Wolfgang Franßen liest Jérémie Guez "Paris, die Nacht"
Ce sera une guerre entre un tigre et un éléphant. Si jamais le tigre s'arrête, l'éléphant le transpercera de ses puissantes défenses. Seulement le tigre ne s'arrêtera pas. Il se tapit dans la jungle pendant le jour pour ne sortir que la nuit. Il s'élancera sur l'éléphant et lui arrachera le dos par grands lambeaux, puis il disparaîtra à nouveau dans la jungle obscure. Et lentement l'éléphant mourra d'épuisement et d'hémorragie. Voilà ce que sera la guerre d'Indochine.
Hô Chi Minh
Je lui ai dit qu'aujourd'hui c'était mon anniversaire. Il me l'a souhaité. Sympa. J'ai eu de la chance de tomber sur lui. C'est mieux d'avoir un type avec qui on s'entend quand on vit dans 9 mètres carré.
- Je vais chier, me dit-il.
La majorité des gens ont peur de la vie et la seule chose qui les empêche de se flinguer, c'est de croire qu'il y a une justice, que, finalement, tout ira bien pour eux. À aucun moment ils n'envisagent la vie comme un processus chaotique, comme quelque chose de fortuit, qui ne doit pas son cours à une volonté supérieure mais seulement à un lancer de dé. Un dé dont on ne connaît ni la forme, ni le nombre de faces.
On ne fait jamais la guerre contre les hommes qui sont en face de nous sur le champ de bataille. On fait la guerre à quelque chose de plus grand, à ceux qui commandent, pas à ceux qui exécutent.
Depuis dix minutes, nous ne parlons plus, chacun muré dans son mutisme, prisonnier d'une absence, celle où l'on prend le temps de se regarder exister.
Ça ne sert à rien de courir, je suis mon propre mal, je peux filer à l'autre bout de la terre, ça ne changera pas ma vie.
- Du funk à l'ancienne mon frère. Maintenant les petits ils n'écoutent que du rap, des types qui leur disent de vendre de la came et de taper des fourgons alors qu'eux n'ont jamais rien fait de leur vie à part sucer des producteurs. Putains de baltringues!
Les gens payent pour ma dope. Tous ces connards qui culpabilisent d'être fils à papa et qui se rêvent une vie aventureuse veulent être comme moi. Je les fascine parce que je suis capable de casser le nez de quelqu'un qui me regarde mal. Ils ne savent pas qu'au fond je les envie car non seulement ils sont friqués aux as, mais en plus ils sont cultivés. Je les déteste parce qu'un jour leur respect pour moi cessera et je me retrouverai seul. Une vie les attend, ils changeront. Pas moi.
Je n'aime pas les gens qui posent des questions dans le seul but que vous reposiez les mêmes, sans en avoir rien à foutre de vos réponses. (p. 29)
"La ville est plus forte que les gens qui l'habitent."