, ils n’étaient pas retournés se coucher, laissant ce moment se dérouler comme un jour sans fin. L’ennui, la familiarité n’avaient pas eu le temps de prendre le pas sur l’amusement, leur plaisir demeuré intact de cavaler à travers les années en tenue de cocktail. La panne de voiture sur la route de montagne déserte n’avait été qu’une péripétie de plus, insuffisante pour gâcher la bonne humeur générale, l’augmentant au contraire. Cette désinvolture, que j’avais perçue une semaine plus tôt en m’arrêtant à l’ancien poste de douane, était ce qui m’avait permis de devenir si vite l’un des leurs. J’étais la conséquence d’un problème de durite, pourquoi ne pas m’adopter ?
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Vivre avec eux me sauve d'un désastre certain, mais ne me sauve pas tous les jours...
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Le souvenir d'images contemplées avec ébahissement sous la lampe ou d'histoires entendues avant de s'endormir. Images et histoires qui avaient continué à vivre dans la nuit des songes, mais s'étaient trouvées scellées au matin dans l'oubli profond, tel un coffre de pirates ensablé avec son trésor, au tréfonds de l'océan.
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Il avait voulu que je sache, derrière le flegme et l'apparente insouciance, à quelle profondeur descendaient les gouffres.
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Peut-être mon sentiment de la durée s'était-il dilaté. Je percevais, comme jamais auparavant, la lenteur de son écoulement. Si lente, cette lenteur, que j'avais presque l'impression de la voir pulser aux franges du visible entre les lames immatérielles de l'air.
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C'était mieux sans chaussette, le contact avec la semelle en veau était doux et tendre. Un précepte qui datait de son enfance, l'agrément du pied détermine l'équilibre et la confort de la personne.
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Il s'éloigna du miroir et quitta la chambre à reculons, un autre de ses rituels. Il préférait voir ce dont il s'éloignait que ce vers quoi il se dirigeait. Le monde sans lui, le monde dont sa présence se retirait.
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Aucun n'aurait accepté de travailler dans une banque, mais aucun non plus n'aurait voulu devenir braqueur de banque. Rejet de la vie salariée, refus d'une vie hors-la-loi, ne se laisser enfermer ni dedans ni dehors, tous tombaient d'accord sur ce point, mais entre les deux la voie était étroite.
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Et dans une surenchère fatale, des viols impliquant des victimes de moins en moins consentantes, à des mises en scène macabres, d’abord sans mise à mort, puis avec. Le perfectionnement de son style, où il ferait se rejoindre la frustration de ne pas être un « vrai artiste » et la technique virtuose du chirurgien, finissant par culminer dans le chef-d’œuvre monstrueux, baroque, incompréhensible de l’assassinat du Dahlia.
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Maintenant je dois me déprendre du passé, et tout spécialement de toi. Sinon je n'arriverai à rien. Cette histoire est trop belle il s'agissait sûrement d'un rêve. Un sitcom psychédélique, a dit un de mes nouveaux amis après avoir lu le début du livre.
[…] Tu m'aurais décroché un sourire dévastateur, un soir, après les cours, toi de l'autre côté des grilles déjà, semblant attendre quelqu'un. Je coupais à travers les pelouses en direction de la sortie, en arrivant à la hauteur des grilles, derrière il y avait ce garçon surprenant, tout seul sur le trottoir, placé en évidence à cet endroit pour que personne ne puisse le rater, et en effet tu ne m'as pas loupé, lorsque tout dans ton visage soudain est entré en action.
Je retourne, pour un instant, sur ce lieu lointain de notre rencontre et, aussitôt, c'est pire que de la nostalgie, mon vieux. Je m'apprêtais, comme tu le vois, à tourner les talons avec légèreté, très sûr de moi, parce que j'ai décidé qu'il en serait ainsi désormais, et un cafard monstre me tombe dessus.
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Maintenant je dois me déprendre du passé, et tout spécialement de toi. Sinon je n'arriverai à rien. Cette histoire est trop belle il s'agissait sûrement d'un rêve. Un sitcom psychédélique, a dit un de mes nouveaux amis après avoir lu le début du livre.
[…] Tu m'aurais décroché un sourire dévastateur, un soir, après les cours, toi de l'autre côté des grilles déjà, semblant attendre quelqu'un. Je coupais à travers les pelouses en direction de la sortie, en arrivant à la hauteur des grilles, derrière il y avait ce garçon surprenant, tout seul sur le trottoir, placé en évidence à cet endroit pour que personne ne puisse le rater, et en effet tu ne m'as pas loupé, lorsque tout dans ton visage soudain est entré en action.
Je retourne, pour un instant, sur ce lieu lointain de notre rencontre et, aussitôt, c'est pire que de la nostalgie, mon vieux. Je m'apprêtais, comme tu le vois, à tourner les talons avec légèreté, très sûr de moi, parce que j'ai décidé qu'il en serait ainsi désormais, et un cafard monstre me tombe dessus.
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Après avoir quitté l’immeuble du boulevard Suchet, Katerine emprunte son itinéraire quotidien, d’un pas rapide. Certains jours elle traverse le jardin, d’autres fois elle le contourne. Aujourd’hui elle traverse. La première allée est déserte, un seul des bancs est occupé, par une adolescente à la frange trop longue qui la regarde avancer, par en dessous.
Plus loin, elle coupe la place de Passy, enfile la rue de l’Annonciation, elle y est presque.
Personne ne sait qu’elle vient se réfugier le matin dans ce bar, pour lire, une habitude récente. Elle s’installe à la table d’angle, attend que le serveur ait apporté son eau minérale. À cette heure les clients sont peu nombreux, les conversations rares et brèves font un agréable bruit de fond. Katerine entend, sans vraiment entendre, le bourdonnement intermittent du percolateur et les cliquetis de la caisse enregistreuse. Ça ne la gêne pas, au contraire, elle aime bien, alors qu’à la maison tout la dérange, le plus petit désordre sonore.

En femme soigneuse, Katerine a placé un marque-page à l’endroit où elle a interrompu hier sa lecture. Elle reprend : (…)

C’est déjà la page 109 mais Katerine ignore toujours ce qu’elle pense de ce roman. Elle le lit parce que Grégoire l’a lu. Ses impressions personnelles comptent moins que sa volonté de comprendre quel plaisir il a pu y trouver. Il n’est pas le seul, un couple de leurs amis en dit du bien également.
La réputation littéraire de l’ouvrage n’explique pas tout.
Sans cette réputation flatteuse, les gens de leur milieu ne s’attarderaient pas à pareilles cochonneries et Grégoire n’aurait pas osé lui en conseiller la lecture. Non, elle n’est pas dupe : il doit y avoir autre chose, une raison plus profonde, qu’elle veut découvrir. Maintenant qu’elle a commencé, elle ira jusqu’au bout.
Pour l’instant, ça la laisse de glace.
Aussi obscures qu’elles soient, les intentions de l’héroïne lui paraissent moins incompréhensibles que celles de son amant, ce René. Peut-être parce qu’elle est elle-même une femme, et que le livre, si elle en croit la couverture, a été écrit par une femme. Il est troublant, songe-t-elle, qu’on ne sache jamais avec certitude si un roman est l’œuvre d’une femme ou d’un homme. Si elle apprenait qu’un homme en est l’auteur, son avis serait-il différent ? Grégoire et ces amis, les Dupuy-Marcellin, lui auraient-ils seulement prêté attention ? Raconté par une femme, c’est censé être plus excitant.

Grâce à cette lecture, Katerine espérait mieux connaître son mari. Elle devine, hélas, que ça va élargir entre eux le fossé. Le penchant de Grégoire pour certaines menues perversités lui est connu depuis longtemps, elle s’en accommode, se contente de poser des limites, qu’il respecte à peu près.
Elle s’en tient à des actes simples. Pourquoi changerait-elle, à trente-cinq ans ? Le mot « sexe », que Grégoire et quelques-unes de leurs relations emploient à tout bout de champ pour évoquer les choses de l’amour, lui est désagréable. Elle n’y voit qu’un nouveau conformisme, dans ces cercles de pouvoir où l’on se paie volontiers de mots pour avoir l’air affranchi. Quand ils font l’amour, Grégoire a des attitudes d’enfant, rien à voir avec l’image qu’il cherche à donner de lui en société.
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Le hangar, comme ils l’appelaient, était un atelier de mécanique désaffecté, situé au fond d’une ruelle, en retrait de la plage. De l’extérieur, c’était bien un hangar. Passé la porte de métal coulissante, avec d’un côté l’emplacement pour la voiture et de l’autre leurs motos, des canots pneumatiques et un établi encombré d’outils, on franchissait le seuil d’un appartement en duplex, aussi remarquable par la simplicité de sa conception que par l’ambiance de calme et de netteté qui s’en dégageait. Les parties communes se trouvaient au rez-de-chaussée, les chambres à l’étage, disposées autour d’une galerie donnant sur un puits de jour. Aussitôt j’ai pensé que j’aurais aimé habiter un lieu comme celui-là, avec des gens comme eux, si l’occasion m’en avait été offerte.
Elle le fut le soir même, après notre premier dîner.
La conversation s’était prolongée à la terrasse d’un bar, au bord de l’eau, où on servait des mojitos. Nous y étions encore attablés à minuit, 1 heure, 2 heures du matin. Ils paraissaient infatigables, le rhum et leur récit de l’acquisition rocambolesque du hangar, vingt ans auparavant, me tournaient la tête. Ils proposaient de me retenir pour la nuit, ou plus longtemps, si je le désirais.
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Leur passé gisait là, échoué parmi les verres de mojito et les éclats de voix de cette soirée lointaine, et chaque fois que je m'y attardais en leur compagnie, après quelques verres de plus, des bribes de ce passé resurgissaient pour m'être confiées.
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Je voyais luire par intermittence l'arrondi de son genou pâle, hésitant devant les autres, à en approcher de nouveau la main et je me suis demandé si Denise rougissait aussi dans l'obscurité.
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