AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean Lacouture (225)


Le procès de Léon Blum et de ses compagnons était d'autant mieux devenu celui du régime de Vichy que ces mots n'étaient pas enfermés dans la petite salle de Riom,dans les minutes du procès destinées à être peureusement glissées sur le bureau de Pétain,ou après triturage et émondage,distribués avec les commentaires appropriés à la presse de Vichy et Paris.
Ils étaient aussitôt diffusés.
"A la nuit tombée, ecrit Samuel Spanien,dans les mansardes d'Auvergne,pendant que les camarades faisaient le guet dans les noirs escaliers,les étudiants et étudiantes exilées de Strasbourg tapaient les sténographie des audiences,pour en faire des tracts. Et tout cela circulait à travers la France,tout cela portait partout des messages d'espoir et de ralliement dans un grand bruit de chaines secouées".
Commenter  J’apprécie          10
C'est normal que les gens soient mécontents : leur niveau de vie baisse. Il faut les laisser être mécontents et leur expliquer qu'on ne peut pas faire autrement. Et puis, le moment venu -et il n'est pas venu- leur indiquer la voie, leur proposer une synthèse qui donne un espoir ou du moins sa direction.
VGE à Sylvie Pierre-Brossolette, décembre 1980
Commenter  J’apprécie          10
Lui qui au moment de la grande crise de 1933 avait si bien décelé les syndromes fascistes de Déat,ne sait pas démontrer aux pacifistes suicidaires de 1938 que les vieux débats ne sont plus de saison. Que ce n'est pas parce qu'ils avaient raison contre lui en 1917 qu'ils n'ont pas tort contre lui en 1938
Commenter  J’apprécie          10
Alors Leo Lagrange n'y tient plus. Il frappe sur la table, parle le dur langage de l'Etat,du pouvoir. Il arrache une réduction de 40% sur les billets de congés payés et quelques millions de français s'en trouvèrent bien. Ainsi s'opéra cette rencontre un peu miraculeuse et scandaleusement tardive entre la masse du peuple et l'espace francais, le rendez vous du monde du travail avec la mer,la découverte de la France par ceux qui la batissaient , ce que Léon Blum a appelé "la reconciliation avec la vie naturelle des ouvriers séparés et frustrés."
Commenter  J’apprécie          10
Il devenait difficile d'opposer les leçons données et les méthodes définies en 1908 au Congrès de Toulouse à ce concile de l'après jauressisme et de l'après massacre,à tant d'hommes pour qui le socialisme ne s'incarne plus dans la parole du député du Tarn mais dans les actes des vainqueurs de Petrograd.
Commenter  J’apprécie          10
"Pour bien comprendre ce que pouvait être ma pensée avant la rencontre de Herr, imaginez ce qu'était le Clemenceau de l'époque,vacillant entre le socialisme et l'anarchie...Tout le travail négatif était fait chez moi. Il s'agissait de trouver une forme déjà prête...Herr m'apporta l'idée d'organisation,le collectivisme. Ce fut l'opération de la cataracte".
Comme Claudel se découvre chrétien derrière un pilier de Notre Dame,Blum se constate socialiste,grâce à Lucien Herr,sous les marronniers des Champs Élysées à 21 ans.
Commenter  J’apprécie          10
Page 746 : Quelques semaines plus tard, à la veille de la conférence de Téhéran, le Président des Etats unis résume ainsi ses vues à l'intention du Secrétaire d'Etat Cordelle Hull : "... Je suis de plus en plus enclin à voir l'occupation de la France, lorsqu'elle se produira, comme une occupation militaire." Occupation, le mot est répété deux fois. Et le "de plus en plus" du Président vaut qu'on s'y arrête : est-ce parce que la résistance antinazie est "de plus en plus" forte, l'autorité de CFLN "de plus en plus" reconnue, Vichy "de plus en plus" démonétisé, que Roosevelt se sent, ainsi "de plus en plus " enclin à soumettre la France à une occupation militaire, de type de celle qu'on impose aux ennemis ?
Commenter  J’apprécie          10
" C'étaient les obsèques d'un chevalier, devait dire André Malraux à Jean Mauriac. Il y avait seulement la famille, l'ordre, la paroisse. Mais il aurait fallu que la dépouille du général ne soit pas dans un cercueil, mais déposée, comme celle d'un chevalier, sur des rondins de bois... "
Commenter  J’apprécie          10
Joseph Luns, ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, longtemps secrétaire général de l'OTAN et adversaire par excellence de la politique européenne du général de Gaulle : " Je regrette que le général de Gaulle ne soit pas devenu le président d'une Europe unie naissante qui s'acheminait vers une unité politique, parce que son prestige, sa renommée étaient tels que, s'il avait eu une autre conception du rôle de la France, certainement il aurait été élu et accepté par tous les autres pays, y compris l'Angleterre, comme premier chef de cette Europe en voie d'unification."
Commenter  J’apprécie          10
Il est moins de 19 heures, en tout cas, quand Charles de Gaulle, foudroyé par une rupture de l'aorte abdominale (ce qu'on appelle d'ordinaire "rupture d'anévrisme"), perd connaissance et entre aussitôt dans le coma. (...) L'heure " officielle " de la mort de Charles de Gaulle est en tout cas 19 h 25, le 9 novembre 1970.
Commenter  J’apprécie          10
Cette présence de la mort, la rôdeuse, il l'a décrite d'une façon très belle à Philippe de Gaulle : " Le vieux maréchal Hindenburg, sentant sa fin prochaine, avait dit à son fils : " Quand l'ange de la mort - celui que dans la Bible on nomme Raphaël - viendra, tu me préviendras." Quelque temps après, le maréchal s'alita. A son fils accouru à son chevet, il dit : " Est-ce que Raphaël est dans la maison ? " Et le fils de répondre : Non. Il est dans le jardin, mais il ne va pas tarder à entrer dans la maison. " De Gaulle à son fils : " Je te poserai la même question..."
Commenter  J’apprécie          10
L'Irlande lui avait rendu un peu de sérénité, l'Espagne l'avait touché. Pourquoi pas, maintenant, la Chine ? Quel plus beau voyage, plus épique, pour un vieil homme à demi retiré du siècle ? Où être mieux " ailleurs " ? Et où apprendre, d'un coup, plus de choses neuves sur le monde ?
A supposer que cette idée ne lui fût pas familière (elle l'était probablement dès avant sa retraite), il avait reçu à la fin de mars 1970 une lettre inspirante de l'ambassadeur de France à Pékin, Etienne Manac'h, vieux Français libre, très longtemps directeur d'Asie au Quay d'Orsay, depuis peu (à son initiative...) ambassadeur à Pékin, lui suggérant de " venir jusqu'en Chine " où il aurait pour interlocuteur Mao Tsé-toung. Et le diplomate, ne reculant pas devant une formule qu'il savait à la mesure de l'imagination du destinataire, ajoutait : " L'histoire du monde contemporain serait complète après un tel événement."
Deux semaines plus tard, le solitaire de la Boisserie répondait à Manac'h qu'il avait " pris note " de sa suggestion, mais qu'il ne pouvait " y donner suite actuellement ". L'idée n'en commençait pas moins à mûrir.
Commenter  J’apprécie          10
Charles de Gaulle voulait depuis longtemps connaître l'Espagne. Dévot de Corneille, fervent de Hugo, familier de Claudel, admirateur de Montherlant, et bien que la peinture ne soit pas une des composantes de son univers, il se sent en harmonie avec le génie castillan. " Pourquoi les Espagnols ne m'aimeraient-ils pas ? devait-il dire à Malraux en décembre |1969]. Ils aiment Don Quichotte ! " Au surplus, la première lettre de chef d'Etat qu'il ait reçue, au lendemain de son retour à Colombey, était signée du général Franco. Dans ces cas-là, ce sont des choses qui comptent. Si bien que les réserves qu'il gardait à l'égard du franquisme avaient eu tendance à s'estomper. Un homme qui manifeste à de Gaulle de tels sentiments ne saurait être tout à fait pervers. Ainsi, passant sur la désapprobation qui ne pouvait manquer d'émaner de Malraux, de Mauriac et de bon nombre de ses amis, il décida de partir.
Commenter  J’apprécie          10
" L'homme du 18 juin " ? Charles de Gaulle s'irritait de cette formule. Dût-il reconnaître, avec Courcel ou Schumann, ce que cette date avait d'irremplaçable, et que la France libre était le point culminant de son destin, il n'aimait pas que l'on enfermât de Gaulle dans ce musée. Eh ! Quoi... Rien depuis lors ? Et " l'homme du 26 août 1944 ? " Et celui du " 8 janvier 1959 " ? Et celui du " 19 mars 1962 " - point final mis à vingt-six ans de guerres ininterrompues ?
Aussi bien se gardait-il de plus en plus d'enfermer son mythe dans cette évocation du passé. La cérémonie du mont Valérien lui importait de moins en moins et, à partir de 1956, il n'y allait plus que sous la pression de l'entourage. Les aménagements du site lui semblaient en altérer la sinistre noblesse. Bref, à partir de 1960, on le voit de plus en plus réservé à l'endroit du rituel le plus symbolique de la Résistance. L'heure venue de la retraite, sa réticence se transforme en refus. Pour ne pas blesser trop de sensibilités, le mieux sera d'être, en ces temps-là, hors de France. En 1969, c'était l'Irlande. En 1970, ce sera l'Espagne - en attendant, peut-être, la Chine.
Commenter  J’apprécie          10
Et de Gaulle d'insister sur son éloignement des choses, et sur le sens qu'auront ses Mémoires d'espoir, en marquant bien ce qu'il a voulu faire : " Cela, non autre chose. " Et d'ajouter : " C'est pourquoi je n'ai plus pour ministres que les nuages, les arbres et, d'une autre façon, des livres. " L'avenir ? " On dressera une grande croix de Lorraine sur la colline qui domine les autres [...] et comme il n'y a personne, personne ne la verra. Elle incitera les lapins à la résistance. "
Commenter  J’apprécie          10
Comme Malraux suggère que le vrai prédécesseur de De Gaulle, c'est moins Clémenceau, peut-être, que Victor Hugo, le général le coupe : " Au fond, vous le savez, mon seul rival international, c'est Tintin !... On ne s'en aperçoit pas, à cause de ma taille..."
Commenter  J’apprécie          10
Les Mémoires d'espoir ne sont pas tout à fait comparables aux Mémoires de guerre (...)
On ne peut faire grief à de Gaulle que M. Coty ne soit pas Churchill, ni M. Pflimlin Roosevelt, ni Jacques Duclos Staline. Il est clair que Maurice Challe, du temps même où il le sert avec éclat, ne lui offre pas une matière comparable à Eisenhower, et que Raoul Salan ne vaut ni Jean Moulin comme " féal " ni Muselier comme carbonaro. Et il se trouve que ses adversaires, puis partenaires algériens n'échauffent pas sa verve. Seul Khrouchtchev lui donne l'occasion d'un très savoureux croquis.
Commenter  J’apprécie          10
Comme tous les autres, c'est d'abord un artisan, un homme qui, des heures durant, couvre une certaine surface blanche d'une certaine substance brune, et qui a, comme tous, ses recettes. Michel Droit, qui fut l'un de ses derniers visiteurs accueillis à La Boisserie (août 1970), a rapporté les confidences que lui a faites le vieil écrivain :

" Le matin, je descends vers 9 heures et j'écris jusqu'à midi. Et après le déjeuner, de 4 à 6. Je crois que c'est là un maximum pour faire quelque chose de convenable. D'ailleurs, je rédige lentement. Je reviens beaucoup sur mes manuscrits. J'essaie de me débarrasser de mes tics d'écriture. Ce n'est pas toujours facile..."

Un instant, et puis, un ton au-dessus :

" Ce que je fais ici, en écrivant mes Mémoires, est bien plus important pour la France que ce que je pourrais faire à l'Elysée, si j'y étais encore..."

Un peu plus tard, un ton en-dessous, mais parce qu'il est, après tout, un homme de lettres : " Que lit-on à Paris ? Qui va être élu à l'Académie ? "

Charles de Gaulle était un écrivain ennemi de lui-même, bourreau de ses textes, que l'on eût dit avide de ratures, et que seule pouvait relire sa fille Elisabeth. On rapporte à ce propos un joli mot de lui, prononcé à l'occasion d'une visite à la Bibliothèque nationale, où étaient exposés un brouillon de sa main et, à côté, quelques lignes de Corneille, sans rature ni surcharges. Il avait souri et laissé tomber : " Tiens, Corneille ne se relisait pas ? "
Commenter  J’apprécie          10
Esquissant entre le nouvel élu et Maurice Couve de Murville un parallèle, favorable au second, de Gaulle revient sur les résultats du 1er tour [1er juin 1969]. Avec 37% de suffrages, Pompidou a obtenu beaucoup moins que les 47% qu'il avait recueillis, lui, au référendum, et observe que si les communistes l'avaient voulu, c'est Poher qui serait président - le tout pour conclure : " Le glissement de la France vers la médiocrité va se poursuivre."
Commenter  J’apprécie          10
Le père attentif et assez peu tyrannique (" pas sévère, exigeant " selon son fils) qu'il a été est devenu un grand-père très tendre. Anne de Boissieu et Yves de Gaulle, le second fils de Philippe, sont ceux qu'il emmène le plus volontiers en promenade - avec le chien Rase-Mottes. Lui raconte-t-on que ses petits-fils, passant devant les gendarmes qui gardent le portail de La Boisserie, lâchent le guidon de leur bicyclette et lèvent les bras en hurlant : " Je vous ai compris ! ", il en rit franchement.
Vie douce de vieil écrivain campagnard - telle que la menait naguère un Joseph de Pesquidoux. Vie régulière, presque cloîtrée, rythmée par les chapitres qui défilent, les visites familiales, les promenades sous les arbres, et la rumeur du monde. Il consacre cinq à six heures par jour à ses Mémoires et deux ou trois heures à la correspondance. Il a calculé qu'il avait, en un demi-siècle, signé 35 000 lettres... En ces jours-là, de Lady Churchill au comte de Paris, de Franco à Nixon, de Bourguiba à Senghor, de Hassan II à Houari Boumediene, il ne manque pas de correspondants.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean Lacouture (690)Voir plus

Quiz Voir plus

Savez-vous la vérité sur l'affaire Harry Quebert ?

Que sont Harry et Marcus ?

père et fils
frères
amis
collègues de travail

24 questions
2491 lecteurs ont répondu
Thème : La Vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël DickerCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..