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Critiques de Jeffrey Colvin (44)
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Africville

C'est le genre de roman qui avait tout pour me séduire, une saga courant de 1918 à 1992, retraçant les destins de trois générations d'une famille afro-canadienne originaire d'une colonie de Nouvelle-Ecosse fondée au XVIIIème siècle par des esclaves rebelles, fugitifs ou affranchis venant des Caraïbes ou du Sud des Etats-Unis. Les premiers chapitres sont prometteurs, centrés sur Kath Ella, jeune fille brillante qui a l'ambition d'intégrer une université grâce à une bourse, parcours très difficile lorsqu'on est noire dans les années 30, même au Canada. On sent toute la sincérité de l'auteur à décrire Africville et à présenter la vie des Noirs au Canada, thématique dont la littérature s'est moins emparée que son versant états-unien.



Mais voilà, une fois que Kath Ella passe le relais narratif à son fils puis à son petit-fils, j'ai décroché et sans avoir ressenti un réel allant pour le personnage initial qui m'a seulement intéressé à défaut de me faire vibrer. Le récit se transforme en fouillis d'anecdotes peuplées de personnages secondaires qui surgissent sans qu'on sache trop d'où. Les nombreux flashbacks ajoutent à cette confusion là où ils auraient pu être une exploration de la façon dont le temps et les migrations peuvent changer une famille et l'expérience raciale. Jamais ils ne complètent les personnages principaux pour leur apporter une réelle épaisseur psychologique alors que ce qu'ils vivent est passionnant : le « passing » pour le fils qui profite de sa couleur de peau très claire pour se faire passer pour blanc et renier toute sa famille ; la confrontation aux origines pour le petit-fils qui découvre qu'il a du sang noir et décide d'assumer cet héritage.



J'ai souvent eu la sensation que les différentes intrigues appartenaient à plusieurs livres indépendants, comme si Jeffrey Colvin, écrasé par son ambition initiale, peinait à colmater ses récits en un seul, fluide et prenant. Je le regrette vraiment car les variations autour de l'appartenance tenace à un lieu, une histoire et une communauté pouvaient donner lieu à un magnifique roman.

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Africville

Jeffrey Colvin a effectué vingt années de recherches pour mener à bien son projet littéraire. Ce dernier se voulait particulièrement intéressant et instructif : mettre en lumière la petite communauté urbaine afro-canadienne du quartier d’Africville, située pas très loin d’Halifax en Nouvelle-Ecosse. Fondée au milieu du 18ème siècle par des descendants d’esclave affranchis voire des Marrons et d’autres personnes originaires de la Jamaïque, ce livre possédait tous les atouts pour captiver l’attention de celle ou de celui qui s’intéresse à l’histoire de ses semblables.



L’Histoire débute en 1930 à Africville. A cette époque, les femmes noires ne peuvent prétendre qu’à des emplois de domestique, quant aux emplois des hommes, ce n’est guère mieux. La vie pourtant s’organise sans l’eau courante, sans l’électricité mais un grand sens de la solidarité comme des commérages structure ce village. La petite communauté prie à l'église baptiste tenue par le révérend Steptoe. Aucun service public ne dessert Africville, bien au contraire, c’est à Africville que se construisent un abattoir, un dépôt d’ordures, en un mot, tout ce que ne souhaite pas supporter la communauté blanche.



Kath Ella Sebolt naît en 1918. Dès son plus jeune âge, elle désire ardemment enseignée, il n’est pas question que sa destinée s’arrête à Africville. Devenue femme, Kath Ella se retrouve enceinte de son flirt Omar qui décède dans un accident de camion. Seule avec son petit garçon à la peau blanche, prénommé Omar, elle fait la connaissance, à Montréal, de Timothée, canadien blanc et si j’ai bien compris d’origine italienne, qui adopte l’enfant sous le nom d’Etienne Omar Georges Peletier. C’est le récit de cette lignée sur trois générations que nous relate l’auteur. Le lecteur suit ensuite l'existence d’Etienne qui se passe aux Etats-Unis, en Alabama, juste au moment où le combat pour les droits civiques des noirs fait rage. Adepte du « passing », (se faire passer pour blanc lorsque l’on est noir). Il efface de sa mémoire sa branche maternelle. Il donne naissance à Warner qui lui, découvrant ses origines, part en quête de son identité et cherche à se réconcilier avec sa famille maternelle.



On peut aisément imaginer les sujets qui vont être abordés, le racisme, le passing, la quête identitaire et de ses racines, la peur de la discrimination, la difficulté de trouver sa place, quelle place le regard des autres vous assigne-t-il, pour les blancs vous êtes noir, pour les noirs, vous êtes blanc ou bien « Etre noir, on ne fait pas avec, on est noir, un point c’est tout ».



Et il y a l'histoire d'Africville, sa création, la Sierra Leone, le sud des Etats-Unis, en un mot, un véritable gisement d'informations!



Ce livre aurait pu être passionnant si ce n’est sa construction qui nuit beaucoup à son intérêt. Le fond est d’une grande importance mais le style est confus. Il n’y a pas de liant, pas de ciment entre les chapitres, nous passons du coq à l’âne et pour corser le tout, il y a énormément d’intervenants qui surgissent dans le récit sans que nous ne puissions savoir d’où ils viennent, qui ils sont. Maîtriser les retours en arrière n'est pas aisé, l'intrusion subite du passé dans une narration doit se faire sans questionnement pour le lecteur, sans surprise. Si au début on effectue des retours en arrière pour tenter de comprendre, au bout d’un moment, cela devient lassant et c’est péniblement que l’on parvient à la fin du récit.



Je dois avouer que c’est la première fois que je termine un livre frustrée. J’attendais beaucoup de cette lecture. L’écriture de Jeffrey Colvin n’est pas désagréable, elle peut même dégager de la sensibilité malgré la confusion. Mais hélas, on a parfois la sensation d’une plume trop hâtive dans ce récit, une nécessité de vouloir tout écrire en très peu de temps : c’est vraiment dommage.



Je tiens à remercier les Editions Harper Collins et Babelio de m’avoir adressé ce livre qui m’a permis de découvrir Africville et son histoire.







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Africville

Coup de cœur de l'été.

Simplicité du style. La chronique d'Africville de ses habitants et de leurs descendants est une histoire toute en demi-teinte comme je les aime. Jeffrey Colvin nous livre une histoire très documentée et ne vous fiez pas à cette simplicité , il a mis vingt ans à écrire ce petit bijou et pour ceux qui les connaissent est comparé à Colson Whitehead et Ayana Mathis.

Cette histoire débute en 1918, au canada dans le futur Africville par par des haïtiens, des jamaïcains et des noirs du sud des États-Unis où deux petites filles vont survivre à une épidémie. Nous suivrons la vie de la famille de l'une d'elle.

C'est avant tout un livre qui pose le problème des origines et du choix de la couleur pour certains. C'est un livre qui montre bien les difficultés ainsi que les surprises que peuvent entraîner certains choix mais il n'y a pas de jugement. Chacun s'efforce de vivre sa vie du mieux qu'il le peut ce qui n'est pas toujours facile car il y a beaucoup d'aller-retour entre le Canada et l'Alabama avec les différences de société que l'on peut imaginer.

Tous les personnages du roman ont touché mon cœur mais j'avoue une tendresse particulière pour Zera et son arrière petit-fils Warner. Cette femme qui va se retrouver avec son mari, Matthew condamné à la pendaison par la justice du sud qui ne sortira de prison qu'à la fin de sa vie pour avoir suivi ses convictions. Toute une vie perdue pour un idéal. Et puis vient Warner qui va découvrir qu'il est noir et rechercher l'histoire de sa famille.

Jeffrey Colvin nous offre un très beau roman sans misérabilisme, juste la vie acceptée comme elle vient.

Avec une bonne traduction de Serge Chauvin, la seule question que je me pose est pourquoi avoir changé le titre ? Je préférais le titre original : Africaville.

Ce livre restera longtemps en moi comme certains de ces refrains qui ne vous quittent jamais.

Merci aux éditions Harper Collins pour cette belle découverte et j'espère sincèrement que Jeffrey Colvin ne mettra pas encore vingt ans pour écrire son prochain roman.

#Africville#NetGalleyFrance

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Africville

Africville, quartier noir d'Halifax en Nouvelle-Écosse au Canada. Kath Ella, une jeune afro-américaine, refuse son destin, devenir comme toutes ses proches l'employées de riches blancs. Elle part faire des études à Montréal pour devenir enseignante.

Revenant régulièrement à Africville, elle est témoin de la mort violente de son amie Kiendra et s'amourache d'Omar Platt. Quand le jeune homme meurt dans un accident, Kath Ella est enceinte. Omar junior naît avec une peau si blanche qu'on ne peut pas deviner son ascendance. Il devient Étienne quand sa mère épouse Timothée, un québécois blanc qui l'adopte.



L'auteur nous raconte l'histoire d'une famille sur un siècle et trois générations : Kath Ella, qui réussira à sortir du ghetto noir d'Africville ; Étienne à qui la pâleur de peau permettra de s'installer en Alabama, dans le sud raciste des USA, en cachant ses origines, sans vraiment y réfléchir ; Warner enfin, le fils d'Étienne, qui, dans son mal-être, cherchera à se reconnecter au passé de sa famille.

À travers cette saga, Jeffrey Colvin interpelle les lecteurs sur les ravages causés aux afro-américains par le racisme, jusqu'à l'atteinte à leur sentiment d'appartenance à la "négritude"...

Soyons clair ! Il s'agit là d'un roman, pas d'une étude historique, même si on peut parfois se poser la question. Un roman qui repose néanmoins sur une vingtaine d'année de recherches, que l'auteur a su synthétiser et dont il nous fait partager le résultat.

C'est suffisamment bien écrit pour maintenir l'intérêt, même si l'on ne va pas de rebondissement en rebondissement. Je ferai néanmoins deux reproches à ce roman : quelques longueurs, liées sans doute à la volonté de l'auteur de bien nous faire comprendre le contexte ; des personnages bourrés de contradictions, en quête de leur identité, mais qui semblent assez superficiels, comme si leur personnalité s'effaçait un peu devant l'importance du sujet.

Un beau roman sur la négritude.
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Africville

Africville : Une saga qui puise ses racines dans l'histoire d'anciens esclaves de Jamaïque, la Trinité ou Haïti arrivés au Canada au mitan du XIXe siècle et qui place son intrigue sur plusieurs décennies en mettant en scène une famille dépeinte sur trois générations.



Malgré une histoire riche, prenante et foutrement bien écrite interrogeant sur notre place dans le monde, notre foyer, notre appartenance à une ethnie et le passing (déloyauté envers sa famille noire quand on a la peau si claire qu'on choisit de se faire passer pour un blanc), je n'ai réussi à m'attacher à aucun des pourtant nombreux personnages d'Africville.

Aussi sympathiques soient-ils et justes furent leurs combats, rien ne m'a semblé pouvoir les rendre attrayants. Impression désagréable de les voir évoluer derrière une paroi de verre, comme si Jeffrey Colvin pour servir une chronique foisonnante avait tiré au sort quelques individus lambda parmi la population du cap (Halifax - Nouvelle Écosse) pour représenter leurs ancêtres esclaves et les luttes qu'il leur faut mener aujourd'hui entre le Canada et le Mississippi et que cette loterie avait bénéficié d'une main malheureuse.



Un ressenti qui peut aussi être dû à la dernière partie du livre (qu'on peut grossièrement découper en trois segments) et qui m'a paru la plus lourde, la moindre intéressante, bien qu'amenant à l'instar des deux autres quelques révélations sur l'odyssée personnelle et historique des protagonistes mais des révélations bien tièdes et ne faisant plus du tout avancer un récit qui dans ses deux premières parties avaient suivi une dynamique plus qu'honorable.



En résumé, un final barbifiant dû à un essoufflement narratif couplé à des personnages qui servent l'histoire et non le contraire amenant donc parfois à des prises de décision pour le moins incohérentes mais il faut malgré tout reconnaître à Africville qu'il conserve tout son intérêt historique concernant les esclaves déportés de la Sierra Leone jusqu'aux îles caribéennes à l'aube XIXe siècle et ce qui est advenu de leur descendance, entre ceux qui ont voulu continuer à faire vivre ces douloureux mais essentiels souvenirs et ceux qui ont préféré, par facilité, renier famille et passé.

Une lecture agréable et instructive dans l'ensemble, dommage que de nombreux bémols viennent en plomber la portée.

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Africville

Africville... a existé, un quartier créé par une communauté noire près de Halifax (Canada) qui a eu une histoire aussi dure qu'émouvante, mais qui malheureusement ne nous est pas réellement contée ici.

Les personnages sur trois générations, n'y sont pas tous nés, non plus. Ainsi, nous ramons avec ces noirs, parfois assez clairs de peau pour voguer plus facilement dans la vie que les premiers.

J'ai aussi ramé avec cette lecture qui déroule surtout les faits et gestes des uns et des autres en oubliant souvent les émotions, et en survolant seulement la terrible histoire d'Africville.

Je me suis plus passionnée pour les documents et récits que j'ai pu trouver à coté. Alors, au moins, pour m'avoir entraînée par là, je remercie Babelio et les éditions Harper Collins pour l'envoi de ce livre.

Je ne veux décourager personne de le lire... il vous parlera peut-être plus qu'à moi... avec ses destinés parfois choisies et parfois subies. "Être noir, on ne fait pas avec. On est noir, un point c'est tout".

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Africville

Avis des 100 pages



Triptyque sur trois générations, j’y ai découvert une saga familiale à la fois sensible mais aussi très forte. Souvent, la communauté noire est abordée dans leur histoire au coeur des Etats-Unis. Pour une fois, ce sont les destins des membres d’une famille installée au Canada, à Halifax.



Pour cette première partie, le récit est centré sur Kath Ella, une jeune fille qu’on rencontre en 1936. Forte de caractère, elle souhaite poursuivre ses études afin de devenir un jour professeure. Je me suis rapidement attachée à cette jeune femme qui doit souvent se « battre » à l’heure où les femmes sont généralement confinées au domicile comme femme au foyer.



J’ai beaucoup apprécié le style d’écriture de l’auteur qui ne manque pas d’effectuer des sauts dans le temps afin de présenter les ancêtres de Kath Ella mais aussi d’autres membres de la communauté. Ce livre se lit facilement, malgré un contenu poignant. Jeffrey Colvin offre un très beau livre selon moi.



Ma chronique finale



« Africville » est une saga familiale qui se déroule sur près de 60 ans, où Jeffrey Colvin, l’auteur plonge ses lecteurs dans cette succession de trois générations, partageant les joies mais aussi les nombreuses peines connues par cette famille. A chacune des époques, il est difficile ne pas éprouver des sentiments envers ces personnage, si réels de par leurs failles.



Rien que le titre de ce livre est intriguant et je me suis longtemps demandé à quoi il faisait référence. Je ne vous en livrerai pas ses secrets mais c’est tout un pan de l’Histoire canadienne et plus particulièrement de la ville d’Halifax en Nouvelle Ecosse qui m’a été contée. J’ai beaucoup apprécié d’apprendre ainsi plein de choses sur une ville que je ne connaissais finalement que de nom.



Ce livre m’a donné envie de m’y intéresser, d’effectuer des recherches. En effet, je souhaitais savoir quelle était la part de réalité de cette fiction et vu le résultat final, les 20 ans de recherches effectuées par l’auteur représentent un travail titanesque mais ô combien louable. Les thèmes de notre place dans le monde, dans notre ethnie mais aussi de la justice sociale et pénale envers les minorités sont délicatement et adroitement traités.



Personnage central de ce roman : la communauté noire. Jeffrey Colvin pose la question du métissage et des nombreuses difficultés rencontrées par des populations immigrées, aussi bien au Canada qu’aux Etats-Unis. Sujet très sensible et tellement actuel, il le développe de manière sensible mais sans jamais tomber dans le pathos. Ainsi, le courage de ces familles d’anciens esclaves, venant de Haïti, La Trinité ou de Jamaïque pour trouver du travail et offrir une vie décente à leurs proches n’est pas oublié.



Si je devais finalement trouver un petit bémol à cette lecture qui sera l’un de mes coups de coeur de la rentrée littéraire 2020, serait la multiplication des personnages, dont certains secondaires mais qui – plus tard – reviennent au détour d’un paragraphe. Un arbre généalogique aurait peut-être été un plus, mais rien n’empêche le lecteur de s’en confectionner, lui-même un, sous forme de pense-bête.



Lu dans le cadre des Explorateurs de la Rentrée littéraire 2020 du site lecteurs.com
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Africville

J’avais demandé à lire ce roman car les thèmes développés m’intéressaient. Mais dès le départ, avec l’histoire de Kath Ella Selbot, je me suis heurtée à une histoire qui m’a semblé confuse avec ces digressions soudaines, ces personnages qui apparaissent brusquement sans qu’on sache tout de suite quel lien les relie aux autres, des personnages principaux que j’ai trouvés d’ailleurs sans saveur. J’ai eu alors énormément de mal à finir cette histoire qui me laisse une impression mitigée, celle de ne pas avoir su « entrer en contact » avec les trois membres Selbot.

Je remercie tout de même Babélio et les Editions Harper Collins de m’avoir permis de découvrir cet auteur.

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Africville

De 1930 à 1980, de kath Ella à Warner, trois générations tentent de vivre leur vie.

Refoulant ou recherchant leurs origines, ils renient ou revendiquent leur part de négritude.

Africville ? C’était un quartier de Nouvelle-Ecosse au Canada où vivaient d’anciens esclaves, à la base jamaïcains.

J’aime beaucoup ces livres où je découvre une histoire vraie où se mêle une fiction captivante.

Il y a trois récits.

Celui de Kath Ella qui m’a vraiment plu. Son parcours est courageux, sa personnalité attachante.

Celui d’Etienne, son fils, que j’ai trouvé un peu moins chaleureux.

Celui de Warner, son petit-fils, qui est attendrissant et touchant dans sa quête familiale.

Et une multitude d’autres personnages dont Zera, l’incroyable arrière grand-mère.

Même si j’ai trouvé que c’était long à lire, ce roman est un magnifique témoignage d’une minorité peu considérée.

Il soulève avec tact le problème des origines et des racines.

L’auteur a fait un formidable travail de recherche et a su inventer une très belle saga.

Le type même de livre qui reste en mémoire.



Merci à babelio et à l'éditeur

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Africville

Un grand merci à Babélio et aux Editions Harper Collins pour ce beau roman foisonnant gagné lors d'une MC privilégiée. Il nous raconte le destin d'un quartier d'Halifax à travers une famille et leurs voisins sur plusieurs générations, tout au long du vingtième siècle, entre le Canada et les USA. C'est un roman très dense et documenté, que l'auteur a mis vingt ans à écrire.Il est tout à fait passionnant même si on s'y perd parfois dans les très nombreux personnages secondaires.





L'histoire commence en 1918 au Cap, un quartier de la périphérie d'Halifax où ont été déportés par les Anglais des esclaves caribéens (Jamaîque, Haïti....) révoltés à la fin du dix-huitième siècle. Depuis le village s'est développé et la communauté est plutôt soudée. En cette année 18, une épidémie décime les bébés, Kath Ella et Kiendra sont les premières à y survivre. Elles deviennent amies et on les retrouve au début des années trente. Kiendra est une jeune fille effrontée qui cherche sans cesse les ennuis tandis que son amie est une étudiante modèle qui espère devenir la première femme noire de la région diplômée d'une université. Elle suit une formation d'enseignante à Montréal, son amoureux du village meurt dans un accident. Finalement, elle épouse Timothée, un Blanc qui adopte son fils Omar, rebaptisé Etienne.





On le retrouve dans les années soixante, sa mère est morte, il se marie et comme il a la peau claire, il se fait passer pour blanc et renie sa famille noire. Il vit aux USA et fait tout pour se bâtir une carrière administrative à l'université. Sa belle-famille est raciste et il est très content qu'elle ne connaisse pas la vérité sur sa situation. Cette deuxième partie est la plus courte et la moins intéressante du livre.





A sa mort en 1981, son fils Warner apprend la vérité. Il se découvre Noir alors qu'il se croit Blanc depuis toujours. Il s'est marié très jeune et a un bébé, mais son couple vacille, il a une liaison avec une collègue. Il réfléchit à sa double appartenance culturelle et se rapproche de sa famille noire, en particulier de son arrière-grand-mère Zera emprisonnée depuis des décennies.





La première et la troisième partie sont les plus intéressantes. Le livre aborde de très nombreux thèmes et il est vraiment intéressant. Il explique bien l'importance de la question raciale en Amérique, dont on ne mesure pas bien l'enjeu ici en Europe, tant elle paraît parfois caricaturale. Si les élites blanches (les belles familles des héros) sont clairement racistes, il en va de même des habitants du Cap, rebaptisé Africville, qui détestent les Blancs et accueillent très mal Timothée, le mari de Kath. Les communautés sont complètement fermées sur elles-mêmes et ont bien de la peine à accepter les passerelles entre elles. Les trois personnages principaux, quatre si on compte Zera, en filigrane dans le début du livre illustrent chacun une attitude différentes, dans un temps différent de l'histoire américaine face à son identité noire. Kath veut s'intégrer et conquérir les mêmes droits. Elle va à l'université, devient enseignante et épouse un Blanc. Sa famille se sent reniée et elle s'en éloigne peu à peu, ne revenant que très rarement au village. Dans les années 1960, son fils ne s'engage pas dans la lutte pour les droits civiques, il se refuse à contacter sa grand mère et choisit de favoriser sa famille paternelle, il se fait passer pour un Blanc et ne veut rien avoir à faire avec les Noirs, il voit très rarement sa famille canadienne, ils ont honte les uns des autres. On aurait pu penser que vingt ans plus tard, la situation s'était apaisée, mais  ce n'est pas le cas. Warner retrouvera ses racines et essayera de réconcilier ces deux parts de lui-même. C'est un des personnages les plus aboutis du livre, il se liera avec sa grand-mère et lui redonnera une place dans la société. Ce livre est passionnant et éclaire d'un autre jour le mouvement anti-raciste qui secoue les USA en particulier, mais aussi le reste du monde en ce moment. Le livre est juste et proportionné, il ne tient pas de discours angéliques. La communauté noire est certes victime, mais pas exempte de torts, on voit la complexité de la situation raciale en Amérique, qui plonge ses racines très loin dans l'Histoire, bien avant l'indépendance de ces pays. Cet héritage est explosif et il n'y a pas de solution facile, vu la l'ancienneté des blessures, et même les individus qui arrivent personnellement à passer par-dessus et tendre la main à l'autre sont rejetés par leur communauté.





L'autre thème brûlant du livre est la cruauté et l'injustice de la justice américaine envers les minorités. Dans les années 1930, le procès de Matt et Zera est complètement bâclé et ils sont condamné à mort en un quart d'heure sur la base de faux témoignage.Ils seront graciés et on pourrait espérer qu'avec le temps Zera soit libérée facilement, mais malgré toutes ces erreurs et le changement de paramètres historiques, il faudra plus de soixante ans pour atteindre ce but. Le côté implacable de la justice américaine est un thème fréquent dans les romans, il est souvent dénoncé mais pas sûr que ça soit près de changer.





Il y a de nombreux autres thèmes secondaires dans ce livre, tous très intéressants. Le travail de documentation est impressionnant et nous montre un aspect peu reluisant de l'Amérique. Il faut absolument découvrir ce roman engagé et sérieux pour mieux comprendre la situation outre Atlantique et ses causes profondes.
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Africville

Nouvelle-Ecosse, 1918. Deux bébés vont survivre à des fièvres très fortes. Le lecteur va retrouver ces deux protagonistes quelques années plus tard. Kath Ella et Kiendra sont devenues deux jeunes filles. C’est le point de départ d’une grande saga qui s’étalera presque sur un siècle.



C’est une belle découverte littéraire pour ma part, mais j’avoue qu’il m’a manqué certains éléments pour être en mesure d’apprécier totalement ce roman. J’y ai dénoté peu d’émotions et surtout, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages, puisque l’auteur passera de l’un à l’autre sans cesse.



Pourtant, j’avoue que j’ai été conquise par le postulat de départ. L’auteur mettra en exergue l’importance de l’acceptation de soi. Ainsi, Étienne, le fils de Kath, n’acceptera pas son identité raciale, et décidera de s’éloigner complètement de sa famille maternelle. Cela m’a vraiment bouleversée, mais j’ai trouvé que l’auteur ne nous permettait pas forcément de rentrer dans les pensées du jeune homme pour appréhender au mieux la manière avec laquelle il gérait cela.



L’auteur a condensé presque un siècle d’histoire familiale en peu de pages, et cela ne permet pas forcément un attachement aux personnages, puisque le changement est constant. J’avoue avoir nettement préféré la première partie avec Kath, que les autres parties.



La plume de l’auteur est fluide et le roman est très aisé à suivre, malgré le changement constant d’époque. Jeffrey a su effectuer un mélange savant entre grande Histoire et petite histoire et j’ai trouvé certains passages très intéressants. Les chapitres sont de taille moyenne, et l’auteur veille toujours à bien indiquer l’espace spatio-temporel afin de ne pas perdre son lecteur.



Un roman historique intéressant, mais où j’aurais aimé avoir plus d’émotions. Malgré tout, cette saga est très intéressante à suivre et les thématiques abordées également. À découvrir.
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Africville

Me voilà bien embarrassée pour rédiger un commentaire sur ce roman. Tout à déjà été fort bien dit, en long en large et en travers, dans les critiques déjà postées. Que rajouter de plus ? Si je ne l'avais pas reçu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je me serais abstenue d'écrire la moindre ligne mais comme je suis obligée de donner un avis, je fais l'effort de dire ce que j'en pense. C'est à dire pas grand chose.

Malgré le thème original et fort intéressant du passing racial dont j'ignorais tout, je n'ai pas été emballée par cette histoire sans véritable profondeur émotionnelle et au style plutôt plat, très éloigné de la flamboyance d'une Toni Morrisson que j'espérais retrouver dans ce récit. Trop laborieux (à mon goût), il lui manque un petit supplément d'âme, cette étincelle qui suscite l'enthousiasme en éveillant toute l'attention du lecteur et l'incite à tourner les pages avec plaisir.

Une lecture décevante donc mais dont le mérite est quand même de m'avoir fait connaître l'étrange phénomène du passing, donné l'envie d'en savoir plus sur le sujet et permis à cette occasion de découvrir l'existence d'un roman sur le même thème, Clair obscur de Nella Larsen, dont le ton devrait mieux me convenir.
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Africville

Cette saga court sur plusieurs générations, des années 1920 aux années 1990. Elle nous fait découvrir, dans la province de Halifax au Canada, une communauté et une famille de noirs… de moins en moins noirs de peau, au point que la dernière génération peut ignorer de bonne foi l’existence d’ancêtres noirs (la génération intermédiaire ayant tout fait pour que cette ascendance soit effectivement oubliée).



Si la thématique du racisme (et le fait de taire ses origines pour ne pas avoir à subir de discrimination dans une société globalement raciste) court sur les 2/3 du récit, elle disparaît subitement (et curieusement) pour faire place aux tracas du dernier rejeton de la famille pour faire sortir son arrière-grand-mère d’une prison où elle croupit injustement depuis 60 ans, et lui assurer une sépulture dans le cimetière familial menacé de déplacement du fait de l’extension urbaine.



Des thématiques intéressantes mais dont l’auteur ne fait finalement pas vraiment le tour et que j’ai trouvées mal servies par un style certes original mais confus, des personnages de peu d’épaisseur auxquels je ne me suis pas attaché, une émotion toujours mise à distance. Je me suis un peu ennuyé, et j’en était bien désolé car le pitch est vraiment tentant et l’intention de l’auteur certainement louable. Mais évidemment, les bonnes intentions ne font pas nécessairement de la bonne littérature…

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Africville

Explorateurs de la rentrée 2020



Africville est le premier roman de Jeffrey Colvin. Avec bonheur, simplicité même dans la complexité, cet auteur originaire de l'Alabama nous entraîne dans une vaste quête d'identités.

Il y a d'abord celle de Kath, jeune fille qui, en 1930, refuse le destin tout tracé des gamines d'Africville et qui a l'ambition, sans renier ses origines, de quitter ce quartier construit par d'anciens esclaves pour rentrer à l'université et devenir enseignante. le récit épouse l'époque et la Nouvelle-Ecosse au Canada. La vie de Kath et de son fils Omar s'apparente à un combat quotidien pour l'affirmation de soi sur fond de négritude.

Dans les années soixante, la question de l'identité entre en collision avec un Omar qui a été adopté et rebaptisé Etienne. Bien que d'origine noire, sa peau claire et son mariage avec une famille qui n'aime que le blanc le projette dans un questionnement qu'il voudrait pouvoir étouffer. Peut-on renier ses origines par confort et facilité ? Peut-on nier une part entière de son histoire, sa famille pour taire le côté noir de sa vie ? Et à son fils Warner, que doit-il dire et quand ?

Enfin, en 1980, Warner se lance à la recherche de ses origines, de la famille de son père, sa grand-mère et même son arrière-grand-mère qui végète en prison en ne connaissant rien de cette progéniture au teint blafard. C'est la quête d'identité la plus émouvante à mes yeux, surtout par son côté intergénérationnel et une volonté de justice raciale nettement défendue.

Davantage une réflexion sur l'évolution des quêtes d'identité qu'une saga familiale qui n'aurait pu être que pure fiction romanesque, Africville est un livre de notre temps. Il questionne, ouvre des pistes et ne juge pas. Et, c'est vrai, les thèmes de la quête d'identité, du retour aux origines et de la ségrégation dite raciale sont de plus en plus présents dans la littérature actuelle, notamment avec cette ‘blancheur de peau' qui peut tromper, mais ils n'en restent pas pour autant des thèmes mineurs. Notre humanité a besoin de se souvenir des génocides, elle a besoin de ne pas minimiser les torts faits aux noirs par des suprématistes. Mais elle doit aussi entendre ces tensions intérieures que vivent les membres d'une communauté, les jugements, les anathèmes jetés l'un sur l'autre, les croyances qui déforment et préjugent au sein des familles et les silences qui ravagent, tuent à petit feu ou explosent à la figure lorsqu'ils sont rompus. Toute cette approche, Jeffrey Colvin la maîtrise et la distille goutte à goutte, page après page, ce qui rend son écriture addictive à souhait. Une très belle découverte.

Merci aux éditions Harper Collins et à Lecteurs.com qui m'ont permis de découvrir ce titre dans le cadre des explorateurs 2020.
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Africville

Ce roman débute en 1918, dans une ville de cabanon qui sort de terre en 1790 grâce à la volonté de noirs américain, jamaïcains et haïtiens. Cela se passe en Nouvelle Ecosse, au Canada et une épidémie décime les nouveau-nés. Kath Ella réchappe à la terrible maladie tout comme Kiendra qui deviendra son amie.

Devenue jeune fille, Kath Ella entre à l’université et devient la première fille noire diplômée de sa ville. Peu à peu, la jeune femme va s’émanciper et quitter Africville ainsi que le destin tout tracé des femmes de sa communauté. Elle traversera quelques péripéties en compagnie de son amie Kiendra et devra affronter critiques et préjugés.

Dans ce foisonnant roman divisé en cinq parties, on suit le destin de Kath Ella qui va donner le jour à Omar, rebaptisé Etienne lorsqu’il sera adopté.

Dans les années 60, c’est le destin d’Etienne que l’on suivra et, bien qu’il se soit éloigné de sa famille et vive en Alabama, on ne perd jamais de vue la vie de la communauté noire d’Africville. La question se pose : Peut-on, lorsqu’on a la peau claire et qu’on a épousé une blanche, renier ses racines noires ?

Puis, à l’orée de années 80, ce sera le fils d’Etienne, Warner. Lorsqu’il apprend qu’il est noir, il va partir en quête de ses origines et il fera tout pour rentrer en contact avec Zera, son arrière-grand-mère incarcérée depuis sa jeunesse qui ne connait aucun de ses descendants.



Cette saga familiale qui se déroule sur plusieurs générations est avant tout une réflexion sur le poids des origines et l’identité noire. Comment se situer avec des origines noires et une peau blanche ? Les différents protagonistes de ce roman feront des choix différents dans leur quête de réussite sociale et de bonheur familial.

Il y a pléthore de personnages dans ce roman et on s’y perd parfois. J’ai trouvé attachants Kath Ella et son petit-fils Warner. Avec la première, on découvre Africville dont on va s’éloigner pour y revenir des décennies plus tard sur les pas de Warner . Car, au-delà de la saga familiale, c’est bien de l’histoire singulière d’Africville, et de ses habitants dont il est question. L’auteur, qui s’est minutieusement documenté, fait revivre toute une communauté noire avec ses croyances, ses rituels et ses rassemblements comme le « cercle féminin »



Jeffrey Colvin a su donner vie à toute une communauté pauvre et ce, sans misérabilisme. Bien que souffrant parfois de quelques longueurs, ce premier roman, écrit dans un style simple et direct, se lit avec plaisir.

Merci aux éditions Harper Collins et à Babelio pour cette découverte.



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Africville

Ce roman avait tout de prometteur, un sujet qui me passionne, des apports de connaissance inédits. J'avais très envie de le lire et était donc ravie de le recevoir via la masse critique de Babelio.

Et en effet, le roman est très documenté et instructif. Oui mais voilà, c'est tout pour moi. Est-ce la traduction ? Est-ce parce que je venais de lire Maya Angelou ? J'ai trouvé la lecture laborieuse, peu fluide avec des transitions parcellaires, voire inexistantes, entre les différents moments/descriptions. L'inconsistance des personnages ne m'a pas permise de m'y attacher. Je trouve le récit confus et finalement peu exploité au vu de la masse d'informations que l'auteur a cumulé. Les thèmes du racisme, de l'exploitation/ségrégation et des humiliations qu'il engendre me semblent relativement léger alors que c'est tout le sujet du livre notamment autour des questions d'identité. J'aime apprendre en me régalant mais dans Africville il m'a manqué la gourmandise. Les personnages trop distanciés sont restés loin de moi. Un loupé donc en ce qui me concerne. Peut être suis je passé a coté d'un monument?

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Africville

Je viens de refermer ce livre pour ma première expérience Masse Critique. J’aime beaucoup les histoires sur la communauté afro-américaine aux Etats-Unis, mais j’avoue ne m’être jamais posé la question de ce qu’il en était de cette communauté au Canada. Et puis, le résumé d’Africville m’a beaucoup fait penser à No home de Yaa Gyasi avais beaucoup aimé (tous deux relatent l’histoire d’une lignée d’afro-américains sur plusieurs générations). Pour ces deux raisons, j’étais assez enthousiaste à l’idée de découvrir ce roman.

Africville, c’est l’histoire d’une famille mais aussi celle d’un quartier, Africville à Halifax, en Nouvelle Ecosse au Canada tout au long du XXe siècle. On suit, avec une certaine distance, Kath Ella, la grand-mère, puis Etienne, le père, puis Warner le fils, mais aussi tous les personnages qui se greffent sur leur destinée, et les lieux dans lesquels la vie les a conduits (Africville, Montréal, Alabama, Mississipi). On suit leurs questionnement et errances concernant leur lignée, et comment ces questionnements se déplacent d’une génération à l’autre (du lien à l’Afrique et des rêves de Sierra Leone de Kath Ella et ses parents à quête de justice pour une arrière grand-mère noire injustement emprisonnée pour Warner, en passant par le déni des racines noires pour Etienne qui fait tout pour faire oublier ses ancêtres noirs).

Ce roman avait plusieurs ingrédients pour me plaire : les questionnements transgénérationnels, l’histoire d’un quartier noir menacé par les politiques de gentrification nord américaines, le rapport ambigu à ses aînés. J’ai néanmoins eu de la peine à accrocher et surtout à entrer en empathie avec les personnages, qui me sont restés toujours assez distants et pas toujours appréciables. J’ai trouvé qu’il y avait un certain nombre de digressions (par exemple tout le passage avec le collègue de Warner) dont je comprends la fonction, mais qui ont eu du mal à capter mon attention car j’avais du mal à les rattacher à l’histoire de la famille.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Harper Collins !

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Africville

J'ai découvert un auteur d'une grande finesse et sensibilité, à l'écriture directe, simple, mais puissante dans ses sous-entendus, critiques d'une société, d'une époque où il ne faisait pas bon avoir la peau noire.

Ce roman, écrit tel une saga familiale, nous emmène sur le chemin tortueux de l'acceptation de ses racines, de son passé, de sa famille dans le contexte nord américain de la ségrégation, du racisme dans l'Amérique des années 30 à 80.

J'ai dévoré ce livre, qui reste d'une touchante et terrible actualité.

Un texte qui remue les tripes, qui bouscule, émeut et donne à réfléchir sur un thème qui hélas n'est pas seulement une réminiscence du passé.
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Africville

Merci à Masse critique et aux éditions Harper Collins pour cette belle découverte.

Africville est le nom du quartier perdu et abandonné où se sont installés d'anciens esclaves. Nous sommes près d'Halifax en Nouvelle Écosse au Canada et ils sont arrivés à la fin du XVIIIème siècle des États-Unis ou de Jamaïque.

On suit alors trois générations à travers le développement de ce quartier qui malgré tout garde une place importante dans leur vie.

La question est de savoir comment vivre en étant noir? Rebellion pour Zera, acceptation pour d'autres et "effacement", déni de sa couleur de peau pour Etienne ... Un racisme blanc omniprésent quelque soit la génération.

L'héritage est lourd pour Werner, le dernier de la lignée, qui décide de retrouver ses racines et découvrir ce que son père lui avait caché.

Un roman passionnant que j'aurais aimé plus long, avec des personnages plus "creusés".

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Africville

Voilà déjà deux semaines que j’ai terminé ma lecture d’Africville de Jeffrey Colvin, et déjà sept romans se sont succédé depuis. Pourtant, c’est sûrement un signe, je traîne pour écrire ma chronique. Je me connais, je traîne parce que je ne suis pas inspiré, parce que je suis mitigé, et que je n’ai pas cet incendie ravageur qui couve après une lecture bouleversante, celle qui pousse à écrire, à dire comme c’était fou, comme c’était mauvais, comme ça m’a réveillé des émotions au fil des pages. Africville, c’était sympa, mais ça n’a pas allumé le feu sacré, ce fut une lecture intéressante, sans passion, qui m’a laissé comme anesthésié.



C’est donc en Nouvelle-Écosse (province canadienne située totalement à l’Est dans les territoire maritimes) que l’histoire débute, en 1930, et plus précisément dans les environs d’Halifax, dans un quartier pauvre peuplé des descendants d’esclaves et de jamaïquains. Les habitants n’auront pas accès aux installations modernes ou aux services publics mais le quartier servira néanmoins de lieu d’installation pour toutes les industries que la capitale provinciale ne souhaite pas héberger. Cette communauté noire décidera de se donner un nom, une existence propre, et c’est Africville qui sera retenu, passant doucement dans l’usage quotidien.



Dans cette communauté, une jeune femme rêve d’échapper au déterminisme social auquel son quartier d’origine la condamne, et décide de suivre des études universitaires pour devenir enseignante. Kath Ella y parviendra, et se retrouvera rapidement enceinte d’un homme qui viendra à décéder dans un accident avoir la naissance d’Omar. Elle élèvera donc seule son fils, clair de peau, jusqu’à ce qu’elle rencontre un canadien blanc qui l’épousera et adoptera son fils, qu’ils rebaptiseront Étienne. La suite du roman se passera aux côtés d’Étienne, parti vivre en Alabama où il pourra oublier ses origines africaines et vivre une nouvelle vie. Jusqu’à ce que son fils Warner, dans les années 80, ne s’intéresse à l’origine de sa famille et ne se rende au Canada dans les restes d’une ville que la municipalité d’Halifax tente de faire disparaître.



C’est un roman intéressant sur l’identité, notamment l’identité raciale, la filiation, l’héritage et le renoncement. La lecture est agréable dans l’ensemble, très bien documentée, et le pitch marketing d’un auteur ayant passé 20 ans à préparer son premier roman est bien encré dans la mémoire des lecteurs. Pourtant, c’est un roman assez inégal, qui souffre de longueurs et de lourdeurs, peut-être parce qu’il est étouffé par une trop grande documentation. Difficile pour moi de ne pas le comparer à L’autre moitié de soi, l’extraordinaire roman de Brit Bennett que j’ai lu quelques semaines avant et qui abordait avec talent la même thématique du passing, attitude visant à chercher à renier ses origines africaines pour se faire passer pour blanc.
Lien : https://www.hql.fr/africvill..
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