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EAN : 9782709656658
280 pages
J.-C. Lattès (19/09/2018)
3.64/5   7 notes
Résumé :
Si Ulysse revenait aujourd’hui en Méditerranée, que trouverait-il ? Une Mare Nostrum, une mer commune à tous ses habitants ou un espace coupé en deux, éclaté, balkanisé. Divisé au gré des rivalités, des cultures et des religions, entre les « civilisés » et les « barbares ». Serait-il plus étonné par les progrès réalisés ou horrifié par ses plaies ? Les hommes auraient-ils réussi à avoir enfin le même Dieu autour de la même mer ? La Méditerranée aurait-elle réus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : http://www.lavisqteam.fr/?p=42101

J'ai mis la note de : 13/20

Mon avis : En dérivant avec Ulysse est un livre à la fois magique et plein de noirceur. le lecteur voyage avec Ulysse ainsi qu'avec son temps et les malheurs qui lui sont associés. Cette époque, celle des migrations, des disparités sociales, des guérillas, des affrontements sanguinaires et des génocides, est la nôtre, même si l'on voudrait souvent l'oublier. L'auteur nous dépeint ici une comparaison des plus funestes et qui n'est pas à conseiller aux âmes sensibles. La méditerranée d'Ulysse et celle d'aujourd'hui regorgent de différences territoriales, politiques et économiques mais se regroupent sur la mentalité humaine et ses dérives.

L'auteur nous raconte les péripéties de certaines régions et elles ne paraissent jamais bien roses. Les meurtres, combats, destitutions, manifestations, tueries ou traumatismes apparaissent comme les héros d'un passé qui ne nous parlent plus vraiment, à moins que l'on soit un passionné d'Histoire ou un habitant du coin. Nombreux sont les noms inconnus, les lieux dont on n'a jamais entendu parler ou les évènements qui nous rappellent vaguement quelque chose. Pour des néophytes, peu au courant des actualités politiques de ces villes d'Orient, le roman manque d'explications détaillées et de notes ou, au contraire, va bien trop loin et nous perd. Tous les titres et patronymes débités s'agglomèrent en une masse informe qui ne marque ainsi pas comme le roman l'aurait souhaité. Ce qu'on en retient reste tout de même suffisant pour pouvoir appréhender la suite.

L'auteur nous parle de Troie, de la Grèce et de l'Italie actuels, principalement d'une manière négative. Les expériences relatées, les témoignages rassemblés et les descriptions affectent le lecteur qui ne parvient pas à se dépêtrer de cette humeur accablante. Les passages sur Ulysse, extraits des poèmes d'Homère, sont heureusement plein de poésie et nous apaisent avant de repartir dans la tourmente. Les parallèles sont faits de manière intelligente et la vie de l'écrivain a été aussi périlleuse que celle de notre héros mythologique préféré. Ce voyage dans le sud lui a permis de faire le point et de se rappeler que la méditerranée a toujours été un lieu plein d'agitation mais un endroit qu'il aime et qu'il n'oubliera sans doute jamais, comme les aventures du rusé d'Ithaque.

L'auteur nous donne également son analyse du récit légendaire et celle-ci est très intéressante. Les aventures d'Ulysse seraient en fait un voyage spirituel qui aurait permis au héros de se retrouver, de redevenir lui-même après avoir passé 10 années sur les champs de bataille de la guerre de Troie, aux côtés d'Agamemnon et d'Achille. Effectivement, Ulysse a été traumatisé par ces nombreuses morts. La ville a brûlé par sa faute et son cheval ingénieux, souvenez-vous. le guerrier a aussi vécu le choc, la douleur, et le tourment à cause de Polyphème, le cyclope, à qui il dit s'appeler « Personne », non par stratagème selon l'écrivain mais car il ne savait réellement plus qui il était, tant la violence du combat résonnait encore en lui.

Ulysse a aussi dû faire face à la tentation de l'amnésie avec la nymphe Calypso, la violence intérieure et les cauchemars obsessionnels, notamment chez Circé, l'attrait de la drogue, la déchéance, le face-à-face avec la mort, quand il doit aller parler à Tirésias qui se trouve aux Enfers, la période des limbes, la reconstruction… Ulysse a survécu aux mêmes phases que celles endurées par un survivant d'une des deux guerres mondiales dont le syndrome de stress post-traumatique est avéré. Cette revisite du mythe donne plus de force et de sens à ce récit épique qui apparait bien plus profond et complexe.

Le roman est aussi un chemin de reconstruction pour l'auteur, comme son Odyssée l'a été pour Ulysse. L'écrivain nous raconte quelques tranches de sa vie les plus périlleuses ou les plus dangereuses, et toutes ne sont captivantes, même si elles restent éprouvantes ou étonnantes. En effet, certains chapitres souffrent de longueurs, notamment quand l'auteur appuie lourdement sur ses sensations douloureuses ou ses moments à vide et qu'il se répète. Un des passages les plus prenants est sa discussion mouvementée avec un médecin avec qui il discoure sur la mémoire et les phénomènes d'oubli volontaire ou non. D'autres témoignages de vie sont attachants bien que la plupart soient plutôt ternes ou n'apportent finalement pas grand-chose au récit, si ce n'est une impression négative sur notre civilisation.

Le roman est loin d'être optimiste et nous décrit la vie mouvementée de Jean-Paul Mari dont la vie n'a pas été de tout repos. Exemplaire, ce héros des temps modernes est fascinant dans ses démarches et dans ses choix. Les parallèles avec Ulysse sont cohérents et enrichissent l'analyse décrite plus haut. Tel un documentaire, le monde d'aujourd'hui ne nous a jamais paru aussi fourbe et décevant. Une approche plus positive, ou du moins plus nuancée, avec une fin plus optimiste auraient été bienvenue.
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Mon Dieu quelle dérive !!
Dans l'espace et dans le temps Jean Paul Mari nous transporte selon son bon vouloir à travers les âges, les guerres et leurs conséquences, nous balade parmi les dieux grecs, les dictateurs turcs , la Cosa Nostra, nous bouscule dans les vagues de la méditerranée à la recherche d'Ithaque ou des migrants éjectés de Libye, nous secoue au gré des vents mythologiques ou réels, nous interroge : qu'auriez vous fait si vous aviez été Ulysse ou Priam ? Auriez vous suivi Ata Turk dans sa quête de démocratie ou fait route avec Erdogan , jamais cité ??
Auriez vous péri tel le soldat d'Ulysse, celui des dardanelles pour vérifier la phrase célèbre :
«  la chose est universelle et éternelle. D'Héraclite à la Rochefoucauld, les anciens le savaient : ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face ».
Ou bien la leçon d'Achille : «  rien ne vaut la lumière de la vie et il faut en jouir maintenant ! »

Qu'a t'il fait lui..le migrant de 11 ans en 1961, forcé de quitter l'Algérie et toute sa vie pour «  rentrer » en France qu'il ne connaissait pas ..
C'est sans doute le migrant qu'il est resté qui a fait de lui le traqueur de vies, décrypteur d'événements, poursuiveur de malheurs et l'écrivain qu'il est devenu.
Certes s' il est d'abord journaliste, cela se sent dans sa façon d'analyser les faits, de les décortiquer et de les rendre au plus près de la réalité, se cache également un excellent connaisseur de la mythologie et surtout un remarquable écrivain, s'appuyant sur des passages de l'Odyssée mais y ajoutant sa patte, sa langue, sa façon de percevoir la mer, les vents, les hommes, les mouvements humains et raconter ses rencontres .
Il est né de la méditerranée, y vit, y revient, tel Ulysse.
Merci Monsieur Mari
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Cela faisait des années que je n'avais plus lu d'essai et je suis ravie d'avoir remis le pied à l'étrier avec cette lecture passionnante.
L'auteur, Jean-Paul Mari, né à Alger en 1950, kinésithérapeute, animateur radio et enfin grand reporter, a des milliers d'histoires et d'anecdotes à partager.

Dans cet ouvrage, le reporter a pour ambition de suivre les traces d'Ulysse en Méditerranée pour décrire ses fléaux actuels en les comparant à la mythologie de l'Odyssée. Un beau projet, très réussi.
Mélangeant histoire antique et faits récents, mythes et réalité, Jean-Paul Mari compare et pousse les lecteurs à la réflexion.
Y a t-il une identité méditerranéenne? Si cette identité existe, a t-elle évolué depuis l'Antiquité? Quels sont les points communs de ces habitants? L'exil? La violence? La nostalgie? L'histoire?

Avec une plume très agréable, imagée et sensible, l'auteur convie ses lecteurs à un voyage unique, hors normes, culturellement et humainement enrichissant. Il éveille les esprits et donne l'envie d'aller plus loin, de relire Homère, de chercher des réponses ailleurs.

En empruntant les chemins du passé, pavés d'anecdotes historiques captivantes, et à travers les yeux du reporter, le lecteur s'ouvre aux souffrances du présent, celle du migrant qui se noie, de la planète qui étouffe et des peuples condamnés par la cupidité humaine.

Un essai riche et original, une très bonne découverte.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
— La mémoire ? Cela n’existe pas.
— …
— Enfin, pas telle que vous l’imaginez. Le souvenir n’est pas un livre rangé dans une bibliothèque, mais plutôt des feuilles éparses sur les étagères, un ouvrage que vous devez recomposer en rassemblant les pages une à une. C’est une reconstruction.
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Si Ulysse revenait aujourd’hui, je me demande quelle Méditerranée il trouverait à chaque étape de son voyage des merveilles [...] Surtout, la Méditerranée serait-elle toujours la lumière du monde, ce trésor de l’Antiquité ou bien, frappée de décadence, ne serait-elle plus qu’une flaque d’eau salée sans âme ?
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l’Odyssée n’est pas une croisière, mais un mythe universel, une hydre à dix têtes magnifiques qui racontent chacune un mystère, un banquet de l’imaginaire où chacun a le privilège de choisir ses plats.
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La Chose est universelle et éternelle. D’Héraclite à La Rochefoucauld, les Anciens le savaient : Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face.
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