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Critiques de Jorge Gonzàlez (66)
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Salpêtre

Club N°54 : BD non sélectionnée

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Une maitrise remarquable des couleurs et du dessin pour évoquer les émotions des personnages et ces allers-retours dans le passé de cette famille.



Planches très travaillées.



Wild57

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En effet, le dessinateur développe un graphisme très personnel amorcé avec BANDONEON (Dupuis), attention, "techniques très mixtes", le résultat peut interloqué un lecteur non-prévenu.



La BD devient plus un art plastique qu'un art graphique : il faut accepter de se laisser guider et suivre l'histoire de cette famille espagnole sur plusieurs générations.



L'histoire ne m'intéresse pas vraiment et pourtant la maestria graphique de JG me permet de suivre avec curiosité cette histoire familiale.



Benoit

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Album auquel je n'ai pas été sensible malgré le travail graphique indéniable.



Gwen

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Dessin très varié, de qualité.



Des histoires qui se croisent.



Difficile de voir les liens.



Morgane N.

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Maudit Allende !

En voilà un titre provocateur, tant la figure de Salvador Allende, socialiste élu démocratiquement à la présidence du Chili en 1970, est révérée à travers le monde, contrairement à celle de l'infâme général Pinochet, dont le coup d'Etat en 1973 entraîna la mort tragique d'Allende, et dont la junte militaire sema horreurs et terreur dans le pays jusqu'au début des années 90.

Oui mais voilà, ce qui nous semble bien clair aujourd'hui et depuis longtemps en Europe n'apparaissait pas aussi tranché au Chili il y a quelques décennies (ni d'ailleurs à l'heure actuelle, puisqu'il semble qu'il y ait encore du chemin à faire sur la voie de la réconciliation). En effet, en 1970, Allende était loin de faire l'unanimité, et ne gagna la présidentielle que de justesse, après trois tentatives avortées. Son programme socialiste de nationalisation des grandes entreprises, notamment, était perçu par la classe dirigeante comme une grave menace pour l'économie du pays. Certains, craignant pour leurs privilèges de nantis, s'exilèrent. A l'image des parents de Leo, jeune narrateur né en Afrique du Sud, qui ne fera connaissance avec son pays d'origine qu'une bonne vingtaine d'années plus tard. Entre-temps, Leo grandit dans le culte du général Pinochet, considéré comme le sauveur du Chili. Mais en 1998, les yeux de Leo, pas encore trente ans, commencent à s'ouvrir. Cette année-là, c'est l'épisode de l'arrestation, pour tortures et génocide, entre autres, de Pinochet à Londres, puis celui, lamentable et d'une lâcheté politique sans nom, de sa libération pour raisons de santé. Troublé par les manifestations anti-Pinochet, Leo découvre peu à peu une autre réalité et se rend au Chili pour tenter de comprendre la face de son pays qui lui était jusque là resté voilée.



La BD nous fait suivre en parallèle, et sans trop s'embarrasser de chronologie, ces trois histoires, celles d'Allende, de Pinochet et de Leo, les deux premières étant plus étroitement liées que ce que j'imaginais. On y découvre un Allende orgueilleux, sûr de lui voire arrogant, mais prêt à mourir pour son idéal, et un Pinochet, petit soldat sans envergure, qui, poussé dans le dos par sa femme, gravit les échelons de la hiérarchie, marionnette pilotée par les Etats-Unis de Nixon qui ne voulaient pas, après l'humiliation cubaine, d'un autre leader marxiste dans un pays où les entreprises de l'Oncle Sam ont de gros intérêts financiers, et qui, sous la pression des autres hauts-gradés du pays, se décide enfin à signer la lettre annonçant le coup d'Etat.

Le Chili a connu, lui aussi, son 11 septembre, en 1973, date de la prise d'assaut du Palais présidentiel de la Moneda par les militaires, date de la mort d'Allende dans ce même palais. Les heures terribles qui ont précédé et suivi ce jour funeste sont bien rendues par les dessins crayonnés, généralement très sombres et de plus en plus flous à mesure que le drame se joue. Par contraste, les épisodes de la vie de Leo sont plus clairs et colorés. On pourrait croire que c'est parce que cette nouvelle génération porte un peu d'espoir en elle, mais elle n'en reste pas moins très lucide : « Les deux camps restaient irréconciliables, trente ans après le coup d'Etat. Et je ne me voyais pas vivre dans un pays incapable de partager cette histoire commune ».
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Maudit Allende !

Léo a toujours été un chilien expatrié.

Son enfance fut sud-africaine où son père travaillait dans l'exploitation minière. Eloignée du pays pour fuir le socialisme, la famille a toujours été convaincue par la légitimité du régime de Pinochet, garant de la stabilité du pays. Léo, adulte, va devoir faire le voyage pour comprendre l'exil et la transmission des souvenirs, voir se fêler cette vision idyllique d'un pays méconnu, et prendre la mesure des bouleversements politiques et sociaux entre démocratie et dictature.



La difficulté de l'accès au pouvoir pour Allende (quatre tentatives pour enfin être élu en 1970 contre les conservateurs), l'influence des États Unis dans la déstabilisation de la présidence socialiste par crainte d'un "nouveau Cuba", la manne des exploitations de matières premières que gouvernement et compagnies s'arrachent, le climat social explosif... Tout prépare au coup d'Etat de 1973 et il sera féroce: Allende y laissera sa vie.



Après une certaine persévérance pour me situer dans les allers et retours de différentes époques, j'ai fini par m'immerger dans l'histoire politique du Chili. Les planches concernant Salvador Allende et Augusto Pinochet, plus sombres et sépia, s'intercalent avec celles de la vie de Léo, plus lumineuses. Le graphisme est un peu rude mais colle bien au sujet. La période est sombre et peut se lire comme de vieux documents d'archives. Tout s'entrelace et s'imbrique pour reconstituer un panoramique jusqu'aux derniers mois du vieux dictateur sous procédure judiciaire d'immunité à Londres en 2000.



Un roman graphique d'une grande force picturale, résumant avec talent et concision une page d'histoire qui continue à diviser, une excellente bande dessinée pour décrypter trente années de dictature aux blessures inguérissables.
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Maudit Allende !

Magnifique et originale. le graphisme est assez inédit pour une BD et sublime le texte. Nous avons ici un portait croisé Pinochet-Allende, leur enfance, leurs ambitions, leurs différences. Nous suivons une famille proPinochet qui fuit le Chili quand Allende arrive au pouvoir, et le petit garçon de la famille va découvrir en grandissant loin de son pays natal qui étaient vraiment ces deux hommes.
Lien : http://latetedelart2.blogspo..
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Bandonéon

Un dessin au couleur sépia, au trait brut, avec des effets d’estampages, un peu flou, brumeux, Jorge Gonzalez nous entraîne dans les brumes des cités argentines au son de la musique et des danses, de tango bien entendu. Il nous décrit un monde qui est comme cette danse, improvisée, au sens où les pas ne sont pas fixés à l'avance pour être répétés séquentiellement, mais où les deux partenaires marchent ensemble vers une direction impromptue à chaque instant. Nous, le lecteurs, nous nous laissons entraîner par les images, l’auteur dirige la danse, avec comme trame, une histoire de migrants d’origine italienne, étalée sur 50 ans, les années de dictatures, des migrants qui vivent de la musique. N’allez pas y chercher un récit romanesque, de tragédie, de dramaturgie, c’est juste une ambiance, une atmosphère, une vie ordinaire, deux pas en avant, trois pas en arrière, comme une vie d’Argentins au XXe siècle. Cet aspect “impromptu” peut dérouter, personnellement, j’ai aimé. Cela laisse un ressenti un peu flou, mais c’est bien de cela qu’il s’agit, le flou du tango, le flou de ce pays étrange, dépaysant.

https://www.youtube.com/watch?v=lI9lzb-r73k&ab_channel=PedroGiraudo

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Chère Patagonie

On ne peut pas gagner à tous les coups…



La Patagonie est un voyage tentant. Je me souvenais de L’amant de Patagonie d’Isabelle Autissier qui mettait si bien en valeur ces grands espaces. Chère Patagonie était une belle promesse avec un roman graphique sur plusieurs périodes comprises entre 1888 et 2009, avec certains dessins pleine page et une quatrième de couverture qui annonçait un livre-monde.



Mais si on ne maîtrise pas l’Histoire de ce pays, on ne peut pas l’appréhender à partir de cette œuvre et on comprend certains enchaînements uniquement grâce à une page explicative en toute fin d’ouvrage. Les dessins ne permettent pas non plus de sortir de ce flou. On retrouve certains personnages d’un chapitre à l’autre, mais avec des ellipses difficiles à suivre… Dans ces conditions, on finit également par se lasser du côté très sombre de cette BD historique.



J’aurais aimé apprécier scénario et illustrations, j’avais envie d’en savoir plus sur les peuples de Patagonie et notamment les Mapuches, les pionniers, les liens entre la Terre de feu, la Patagonie et le reste de l’Argentine…Dommage… Je ne garderai pas ce livre en mémoire.

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El Gran Surubi

Comment en parler ? C'est toujours la question qui "flotte" quand le livre refermé, il faut trouver un peu de recul, de sérénité après une immersion dans une oeuvre qui a ému, arriver à ordonner touts les feux d'artifices, les connexions avec d'autres oeuvres qui ont affleurées, en tournant les pages...

Lu d’une traite, et, déjà, repris plusieurs fois.



Plongé dans un monde cauchemardesque, basculement cul par-dessus tête dans un monde dictatorial, sans issue, avec la peur la plus froide qui immerge dans ses eaux marécageuses et boueuses.



En premier visuel, le livre est beau, bien équilibré, format à l'italienne.

Six chapitres, en double-pages légères, aérées mettant en valeur et le texte et les dessins, scandant en douceur et fermeté le récit : une pleine page pour l'illustration, l'autre pour le texte et quelques graphismes.



Quant au texte, ce sont des sonnets de Pedro Mairal, toujours présentés sur le tiers gauche de la page, avec immédiatement en dessous, en italiques, le texte original. C’est une colonne, une colonne qui assoit le récit dans sa verticalité. Inconsciemment, le lecteur s’y appuie, y reprend souffle. Ou l’espace restant sur la page du texte est vide, ou, un ou deux petits dessins soulignent le récit. Souvent l’espace est libre et donne encore plus d’éclat et de force au dessin de la contre-page ; là, pas de marge, le dessin occupe tout l’espace et nous fait plonger dans son rêve cauchemardesque (celui de l’auteur et du dessinateur).



Je ne connais pas l’espagnol, mais j’ai apprécié la traduction de Thomas Dassance qui a su transmettre et le lyrisme et la cruauté du récit.



Pedro Mairal construit un récit sur une réalité noire de son pays : l’Argentine de la dictature militaire et de la famine et de la misère de la fin du vingtième siècle. Y a-t-il un fond de vérité ? Je pense que oui, sur la façon brutale de recruter des marins pour la chasse au grand Surubi .



C’est un récit mythique, et somptueux, comme « Le vieil Homme et la mer », avec ce grand plus, de le situer à notre époque.

Etrangement, pour moi, il résonne avec la chanson de Charles Trenet « Je chante », comme le double enfantin et charmant de cette odyssée sans retour.



Quand Pedro Mairal écrit :

« Personne ne te sortirait de ce guêpier,

Y’avait pas de message ni d’ADSL,

Ni de demande à l’aide exceptionnelle,

Tu étais un entre tous, tu étais un poulet. »,

ce sont aussi tous ces otages raptés par quelques groupes armés, ceux qui font la une de nos journaux et dont il est difficile d’entrevoir l’isolement deshumanisant.



Bien sur, on pense à Hemingway, mais dans le « Vieil Homme et la mer » c’est un combat courageux et plein d’honneur tant pour la bête que pour l’homme. Ici, il n’y a pas d’honneur. Ce n’est même pas une lutte pour la survie. Ils sont enrôlés, entassés, humiliés, réduits à l’état de bêtes sauvages, et peut leur chaud qu’ils pêchent pour nourrir leurs concitoyens, les sauver de la famine. Celui-là qui s’en tirera, coupable et humilié, n’est pas mieux que les autres, aussi avili que ces compagnons, que ses gardes. Juste motivé par l’envie de sauver sa peau, ou plutôt d’éviter un enfermement encore pire que celui qu’il vit.



La beauté du texte est équilibré par la beauté du graphisme. Jorge Gonzales utilise des graffitis, ceux que l’on trouve maladroitement gribouillés sur un vieux mur couvert de salpetre, ceux d’une cellule, les tôles rouillées d’une épave, ou les parois métalliques d’un entrepôt plus ou moins désaffecté. Gribouillis qui évoquent la solitude et la douleur d’hommes utilisés, épuisés, désespérés.

Sa palette ce sont des bruns de rouille, des rouges de boue et du gris anthracite comme celui de l’acier. La majorité de l’action se passe sur un fleuve mais il n’y a pas de bleu et le vert clair apparaitra à la fin du récit. Et pas de ciel bleu ! Obscur est le jour.

Sur ces fond sombres se détachent des silhouettes d’hommes, presque toujours éclairés par de la lumière, qui réchauffe et humanise même les trognes des tortionnaires.

Jorge Gonzales nous plonge (presque au sens premier du terme) dans un monde étouffant et cauchemardesque, une ambiance misérable d’où va émerger une lumière. Celle apporter par la confiance en un autre, à un animal, à la nature qui va, au sortir de l'eau marécageuse va le revêtir de blanc " Et avec l'argile je me suis retrouvé tout blanc". Mais cette fausse blancheur ne trompera pas l'enfant pas encore femme, qui lui portera secour et lui fera croire à d’autres possibles.



Comment se fait-il qu’avec un tel récit, de tels graphismes, je garde un souvenir lumineux de cet ouvrage ? Et bien, tout de suite, je n’ai pas de réponse. C’est un peu …comme une magie, un délicieux envoutement.



Cet ouvrage est un véritable cadeau, de la Masse Critique de Babelio et de l’éditeur ; avec un merci tout particulier et joyeux à Nicolas pour la petite carte glissée dans le livre et m’en souhaitant bonne lecture. Ce fut une merveilleuse lecture.

Et puis, avec un tel nom d’édition : « Les Rêveurs » qui aurait pû mieux publier une si belle BD ?

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Mécaniques du fouet

Christophe Dabitch tente de retracer la vie d'Eugénie Guillou, une femme ayant vécu au début du XXe siècle.

Il s'est appuyé sur son journal et sur les archives de la préfecture de police. Mais pourquoi avoir choisi Eugénie Guillou ? Parce qu'elle fut religieuse au début de sa vie avant de se prostituer et de tenir une maison close particulière.



Je me suis passablement ennuyée pendant cette lecture. L'auteur a eu peu d'éléments à se mettre sous la dent et ça se sent. La vie d'Eugénie est, somme toute, une vie de débrouillardise à une époque où la place de la femme était, en théorie, au foyer ou au couvent.



L’auteur comble les trous avec une certaine superficialité. C'est intéressant sur le fond mais j'avoue que la forme pêche un peu, d'autant plus que les passages de textes où l'auteur s'interroge m'ont laissé de marbre. Les graphismes ne sont pas à mon goût mais ont un petit quelque chose qui interpelle.
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Chère Patagonie

C'est une lecture éprouvante que ce Chère Patagonie. Jorge Gonzales y tisse une ambiance sombre grâce à des dessins crayonnés, qui tiennent parfois davantage du croquis que de l'œuvre picturale, des dessins qui sont parfois flous sur lesquels on essaie de distinguer quelque chose, une forme connue. Gonzales dessine les hommes, les choses mais il matérialise aussi les éléments : le vent, la chaleur, le froid, la brume ... évoqués simplement par des traits ou des grandes plages de nuances de couleurs.

Le dessin est presque enfantin, au crayon à papier ou même au bic mais il dénote cependant une maîtrise qui se remarque dans les visages ou le rendu de la ville, ses bâtiments et ses enseignes.



La bande-dessinée est un ensemble d'histoires, comme un recueil de nouvelles, qui ont en commun la Patagonie, terre la plus australe du monde. Cette terre a été marquée par une histoire à l'image du pays : dure pour les hommes. Ces neuf histoires sont comme une traversée du temps historique argentin depuis le massacre des indiens Onas de Patagonie, à la fin du 19ème siècle, jusqu'aux heures les plus récentes en passant par l'écho des guerres européennes et mondiales et par le temps de la dictature policière de Pinochet.



Gonzales use de personnages récurrents : Taylor, ancien mercenaire charge de capturer les indiens pour l'exposition universelle, Karl Blumer, commerçant dans un village perdu, son fils Julian un temps intéressé par l'arrivée d'un cinéaste allemand - dont il partage les origines - et qui, déçu par lui et fasciné par la profusion de vie de Buenos Aires, part définitivement de Facundo pour devenir hôtelier et ne plus jamais voir ses parents. Le dernier chapitre représenté la genèse du livre, visant à relire l'histoire d'un pays écrite autrefois par les dominateurs européens et qui a toujours nié la présence des peuples indigènes. En réhabilitant ces peuples, en montrant que la culture argentine est le produit du mélange des identités espagnoles, italiennes, allemandes, anglaises mais aussi mapuches, onas ou encore tehuelche, Jorge Gonzales, aidé par des auteurs argentins, écrit une œuvre d'une rare puissance, offrant une place égale pour les hommes et la terre - dans la lignée de la tradition littéraire sud-américaine - dont il montre les liens étroits et pourtant si souvent âpres.
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El Gran Surubi

Jamon Paz rêve d'une vie qui ne serait pas la sienne. Une vie qui ne serait faite ni de désillusions, ni de tristesse. Par lâcheté ou par désespoir, il voudrait mourir sans le vouloir vraiment. Seuls, les moments qu'il passe avec ses amis à jouer au foot, le désintoxiquent de sa vie désespérée. Peu importe qu'il soit mauvais footballer, le plaisir de rigoler avec les copains compense les peines et les frustrations liés à ses déboires conjugaux. Jusqu'à ce fameux jour où il marque un but. Les flics débarquent en plein match et réquisitionnent toute l'équipe pour un sport bien différent : celui de la pêche au grand surubi. Ce jour de gloire éclipsé par la concrétisation du rêve prémonitoire de Ramon, marque le début d'une obscure odyssée : enrôlés de force par l'armée argentine, les jeunes gens doivent partir à la chasse du légendaire poisson-chat pour nourrir la population affamée de Buenos Aires. Lorsque Ramon est embrigadé pour la pêche au surubi, il se sent allégé mais son soulagement fait vite place à la surprise puis à la peur. Ne croyant qu'à moitié aux légendes qui circulent autour du géant marin, Ramon réalise soudain à la vue de l'oeil de la bête, qu'il s'agit bien d'un monstre dont la puissance doit être incroyable. La difficile partie de pêche qui s'engage ressemble plus à une âpre lutte entre les hommes et l'animal. A la différence du merveilleux combat de Santiago avec le merlin d'Ernest Hemingway (cf. Le vieil homme et la mer, l'un des premiers livres qui m'aient donné le goût de la lecture), celui des argentins contre le grand surubi n'a rien d'une pêche même sportive. Il verse dans l'horreur lorsque les cheftains décident de changer d'appâts... Mettant sa poésie au service de ce beau et sombre récit, Pedro Mairal prête à son héros désabusé les mots suivants : "Mon récit est simple et ne prétend pas, Devenir une fable ou tout comprendre, Je veux juste raconter ce que je vis. Le fleuve, dieu, la mort, le Surubi." Magnifié par les inquiétantes illustrations de Jorge Gonzales, El Gran Surubi convie le lecteur à une incroyable et sinistre partie de pêche... Un hallucinant voyage poétique et graphique qui confirme que les monstres à abattre ne sont pas toujours ceux que l'on croit...



Pour raconter l'histoire d'El gran surubi, Pedro Mairal a choisi de découper son récit en six chapitres composés chacun de dix sonnets (soit soixante sonnets au total). Cette technique narrative à laquelle je n'ai jamais eu l'occasion de me frotter à part pour L'Illiade et l'Odyssée d'Homère, est parfaitement maîtrisée par l'auteur argentin : en seulement quelques courts sonnets, il parvient avec brio à développer une intrigue romancée bien ficelée qui pique très vite la curiosité du lecteur. Le travail d'illustration de Jorge Gonzales vient couronner le tout en apportant une dimension troublante par des dessins dont j'apprécie particulièrement le traitement sur le contraste des lumières et le travail sur les couleurs. En outre, si le récit d'El gran surubi peut parfaitement s'apprécier d'un point de vue purement textuel, la plus-value apportée par les illustrations de Jorge Gonzales et le superbe travail de mise en parge réalisé par les éditions Les Rêveurs, subliment cette fiction. Mais l'agréable surprise relative à la découverte de ce bel ouvrage illustré ne s'arrête pas là car pour les lecteurs hispanophones, notons que l'édition proposée est bilingue. Cette intention qui met intelligement en valeur le difficile travail du traducteur (en l'occurrence Thomas Dassance pour la présente traduction), méritait également d'être soulignée. Pour ces raisons, El gran surubi est assurément un livre peu conventionnel qui trouvera j'en suis sûr, une belle place sur vos étagères.



Enfin, je voudrais grandement remercier Babelio et les éditions Les Rêveurs qui m'ont témoigné leur confiance en m'offrant ce livre et en me confiant la rédaction de sa chronique (Opération Masse Critique).
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Retour au Kosovo

Un documentaire historique, sous forme de BD et de témoignage, avec des illustrations qui utilisent les couleurs et le flou plus que la précision du trait, sur la guerre au Kosovo, dans ce pays où se côtoyaient communautés albanaises et serbes jusqu'à l'exacerbation des nationalismes.

L'auteur, un journaliste kosovar immigré en Espagne, vit la guerre au loin, puis revient dans le pays sous protectorat de l'ONU : il y constate les destructions, apprend qui est vivant ou mort dans sa famille, ne peut échapper aux récits des atrocités commises, y voit les civils d'origine serbe contraints à l'exil à leur tour, puisque appartenant à la communauté des agresseurs vaincus. Au fil des mois, il y a aussi la reconstruction, la fête qui revient, la présence internationale...

Quelques pages à la fin donnent des informations (sociologie, histoire) sur cette partie d'ex-Yougoslavie qui reste cependant difficile à appréhender, parce qu'une telle violence entre "ethnies" ayant grandi ensemble semble irrationnelle, bien que très réelle... là-bas comme ailleurs.
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El Gran Surubi

Merci à Babelio et aux éditions « Les Rêveurs » pour ce magnifique livre illustré, tant par sa qualité graphique que par sa qualité littéraire. Tout particulièrement merci à Nicolas pour la petite carte insérée au sein de « El Gran Surubi ».



J’ai reçu cet ouvrage dans le cadre de l’opération Masse Critique au mois de décembre, je l’ai lu directement… Mais une chronique sur un tel livre, si riche, m’a pris pas mal de temps. Un temps de réflexion pour en parler au mieux, pour décortiquer « El Gran Surubi », une histoire très étrange sur fond d’Amérique Latine.



Un homme, au sortir d’une relation amoureuse, se sent démuni face à cette vie qu’il ne considère plus comme la sienne puisque la femme qu’il aimait l’a quitté sans possibilité de retour en arrière. Les seuls moments de paix sont les parties de football avec ses amis. Il respire enfin le temps d’un match. Tout à coup, son unique moment de liberté et de fraîcheur prend fin lorsque des militaires viennent interrompre cette partie de plaisir afin d’enrôler tous les hommes présents dans une bataille : chasser le grand Surubi. Puis le récit s’obscurcit et laisse place à un univers de terreur. Cette pêche se transforme peu à peu en un embrigadement militaire. Les illustrations s’assombrissent et donnent à l’histoire un côté encore plus horrible. Le lecteur se sent mal à l’aise, plongé dans un monde oppressant, à la limite du fantastique, face à la cruauté de l’Humanité. Les hommes deviennent des appâts vivants pour attraper ce mythique poisson des eaux latino américaines, qui peut mesurer jusqu’à un mètre soixante-dix et peser jusqu’à cinquante kilos.



Je suis réellement restée muette à la fin. Que penser d’un tel livre ? D’un livre qui fait appel à tellement d’émotions, rempli de symboles… J’ai toujours apprécié la littérature latino américaine, elle est, pour moi, toujours poétique et a cette petite pointe de réalisme magique que l’on peut retrouver chez certains auteurs comme Gabriel Garcia Marquez ou encore Carlos Fuentes. C’est une des plus belles littératures au monde. Ici, Pedro Mairal, romancier et poète argentin, descend tout droit de cette tradition littéraire en insérant un élément extraordinaire, surnaturel, dans un monde complètement réaliste : un gigantesque poisson supposé mangeur d’hommes est chassé dans une Argentine en pleine famine, les hommes deviennent des leurres, le lecteur est à la limite de plonger dans un autre univers. Un univers cruel et sombre, magnifiquement rendu par les illustrations de Jorge Gonzalez, avec une palette de couleurs toujours en adéquation avec le texte, toujours aussi poétique que le texte.



Le lecteur est plongé dans un monde de cauchemars mais toujours poétique. Le texte est composé de soixante sonnets, découpé en chapitres, qui m’ont transportée d’une émotion à une autre. La beauté des mots m’a beaucoup touchée, j’ai vraiment été sensible à cette alliance de mots, de rimes, de sonorités. « El Gran Surubi » est une version bilingue, par conséquent, j’ai pu apprécier la version originale en espagnol, aux sons différents. A noter que la traduction a su rendre parfaitement toute la poésie du texte de Mairal.



Cet ouvrage est plein de références historiques et littéraires. L’histoire de l’Argentine, de la crise, de la dictature est omniprésente. Une histoire torturée. La tension politique est palpable, le pouvoir oppressant et opprimant. Comment ne pas penser également à Ernest Hemingway avec « Le vieil homme et la mer » et son combat courageux, à Melville et son « Moby Dick ».



« El Gran Surubi » est un très beau livre avec un texte d’une grande qualité littéraire et aux illustrations soignées. Un livre ciselé avec finesse. L’avantage des opérations Masse Critique est d’avoir accès à des livres à côté desquels nous serions peut-être passés. Pour cela, merci encore, car j’ai passé un grand moment de lecture plaisir.
Lien : http://bibobook.over-blog.co..
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Chère Patagonie

Très belle BD, noire et profonde, signée Jorge González. Un territoire : la Patagonie, de 1888 à 2002, traversée d’un siècle en terre de feu. Toute en sobriété sensible, la bande dessinée Chère Patagonie (Dupuis, 2012) met en lumière des morceaux les plus noirs de l’histoire du sud argentin, autrement passés sous silence, hommage à l’engagement, à la résistance. La suite sur mon blog Notes Vagabondes : http://notesvagabondes.wordpress.com/2013/02/16/chere-patagonie/
Lien : http://notesvagabondes.wordp..
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Retour au Kosovo

J’avais été frustrée de ne pas trouver de souvenirs ni d’émotions personnelles de l’auteur dans La dernière image, une traversée du Kosovo de l’après-guerre, cette BD remplit globalement ce manque. Gani Jakupi rapporte ce qu’il a vécu loin de ses proches alors qu’il était en Espagne pendant cette guerre civile et ce qu’il a vu en s’y rendant plusieurs fois par la suite lors de missions journalistiques. Il introduit davantage ses ressentis, son malaise, ses réflexions. Il rapporte des discussions, des rencontres et des souvenirs avec sa famille, avec des voisins. Il raconte de façon pratique cette traversée du Kosovo, la vie détruite, la vie qui se débat, la vie qui demeure, la vie qui rejaillit – de même que la violence, la peur, la haine et les horreurs.



Le dessin se fait souvent brouillé, brouillon, sombre, avec des cases pleines, sans horizon, avec très peu de perspective, qui enferment et qui étouffent.



Un témoignage assez bouleversant et instructif.
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Mécaniques du fouet

Une biographie mixant la bande dessinée, la peinture, le dessin, du texte et des réflexions personnelles. Un livre atypique et biscornu comme le fut la vie d'Eugénie Guillou (1861 – date de mort inconnue) et aussi fouillée que les traces de sa vie sont lacunaires.



De religieuse à mère maquerelle prodiguant le fouet, la vie d'Eugénie s'est déroulée à l'inverse d'une rédemption jusqu'à une fin inconnue.



En reprenant les rares vestiges de son passage principalement constitués de son dossier judiciaire, Christophe Dabitch restitue une histoire hypnotique – et un peu glaucasse quand même – très bien mise en valeur par les peintures et dessins aux techniques mixtes et déroutantes de Jorge González.
Lien : https://www.noid.ch/mecaniqu..
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Chère Patagonie

Chère Patagonie est une bande dessinée troublante, au dessin sombre, vite esquissé, où le vent habite parfois plusieurs pleines pages, ou au contraire une multitude de vignettes qui se suivent...



La narration est déconstruite et l'on perd souvent le fil dans la dizaine de chapitres présentés, dont certains se font l’écho des précédents sans que cela ne soit systématique : les sauts temporels se succèdent, on croit reconnaître parfois des personnages qui réapparaissent, on passe d'un récit à une insomnie qui verse dans une émission de télé, avec une violence caractéristique de l'histoire de la Patagonie, particulièrement sanglante et tue.



De Buenos Aires et sa villa 31 à la Terre de Feu, de Comodoro aux estancias de la province de Chubut, les immigrés, les mapuches, ou les porteños semblent sans distinction voués à un spleen destructif ; les non-dits s'accumulent : massacres des onas et des mapuches, tortures physiques et psychologiques sous les dictatures, dures répressions des grévistes ou accaparement des terres par Benetton, c'est l'histoire "secrète" de la Patagonie qui semble revivre dans ce sombre témoignage empreint de violence et déroutant.
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Le vagabond

Je suis franchement passé à côté de cette histoire de vengeance d'un vagabond qui a tout perdu à savoir sa femme et sa situation professionnelle. Ce dernier ne souhaite pas qu'on lui vole sa vengeance contre l'homme responsable de cette débâcle. Cela le ronge depuis 30 ans qu'il erre dans les rues. Voilà pour le concept !



Pour le reste, on assiste à un spectacle de couleurs des plus affligeants qui est sensé mettre en exergue les corps ou procurer une certaine chaleur d'un scénario pourtant très froid. Le graphisme m'a fortement déplu ce qui ne m'a pas vraiment permis de saisir toute la finesse de ce récit qui m'est alors apparu totalement obscur. L'envie n'était pas présente car rien n'était offert aux lecteurs pour le permettre.



Je n'ai pas ressenti la moindre émotion pour les personnages et notamment pour ce miséreux vagabond alors que très souvent, il ne me faut pas grand chose. C'est dire !
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Maudit Allende !

Maudit Allende raconte le schisme qui frappe encore le Chili, plus de 40 ans après la mort d'Allende, 25 ans après la fin de la dictature de Pinochet, 10 ans après sa mort (même si les auteurs ne situent pas leur action dans le présent).



C'est très bien mis en scène par l'évocation du retour de l'ancien dictateur après sa détention en Angleterre. Il revient sous les aclamations de ses partisans, et il est vite entouré par sa garde de bérets noirs.



Les auteurs nous font suivre Léo, un jeune homme dont les parents se sont exilés suite à la victoire d'Allende. Les auteurs racontent l'ascension du leader socialiste, en parallèle de celle d'Augosto Pinochet. Ils évoquent les troubles et les problèmes connus à la suite des réformes, la position de Nixon (dont on n'a pas fini de payer les conneries, finalement), et la décision finale de l'armée. On passe très vite sur les années Pinochet, pour atterrir aux années Guzman, ce juge espagnol qui va poursuivre Pinochet, soutenu par son amie de toujours, Margaret Thatcher, pour service rendu aux Malouines. Les dictateurs se reconnaissent entre eux, ils se cooptent, se sauvent la mise... C'est ce qui sauvera la peau de Pinochet: le soutien de l'Angleterre et une forme de fatalisme des Chiliens... qui -à part une tentiative d'assassinat en 1991, ne tenteront rien contre leur bourreau. C'est montré en demi-teinte par les auteurs quand Léo, qui a pris dans la gueule les confessions d'un chauffeur de taxi à Santiago qui a balancé des coprs dans la rivière sous la junte militaire, envoie un colis à ses parents pro-Pinochet et cherche l'apaisement, la conciliation, le silence...



Les auteurs s'attaquent à une page très sombre de l'Histoire mondiale vu les implications des USA et de l'Europe.



Mais le récit qui démarre très fort, jusqu'à l'élection d'Allende, sedélite ensuite et accouche d'un résultat trouble, flou, tremblotant, qui ne m'a pas franchement convaincu... quelles sont les vérités, quels sont les faits dans le récit? On n'en sait trop rien. On évolue dans des approximations. Beaucoup de superficialité dans le propos, on effleure un peu tout sans réellement creuser. Pourtant il y a matière à creuser: disparitions, suicide vs. meurtre, soutien anglais, récession et problèmes sociaux, etc.



Allende est maudit par les Chiliens. Maudit pour avoir failli. Pour s'être donné la mort. Pour avoir enfanté un monstre dont les Chiliens ont su s'accommoder. Parce qu'il est socialite. Parce qu'il a voulu mettre fin aux privilèges bourgeois. Pour être l'ami de Castro.... A gauche comme à droite, les Chiliens semblent lui en vouloir. Les seuls qui ne lui en veulent pas, comme Léo, sont ceux qui ont tourné la page et pour qui Allende ne représente plus rien. Allende est vraiment maudit...
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Maudit Allende !

On se doit de saluer la politique éditoriale de Futuropolis, qui met en avant la bande dessinée documentaire. Que la BD devienne un support de connaissances sur le monde actuel et son Histoire, est un joli pied de nez à tous ceux qui pensent que "la BD, franchement, c'est pour les gamins qui savent pas lire!".

"Maudit Allende" retrace le parcours d'un jeune expatrié chilien, pour mieux comprendre l'Histoire récente et bouleversée de son pays. En quête d'identité, il confronte les opinions de sa famille, pro-Pinochet, aux faits marquants qui ont vu le socialiste Allende prendre le pouvoir démocratiquement, puis être renversé par un coup d'Etat militaire en 1973. Un très bel album, aux dessins tourmentés mais inspirants, qui témoigne de la difficulté pour un pays de se reconstruire sans avoir fait le deuil de cet épisode trouble.



Plus de critiques sur le blog : https://mediathequeroudour.wordpress.com/
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Chère Patagonie

Sacrée bande dessinée...

Le trait et les dessins surprennent d'abord tout lecteur peu habitué comme bibi.

Cet ouvrage, je l'ai lu une première fois sans tout comprendre : je ne savais vraiment plus trop qui était qui et à quelle époque... Galère.

Une 2e lecture a permis de clarifier le propos.

Et la 3e lecture fut celle du grand plaisir...

... Celle où je pouvais admirer à loisir les grands planches figurant magnifiquement la pampa, les grandes étendues désertiques à perte de vue, où l'on entrevoit une silhouette d'arbre ou un bout de toit. Des dessins qui donnent l'impression d'entendre la pluie tomber, les vieilles planches des cahutes craquer ou le silence s'installer.

Les peintures de Buenos Aires sont tout aussi réussies.



Nous sommes à Facundo, dans le Chubut, dans les années 1880, et nous assistons aux massacres des tribus indiennes par les colons, en l'occurrence de grands propriétaires terriens anglais qui dès cette époque faisaient main mise sur le secteur de l'élevage et de l'exportation de viande.



Nous suivons donc les familles de ce village de Fagundo sur une centaine d'années : ouvriers ruraux, épicier, exilés (le réalisateur de cinéma allemand...), familles métisses ou issues de l'immigration européenne. Les grandes périodes de l'histoire de l'Argentine sont subrepticement évoquées. Il n'est pas facile de suivre le fil de l'histoire ou la vie de tel ou tel personnage, que l'on quitte à la fin d'un chapitre et que l'on pense reconnaître dans un autre se passant trente ans plus tard.



Une deuxième partie rompt totalement avec le style et la construction du début. Elle met en scène l'écrivain argentin Alejandro Aguado qui décide de partir sur les traces de ses ancêtres précisément dans la région de Facundo. Un pèlerinage émouvant qui est l'occasion de présenter la réhabilitation des cultures amérindiennes.



Sur mon blog : critique complète et photos
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
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