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Critiques de Jean-Marc Troubet (138)
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Humains, la Roya est un fleuve

Ils sont jeunes, parfois encore des enfants de 15 ou 16 ans.

Ils ont vécu dans la misère, la dictature ou la guerre.

Ils ont bravé des dangers inimaginables.

Ils ont risqué leur vie.

Ce sont les migrants.

Migrants, exilés, immigrés, quel que soit le mot, aux portes de la France ils ne sont plus des héros, mais deviennent des indésirables.

La France n'en veut pas.

Et ne recule devant rien pour les arrêter, quitte à les priver des droits les plus élémentaires.

Mais des humains, d'autres héros, sont là pour les aider à faire valoir leurs droits : ils s'appellent Cédric Herrou, Claudine, Jacques, Irène...

C'est de ces humains dont parle Léopold Sédar Senghor : “J'ai rêvé d'un monde de soleil dans la fraternité de mes frères aux yeux bleus.”

C'est à ces humains, les exilés et ceux qui les aident, que cet album rend un formidable hommage, entre rencontres, tranches de vie et portraits magnifiques.

Face au discours haineux mais médiatisé d'une minuscule minorité, cet album nous montre ce que pourrait être un monde d'humanité, de solidarité et d'empathie, et ça fait chaud au cœur.
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Humains, la Roya est un fleuve

Comme l’indique le titre, la Roya est un fleuve ; il nait en France et se jette dans la Méditerranée en Italie près de Vintimille (cf. carte page 78). Cette Bande dessinée dresse les portraits, par l’image et par le texte, de réfugiés qui passent ou tentent de la passer d’Italie en France, ainsi que de ceux que les auteurs appellent « les justes », parce qu’ils portent secours à ces immigrants (comme certains portèrent jadis secours à des juifs persécutés). Les actes de ces nouveaux « justes » sont d’autant plus admirables qu’ils sont désintéressés financièrement. Parmi eux figure Cédric Herrou dont la ferme est situé en France près de la frontière Italienne, devenu célèbre parce qu’il fut poursuivi en justice par les autorités françaises pour avoir secouru des personnes en danger. A la question « pourquoi faites-vous cela ? », la plupart apportent une réponse laconique, certains indiquant simplement qu’aider ces personnes leur semble une évidence.



Le texte est remarquable, et met en évidence l’hypocrisie des personnalités politiques au pouvoir, qui vantent le droit d’asile comme une valeur forte de la République mais œuvrent pour en réduire l’application (ordonnant d’illégales reconduites au-delà de la frontière). Certains d’entre eux, notre Président en tête, se permettent même de donner des leçons à l’Italie voisine !

Je n’ai en revanche pas beaucoup apprécié le graphisme en noir et blanc (contrairement à ce que peut laisser penser le rouge de la couverture).



Je recommande la lecture de cet ouvrage qui donne espoir dans l’humanité.

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Va'a : Une saison aux Tuamotu

Il s'agit d'un récit complet indépendant. Il est initialement paru en 2014, écrit et dessiné à 4 mains par Benjamin Flao et Troubs (Jean-Marc Troubet).



Ce tome commence par 5 pages avec une grande illustration centrale (sur une page ou sur deux) avec des pavés de texte présentant rapidement les Tuamotu (un archipel de la Polynésie française) et l'atoll de Fakarava, avec ses 800 habitants pour 16km² de terres émergées. Il est entre autres rappelé que cet atoll a été classé comme une réserve de biosphère par l'UNESCO. Au vu du savoir-faire ancestral des Paumotu (les habitants des Tuamotu) pour construire des pirogues et naviguer sur l'océan, Julien Girardot et Ato Lissant ont monté le projet de favoriser le retour de la pirogue à voile (supplantée dans les années 1960/1970 par le canot à moteur) dans la vie quotidienne des Paumotu, projet appelé Va'a Motu (= pirogue des îles en dialecte Paumotu). C'est dans ce cadre que les 2 auteurs sont invités à séjourner à Fakarava.



Les 2 compères arrivent donc à Fakarava, avec une belle vue du ciel, et découvrent la simplicité du site, ainsi que leur première maison. Ils notent les différents équipements implantés alentours : la maison de leurs hôtes, la douche en extérieur, la cuve de récupération de l'eau de pluie, les panneaux solaires, la végétation pour protéger des embruns, les cocotiers pour se baigner à l'ombre. Ils ressentent l'effet de la chaleur au soleil de midi et ils apprécient les bienfaits des spirales anti-moustiques. Ils apprennent à se méfier des noix de coco qui peuvent tomber des arbres. Ils s'habituent au bruit incessant de la mer contre le récif de corail. Ils récupèrent la pirogue du propriétaire et la rafistolent pour pouvoir sortir sur le lagon. Ils comprennent vite que ce modèle de pirogue avec un seul balancier nécessite un peu d'expérience pour pouvoir être manœuvrable, même sur l'eau très calme du lagon.



Dès la couverture, le lecteur peut avoir un aperçu des choix graphiques des 2 dessinateurs. Ils préfèrent l'un et l'autre détourer les formes avec des traits parfois non jointifs, parfois un peu gras, parfois au contraire très secs. Ils se représentent de manière filiforme, un peu dégingandée, sans trop insister sur les traits de leur visage. Ils sont avant les narrateurs, plus que les acteurs de ce journal de bord. Ils représentent les autres personnages avec plus de détails, qu'il s'agisse d'Ato Lissant, Désiré (un voisin), Titéré (un Paumotu polynésien), la mère de Titéré, une charmante voisine avec une fleur de tiaré dans les cheveux, le groupe de touristes en surpoids, Pierrette une autre voisine plus âgée, Daniel Snow un vieux Paumotu, le vieux Firi un asiatique, et d'autres encore. Les tenues ne sont pas très variées car un short et un teeshirt suffisent pour affronter tous les temps. Néanmoins les coupes ne sont pas toutes les mêmes, en fonction de la morphologie des individus.



Avec ces traits de contour un peu lâches, Flao et Troubs ont le chic pour donner de la vie à n'importe quelle scène. Les postures des personnages sont naturelles et le parti pris de ne pas se donner d'importance à eux-mêmes permet de conserver le centre d'intérêt sur les locaux. La première double page consacrée à Fakarava est réalisée à l'aquarelle, en laissant beaucoup de place à la couleur blanche. D'ailleurs les auteurs l'indiquent explicitement en page 19 : il fait si chaud que […] rien n'est plus fort que le blanc. Ce choix leur permet de rendre compte de l'éblouissante luminosité. Cette bande dessinée prend la forme d'une forme hybride de journal et de courtes explications. Les auteurs prennent le parti de montrer par les dessins, laissant les explications à une poignée de phylactères un peu plus importants quand ils font parler un autochtone (en plus des 5 pages d'introduction). Du coup, ils privilégient les grandes cases un tiers, la moitié d'une page, un dessin en pleine page, un dessin en double page. Cela permet au lecteur d'observer l'atoll, le ciel, le lagon, les poissons. En outre la variation de la mise en page correspond à l'état d'esprit du moment des auteurs, et introduit une forme de variété.



C'est tout le paradoxe de cet ouvrage qui installe le lecteur sur un atoll de belle taille, mais où il n'y a que le soleil, la mer, la barrière de corail et quelques habitants, et qui en même temps en montre toute la richesse et la diversité. Si le lecteur n'a jamais eu l'occasion de se rendre dans un de ces endroits paradisiaques, il bénéficie pleinement de la dimension touristique, mais un touriste qui prend le temps de séjourner, de vivre au rythme des habitants, de les connaître, de s'acculturer autant que c'est possible. S'il a déjà séjourné en Polynésie, il retrouve les sensations qu'il a pu éprouver, ainsi que les mots de vocabulaire spécifiques comme le Fare, la patate (de corail), le coprah (albumen séché de la noix de coco dont on tire le beurre de coco), etc. En particulier le lecteur apprécie la capacité des auteurs à rendre compte de la beauté du lagon et de la blancheur du corail. Dans un premier temps, Fao et Troubs montrent la surface étale de l'eau du lagon, ainsi que sa couleur pâle. Puis il dessine quelques vagues formes visibles depuis la pirogue, qui correspondent aux patates de corail. À partir de la page 49, ils commencent à jouer avec la transparence de l'eau, à montrer quelques poissons exotiques et un requin de lagon (requin pointes noires). En page 74, un homme nage en faisant du snorkeling (randonnée subaquatique avec masque et tuba), rendant admirablement compte du calme régnant sous l'eau et de la sensation d'être coupé du monde. Il y aussi quelques images dans lesquelles la pirogue semble suspendue dans le vide au-dessus du fond du lagon, du fait de la transparence exceptionnelle de l'eau. Magique. D'ailleurs les auteurs adressent un clin d'œil au lecteur en faisant observer : Regarde ça, on est beau comme un dessin d'Hugo Pratt.



Non seulement Benjamin Flao et Jean-Marc Troubet rendent compte de la beauté du lagon et de son eau comme si le lecteur avait les pieds dans l'eau, mais en plus ils savent montrer les caractéristiques de la terre ferme. Il y a les cocotiers, et ce sol composé de sable, de débris de coquillages et corail blanc. Il y a une végétation d'une grande vitalité du fait de l'ensoleillement, même si elle n'est pas très dense du fait du manque de terre végétale. Il y a la douceur de l'ombre sous le soleil implacable, la vie sans chichi du fait que tous les produits manufacturés doivent être amenés en bateau. Il y a une forme de langueur et d'indolence dans le rythme de vie que l'on ressent quand on vit dans un environnement où le temps semble immuable, où chaque jour ressemble au précédent, avec la même possibilité d'aller boire une bière au bord du lagon (occupation peut-être un peu sous-estimée dans cet ouvrage) et d'aller se baigner dans une eau calme et chaude.



Toujours par les images, le lecteur peut voir les occupations du quotidien : la baignade, la cuisson des poissons sur un barbecue improvisé, les différents types de pêche (avec canne à pêche, à avec filet attaché sur des pieux fixés dans le sol, avec des gants sur la barrière de corail pour attraper des homards), ramer sur la pirogue, récupérer ce que la mer a ramené sur la plage, se déplacer à pied ou en vélo, fumer un peu de tabac (le pakalolo n'est pas évoqué malgré sa haute teneur en alcaloïdes), un peu de couture avec une vieille machine à coudre, réparer une gouttière, etc. L'intelligence narrative des auteurs fait qu'il ne s'agit jamais de leçon, mais de tranches de vie organiques, comme si le lecteur se trouvait à leurs côtés, voyant ce qui les entoure, bénéficiant des conseils et des explications succinctes des Paumotu.



Cette bande dessinée ne se limite pas à une immersion de très haute qualité dans le mode de vie des Paumotu sur l'atoll de Fakarava, ce qui est déjà très agréable. Au début du récit, Benjamin Flao et Troubs ont une mission clairement établie : participer à la réintroduction des pirogues à voile dans leur milieu naturel, ou plutôt redonner aux Paumotu un moyen de développement autonome, qui ne dépendent ni des approvisionnements par bateau, ni d'un combustible fossile. Une bonne moitié des séquences de cette chronique tourne donc autour de la construction d'une pirogue de ce type qui soit viable. Le lecteur peut voir les auteurs bricoler différentes pirogues, à partir de certaines délaissées par leurs propriétaires, avec l'aide d'un vieux Paumotu disposant encore du savoir-faire correspondant. Il constate donc rapidement que leur mission n'est pas de construire une pirogue entièrement avec les matériaux disponibles sur l'atoll. Il ne comprend pas forcément bien leur relation avec Julien Girardot et Ato Lissant, même si ce dernier apparaît dans une séquence. Dans la mesure où il s'agit de tranches de vie, le lecteur ne doit pas s'attendre à une résolution, ni même à un point d'étape sur le succès ou non du projet de Va'a Motu. Il n'y a pas donc pas d'intrigue.



Néanmoins les auteurs ne se contentent pas de tranches de vie, comme aller naviguer sur le lagon, pêcher avec les Paumotu, ou chasser les insectes. Ils ajoutent également des commentaires, souvent informatifs, sur le détail de la vie quotidienne, avec un dispositif narratif qui s'avère aussi efficace qu'humoristique, en faisant parler des animaux (des poules, des moustiques, des oiseaux), chacun le temps d'une séquence, ou en faisant parler des objets (une pirogue, une voile) également le temps d'une séquence. Tout ceci contribue à une atmosphère détendue et sereine. Au fil des discussions avec les Paumotu, ils en apprennent plus sur l'histoire de cet atoll et de cet archipel. Il y a donc de brefs rappels historiques, à commencer par les conséquences financières des essais nucléaires. Dans un phylactère copieux, ils rappellent que la France a indemnisé la Polynésie de 1966 à 1996, ce qui a pour double effet un apport d'argent et un bouleversement du mode de vie, aux dépends du mode de vie traditionnel. À l'instar du phénomène de désertification des campagnes, les jeunes des atolls et des îles ont préféré aller étudier à Tahiti, et s'y installer, pour profiter des avantages de la technologie. Ils insèrent également une remarque sarcastique sur Gaston Flosse, sa façon très particulière d'exercer le pouvoir, et sa relation privilégiée avec Jacques Chirac, juste le temps d'une phrase ou deux, mais c'est suffisant pour comprendre.



Les habitants de Fakarava interrogés évoquent également le mode de vie traditionnel, le système des secteurs : une communauté sous la responsabilité d'un chef qui se déplaçait tous les 3 mois pour aller occuper une autre partie de l'atoll ou une autre île le temps que les ressources naturelles se régénèrent. Ils évoquent également le savoir-faire des anciens en termes de navigation, en particulier le fait qu'à l'époque de la colonisation des îles polynésiennes, vers 1000 avant JC, les occidentaux ne faisaient encore que du cabotage en Méditerranée. Le lecteur peut ainsi prendre la mesure de l'intelligence économique et écologique du mode de vie des Paumotu jusqu'à la fin des années 1960. Le ton de la narration ne s'apparente ni à c'était mieux avant, ni à un discours catastrophique et alarmiste sur le pillage des réserves de la planète. Les auteurs ont fait le choix de décrire et suggérer que l'autosuffisance est encore possible. Mais la mère de Titéré déclare sans ambages qu'on ne reviendra pas en arrière. On ne peut pas aller contre le progrès à ce qu'il paraît.



De séquence en séquence, le lecteur constate que Flao et Troubs dressent un portrait à partir de multiples points de vue, certains revenant à différentes reprises, avec différents interlocuteurs. Il y a le regard croisé sur les touristes que les auteurs regardent avec mépris comme des individus trop pressés, animés d'un esprit trop marchand, incapables de saisir l'essence de la vie sur l'atoll. D'un autre côté les Paumotu les accueillent avec bienveillance, appréciant de pouvoir vendre leurs produits locaux, et de profiter de cet apport d'argent. Même si le lecteur peut éprouver l'impression que la construction de la pirogue à voile et la maîtrise des techniques de navigation ne sont qu'un prétexte, les 2 artistes incluent de nombreux schémas de conception de bateaux, attestant qu'ils ont dû effectuer de nombreuses esquisses pour représenter ce que leur expliquaient les anciens. Enfin, ils se montrent honnêtes en indiquant que la vie sur l'atoll présente de nombreux aspects paradisiaques, sous réserve de jouir d'une bonne santé, car il n'y a pas de médecin proche. Par ailleurs ils n'évoquent pas la lassitude existentielle que peut ressentir l'individu à bénéficier de ces conditions, jour après jour, sans grand changement notable, provoquant une forme de vague à l'âme désigné sous le mot de fiu par les locaux.



Cet ouvrage s'avère exceptionnel car il permet au lecteur de séjourner sur l'atoll de Fakarava dans l'archipel des Tuamotu comme une personne qui y vit et non pas comme un touriste de passage, pour un prix modique au regard de ce qu'il en coûte réellement. Non seulement le lecteur bénéficie de magnifiques visuels, de représentation enchanteresse du lagon, de la rencontre avec des Paumotu accueillants, mais en plus les auteurs lui offrent une vision élargie de cet endroit, par le biais de quelques éléments historiques, économiques et écologiques.
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J'veux pas oublier mon chat

Une petite bande dessinée bien sympathique.



En amoureuse de chats que je suis, c'est le titre qui m'a attirée dans un premier temps.

Puis j'ai lu la petite histoire de ce chat noir, nommé Skippy, et de son ami humain. La narration est très simple, les dialogues et le graphisme (en noir et blanc) sont assez minimalistes et cela suffit amplement.

Les amoureux des chats y trouveront bien des attitudes typiques des chats - en dehors de la scène où Skippy laisse filer l'écureuil, pas très crédible pour le coup.

Il faut admettre que j'ai été particulièrement touchée car cela m'a rappelé des souvenirs avec un chat noir que j'ai eu plus jeune. Chasseur, mais plus casanier que Skippy.



3.5/5
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Mon voisin Raymond

Il ne se passe rien dans cette BD. Mais vraiment rien. Et c’est ce qui fait tout son charme. Troubs y raconte sa relation avec son voisin Raymond, en Dordogne. Raymond est un vieil homme qui vit dans un hameau où n’habitent plus que lui et son frère. Le dessinateur l’aide à couper son bois, à entretenir son jardin et ses ruches. Ensemble ils vont aux champignons, passent des heures à discuter et à boire du café. On suit les deux hommes de janvier à décembre, au rythme des saisons.



Un album calme, tranquille, serein, contemplatif. Un album plein de silences, de solitude et d’empathie. Des vies simples, une réflexion sur la vieillesse et le temps qui passe. Isolé, Raymond a de plus en plus de mal à rester autonome : « C’est le cœur qui fatigue. Je porte un bout de bois, c’est comme si j’avais travaillé toute la journée ». Certains matins il reste au lit. Et chaque automne, quand le temps devient maussade et que les feuilles tombent, il n’a pas le moral et pense à la mort. Mais le paysan demeure vaillant. De toute façon il ne pourrait pas vivre ailleurs que dans la maison de ses parents, sur cette terre où il est né.



Une plongée apaisante chez les taiseux. Pas un mot de trop, pas la peine de parler pour ne rien dire, pas de poésie bucolique à deux balles, Troubs ne cherche pas à dresser une chronique rurale où les clichés s’enfileraient comme des perles. Son trait doux et presque enfantin ne donne pas non plus dans l’esbroufe. Proches du crayonné, ses déambulations et ses heures partagées avec Raymond semblent croquées sur le vif.



Bien sûr on est loin de la BD d’aventure trépidante, de l’adaptation de roman percutante, de la biographie pimpante ou de la virée au bout du monde dépaysante. Ici, la nature règle le pas des hommes, lentement. Et l’amitié pudique entre le paysan et le dessinateur se suffit à elle-même pour faire naître douceur et émotion.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Le goût de la terre

Plongée au coeur de la guérilla colombienne, dans ces villages esquissés en larges traits noirs. Un portrait en échange d'une confession. Visages marqués, beaux, dont les yeux reflètent souvent un éclat sombre, qui en dit plus que ces paroles qui parfois ne dépassent pas les lèvres, qui se taisent, finalement.

Baudoin et Troubs, suite à la publication de leur BD reportage au Mexique, Viva la Vida, ont été sollicités par deux universitaires colombiens pour mener un autre reportage sur les FARC. Ils traversent ainsi l'océan puis la Colombie, rencontre la population qui se trouve au coeur de cette guerilla, qui la fréquente peut-être, qui a été menacée, dont la famille a parfois éclaté sous la menace.



J'ai trouvé le graphisme difficile et épuisant à lire et l'angle d'approche... les témoignages échouent régulièrement, comme si la confiance ne s'était pas installée,

Sur un thème aussi sensible que celui des FARC, de la politique de CHAVEZ au Venezuela, de la situation politique en général en Amérique latine, le parti pris des auteurs m'a gênée, j'aurais voulu un reportage plus impartial que ça...



Lu dans le cadre Récits de Voyage 2014-2015
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Viva la vida

De la rencontre entre Edmond Baudoin et Troub’s est né cet album. Initialement, c’était un projet fou de faire un voyage à Ciudad Juarez, une ville au passé riche et agité, une ville cosmopolite. Le taux de mortalité y est élevé en raison d’une guerre des gangs acharnée due à la présence massive de narcotrafiquants. Cette agglomération est également un lieu de passage presque incontournable pour de nombreux migrants qui fuient la pauvreté et espèrent parvenir à passer la frontière clandestinement… Au bout de la route, peut-être quelques-uns trouveront-ils l’Edlorado américain ? Car Ciudad Juarez se situe sur la frontière entre le Mexique et les États-Unis ; la ville est mitoyenne avec une ville du Texas : El Paso. Au milieu : des barbelés et la voie ferrée qui dépend de la gare (située dans la partie américaine). Les rues de la ville sont désertées dès la tombée de la nuit, les gens se mettent en sécurité jusqu’au petit matin où la Une des journaux se chargent de faire le résumé des incidents de la nuit passée.



« Un anniversaire d’adolescents : 14 morts dont un enfant ».



Mais ce n’est pas tout. Ciudad Juarez défraye la chronique. Chaque année, des centaines de femmes sont kidnappées, séquestrées, torturées. Des centaines de cadavres ont déjà été retrouvés. Les sévices sont tels que les visages sont parfois méconnaissables rendant impossible l’identification de la victime. Ciudad Juarez est donc une ville traumatisée par ces innombrables meurtres de femmes constatés depuis 2003.



Le projet d’Edmond Baudoin et de Troub’s s’est concrétisé en 2010, leur séjour a duré un mois ½ (du 1er octobre à mi-novembre). Leur objectif ? Montrer le côté “humain” de la ville. Équipés de leurs carnets de croquis, ils sont allés à la rencontre des habitants et leur ont proposé de dessiner leurs portraits. En échange, ils ont demandé aux gens de leur dire quels sont leur rêve. Ce voyage est donc avant tout un voyage de rencontres et d’amitiés éphémères.

(...)
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Sables noirs: 20 semaines au Turkménistan

En noir et blanc, un dessinateur croque un pays de palais de marbre, barres d'immeubles soviétiques et petits villages isolés. Un pays où seul le chef s'exprime et s'étale partout : photos interdites, mots presque inexistants en dehors de la prose gouvernementale, peintres acceptés à condition que les sujets ne soient pas politiques... le Turkménistan qui voulut retrouver son identité d'avant l'Union soviétique et s'y perdit tout autant. Lié à l'occident par Bouygues le constructeur et quelques intérêts économiques qui sont aussi la seule porte entrouverte pour la population. Car dans ce pays, il y a un peuple : des conducteurs de taxi, un marché, un peu de débrouille, des jardins sur les trottoirs, des chameaux, une envie de culture... Troubs nous montre ce qu'il a pu voir, lui, le temps d'une invitation du centre culturel, le temps d'un projet, et on y sent de l'amour malgré tout ce qui est incompréhensible pour nous, chanceux de liberté. Et j'ai beaucoup aimé ajouter un peu de connaissances sur cette région du monde que je découvre par le biais du challenge Globe-trotteurs : l'Azerbaïdjan en face, les montagnes de l'Iran en commun, la poésie du voisin Ouzbekistan, l'Afghanistan... ces pays d'islam et de communisme.
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Va'a : Une saison aux Tuamotu

Tout d'abord merci sincèrement à BABELIO et sa masse critique BD du mois de décembre 2014 !



Oui merci, car cette après-midi j'ai pu m'évader grâce à cette lecture loin du temps de neige. Passer en un après midi de la froideur hivernale au soleil des Tuamotu c'est quand même génial. J'adore ce dépaysement !



Flao et Troubs vont vivre sur l'archipel des Tuamatu en bricolant des petits voiliers, le projet Va'a n'ayant pas pu être commencé.



Cette BD est d'avantage un assemblement de planches souvenirs concernant leurs séjours là bas qu'une vraie histoire. C'est un peu le seul reproche que je pourrais faire à cette BD.



Il y a des rencontres avec les habitants de l'archipel, ceux qui racontent leurs histoires, ceux qui restent ou sont revenus. Il y a de l'histoire , de la géographie, de la sociologie...



Il y a des impressions entre ciel et mer.

Il y a aussi de l'humour, très souvent mis dans la bouche des animaux croisés.

et de la poésie en image !



On a un florilège de toutes ces impressions, comme des instantanés des deux auteurs. On passe d'un style à l'autre.



J'ai beaucoup aimé les traits du dessinateur Flao, ceux de Troubs m'ont moins plus, même si je les ai aimés tout de même.

Une belle immersion dans ces îles qui survivent à peine car abandonnées par les vrais habitants. Le tourisme semble une voix possible mais avec ses excès....



Sauver le patrimoine naturel des Tuamotu voilà un bien beau projet, espérons que ce site sera préserver... Il a eu déjà son lot d'exploitations désastreuses ...



La découpe des planches en largeur sur deux pages m'a sur le coup surprise ...La mixité des dessins aussi.



Mais au final c'est un bien joli carnet de voyage des Tuamotu, dessiné à 4 mains (ou deux ils ne sont peut être pas ambidextres ;-) qui m'a embarqué loin d'ici !



Les couleurs sont très belles, les aquarelles rendant de bien belles manières les couleurs de ces paysages idylliques et lointains...



Nous sommes appelés au grand large,

sur et sous les eaux cristallines du lagon.

A l'ombre des feuilles des cocotiers.



Le livre matériellement est un très bel objet de très bonnes factures. Papiers épais belles impressions et format extra large. Un objet aussi beau que le lieu de cet archipel.



Allez, on y Va'a !




Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
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Sables noirs: 20 semaines au Turkménistan



Dans le cadre d'un projet de publication de poèmes turkmènes en France, Troubs se rend au Turkménistan pour quelques semaines. Lors de ce deuxième voyage dans un des pays les plus fermés du monde, il croque, il dessine... pour raconter et se souvenir.



Nous ne connaissons pas grand chose de ce pays presque aussi isolé par son président que la Corée du Nord. On en apprend un peu plus à travers les dessins de Troubs qui nous raconte, de manière très morcelée et sans réel fil conducteur, sa rencontre avec les turkmènes. L'ensemble est assez démoralisant, la dernière phrase de la BD confirme d'ailleurs toute la morosité ambiante.

Les dessins, parfois assez précis et parfois à l'état d'esquisse, reflètent assez bien l'état d'esprit général. Par contre, rien ne m'a touchée dans ce récit, même si certaines scènes confirment qu'il n'est pas bon de vivre dans cette contrée.



Une lecture intéressante pour aborder la question du Turkménistan mais certainement pas suffisante pour comprendre quoi que ce soit à ce pays et qui demande, pour ceux que cela intéresse, de poursuivre l'exploration à travers d'autres récits.
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Le Paradis... en quelque sorte

Un petit point géographique va peut-être vous être nécessaire, tout d’abord. J’ai découvert en préparant la lecture de ce livre pour le défi Asie du Sud-est, que Bornéo n’y figurait pas ! L’explication en est simple : Bornéo est une très grande île, de forme assez compacte mais divisée administrativement en trois parties : Brunei, Malaisie (Sarawak), Indonésie (Kalimantan)… Le voyage de Jean-Marc Troubet, dit Troub’s, au printemps 2005, se situe dans la partie indonésienne, en remontant le fleuve Mahakam depuis le complexe Total de Balikpapan où il est intervenu dans l’école, jusqu’aux petits villages en amont, de plus en plus isolés et traditionnels. La seule voie de communication et de transport étant le fleuve. Le long du fleuve, qui peut être très dangereux, avec des rapides, et des crues subites, s’échelonnent des villages de maisons sur pilotis, avec de grandes maisons communes aux piliers de bois sculptés, et de petites églises peu entretenues.

Les dialogues sont difficiles entre l’auteur et les habitants, la plupart issus de l’ethnie dayak. Peu d’entre eux parlent anglais et chaque région possède un dialecte, en plus de l’indonésien. L’auteur apprend avec un habitant quelques rudiments d’aoheng, pour communiquer un peu mieux, mais cela reste laborieux, et une certaine méfiance existe toujours envers cet étranger qui dessine. Les touristes sont peu nombreux, plus l’auteur remonte le fleuve, moins il en rencontre. Ce sont souvent des Asiatiques, de Java par exemple, qui se comportent comme s’ils étaient très conscients de leur supériorité.



Ce roman graphique comporte beaucoup de texte et c’est bien utile, pour qui ne connaît pas ou peu l’Indonésie, avec en alternance de belles grandes pages dessinées, sans texte… L’ensemble est agréable à lire, permet de pénétrer dans des régions encore assez éloignées de la « civilisation » contemporaine. La télévision est arrivée partout, et chaque soir les habitants se regroupent autour des deux ou trois téléviseurs du village, les groupes électrogènes vrombissent à toute heure du jour, mais dans les endroits où il n’y en a pas, ce sont les chiens et les coqs qui font du « barouf ». Autant dire que trouver le sommeil n’est pas l’aspect le plus simple de ce séjour. Pour l’alimentation, si on aime le poulet et le riz, ça ne semble pas trop compliqué !

Si vous êtes curieux, sans être sûrs pour autant de trouver le livre, vous pouvez feuilleter le carnet de croquis de l’auteur en Indonésie sur son site.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Les oiseaux

Jean-Marc Troubet, dit Troubs, parle ornithologie, mais pas que, dans cette bande-dessinée qui se laisse lire tranquillement. Un peu comme une balade, en forêt ou en ville, où la contemplation et l'écoute de la nature sont de mise.



J'avoue que c'est un peu trop succinct pour moi. On nous parle du Liban d'après guerre, de la place de la nature dans la ville ravagée puis dans la ville reconstruite avec un focus sur les oiseaux. En parallèle on suit la narrateur dans sa balade en forêt en France me semble-t-il.

Bref. le message est clair mais, sur le coup, je n'ai pas compris le procédé. Pourquoi le choix du Liban ? Pourquoi le parallèle avec la balade en forêt ? Mystère. Seul le résumé est éclairant, et j'avoue que je ne le lis pas à chaque fois.



La mise en contexte aurait été appréciable mais c'est tout de même une lecture agréable et intéressante.



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Mon voisin Raymond

Au cœur de la Dordogne, Troubs nous emmène en visite chez son voisin octogénaire. Les couleurs de la Dordogne s’offrent comme un formidable voyage bucolique dès la couverture. A travers ce portrait touchant et pudique d’un homme ordinaire, cet album au rythme doux et lent, superbe hommage à la nature, nous ouvre les portes d’une sagesse : vivre lentement, en lien avec son environnement, avec juste ce qu’il faut en ces temps si accélérés.
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La longue marche des éléphants

En novembre et décembre 2015, le Centre de conservation de l’éléphant du Laos organise une caravane d’éléphants qui parcourt 500 kilomètres à travers le pays. Elle s’achève en une grande procession de vingt pachydermes à Luang Prabang. Le but de cette caravane était d’attirer l’attention sur la nécessité de protéger un animal qui a depuis des siècles aidé les populations dans leurs tâches quotidiennes et est aujourd’hui menacé d’extinction.



Nicolas Dumontheuil a accompagné la caravane à pied. Anecdotes, relations entre les éléphants et leurs cornacs (maîtres), accueil dans les villages, spectacles joués à la tombée de la nuit, fatigue, grands moments de joie et d’émotion, il restitue avec un dessin tout en fraîcheur une marche militante et une aventure humaine inoubliable. Troubs est quant à lui arrivé sur place après l’expédition. Il raconte le travail réalisé au Centre de conservation et s’attarde sur le comportement grégaire particulier des éléphants, sur la reproduction, sur les techniques ancestrales mises en œuvre par les cornacs pour domestiquer une espèce extrêmement dangereuse à l’état sauvage, sur les obstacles politiques et financiers qui mettent en péril la survie de l’ONG.



Deux points de vue, deux styles graphiques, deux façons différentes d’aborder un même sujet qui s’avèrent au final complémentaires. Ne se contentant pas d’un simple carnet de voyage, les auteurs observent et s’interrogent : comment renouer le lien des laotiens avec un animal dont plus grand monde ne se préoccupe et qui est pourtant indissociable du patrimoine naturel et culturel du pays ? Comment protéger un territoire et un écosystème favorable aux éléphants (la forêt tropicale) alors que le développement économique basé sur le tourisme encourage la déforestation ? Pourquoi l’éléphant accepte d’être au service de l’homme, comment peut se développer une complicité aussi forte entre le pachyderme et son cornac ?



Un superbe album, instructif et dépaysant, hommage au Laos, aux éléphants et à ceux qui tentent coûte que coûte de les protéger.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Sables noirs: 20 semaines au Turkménistan

Récit de voyage amer du dessinateur Troubs au Turkménistan, parti pour 20 semaines pour participer à un projet de traduction de poèmes de Jacques Prévert... Sables noirs est un mélange de croquis de voyage (il est interdit de photographier au Turkménistan) et de BD normale (en N/B).



On perçoit assez rapidement que le Turkménistan est à l'écart du monde. Mais la joie de la découverte d'une civilisation différente de la nôtre cède vite la place à un récit acerbe sur une dictature qui reçoit l'assentiment de l'Occident. Son gaz et son pétrole, ses achats d'armement, sa position stratégique à côté de l'Iran, son statut d'ex-république de l'URSS... tout cela "justifie" l'implication de la France, bien davantage que quelques poèmes, des libertés en berne et un statut de la femme inexistant.



Je suis prêt à parier que Troubs aura bien du mal à obtenir un visa pour ce pays à l'avenir. Le Turkménistan a-t-il un avenir... bien sûr puisque tout y est figé et que même les dictateurs s'y succèdent et s'y ressemblent physiquement, à un point tel qu'il est difficile parfois de les distinguer... Une lecture utile.
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Va'a : Une saison aux Tuamotu

Venez avec moi dans l'archipel des Tuamotu, un chapelet d'atolls qui fait partie de la Polynésie française.



Des ilots plantés de cocotiers, entourés de plages de sable blanc et cernés de lagons aux eaux turquoise...

Ca, c'est pour le cliché et ma foi, cela fait rêver...



Nos deux dessinateurs partent là-bas dans le cadre du projet baptisé Va'a Motu de construction de pirogue traditionnelle et de réhabilitation de ce mode de navigation .



Le début de l'ouvrage explique la situation géographique, historique et économique de l'archipel, la nature du projet Va'a Motu à la façon d'un documentaire , puis l'installation de nos amis et de leur famille sur un des atolls.



Ensuite, il faut bien avouer que cela dérape un peu, car de la fébrilité du départ, on sent que peu à peu un certain dilettantisme prend le dessus .

Les auteurs décident d'expérimenter par eux mêmes la navigation en pirogue et parcourent les iles à la recherche de conseils chez les anciens et de pirogue à retaper, cela donne lieu à des scènes drolatiques .



Mais la réalité de la vie dans ce coin perdu est différente de l'image idyllique que l'on en a.

Car, depuis une cinquantaine d'années, le mode de vie a totalement changé, l'abandon de la pirogue traditionnelle n'est que la face immergée de la transformation : les polynésiens ont quitté leurs atolls pour travailler dans le cadre des essais nucléaires entre 1966 et 1996 et sont restés dans les plus grandes localités comme Tahiti, abandonnant leur coutumes, allant jusqu'à oublier l'art ancestral de la navigation.



Certes, il y a des projets pour faire revenir les populations vers leurs ilots mais en ont-ils vraiment envie ?



En tout cas, cette histoire donne l'occasion aux dessinateurs de "s'éclater" et de nous offrir de nombreux dessins, paysages de toute beauté et hommes et femmes très expressifs , de se moquer d'eux-même car ils font souvent penser à une équipe de branquinols et de faire parler les oiseaux et les poissons avec ironie mêlée d'une pointe de nostalgie ...



Merci à Babelio et aux Editions Futuropolis pour ce voyage dans ces belles îles lointaines !
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Va'a : Une saison aux Tuamotu

Voyage, voyage ....

Un superbe album qui donne envie de prendre le large !



Benjamin Flao et Troubs, deux dessinateurs de talent, nous font vivre au travers de ce magnifique carnet de voyage, leur séjour aux Tuamotu, en plein cœur de l'océan Pacifique, à l'est de Tahiti, déjà tout un programme ...

Et plus particulièrement les prémices d'une aventure un peu folle, la construction d'une pirogue traditionnelle, moyen de navigation complètement disparu au profit du bateau à moteur. Cette grande aventure humaine prendra le nom de projet Va'a motu, pirogue des îles.



Nous suivons donc ici nos dessinateurs, hyper sympas, qui découvrent l'atoll et ses habitants : Leurs tentatives de construction d'une pirogue, mais surtout leurs rencontres avec les habitants. Ainsi mine de rien, on commence à apprendre pas mal de choses très intéressantes.



Le visuel



Cet album est magnifique. Les dessins sont somptueux et je meurs d'envie de décrocher la planche p.50/51 pour l'accrocher sur mon mur ! Chaque dessin est superbe.

Les dialogues, façon BD, restituent bien l'ambiance de cette vie un peu au ralenti sur l'île, et de ce voyage de deux copains avant tout. Il y a beaucoup d'humour, de bonne humeur et d'auto dérision. Pour ceux qui connaissent, c'est un peu dans le style des carnets de Florent Chavouet, notamment Manabe shima, pour l'ambiance mais les dessins sont très différents.



Le fond



Les dialogues avec les locaux sont riches en apprentissage et pleins de bon sens. Les auteurs abordent même les sujets qui fâchent comme les essais nucléaires. Avec beaucoup d'empathie, ils restituent les diverses avis des habitants et surtout des anciens, avec l'évocation de la vie d'avant.



Bref, si vous voulez partir quelques heures, direction les Tuamotu aux côtés de nos deux jeunes aventuriers, dans un voyage immobile, n'hésitez pas. J'ai passé pour ma part, un moment délicieux.

Et pour votre information, le projet a depuis vu le jour...



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Mon voisin Raymond

Il se dégage un petit parfum nostalgique de bon ton, une aura de racines paysannes de bon aloi, mais aussi un ennui rural quelque peu lassant... de cette BD étonnamment poétique.



C'est touchant. Ou du moins, lorsqu'on est touché, la BD nous interpelle davantage au niveau de l'âme que de la raison. Je peux comprendre que des lecteurs soient restés à quai.



Voir les 12 mois de l'année rythmés par la coupe du bois pour l'âtre, la cueillette de champignons, les conserves de fruits, de légumes, l'écossage des pois, l'envol des palombes... ce n'est pas particulièrement emballant. Evidemment, si on s'arrête là, on s'ennuie autant que Raymond qui voit les jours défiler et qui sait qu'avec l'âge, rien ne sera jamais comme avant. Et c'était si bien avant... Ben oui, on tirait la palombe qui revenait ensuite. Maintenant elle s'envole dès qu'on claque une porte trop fort... Vous pensez bien... !



L'idée est de ne pas s'arrêter au temps qui passe, mais de voir l'humanité indicible qui se dégage de cette BD. Il m'a touché, Raymond. Faut dire qu'à la campagne, des Raymond j'en croise souvent. Et ils ont tant de choses à dire pour qui sait lire dans les silences et le marc de café.
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Humains, la Roya est un fleuve

J’ai beaucoup aimé cette bd qui explique le parcours difficiles des migrants ayant fui les atrocités de leur pays, et l’aide que leur fournissent des bénévoles qui suivent ce que leur dictent leur cœur et leur conscience. J’ai trouvé cet ouvrage magnifique car il questionne le lecteur sur son propre engagement quant à cette question. Il est beaucoup question de morale intérieure et d’humanité dans cette bd. Pour ma part, j’ai repensé aux Justes de la deuxième guerre mondiale. On s’est tous demandés un jour ou l’autre ce qu’on aurait fait à cette époque. Et on espère se dire qu’on aurait résisté, parce que c’est toujours plus valorisant pour l'ego de le penser. Mais honnêtement, combien d’entre nous tendent réellement la main à ces réfugiés aujourd’hui? N’a t-on pas tendance à détourner les yeux, en s’agrippant fermement à notre confort et notre chance de vivre dans un pays en paix? C’est de cela que parle cette bd. Elle engage la réflexion et quelle que soit la réponse qu’on y donne, elle vient titiller nos consciences. C’est donc très réussi. A noter aussi les superbes planches avec tous ces magnifiques portraits. Je la recommande vivement.
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Viva la vida

Octobre 2010, grâce à la bourse culturelle Stendhal, nous voici donc avec Baudouin et Troubs sur un projet d'auteur, un carnet de voyage à quatre mains à Ciudad Juarez, ville du Mexique située au bord de la frontière avec les Etats-Unis, en face d'El Paso...



Après la lecture du roman 2666 de Roberto Bolaño, Edmond Baudoin est frappé par l’importance donnée à Ciudad Juárez comme une ville des plus dangereuse au monde !



Depuis près de quinze ans, des meurtres de femme horribles s’y multiplient, tandis que sévit également la guerre entre les cartels de la drogue et que la police, corrompue, ne choisit pas toujours son camp...



Un road trip à travers des paysages désertiques, des restaurants d’autoroutes miteux, mais aussi ponctué de belles rencontre.



Baudouin et Troubs sont partis avec une idée noble dans leurs cartons : donner un visage aux damné(e)s de Ciudad Juárez. Ils dessinent les portraits des habitants qu’ils croisent et leur demandent quel est leur rêve !



De cette démarche candide se dégage, page après page, une étonnante leçon d’espoir.



Au-delà d’un constat alarmant, glauque et sanguinaire, ainsi qu'un tabloïd local qui présente immanquablement la photo de "la" victime de la nuit ... Ciudad Juárez vit bel et bien !!
Lien : http://alamagie-des-yeux-dol..
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