« J'écris pour donner une forme à ma rage, pour disparaître, pour m'oublier, pour me trouver. J'écris pour me vider, j'écris pour me remplir. »
Léna Olszewski est partie à la rencontre de Joffrine Donnadieu, autrice de "Une histoire de France" (2021) et de "Chienne et louve" (Prix de Flore 2022).
Ce film a été réalisé en partenariat avec le Master Scénario, Réalisation, Production de l'École des Arts de la Sorbonne Université Paris 1.
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Le rire de France rebondit de fauteuil en fauteuil comme une balle de tennis qui vient s'échouer sur ses genoux.
D'aussi loin que je me souvienne le silence, fait partie de ma vie. Mes parents m'ont appris à parler le silence. Celui de mon père était empli de violence et de colère, celui de ma mère transpirait les regrets et la tristesse. Au milieu, j'ai trouvé le mien, sauvage et frontal. Il s'impose de lui-même.
Être pute à Paris plutôt qu’à Toul, c’est déjà une réussite.
Odette est un tournesol, elle suit le soleil. Sentir les rayons sur sa peau est son unique plaisir.
Seuls les coiffeurs, les opticiens, les boulangers, les auto-écoles et les pharmacies survivent ici. Les boutiques de vêtements et de lingerie, les papeteries et les restaurants gastronomiques déposent le bilan au bout de trois mois. Parfois un local vide sert de permanence à un parti politique le temps des élections. Dans la vieille ville, les volets restent clos comme dans une cité fantôme. Les vieux sortent seulement pour les besoins du chien. Les jeunes se planquent dans des maisons en ruine.
Je ne suis vraie que lorsque je me tiens sur le plateau ou que je m'y projette. Le reste du temps, je me mens et je mens aux autres.
Romy fatigue.Ne t’arrête pas,Ne t’arrête pas.
Elle se donne des ordres du matin au soir:
« Mange, vomis, apprends, lis, nage, cours, remercie, souris, sois polie, punis -toi, fais plaisir, sois gentille, , pas D’ Histoires. Merciiiii.
"Je joue pour ne pas me frapper jusqu'au sang. Je joue pour ne pas hurler. Je joue pour donner une forme à ma rage. Je joue pour disparaitre, pour m'oublier, pour me trouver."
Philippe rejoint les hommes qui en sont déjà au deuxième verre. Parmi eux, une seule femme surnommée tendrement Tati Ricard. Elle commence l'apéritif à l'heure du goûter. Son rire enroué de vieille fumeuse est reconnaissable entre tous. Elle n'attend personne pour se resservir, sa bouteille à portée de main. Au troisième verre, elle entonne "Au pays de Candy" avec des guirlandes sur la tête.
Je joue pour ne pas me frapper jusqu'au sang. Je joue pour ne pas hurler. Je joue pour donner une forme à ma rage. Je joue pour disparaitre, pour m'oublier, pour me trouver.