Citations de Jonathan Swift (313)
Pendant qu'on dit les grâces après le repas, vos camarades et vous devez retirer les chaises de derrières les convives, afin que, lorsqu'ils voudront se rasseoir, ils puissent tomber en arrière, ce qui les égaiera fort.
Mais, dans son effort pour atteindre le sommet, il fût cruellement empêché par son propre poids, très fâcheux, et la tendance de son corps à se ramasser en son centre, particularité très fréquente chez les Modernes qui, ayant la tête très légère, sont d'une agilité étonnante dans la spéculation et s'imaginent pouvoir sans entraves parvenir à des hauteurs vertigineuses, mais qui, dans la pratique, découvrent l'existence d'une pression gigantesque dans la région de leur postérieur et de leurs talons.
Non que je partage le moins du monde l'opinion qui fait de la religion une invention des hommes politiques pour maintenir les humbles dans une sainte terreur des puissances invisibles. (...) Le peuple, à mon avis, ne peut que gagner à avoir deux ou trois notions d'une puissance supérieure, qui sont d'une grande utilité pratique pour faire taire les enfants grognons et pour trouver une occupation pendant les longues soirées d'hiver. (...) En cas d'abolition du christianisme, le législateur devra trouver un autre expédient, qui serve de passe-temps ou d'amusette. (Sur l'abolition du christianisme - 1708)
29 février 1712.
L'année étant bissextile, le jour d'aujourd'hui n'existe qu'une année sur quatre. Les gens se trompent à cette occasion et quelques-uns croient que c'est le jour de la Saint-David, mais ils ne comprennent pas quelle est la vertu d'une année bissextile. Je n'ai rien à faire aujourd'hui, mes Gars, et j'ai lu tout le jour aussi goulûment, que les chèvres broutent le tragacanthe.
«L'ambition souvent fait accepter les fonctions les plus basses».
Premier Secrétaire d État pour les affaires privées ( c' est son titre officiel) , vint me voir chez moi, suivi d' un seul domestique. Il fit stationner son carrosse à quelque distance de là, et me demanda une heure d' entretien. Je L' accordai bien volontiers, tant pr égard pour son rang et son mérite personnel, qu' en raison des sévices qu'il m'avait rendus lors de mes .demarches à la cour. Je proposais de m ' étendre par terre, pour qu'il se trouva plus près.de mon oreille, mais il préféra que je le tinsse dans ma main pendant toute notre conversation.
Nous commencions déjà à nous comprendre un peu, et les premiers mots que J' appris furent pour lui demander de me rendre ma liberté_ prière que chaque jour je répétais à genoux."
quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui.
L'ambition, souvent, fait accepter les fonctions les plus basses ; c'est ainsi qu'on grimpe dans la posture où l'on rampe.
De petites causes suffisent pour tourmenter quand il n'en existe pas de grandes : faute d'une souche, vous butez sur une paille.
Chacun désire vivre longtemps, mais personne ne voudrait être vieux.
Un américain très instruit, de ma connaissance, m'a assuré, à Londres, qu'un petit enfant en bonne santé, bien engraissé, est, à un an, un mets tout à fait délicieux, nourrissant et sain, qu'il soit étuvé, cuit au four ou bouilli ; et je ne mets pas en doute qu'il sera aussi parfait en fricassée ou en ragoût. C'est pourquoi je porte à la considération du public que sur les cent vingt mille enfants comptés comme nés chaque année en Irlande, on pourrait réserver pour la reproduction vingt mille, dont un quart seulement de mâles, et c'est plus qu'on ne ,laisse de moutons, de gros bétail et de cochons... les cent mille restant pourraient, en un an, être offerts en vente aux personnes de qualité ou de fortune, par tout le royaume, après qu'on ait prévenu la mère de leur donner à têter en abondance durant le dernier mois, de façon à les rendre dodus et convenables pour une bonne table.
(Modeste proposition pour empêcher les enfants pauvres d'être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public. (A Modest Proposal for Preventing the Children of Poor People from Being a Burthen to their Parents, or the Country, and for Making them Beneficial to the Publick. Cité par De Quincey dans une note de De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts »))
Cette méthode stoïque de subvenir à ses besoins en supprimant ses désirs équivaut à se couper les pieds pour n'avoir plus besoin de chaussures.
Corriger un mauvais livre: entreprise plus difficile que celle d'en composer un bon.
Un petit temps de silence, dans un groupe, donne du charme à la conversation.
Je crois donc pouvoir affirmer que ce que vous appelez raison n'est en réalité qu'une sorte de qualité naturelle servant à décupler vos vices.
Une bourde, si folle soit elle, trouve toujours un philosophe pour la défendre.
Le vulgaire fut toujours le pire ennemi de la science.
Mon père, dont le bien, situé dans la province de Nottingham, était médiocre, avait cinq fils : j’étais le troisième, et il m’envoya au collège d’Emmanuel, à Cambridge, à l’âge de quatorze ans. J’y demeurai trois années, que j’employai utilement. Mais la dépense de mon entretien au collège était trop grande, on me mit en apprentissage sous M. Jacques Bates, fameux chirurgien à Londres, chez qui je demeurai quatre ans. Mon père m’envoyant de temps en temps quelques petites sommes d’argent, je les employai à apprendre le pilotage et les autres parties des mathématiques les plus nécessaires à ceux qui forment le dessein de voyager sur mer, ce que je prévoyais être ma destinée. Ayant quitté M. Bates, je retournai chez mon père , et, tant de lui que de mon oncle Jean et de quelques autres parents, je tirai la somme de quarante livres sterling par an pour me soutenir à Leyde. Je m’y rendis et m’y appliquai à l’étude de la médecine pendant deux ans et sept mois, persuadé qu’elle me serait un jour très utile dans mes voyages.
La philosophie chez ces peuples est très gaie, et ne consiste pas en ergotismes comme dans nos écoles; ils ne savent pas ce qu c'est que baroco et baralipton, que catégories, que termes de la première et de la seconde intention, et autres sottises épineuses de la dialectique, qui n'apprennent pas plus à raisonner qu'à danser. Leur philosophie consiste à établir des principes infaillibles, qui conduisent l'esprit à préférer l'état médiocre d'un honnête homme aux richesses et aux fastes du financier, et les victoires remportées sur ses passions à celles d'un conquérant.