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Citations de John O`Hara (35)


Le mot "père" prononcé avec quelque tendresse ou sentimentalisme, évoqua toujours pour elle le souvenir d'une photographie d'université. C'était la seule photo que sa mère avait gardée de son père, celle de leur mariage ayant été perdue au cours d'un déménagement. La photo prise à l'université n'était pas d'un grand secours pour une enfant qui voulait ressembler aux autres: elle voyait un homme en toque ronde, au deuxième rang de trois rangs de jeunes hommes debout sur les marches d'un bâtiment en pierre. Durant toute son enfance, la tête d'un saint entourée d'un halo lui rappela infailliblement son père; elle se demandait comment l'auréole pouvait tenir toute seule sans un petit support caché pour l'accrocher à la nuque du saint. Elle regrettait que l'auréole de son père ne fût pas aussi bien agencée. Elle ne prit jamais son père pour un saint, néanmoins tous les saints lui rappelaient vaguement la personne de son père.
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Ce n'est peut-être pas a moi de raconter cette histoire. Mais si je ne la raconte pas, il n'y aura personne pour le faire, alors autant que je m'y colle.
Par une chaude journée de septembre dernier, je me trouvais au studio, assis dans mon bureau les pieds sur la table. J'admirais mes chaussures neuves a trente-cinq dollars et mes chaussettes a sept dollars cinquante, tout en me disant que j'aimerais bien me tirer, histoire d'aller faire un tour au volant de mon auto a deux cents dollars.
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En ce dimanche matin du mois de mai, celle qui allait mettre New-York en émoi se réveilla beaucoup plus tôt que ne l'auraient laissé présager ses occupations de la veille au soir. En moins d'une minute, elle passa du sommeil au réveil complet, et plongea en plein désespoir. Le genre de désespoir qu'elle avait peut-être connu deux mille fois auparavant, à raison de trois cent soixante-cinq matinées par an. En général, il était dû au remords pour ce qu'elle avait fait, et à la certitude de continuer à agir de la sorte. Mais les raisons profondes de ces quelques minutes de terreur et de solitude ne lui apparaissaient pas toujours clairement. Ces derniers temps, elle avait l'impression d'être allée très loin.
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Voilà que ça le reprenait : les domestiques, les flics, les serveurs au restaurant, les ouvreuses de théâtre, il pouvait les haïr plus que les gens susceptibles de lui causer un réel tort. Il se haïssait lui-même après s'être emporté contre eux mais, nom de Dieu, ces gens qui avaient si peu à faire, ne pouvaient-ils pas le faire correctement au lieu de lui compliquer la vie ?
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Mais même sans son aide, le Dr English continua à pratiquer la chirurgie pendant des années et certains des hommes qu’il trépana survécurent.
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Elle se rappela quand, croyant avoir été invitée chez une actrice de cinéma, elle s'était retrouvée chez des gangsters. Ils avaient rassemblé toute une troupe de figurantes. Ils avaient noué les poignets d'une fille avec une nappe et l'avaient laissé pendre toute nue à la fenêtre du vingt-deuxième étage, et lorsqu'ils l'avaient hissée dans la pièce, tout le monde la croyait morte. Les filles se soûlaient aussi vite que possible parce qu'elles mouraient de peur et n'osaient pas s'en aller. Et les deux pucelles. Et le nain. Le plus jeune et le plus dur de la bande, qui ne souriait que lorsqu'il blessait quelqu'un. Il la terrifiait car ses yeux revenaient sans cesse se poser sur elle. Enfin, l'avocat qui l'avait amenée à cette fête avait prévenu le chef de la bande qu'elle était de la haute. Le gangster apprécia que sa fête la choque. Et c'était bien le cas.
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Ceci est une histoire sans fin.
Vous tirez la pointe d'une grenade à main : quelques secondes plus tard elle explose, et dans un rayon restreint, des hommes tombent, tués ou blessés. Résultat : cadavres à enterrer, malades à soigner. Veuves, enfants sans père, parents privés de leurs enfants. Ce qui déclenche le mécanisme des pensions et développe chez les uns l'esprit pacifiste, une haine durable chez les autres.
Un autre homme, qui s'était arrêté, deux minutes avant, à l'endroit même ou l'engin devait sauter, se met désormais à croire en Dieu, ou prend pour fétiche une patte de lapin.
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Peggy était tout aussi embêtée. Puisque soirée il y avait, elle désirait que tout se passe bien. Elle se dépensait pour tout le monde, et pour la première fois m’apparaissait sous le jour d’une hôtesse conventionnelle et effacée. C’était vraiment surprenant : Peggy, qui devant une centaine de personnes n’hésitait pas à se lever et à dire ce qu’elle pensait de Tom Mooney ou de Harry Bridges, jouait les maîtresses de maison effacées.
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Depuis que je la connais, ma vie n'est que mensonge. Que le diable l'emporte. Je suis une homme bien. Je suis un homme mauvais, pire que mauvais, mais elle est encore pire que moi. Elle est vraiment mauvaise, elle est mauvaise, elle est le mal. Pas seulement le mal, le Mal avec un grand M. Tout ce que j'ai fait de mal, c'est elle qui devrait en porter le poids sur la conscience, car elle m'a corrompu, je n'avais jamais pêché avant de la connaître. […] Cette fille est mauvaise, et l'enfer ne sera pas assez brûlant pour elle.
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Nous nous fixâmes rendez-vous et je demeurai assis dans la voiture, le bras droit allongé sur le dossier du siège. Elle avait son chapeau à la main et portait un tailleur en peau d'ange. Il n'étais pas neuf mais il me plaisait. Elle marchait toujours d'un pas déterminé. J'aimais sa démarche. Je n'avais rien à faire. Lorsqu'elle eut disparu au coin de la rue, je sortis de voiture pour entrer dans une boutique où j'achetai des cravates hors de prix, puis descendant Wilshire je rejoignis Vine Street et Hollywood, histoire d'aller embêter mon agent, qui recevait tous les journaux de New York. Je téléphonai à mon hôtel, et on m'apprit qu'un certain Don Miller avait laissé un numéro où le joindre. Je l'appelai. Il voulait me voir et je lui dis que je l'emmènerais déjeuner à midi et demi
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Quant à la question Caroline, Julian avait foi dans un procédé mental qui consistait à s'élever d'avance contre une chose, à la précéder dans le temps (que ce soit la crainte de se couper en se rasant ou celle de voir prendre sa femme par un autre homme). Si l'on y réussit, le danger est écarté. Mais ça ne peut pas arriver, parce que ces choses-là ne sont connues que de Dieu ; et, si vous avez un fort pressentiment, ça ne veut rien dire, parce que Dieu est Dieu et qu'il ne fera certainement pas cadeau d'un de ses pouvoirs à Julian McHenry English.
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Durant la semaine qui suivit, je travaillai autant que le permettaient les circonstances : j’avais en moyenne deux fêtes par jour chez les uns ou chez les autres. On aurait dit que tous mes amis mariés avaient décidé que la période la plus propice aux réceptions se situait entre Noël et le jour de l’an, et je tenais à ce qu’ils fassent tous la connaissance de Peggy.
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"-Oh! Je trouve que tu es de mauvaise foi. Je trouve ton manège ignoble et tu recommences toujours. Tu me mets en colère et puis, tout à coup, tu refuses de poursuivre la discussion et, au lieu de ça, tu prends un air folâtre et tu parles d'amour et de coucheries. C'est dégoûtant, parce que, si je refuse de dire que je t'aime, c'est toi qui deviens la personne offensée, et tout. C'est lâche et déloyal et tu le fais continuellement."
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Elle était couchée sur le dos, j'étais couché sur le dos et elle me tenait la main, et nous regardions le plafond blanc à présent assombri, et je ne sais pas pour elle, mais moi j'avais le sentiment que nous marchions main dans la main
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Aussi, lorsque le liquide le frapperait, il garderait tout juste ce qu'il faut de contrôle sur lui-même, c'est probable, pour se rappeler qui le lui avait lancé et sans doute ne dirait-il pas les choses qu'il aurait envie de dire. Ce fils de garce au sang de navet, il sortirait probablement son mouchoir et il essaierait en riant de faire passer ça pour une plaisanterie, ou, s'il voyait que personne d'autre ne trouvait la chose comique, il jouerait le rôle du monsieur impassible et froidement indigné et dirait : "Quelle saloperie d'avoir fait ça ! A quoi ça rime ? ... Hein ?". "Et moi, se disait Julian intérieurement, j'aimerais pouvoir lui dire qu'à mon idée, il était grand temps que quelqu'un s'avisât de la lui boucler".
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Joe Finston. Le fumier ! L’année dernière, il se serait déplacé, mais mes deux derniers films n’ont pas fait les entrées escomptées, aussi n’ai-je droit qu’à un simple coup de fil. Il compte m’amadouer avec son appel. Il va être tout gentil avec moi parce qu’il veut que je renonce à mon contrat. Croyez-moi, il peut toujours courir ! J’ai encore trois ans à tirer, avec une augmentation annuelle. Je ne renoncerai que s’il me paye, et jusqu’au dernier cent !
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Et puis de toute façon, on ne peut pas juger une poule à la seule nuit qu’on a passée avec elle deux ans plus tôt. C’était peut-être l’unique fois où elle avait trompé l’enfoiré de grande gueule en question et on ne pouvait vraiment pas le lui reprocher. Elle avait été pour Al sa conquête la plus facile, ou une des plus faciles. I
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La politique est un commerce : le commerce des échanges de services, et si quelqu'un est votre obligé pour un service si important qu'il sera toujours désireux de s'en acquitter, mais pour un service d'une nature si exceptionnelle qu'il ne peut être payé de retour, celui qui a rendu le service joue le rôle de dictateur aussi bien que de bienfaiteur.
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John O'Hara
Il y a toujours assez à faire tant que le coeur bat. Il n'y a jamais, jamais assez de temps pour tout faire. Même lorsqu'on n'a plus rien à faire qu'à se souvenir, c'est suffisant et on n'a pas le temps de tout se rappeler. Et la vie d'un homme est plus que personne ne peut se rappeler entièrement, simplement la vie d'un homme, aussi nous nous rappelons ce que nous pouvons, ce dont nous avons l'occasion de nous souvenir, dont le souvenir nous cause joie ou tristesse.
Il n'y a ici, dans la biographie de Joe Chapin, rien qui n'ait pu être vu ou entendu par ceux dont les voix étaient proches de la sienne.
Quoiqu'il ait pensé, quoiqu'il ait ressenti, cela a toujours été exprimé à quelqu'un d'autre, ou par le truchement de quelqu'un d'autre, et le lecteur peut juger lui-même de la véracité de ce qu'il a dit, ou n'a pas dit.
Et de même, dix ans après la mort de Joe Chapin, ceux qui ne gardaient plus ou moins bien son souvenir ne pouvaient plus s'appuyer que sur les faits réels ou apparents de son existence, et bien rarement sur ses pensées et ses désirs cachés.
Enfin, quelque part après sa mort, il fut placé dans le >Passé où seuls ses paroles et
ses actes connus peuvent être mis en balance avec celles et ceux qu'il n'a ni accomplis ni prononcés.
Et puis, quand vint le moment où il fut placé dans le Passé, il disparut de la vie de tout le reste d'entre nous, qui attendons notre tour.
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Ce n'est pas la même chose que de prétendre qu'un changement s'est produit du jour au lendemain, car il est peu de faits - si même il en existe - qui amènent un changement radical et immédiat dans la vie des êtres humains. Le changement est presque toujours comme une eau qui coule, rapidement ou lentement, mais même les événements les plus importants de la vie n'entraînent pas ce qu'on appelle des changements du jour au lendemain.
Seule, la mort même cause ce changement du jour au lendemain, mais alors, naturellement, il n'y a pas de lendemain.
S'il est stupide de dire que la vie d'un homme est finie tant qu'il y a encore en lui de la vie qui peut réagir devant la vie nouvelle (que cette vie nouvelle soit une drogue ou un nouvel amour partagé), il est également stupide de nier que dans la vie d'un homme vient le moment ou il ne réagit plus parce qu'il ne le veut plus ou qu'il ne le peut plus.
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