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EAN : 9782283034682
272 pages
Buchet-Chastel (25/08/2022)
3.77/5   11 notes
Résumé :
Je suis né dans une tombe. Pas un simple trou pioché dans la terre, mais une chambre rectangulaire toute blanche avec des murs passés à la chaux, un carrelage sanitaire où mon père était couché, nu, sur une dalle de marbre, enroulé dans un drap blanc. Il avait l’air détendu. Quand je l’ai embrassé, il avait la peau tiède et j’ai compris qu’il était mort. Abattu d’une balle de gros calibre dans le dos par les tueurs qui guettaient. Je ne le savais pas encore mais il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
COUP DE COEUR ET GROSSE CLAQUE.

Jean-Paul Mari nous raconte ici sa vie de reporter avec comme Point central la violence.
Il est né dans la violence, celle de l'assassinat de son père et de son grand-père à Alger un 14 février 1962 lorsqu'il avait 11 ans.
Il nous emmène avec lui à la rencontre de la violence pure. Cette violence brute qu'il a côtoyée lors de ses reportages pendant la guerre au Liban, en Palestine à Gaza. Cette violence ultime croisée lors d'un reportage au Rwanda, en plein génocide.
La violence sociale, celle que subissent des êtres humains sans domicile au pas de nos portes.
La violence écologique, celle qui tue ceux qui veulent protéger leur environnement.
La violence de l'indifférence, celle qui laisse crever des migrants en mer Méditerranée, celle qui laisse des gosses se faire violer en Asie.
Toute cette violence qui a la lecture donne la nausée. Toute cette violence qui a fini par l'emporter et dont il a du revenir.
Et parallèlement, il nous présente aussi des gens ordinaires, des gens de bien, qui dans l'ombre se battent pour contrer cette violence.

Il faut avoir le coeur bien accroché pour lire ce bouquin, mais c'est ce que j'ai lu de mieux sur cette rentrée littéraire.
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Jean-Paul Mari a 11 ans lorsque son père est assassiné. Ça marque ! Que ce soit dans la cour de récré, sur les rings de boxe ou au coeur des pays en guerre, notre auteur passera sa vie à être témoin de la violence des hommes.



Il devient kiné, puis se rêve reporter. C'est là qu'est sa place. Il aide toujours en quelque sorte. Il tente de libérer la douleur. Par les mots cette fois-ci.



𝗖𝗲 𝗹𝗶𝘃𝗿𝗲 ! 𝗖𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗲𝗻 𝗽𝗮𝗿𝗹𝗲𝗿 ?

J'ai été émue, en colère, choquée, admirative. A travers ce récit, Jean-Paul Mari nous raconte sa vie, la vie sans fard. La vie dans ces pays où les Hommes sont à genoux, où la dignité n'a plus sa place.

Plus qu'un simple récit, l'auteur tente de nous expliquer les fondements de la violence.

Pourquoi des centaines de combats ont encore lieu à l'heure où vous lisez ces mots ? Pourquoi témoigne-t-on encore de génocides ? Qu'est ce qui justifie de tuer un enfant ? Est-ce que l'homme est naturellement violent ? Comment un droit bafoué peut devenir normalité ?

« Pourquoi est-ce que les hommes font la guerre ?

Parce qu'ils aiment cela bien sûr. »



Chaque chapitre va revenir sur une expérience, un conflit auquel l'auteur a assisté. Durant des décennies, Jean-Paul Mari est parti aux quatre coins de la planète pour tenter de retranscrire les vérités du monde.

Parfois, il nous redonne un peu d'espoir. Il nous parle d'une belle histoire, d'amour, on a envie de croire au happy end.

Mais la réalité revient au galop. Barbarie, souffrance, injustice. On a mal. Et nous sommes à des années lumière de ce que notre auteur a pu ressentir, voir et traverser. le trauma, la recherche de la vérité, la disparition de ses confrères.



𝗖𝗲 𝗹𝗶𝘃𝗿𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝗰𝗹𝗮𝗾𝘂𝗲 ! 𝗨𝗻 𝘁𝗲́𝗺𝗼𝗶𝗴𝗻𝗮𝗴𝗲 𝗶𝗻𝘁𝗲𝗹𝗹𝗶𝗴𝗲𝗻𝘁 𝗲𝘁 𝗽𝗿𝗲́𝗰𝗶𝗲𝘂𝘅.

L'auteur donne un peu de lumière aux oubliés, aux migrants, aux souffrants et nous fait réfléchir à l'essence profonde de l'homme.



J'ai eu envie de pleurer à la fermeture de ce livre. de colère et d'incompréhension. J'ai préféré tenter de vous en parler, espérer que vous le lirez et surtout dire merci.
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Alger, c'est là qu'il naît et vit jusqu'à 11 ans. 1962. le sang, les armes, les bombes, les nuits de terreur. Un jour d'hiver 1962, son père est assassiné, une balle dans le dos. « le bleu ne fait pas ce bruit là »
Un enfant ne devrait jamais voir la mort en face.
C'est l'exil, l'exode ?
En France Il lui faudra vendre des glaces à 12 ans, son premier amour finira brûlée vive, déjà ! Sa scolarité est chaotique, le coup de poing facile. Mais il découvre que, oui, peut-être c'est la philo et les femmes qui peuvent sauver le monde. « On en discute ?» Il devient un homme qui doute.
L'hôpital, réparer les corps, kiné de choc, c'est sa came mais le cabinet c'est trop tranquille.
Alors partir, toute sa vie il part. est-ce qu'il fuit ? il se fuit ? Il fuit la nuit de l'enfance détruite.
Toute une vie au plus près de la mort c'est ce qui lui aura fallu pour trouver la lumière, neutraliser sa violence, « Oublier la nuit ».
Beyrouth, Damas, l'Amazonie, Israël, Palestine, Rwanda, Bosnie, Cambodge, et comme si les guerres au-delà de nos frontières ne suffisaient pas, la zone parisienne devient son nouveau terrain à explorer. Devenant lui aussi l'invisible sale qui a froid, faim et connaît les planques à dormir dehors sans se faire voler par plus pauvre que lui. Et puis les femmes, les violées, les prostitués, et puis le terrorisme islamiste, toute la violence du monde il la veut sous sa plume, la raconter comme pour la re – porter plus loin, l'exorciser peut-être ?
Des phrases courtes, percutantes comme des poings
Ecrire pour donner un sens dans un monde saturé d'images. Croit-il un temps que la guerre est une rédemption ? Il rend compte du sang hors des veines, de la mitraille, de la peur, des massacres, sans s'arrêter, inlassablement, il se met en danger pour écrire.
Ecrire pour donner à comprendre, pour ouvrir les yeux d'un lecteur qui n'en sort pas indemne. Ecrire pour donner à se comprendre ?
C'est le combat de Jacob avec l'ange qui vaincu, au bout de la nuit, lui donne sa bénédiction.
Le combat de Jean-Paul Mari avec l'ange de la mort, dure bien plus longtemps. Et au bout du tunnel de cet homme hectique, l'enfant peut enfin pleurer et oublier la nuit.
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Le 14 février 1962, à Alger, le père et le grand père de l'auteur ont été assassinés.

Trois mois plus tard, avec sa mère et ses deux frères, il débarquait à Marseille.

Son arme les poings, mais si c'était acceptable à Alger, ça le fut un peu moins dans les collèges et lycée français. de ville en ville, au fil des emplois trouvés par la mère, d'emplois d'été sur les plages qui permettaient de compléter les faibles revenus le narrateur grandit dans la débrouillardise. Une prof de philo le marque à jamais, il devient kiné, un kiné très doué, qui assiste le service de neurochirurgie de l'hôpital Purpan à Toulouse, fait un stage en cabinet de ville ....

Avant de tout plaquer pour devenir journaliste, puis grand reporter, toujours parti sur tous les fronts : Liban, Palestine, Syrie, Koweït, Balkans, Afrique, Roumanie, Egypte mais aussi les rues de PAris en immersion avec des SDF ...

Dans cet ouvrage, Jean Paul Mari partage ces aventures de vie, sous forme de chapitres courts à l'écriture vive et rapide, une écriture de journaliste. Un peu perdue au départ par le non respect de la chronologie, j'ai ensuite apprécié le fil conducteur des expériences plus que des dates.

Un ouvrage lu d'une traite mais un sentiment étrange d'avoir découvert un parcours de vie d'un spectateur, d'un témoin , d'un homme qui a eu de la chance quand tant de ses collègues se trouvaient sur le chemin d'un char, d'un obus, d'une maladie ...

Scènes vues, récit des conflits des dernières décennies par un observateur non artisan ...

Et une question qui me grattouille depuis cette lecture : Quel est le but de ce genre d'ouvrage : entre voyeurisme et besoin de s'épancher, de se montrer différent des autres journalistes, de montrer qu'on a pi avoir raison trop tôt en dénonçant le tourisme sexuel en Thaïlande ...

Et ai-je envie de cautionner ces interrogations en lisant ces récits ?

A suivre, ou pas, si je m'abstiens à l'avenir !

Livre reçu de la FNAC dans le cadre de la sélection en tant qu'adhérent membre du jury du Prix 2022.
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Dans ce livre, l'auteur, grand reporter à L'Obs, nous livre une série de souvenirs et de réflexions personnelles sur des faits et rencontres qui ont jalonnés une vie riche et mouvementée.

Assassinat de son père en Algérie, conflit israélo-palestinien, enquête sur l'assassinat d'un militant écologiste en Amazonie, génocide rwandais, immersion parmi les SDF à Paris…

Tout est présenté et analysé avec une plume délicate et subtile.

Un regard et un livre très personnels, pertinents et percutants.

Une lecture passionnante !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Aborder le sujet de l'islamisme est, aujourd'hui, se faire étrangler dans un étau idéologique. D'un côté, les fanatiques qui, à force de rhétorique, ont réussi à brouiller les genres pour se ménager une zone d'immunité grâce à une invention géniale : l'« islamophobie ». Ils ont inventé le terme, le concept et l'ont imposé dans le débat public, en martelant que toute démarche intellectuelle contre l'islamisme est, de fait, une prise de position contre l'islam, donc contre les musulmans, pour la plupart arabes. Donc, du racisme pur et simple. À l'image du gouvernement israélien actuel pour qui toute position critique symbolise « l'essence même de l'antisémitisme ». (page 171-172)
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La déradicalisation est une vaste blague. Comme si l'islamisme n'était qu'une maladie à soigner et non une idéologie mortifère. Autant vouloir déradicaliser une légion de SS. (page 191)
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le bleu ne fait pas ce bruit là
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