Joe Brainard

Je me souviens d'avoir eu un gros béguin pour ce type et des fantasmes de tout lâcher et de partir n'importe où avec lui (au soleil de la Californie par exemple) et de recommencer une nouvelle vie avec lui. Le malheur c'est que lui n'avait pas de béguin pour moi.

Je me souviens d'un rêve où je rencontrais un homme en fromage jaune très mou Quand je lui ais serré la main, c'est son bras entier qui est resté au bout de la mienne.

Je me souviens qu'une manière de s'empêcher de sourire pendant la communion était de penser vraiment fort à quelque chose de très ennuyeux. Par exemple : comment fonctionnent les moteurs d'avions. Ou les troncs d'arbres.

Je me souviens de ces moments où l'on ne sait pas si l'on se sent vraiment heureux ou vraiment triste (coeur soulevé et yeux embués).

Je me souviens de : «N’importe quel enfant peut faire ça.»

Je me souviens d'un jour en classe de psychologie où le prof a demandé à tous ceux qui avaient des selles régulières de lever la main. Je ne me souviens pas si j'avais des selles régulières ou non, mais je me souviens que j'ai levé la main.

Je me souviens de moi (défoncé) tendant la main pour saisir le joint alors que ce n'est pas encore mon tour.

Je me souviens d'avoir ressenti dans mon corps à quel point nous (la vie) sommes (est) fragile(s).

Je me souviens dans les foules : totale solitude !

Je me souviens d'avoir éternué dans mes mains en public, confronté au douloureux problème ; "Qu'en faire ?"

Je me souviens des appareils dentaires et à quel point au lycée en porter était presque un symbole de statut social privilégié.

Je me souviens de mes efforts pour ne pas regarder les gens qui portaient des prothèses auditives (ou pour essayer de les regarder avec naturel).

Je me souviens d'avoir cherché des trèfles à quatre feuilles mais jamais pendant très longtemps.

Je me souviens de cette sensation unique quand on enlève la crasse du nombril.

Je me souviens de mon embarras quand d'autres enfants pleuraient.

Je me souviens d'avoir toujours évité de regarder les infirmes.

Je me souviens quand je ne croyais pas vraiment au Père Noël mais je désirais tellement y croire que j'y suis arrivé.

Je me souviens que le fils du pasteur était fou.

Je me souviens de gens très vieux quand j'étais très jeunes. Leurs maisons sentaient drôles.

Je me souviens des fêtes improvisées" Venez comme vous êtes". Tout le monde trichait.