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Citations de Jérôme Sueur (13)


Dans ce camp ne séjournent que des chercheurs aguerris, réfléchis, sérieux, ayant bâti des projets de recherche évalués et vérifiés, manipulant des instruments fragiles et onéreux, mais à les voir évoluer dans cet environnement, ils semblent des petits enfants décoiffés aux genoux écorchés dont les parents auraient construit des cabanes magiques au fond d'un jardin luxuriant. Les chercheurs ne travaillent pas, ils jouent.
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La cigale tomenteuse se singularise par sa livrée à dominante jaune surlignée de noir et rehaussée d’un duvet argenté. Son chant est un fin grésillement qui peut se prolonger durant des dizaines de minutes, parfois entrecoupé de vols un peu patauds. Tout semble doux chez cette espèce : le corps, le mouvement et le son. Il ne lui manque qu’un regard affectueux de jeune Labrador pour avoir envie de la caresser en attendant les étoiles. La cigale tomenteuse est jaune et tout autour prend la même couleur : les pierres chauffées à blanc, les pieds de fenouil secs comme de la paille, le ciel qui perd son bleu dans l’ardeur du soleil, les troncs des pins à l’horizon. Courbant la tête sous la chaleur, en plein midi, je vois ce son, long trait sonore qui traverse la plaine de part en part, comme je l’entends : jaune.
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Le bruit est un son qui gêne, quelle que soit sa forme.
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Dans son ouvrage, Jérôme Sueur écrit : "Le son est omniprésent au-dehors mais il grogne aussi au-dedans : il entre par nos oreilles et n'en ressort pas, il traverse nos corps sans mal, il atteint nos organes, touche nos enfants en devenir. Nos corps sont eux-mêmes des sources sonores, ils pulsent en continu de battements cardiaques, ils bruxent dans nos sommeils, ils craquent de nos étirements articulaires et ils gargouillent de bouillonnements gastriques quand la faim nous tenaille.
À chaque instant, jours comme nuits, nous sommes donc la cible et l'origine de flèches sonores. Il suffit de fermer les yeux, de se concentrer quelques secondes et d'analyser la scène acoustique qui se déroule autour de nous pour nous rendre compte de cette omniprésence sonore. Voix, musiques, corps, plantes, vents, pluies, orages, objets envoient ou renvoient des sons qui nous bombardent tous et tout le temps, rarement en soli-taires, souvent en mêlées.' "
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L’Essence du son
extrait 3
  
  
  
  
Et puis on peut écouter en fronçant les sourcils, en tournant la tête, en créant des paraboles avec les mains autour des oreilles, en utilisant des équipements sophistiqués et onéreux. Ecouter pour aller plus loin, pour pêcher le son dans l’arbre ou les fougères. Être attentifs, alerte, ne pas se laisser emmener dans un flot sonore, ne pas croire que le son est uniforme, aller chercher ses variations en temps, amplitude, fréquence. Écouter pour démêler et tenter de comprendre. Développer une écoute analytique, décompositionnelle, pour assouvir sa curiosité, sa soif de connaissances…
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L’Essence du son
extrait 2
  
  
  
  
Le naturaliste et philosophe nord-américain Henry David Thoreau jalouse la naïveté de l’oreille des enfants qui savent aimer un son pour ce qu’il est, pour sa valeur intrinsèque. Il faut être sensible au son seul, nu, sans aucun artifice de mise en musique ou d’orchestration, comme le chuintement de la neige écrasée, le bruissement des feuilles d’un peuplier blanc, et le déchirement d’un éclair. Avant tout aimer le son pour le son, quel qu’il soit. Aimer le son pour sa forme, son contour, son relief, son épaisseur, sa finesse, sa puissance, sa discrétion et enfin accepter son aspérité, parfois sa rugosité. Aimer le son pour ses dérives, ses rebondissements, ses battements, ses changements d’humeur et ses surprises. Ça grince, ça siffle, ça craque, ça tambourine, c’est mélodique, c’est rythmé, c’est flûté. Prendre le son en pleine face, dressé, les poumons gonflés, sur la crête de la montagne ou dans le lit de la rivière. Recevoir pour jouir du son total et englobant qui émane de tout un paysage. Aller chercher les détails, les éléments finis. Profiter des galopades, des trilles, des vibrations, des glissandi, des pointes ou des duvets sonores. Écouter le tout et chercher les sons individuels, se baisser pour cueillir les petits sons de la litière et se dresser pour toucher les sons de la frondaison. Écouter le son ainsi, c’est appliquer le principe de l’écoute réduite de Pierre Schaeffer, c’est oublier les raisons du son et se concentrer sur son unique apparence….
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L’Essence du son
extrait 1
  
  
  
  
Comment pouvons-nous écouter le son animal, nous qui sommes aussi des animaux, avec nos propres capacités auditives, nos corps, nos expériences de vie, nos sensibilités ? Deux formes d’écoute des sons de la nature, non opposables, coexistent : une écoute esthétique où les sensations priment et une écoute analytique où le questionnement et la connaissance prennent le pas. On peut écouter un concerto ou une symphonie sans les comprendre et on peut les déchiffrer, les analyser, les commenter selon les règles de la musicologie. Il en est de même pour les sons de la nature : se laisser emporter par le son d’une forêt sans rien comprendre, puis tout décortiquer pour l’appréhender au mieux….
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Tentez d’improviser une représentation de 4’33´´en demandant tout simplement à tous de s’arrêter sur place, de cesser de parler, de cesser de penser en accéléré, d’arrêter le temps et de tourner toute leur attention vers les sons extérieurs.
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Wolff (…) voit l’art du côté du récepteur plutôt que du côté de l’émetteur : « l’art, c’est moins quelque chose qu’on fait que quelque chose qu’on admire », que cette chose soit populaire ou savante, élémentaire ou universelle, qu’elle conforte ou dérange. Or, la nature produit du beau et des émotions.
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le silence est un son qui ne fait pas de bruit
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Parmi tous les cas sonores évoqués jusqu'ici, qu'ils relèvent de la biophonie ou de la géophonie, les sons humains semblent oubliés. Il ne faut voir aucun fait de spécisme dans cette exclusion de l'homme des autres êtres vivants : les naturalistes sont les premiers à rappeler que l'humain est un animal comme les autres.
Cependant, l'homme est un être hégémonique qui continuellement cherche à montrer sa puissance, non pas sur-naturelle mais contre-naturelle, par ses manifestations sonores intenses : voix fortes, musiques tonitruantes, machines bruyantes envahissent l'univers sonore animal, couvrant les autres animaux. L'activité acoustique humaine tient une place majeure dans la sonosphère et structure très fortement les paysages sonores, le plus souvent par un effet perturbateur, voire polluant. Il est donc assez logique de lui attribuer une place à part, c'est l'anthropophonie.
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Mais qu'est-ce que le silence ?

En première approximation, le silence pourrait être vu comme l'absence totale de sons, un calme plat, à priori sans vie. Le silence total n'est donc pas forcément espéré, il est même gênant dans une conversation, interdit à la radio. Il peut générer inquiétude et confusion. Le silence total est donc possiblement stressant, mais, à l'opposé, les bruits que les humains génèrent par leurs activités, notamment leurs machines, ont des effets délétères sur la vie animale et humaine. Quand l'homme arrête de gesticuler pour produire, émerge alors une forme de silence non pas total et dérangeant, mais qui laisse une place immense aux sons de la nature.
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Selon la classification de Bernie Krause déjà évoquée sans la nommer, les paysages sonores peuvent être séparés en trois grands ensembles : la biophonie qui rassemble tous les sons biotiques depuis la stridulation légère d'un insecte jusqu'au sifflement profond d'une baleine, la géophonie qui regroupe les sons abiotiques mais naturels comme l'écoulement d'une rivière ou le ressac de la mer et l'anthropophonie dans laquelle se mêlent tous les bruits d'origine humaine. Le silence naturel peut alors se définir par la simple formule arithmétique :
silence naturel = (biophonie + géophonie) - anthropophonie
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