Citations de Jean-Paul Mari (23)
Pas plus que le soleil, la mort ne peut se regarder en face.
Aborder le sujet de l'islamisme est, aujourd'hui, se faire étrangler dans un étau idéologique. D'un côté, les fanatiques qui, à force de rhétorique, ont réussi à brouiller les genres pour se ménager une zone d'immunité grâce à une invention géniale : l'« islamophobie ». Ils ont inventé le terme, le concept et l'ont imposé dans le débat public, en martelant que toute démarche intellectuelle contre l'islamisme est, de fait, une prise de position contre l'islam, donc contre les musulmans, pour la plupart arabes. Donc, du racisme pur et simple. À l'image du gouvernement israélien actuel pour qui toute position critique symbolise « l'essence même de l'antisémitisme ». (page 171-172)
— La mémoire ? Cela n’existe pas.
— …
— Enfin, pas telle que vous l’imaginez. Le souvenir n’est pas un livre rangé dans une bibliothèque, mais plutôt des feuilles éparses sur les étagères, un ouvrage que vous devez recomposer en rassemblant les pages une à une. C’est une reconstruction.
La Chose est universelle et éternelle. D’Héraclite à La Rochefoucauld, les Anciens le savaient : Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face.
l’Odyssée n’est pas une croisière, mais un mythe universel, une hydre à dix têtes magnifiques qui racontent chacune un mystère, un banquet de l’imaginaire où chacun a le privilège de choisir ses plats.
le bleu ne fait pas ce bruit là
Si Ulysse revenait aujourd’hui, je me demande quelle Méditerranée il trouverait à chaque étape de son voyage des merveilles [...] Surtout, la Méditerranée serait-elle toujours la lumière du monde, ce trésor de l’Antiquité ou bien, frappée de décadence, ne serait-elle plus qu’une flaque d’eau salée sans âme ?
Parce que la Casbah est une pulsation qui porte en elle le mouvement de tout ce qui nous a précédés. Je souffre de la voir malade. Je ne reconnais plus ces ruelles où où des frères d'une même famille s'entre-tuent. un militaire d'un côté ; un civil de l'autre. C'est le temps des fous..
Comme souvent, le Pentagone dit n'importe quoi, histoire de contrôler la "vérité de l'instant", en attendant l'oubli. La méthode d'intoxication est ancienne,connue, efficace. Il s'agit de gagner sur la vérité des faits, quelques jours seulement, et d'attendre qu'un nouvel événement fasse oublier la bavure. La guerre continue, elle efface tout. Voilà leur pari.
Traverser la plaine de la Mitidja, c'est passer la main sur un corps couturé de cicatrices.
Le plus dur, ce sont les regards des habitants, porteurs de toutes ces histoires que personne ne racontera jamais .
Les Français ne t'ont pas beaucoup torturé ...
Pourquoi ? Qu'est-ce que tu leur a promis en échange, hein ?
Nous sommes dans l'Algérie de juin 1858, ce n'est plus un pays, mais un cauchemar.
J'ai mis longtemps à comprendre qu'il fallait éviter de parler trop fort au retour, de raconter ces choses terribles à table, pour ne pas déranger les autres, ne pas encombrer leur vie déjà si compliquée, ne pas leur demander de prendre sur leurs épaules toute la douleur du monde. Il faut savoir laisser en paix ceux qui le désirent.
Quoi de neuf à l'horizon des conflits d’intérêts, de la haine ethnique et du droit inaliénable des peuples à s'entre -tuer ? Rien.
Tout commence avec l(entraînement, l'épuisement systématique, les ordres hurlés, la recrue transformée en numéro, en objet couleur kaki. La méthode, connue, programmée, n'est rien d'autre qu'un lavage de cerveau.
Que fait-on de la douleur de guerre quand on en revient? Je crois avoir un début de réponse. Si on la laisse faire, elle vous tue.
Enfreindre le grand tabou du silence est,selon l'époque, un acte de magie noire ou un langage politiquement incorrect. La sanction du scandale est toujours la même : la censure ou l'indifférence.
Se taire, voilà l'issue pour un survivant. La rencontre avec la mort ne se raconte pas : elle est indicible. Tout simplement parce qu'il n'existe pas de mots humains pour l'exprimer.
Après ce réquisitoire filmé, le doute n'est plus possible : c'est un coup au but, délibéré. De sang-froid. pourquoi est_ce que les Américains ont fait ça ?
(Bagdad )
La déradicalisation est une vaste blague. Comme si l'islamisme n'était qu'une maladie à soigner et non une idéologie mortifère. Autant vouloir déradicaliser une légion de SS. (page 191)
Le lendemain, à six heures du matin, les militaires sont entrés au pas de charge dans le patio de l'impasse Rahmouni. ils se sont arrêtés net face à ce jeune homme aux cheveux blancs de soixante-quatorze ans, un vieillard un peu fou qui leur ouvrait les bras. Du coup, ils ont fait demi-tour sans oser fouiller la maison suspendue.