Citations de Jean Webster (63)
Je pense que chacun, quels que soient les ennuis qu'il ait par la suite dans sa vie d'adulte, devrait avoir une enfance heureuse vers laquelle il puisse se retourner pour puiser de bons souvenirs.
On ne devrait rien faire que par amour.
Je crois que la qualité qui nous est la plus nécessaire, c'est l'imagination. Elle seule permet de se mettre à la place des autres. Elle seule rend les gens aimables, ouverts et compréhensifs. C'est la qualité qu'il faut développer chez les enfants.
La vie entière n'est qu'un jeu où je dos jouer mon rôle aussi loyalement et avec autant d'adresse que possible. Peu importe si je gagne ou je perds: je hausserai les épaules en riant, mais dans tous les cas, je serai beau joueur.
Ce ne sont pas les grandes épreuves qui demandent du caractère dans la vie. N'importe qui peut connaître un moment de crise et surmonter une tragédie écrasante avec courage; mais faire face aux petits ennuis quotidiens avec le sourire, voilà, j'en suis convaincue, qui requiert une véritable force d'âme.
Dans mon cœur, je suis très reconnaissante pour l'existence, la liberté, l'indépendance que vous m'avez données. Mon enfance n'a été qu'une longue période de tristesse et de révolte contenues, et je me sens si heureuse, à présent, à chaque minute de la journée, que j'ai peine à y croire. J'ai vraiment l'impression d'être l'héroïne d'un conte de fées.
J'aime bien me dire que vous êtes mon père, mais c'est un simple jeu et je sais bien qu'en réalité ce n'est pas vrai. Je suis seule, vraiment seule, le dos au mur pour affronter le monde et je suffoque rien que d'y penser.
En bas, les lampes du hall n'étaient pas encore allumées et, comme elle descendait les marches, un dernier visiteur se tenait sur le seuil de la porte d'entrée, prêt à partir. Jerusha ne retint de lui qu'une impression fugitive, celle d'une silhouette démesurément longue. Le bras levé, l'homme faisait signe à une automobile stationnée au détour de l'allée. Tandis que la voiture démarrait et se rapprochait, l'éclair de ses phares projeta pour quelques secondes sur le mur du vestibule son ombre gigantesque. Grotesque, elle avait des bras et des jambes démesurés qui couraient sur le plancher et montaient à l'assaut du mur du corridor. Elle évoquait, à n'en pas douter, un de ces énormes faucheux, vacillant dans la lumière.
" - Que peut faire Henriette Gladden pendant les vacances ? avait demandé Priscilla un jour de départ.
- On la met sur la glace tout l'été, avait affirmé Patty ; aussi n'arrive-t-elle pas à se décongeler complètement."
" - Evidemment, elles sont très gentilles, conclut-elle poliment, mais voyez-vous, mistress Trent, nous ne nous apparions guère ; or il est difficile de concentrer son esprit sur ses études lorsqu'on n'est pas en absolue sympathie avec sa compagne de chambre. "
Nous lisons en ce moment le Journal de Marie Bashkirtseff. N'est-ce pas un livre étonnant? Ecoutez plutôt: "La nuit dernière, j'eus un tel accès de désespoir qu'il me jeta dans des gémissements sans fin pour finalement me pousser à jeter la pendule de la salle à manger." Cela me ferait presque souhaiter de ne pas être un génie. Ce doit être épuisant pour l'entourage et terriblement dangereux pour le mobilier.
Que pensez-vous de cette phrase de Stevenson?
"Ce monde est si plein de merveilles
Que nous devrions tous être heureux comme des rois."
Pour moi, elle me semble parfaitement juste. Le monde est un lieu de délices et d'abondance à condition de se donner la peine de prendre ce qui se présente. Le secret du bonheur réside pour chacun dans sa faculté d'adaptation à ce qui l'entoure. A la campagne surtout, où il y a tant de choses à voir.
La grève des blanchisseuses, déclara-t-elle, marquait une époque dans l’histoire de l’industrie. Elle prouvait que, comme les hommes, les femmes étaient capables de se soutenir mutuellement. La solidarité du travail, voilà le point particulier qu’elle tenait à faire saisir par ses élèves. Celles-ci écoutaient avec une attention soutenue ; quand leur professeur paraissait près d’avoir épuisé son sujet, elles posaient vivement une question et réussirent ainsi à tenir en suspens, pendant trois quarts d’heure durant, la leçon de latin.
Parfois, cependant, il arrivait qu’une nouvelle élève se montrât disposée à mépriser les distractions juvéniles qui satisfaisaient ses compagnes ; mais, irrésistible, le torrent finissait par l’entraîner : elle apprenait a sauter, à courir au cerceau, prenait part aux courses au clocher à travers la campagne, patinait, glissait, jouait au hockey durant les après-midi d’hiver, goûtait la joie de tirer sur la pâte à berlingots et de griller des grains de maïs autour d’un grand feu le samedi soir, ou prenait part aux mascarades improvisées lorsque le pensionnat fourrageait dans les malles du grenier, à la recherche de costumes.
On peut s’attendre à les voir enfreindre joyeusement, sans même y prendre garde, tous les règlements sans importance, mais elles ne feront jamais la plus petite chose déshonnête. Elles ont bon cœur ; toutes les élèves les aiment…
Je le confesse, je les trouve amusantes toutes les trois. Voilà de bonne et saine malice, comme j’en voudrais voir davantage. Elles ne donnent pas de sous aux servantes pour mettre des lettres à la poste, ne font pas entrer de friandises en fraude, ne coquettent pas avec le commis préposé aux rafraîchissements. Au moins, on peut avoir confiance en elles.
Le cerceau était une spécialité de Sainte-Ursule ; la maîtresse de gymnastique croyait aux bienfaits de la course. Onze tours de cour équivalaient à un kilomètre et demi et une course d’un kilomètre et demi vous exemptait d’haltères pour la journée.
Le médecin dit que le Signor Papa devient trop gros… Je ne pense pas qu’il soit trop gros, qu’en pensez-vous ? Il me semble plutôt bien en chair que gros. Quoi qu’il en soit, le médecin a dit qu’il lui fallait de l’exercice alors nous comptons faire des excursions en montagne avec des chaussures à clous comme les Allemands. Nous comptons commencer les excursions dès demain parce qu’il y a en ce moment à la villa deux Anglaises qui adorent la montagne. Pouvez-vous nous procurer un guide et quelques ânes ? Il nous faut un âne joli, docile et distingué pour ma tante, un pour l’Anglaise et un troisième pour porter les affaires et éventuellement moi, si je me fatigue. Ensuite, il nous faut un homme qui leur tirera la queue pour les faire avancer.
‒ Je suis venu ici sur ton initiative pour me reposer et me détendre, pour me débarrasser des contrariétés et des tracas, et voilà qu'un gros souci tout neuf que je n’aurais jamais imaginé avoir avant m'attendait ici. Que se passera-t-il si ma fille unique se met en tête d’épouser un de ces officiers italiens d'une beauté infernale ?
‒ Ne laissez pas cette idée vous importuner, Père. Je vous assure que je ne ferai rien de tel. Sinon, je penserais qu'il est de mon devoir d'apprendre le subjonctif italien, et c'est impossible.
Elles parlaient – plaisant sujet pour un si bel après-midi d’été – du Paradis. Les trois jeunes femmes étaient d’avis qu'on y trouvait une chaleur agréable et de frais ombrages, des fleurs et des oiseaux qui chantent, de flots étincelants sous des cieux azurés et des montagnes dont les cimes se perdaient dans les nuages... Un décor pas si différent, observera-t-on, du paysage qui s’étendait sous leurs yeux. Jusque là, les jeunes femmes étaient d'accord, mais il y avait plusieurs points qui faisaient débat. Par exemple, est-ce que les pierres du Paradis étaient en or ? Et si oui, est-ce que les maisons étaient en or aussi ? Les regarder ferait-il mal aux yeux ?
Marietta affirmait, d'une manière que les autres jugeaient blasphématoire, qu’elle préférait une villa de simples pierres grise ou, encore mieux, en stuc rose, à tous les bâtiments d’or du Paradis.