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Citations de Jean-Patrick Manchette (374)


Jean-Patrick Manchette
Les écrits sont la mémoire de l'espèce humaine. Aucun motif de lecture n'est aussi important que celui-là. Et cela inclut bien sûr les romans, qui sont entre autres choses la mémoire des émotions des hommes.
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Jean-Patrick Manchette
Je décrète que polar ne signifie aucunement roman policier. Polar signifie roman noir violent. Tandis que le roman policier à énigme de l'école anglaise voit le mal dans la nature humaine mauvaise, le polar voit le mal dans l'organisation sociale transitoire. Le polar cause d'un monde déséquilibré donc labile, appelé donc à tomber et à passer. Le polar est la littérature de la crise.
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- Ta mère est une conne.
- Ma mère est une conne, approuva Béa avec une équanimité désarmante.
Nous déjeunons chez elle et tu me feras le plaisir d’être rasé et poli. […]

- Un de ces jours, dit-il, je vais devenir subitement fou et tu ne t’en apercevras même pas.
- S’il y a une différence, je la verrai.
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Gerfaut se rangea sur l’accotement, entre deux arbres, à côté de la portière arrachée. […] Il arrêta le lecteur de cassette.

Peut-être allait-il découvrir des cadavres hideusement mutilés, une fillette aux nattes gluantes de sang, ou bien des blessés retenant leurs tripes à deux mains, on ne peut décemment faire ça en musique.



Ps : Quel humour noir décapant ! Mais, je vous rassure, le conducteur est encore en vie !
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La politique contemporaire présente plus que jamais l'apparence du désordre et de l'incohérence, parce qu'elle ne peut présenter que son apparence.
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Dans les collines du Sud rural où j'ai grandi, les chasseurs d'écureuils avaient l'habitude de clouer leur gibier aux arbres puis, avec un couteau et une force brutale, d'arracher la peau du corps par une simple traction brusque.

C'était une méthode propre, rapide, efficace. Les peaux étaient laissées sur les arbres, par douzaines, tout autour des cabanes et des meilleures zones de chasse, tels des rappels permanents.

Des livres comme ceux de Manchette sont ces peaux.

JAMES SALLIS, 2014.
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Souvent, le mystère le plus total plane sur le contenu des films présentés. Quel peut être le sujet d'"Enfant velu", qui passe en version originale, accompagné par "L'Or ensorceleur", également en version originale ? Cela se joue à Barbizon, qui propose aussi, et toujours en v.o., "Excellente Maîtrise de la technique Wushu". La dernière visite que je fis au Barbizon me permit de voir un film sur la trépidante exhumation d'une momie vieille de deux mille ans. Le documentaire insistait, lors des plans de dissection de ladite momie, sur divers organes épars (fémur, orteil, tripes) en soulignant leur excellent état de conservation.
On peut aussi aller au Centre culturel canadien. Non seulement l'entrée est gratuite, mais on projette des dessins animés de la série "Merci monsieur Noé" et "Les voyages de Tortillard". C'est fort instructif, et une bonne occasion de traumatiser encore davantage vos bambins. Ils pourront suivre "Les danses des abeilles", "Pouvoir d'attraction de la reine des abeilles", "La technique des émaux", "Fonte à la cire perdue" et "L'ébéniste".
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Certains soutiennent qu'on ne peut pas critiquer bien ce qu'on n'aime pas. Ça non plus, il ne faut pas s'en étonner dans un temps où ce que l'on appelle une bonne critique, c'est bonnement une apologie.
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Le monde brise les hommes. La plupart des hommes. Et il se forme un cal à l’endroit de la fracture. Ceux qu’il ne peut pas briser, le monde les détruit.
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Pas d'ortolans pour la Cloducque, de Pierre Siniac, n'est pas un film, mais un livre qui vient de paraître aux Editions des Autres. Lugubre, déguelasse, hilarant. Si vous ne connaissez pas encore les bouquins de Siniac, surtout la série d'aventures de Luj Inferman et la Cloducque, vous perdez quelque chose. Au lieu d'aller au cinéma comme des veaux, apprenez à lire et procurez-vous dare-dare ce bouquin.
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-Je te demande dix ans, a dit Martin. Ce sera peut-être moins si j’ai de la chance. Si je n’en n’ai pas, il me faudra dix ans, j’ai calculé.

Anne jure de l’attendre. Elle l’embrasse en pleurant. Elle a seize ans et demi, Martin en a dix-huit.
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Quelque distributeurs ont périodiquement l'assez bonne idée de sortir des films japonais de grande consommation. Après l'amusant "Cimetière de la morale" de Fukasaku, on pourra voir à partir d'aujourd'hui "Baby Cart l'enfant massacre" de Kenji Misumi, plus hilarant pour qui aime les déchaînements surréels de violence sanglante, et mieux mis en scène. Il s'agit d'un tueur qui se balade avec son môme, lequel est dans une voiture d'enfant, laquelle est pourvue de gadgets destructeurs, notamment des roues à lames qui tranchent les jarrets adverses. Beaucoup de tueries à l'arme blanche se succèdent. Combats, tortures, mutilations et giclement de sang sont organisés selon une ambition chorégraphique, de sorte que cet ahurissant massacre est rigolo et non heurtant.
Ce genre de film ultraviolent est apparu dans les années 60 surtout. Il faut bien connaître l'histoire et la culture japonaises pour en déterminer exactement les filiations. Du moins peut-on supposer que c'est influencé formellement par le théâtre dansé kabuki, et idéologiquement par le mythe du guerrier samouraï.
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Ce qui nous retient de nous abandonner à un vice, c'est que nous en avons plusieurs.
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Pandora ressort. C'est un de ces films dont on dit qu'ils sont mythiques. C'est, comme on dit aussi, l'oeuvre d'un fou, Albert Lewin, esthète oscarwildien et réalisateur de quelques films seulement, dont Le Portrait de Dorian Gray et Bel Ami. Dans chacun de ses films confluent l'esthétisme décadent et la pire frivolité hollywoodienne. Quelques-uns ne voient donc ici que du bran, quelque chose comme les jardins californiens de W.R. Hearts, de la merde dans une urne d'or clinquant; et d'autres : "Des bas en soie, la chose aussi."
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Jean-Patrick Manchette
Le Roman Noir est le roman de la crise. Pas étonnant qu'il reprenne du service ces derniers temps.
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Jean-Patrick Manchette
Dans un roman, je ne sépare guère le « jeu intellectuel » et « l’émotion ». Comme un ébéniste qui veut faire un beau meuble, il me faut autant de savoir technique que possible, mais mon but est le beau meuble. Distinguer cette fin et ces moyens est un exercice de philosophie morale qui risquerait d’être long pour aboutir seulement à la conclusion qu’il est bon d’avoir de la technique, mais que ça ne sert à rien si on est un vil roublard : on aboutira à un ouvrage roublard, la technique gâchée ne sera plus un style mais un maniérisme, l’objet sera moche, l’émotion absente.
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Pourquoi des polars plutôt qu'autre chose ? Je n'avais pas une vieille culture polardeuse, mais il se trouve que j'avais une grand mère maternelle etonnante. Elle etait écossaise, avait été suffragette, s'etait couchée sur les voies de chemin de fer et tout ça, et elle avait fait partie de la première génération de filles admises dans les universités britanniques. Quand j'avais huit ou neuf ans, elle devait en avoir soixante-dix, elle avait des cheveux aile-de-corbeaux, un mètre quatre-vingts et s'habillait en rouge, ce qui semait la panique dans le petit village normand où elle résidait ; et elle lisait la Série Noire. Par elle je suis tombé sur Cheyney, Hadley Chase, et je me rappelle que j'ai été impressionné à l'époque, par Il gèle en enfer d'Helliott Chaze : la nana à poil qui se vautre dans les billets de banque après le braquage, c'est très frappant pour un môme pré pubertaire, c'est ma «scène primitive» de polardeux.
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Dans des conditions moins brutales, on peut revoir aussi Spellbound (La Maison du docteur Edwardes) qui est ressorti. C'est un Hitchcock mineur. Un Hitchcock mineur vaut mieux qu'à peu près tout. N'importe quel Hitchcock peut être vu et revu indéfiniment, on découvre de nouveaux trucs à chaque fois. Par exemple, il faut vraiment connaître par coeur Les Oiseaux pour ne pas regarder Suzanne Pleshette (une bien jolie personne) quand elle raconte à Tippi Hedren (une bien belle personne) ses amours malheureuses. Mais si vous connaissez Les Oiseaux par coeur, vous pourrez prendre le temps de regarder, derrière Suzanne Pleshette, la pile de disques, qui est floue (faible profondeur de champ). Et, en vous brutalisant un peu le cristallin, vous constaterez que le disque du dessus est Tristan et Isolde. Voilà donc un mec (Alfred) qui pousse la maitrise de l'image jusqu'à mettre du sens dans ce qui, dans l'image, a toutes chances de demeurer inaperçu. Voilà un auteur. Les auteurs existent.
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D'une manière générale, même en remontant au début, au contrat Mouzon, on pouvait dire que les affaires passées avec le colonel Taylor avaient marché comme sur des roulettes, jusqu'au moment où ils étaient tombés sur ce con de Georges Gerfaut. Un cadre commercial, pourtant, c'est normalement très facile à tuer. Carlo et Bastien pouvaient faire des comparaisons, car ils avaient exercé leur industrie dans les couches les plus variées de la société. Maintenant ils commençaient à être en colère contre Georges Gerfaut.
Vers 13h30, Gerfaut se tapa des Francfort-frites dans une brasserie.
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Moi je suis fasciné, je le dis. Tout ce que la civilisation a produit. C'est impressionnant de richesse, et par contrecoup, la pauvreté de l'existence est impressionnante aussi. Quand je parle de pauvreté de l'existence, je ne parle pas des marchandises. J'ai tout ce que je veux, moi par exemple, (...) ou du moins, j'ai ce qu'il me faut (...). Par pauvreté de l'existence, je veux dire le point auquel on s'emmerde. C'est extraordinaire, le point où on s’emmerde.
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