Tous les animaux rencontrés entre les pages de ce livre sont libres et sauvages.
Les photographies n'ont pas été modifiées, aucun élément n'a été ajouté ou retiré.
Elles représentant la récompense de plusieurs hivers en solitaire dans un univers blanc.
- Bonjour, dit le renard. - Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.
Le voyageur est perdu dans un songe. Inlassablement, il tire son traîneau comme une charrue de labour à travers la poudreuse.
Il s'excuserait presque d'y laisser la trace de son sillon, si elle n'êtait effacée aussitôt par le blizzard. Il plisse un peu plus les yeux comme pour mieux voir, grisé par les éléments.
II n'est pas fou ! Non, il n'est pas fou, se répéte-t-il en cultivant l'espace infini des confins inhospitaliers.
A chaque foulée, il s'éloigne un peu plus du monde des hommes. Ses préoccupations sont dissipées par une émotion plus profonde, originelle et essentielle.
Ses sens s'aiguisent, sa perception change. Son imaginaire s'approprie l'écrin monochrome.
C'est ici que nait son inspiration, au creux de ce désert de neige, seul avec lui-même. «On ne voit bien qu'avec le cæur » disait encore le renard de Saint-Exupéry. ll est peut être là, le secret de Jérémie, la source de sa foi et de son ardeur. Ainsi, au milieu de la tempête, agrippé à sa toile de tente, il tient bon. Loin de tout repère convention nel, il s'accroche à l'espoir que sa vulnérabilité est porteuse de sens. II sait que les épreuves du chemin sont nourricières des plus grandes joies. Il garde confiance en lui et en son projet lorsque son corps et son matériel sont éprouvés par le froid. Demain, peut-être, il le verra son renard! Malgré l'adversité, il se sent bien dans la nature. Jérémie n'est pas un aventurier. C'est un poète, un passionné. lI ne connaît pas d'autre réalité que celle de ses émotions écorchées vives. II s'entraîne à ressentir toujours plus intensément ce qui le rend humain, à l'opposé d'une vie rangée. Alors enfin le vent du nord lui offre un répit, le soufflement harassant s'apaise et le ciel se couvre d'étoiles. Les aurores boréales dansent toute la nuit et réconfortent le veilleur de leur présence pénétrante. A l'aube, il se lève un homme nouveau. Le temps n'a plus d'emprise. Ebloui par une divine lumière, il exuite, il est prêt.
Le voyageur est perdu dans un songe. Inlassablement, il tire son traîneau comme ure charrue de labour à travers la poudreuse. Il s'excuserait presque d'y laisser la trace de son sillon, si elle n'était effacée aussitôt par le blizzard. Il plisse un peu plus les yeux cornrne pour mieux voir, grisé par les éléments. II n'est pas fou ! Non, il n'est pas fou, se répete-t-il en cultivant l'espace infini des confins inhospitaliers.
A chaque foulée, il s'éloigne un peu plus du monde des hommes. Ses préoccupations sont dissipées par une émotion plus profonde, originelle et essentielle. Ses sens s'aiguisent, sa perception change. Son imaginaire s'approprie l'écrin monochrome. C'est ici que naît son inspiration, au creux de ce désert de neige, seul avec lui-même.
(dans la préface de L.A.)