Quelle belle histoire que cette BD sans mot!
Béatrice est vendeuse dans le prêt-à-porter de luxe. Chaque jour, elle prend le métro pour se rendre au travail et chaque jour, elle passe devant un sac rouge qui lui fait de l'oeil et semble l'attendre. Au bout de quelques jours, n'y tenant plus, elle l'emmène chez elle et se fascine pour ce qu'elle y découvre: un album de photos qui l'emmènera bien plus loin qu'elle ne l'imagine.
Tout est construit autour de la couleur rouge; la couleur et la lumière y sont divinement traitées et j'ai un vrai coup de coeur pour les dessins. Le récit est tellement touchant, on y ressort plein d'émotions. Une belle histoire avec une liberté d'interprétation due à l'absence de texte.
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Au cœur d’une ville moderne qu’on imagine sans peine être Paris, ou une autre ; dans une époque déjà révolue, sans doute années soixante-dix, une jeune femme, Béatrice, est portée chaque matin et chaque soir par le grand mouvement métro-boulot-dodo… Dans le train elle lit « Bonjour Tristesse » ou « Arc de Triomphe ». Arrivée à la gare, entraînée par le flot des voyageurs vers la sortie, elle traverse les rues encombrées de Mercedes, 4L et autres DS, et rejoint son travail et ses copines/collègues, comme vendeuse au rayon ganterie des « Galeries La Brouette », avatar des grands magasins parisiens à l’architecture fin XIXe. La journée passe entre les clientes de toutes humeurs, et vite, le retour à la gare au milieu des voitures et d’autres “travailleurs” pressés, le train, le livre, le petit appartement… Le lendemain suit la veille, encore et toujours. Un matin elle remarque sur le quai de la gare un sac rouge abandonné, visible tellement sa couleur détonne au milieu du gris des gens, des trains, du temps. Le soir il traîne encore, et aussi le matin suivant. Alors un soir elle n’y résiste pas, elle ramasse le sac en regardant autour d’elle comme si elle craignait d’être prise en faute, mais qui la remarquerait dans ce grand va-et-vient de voyageurs abrutis par le bruit, la fatigue et l’ennui. Rentrée chez elle, une fois le sac rouge ouvert elle trouve un album-photo et sa vie se transforme…
La suite vous la lirez dans « Béatrice » ce superbe album de Joris Mertens, jeune auteur belge dont c’est la première production. Oui jeune, 52 ans ce n’est plus un étudiant mais c’est un nouvel arrivé dans le monde de la BD. Quand je dis « lirez » c’est une image ! Car nul texte, nul dialogue, nulle onomatopée ne vient souligner ou commenter le dessin dans le moindre phylactère. D’ailleurs qui peut dire ce qu’est une BD ? Un texte illustré ou une histoire en dessins commentés ? En tout cas cette BD (car pour moi c’en est une) est une sacrée surprise et une bonne !
Le scénario : à partir d’un simple album-photo, Béatrice va se raconter une histoire qui va la transporter des années ’70 aux années ’20 dans une ville aux constructions à l’architecture recherchée et élégante. Une patinoire, un cinéma, un grand restaurant, soit disparus soit transformés et une part du rêve s’envole mais Béatrice reste animée par cette nostalgie d’une époque qu’elle aurait aimé vivre, alors elle s’imagine…
Le dessin : dans les plans larges, tantôt enlevé dans la foule ou la rue, les gens et les voitures sont rapidement croqués comme nerveusement avec un stylo bille pour remplir les noirs, mais quand le plan se resserre sur une personne, un visage ou une photo, le trait s’affine pour devenir très doux et soigné. Tout en couleurs chaudes, même le gris est coloré, on ressent la température dans cette gare surpeuplée ou dans cette rue encombrée, et dans le mouvement de chaque image. Plus loin dans l’histoire quand Béatrice va vivre en noir et blanc son voyage onirique, même là les couleurs sont présentes, presque en sépia. La dominante qui accroche le lecteur est bien sûr le rouge, celui du manteau de Béatrice, du sac, des blouses, de la moquette du grand escalier, et c’est presque un fil d’Ariane, car non content de nous livrer une histoire sans parole, Joris Mertens nous fait prisonnier dans son album. Les dessins sont plus parlants que n’importe quel texte, comme dans les bons films muets où les gestes et les regards suffisaient à captiver le spectateur, c’est cela : le lecteur est lui aussi captif du livre.
Toute l’expérience de “story-boarder” de Joris Mertens ressort dans sa mise en page et les clins d’œils à la publicité au travers des néons, des affiches et des publicités peintes sur les murs aveugles des immeubles. Les Galeries La Brouette, les gaines Scandal, Mir Vaisselle (déjà ?), l’apéritif Le Chat, GlouGlou, les Cigarettes Laurette, Bastos et tant d’autres donnent une réalité fantastique à cette histoire qui débute comme un détail du quotidien et se sublime comme un film hollywoodien…
Pour un dessinateur publicitaire, un régal de lecture.
Surprenant, magnifique, audacieux, et surtout réussi, quel bel album !
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L’enfer est dans le sac.
La vie peut se convertir en numéros fétiches à la loterie nationale et rapporter le gros lot. François, modeste chauffeur livreur de la blanchisserie Bianca y croit. En attendant, il sillonne Brussels malgré l’omniprésence de la pluie, des embouteillages et la présence imposée d’un nouveau collègue qui ne doute de rien malgré son incompétence et ses manquements. Alors qu’il s’éloigne en périphérie pour effectuer une livraison, il fait main basse sur un sac bourré de billets de banque. C’est le jackpot avant le gros lot, Byzance avant Noël, une chance pour changer la maldonne en main gagnante. François sent confusément que bien mal acquis ne profite jamais. Le mal est aux aguets et sa vie est en jeu. Il va devoir jouer la partie finement et même s’il n’est pas né de la dernière pluie, les incessantes intempéries sur la capitale belge vont s’inviter dans la gigue qui se profile.
Joris Mertens a scénarisé une histoire qui tient la route et le pavé glissant. L’intrigue ne se met en place qu’à la moitié de l’album et cela ne nuit en rien au plaisir et à l’intérêt de la lecture tant la bande dessinée est immersive. L’éditeur Rue de Sèvres propose un grand format dans lequel on peut plonger à loisir. Les planches, pleine page ou double page, abondent. Les couleurs sont splendides avec des décors et des ambiances travaillées dans des grisailles rutilantes. L’histoire pourrait n’être que banale. Elle en devient unique, servie par une narration impeccable et un graphisme remarquable.
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De planche en planche, on repère facilement Béatrice dans la foule parisienne qui se presse du métro au travail et du travail au métro. Son beau manteau rouge attire l’œil lorsqu’elle arpente les grands boulevards. Anonyme dans le flot permanent des travailleurs pressés, Béatrice aperçoit un matin un sac rouge abandonné sur un quai. Après une harassante journée de travail aux Galeries La Brouette, elle reprend son train et aperçoit le même sac rouge au même endroit. Ce n’est que le lendemain soir qu’elle osera céder à la tentation de l’emporter.
L’album est composé de cinq parties. La première nous présente l’univers de Béatrice, le train-train quotidien, son travail au rayon des gants, la succession de clientes, le cercle infernal métro-boulot-dodo. On sent à travers les images la cohue, la pression du métier, la vie morne de la jeune femme., le Paris des années 70 ses enseignes lumineuses criardes qui défigurent la ville… Puis vient le jour où elle emporte le sac et découvre à l’intérieur un vieil album de photos en noir et blanc.
Cet album de Joris Mertens est non seulement magnifique au niveau des dessins, du rendu de l’atmosphère de la capitale, du travail dans un grand magasin… mais il a aussi l’originalité d’être sans texte. De page en page, on découvre une histoire sans paroles, tout en nuances qui nous plonge dans le quotidien d’une jeune vendeuse. Morne, banal. Jusqu’au jour où elle découvre ce petit album photos au fon d’un sac.
J’ai A-D-O-R-E ce roman graphique. C’est une vraie réussite à tout point de vue. Différentes atmosphères se succèdent, les plans de Paris sont un émerveillement, l’histoire en elle-même est tendre et touchante, empreinte de nostalgie. Malgré l’absence de paroles, ces 110 pages sont d’une richesse narrative extraordinaire.
Je compte l’étudier en classe car, tant du point de vue narratif et de l’implicite que de l’étude des cadrages, découpages, mises en perspective… il y a mille choses à dire, à faire découvrir.
Je ne peux que vous exhorter à « lire » ce bel album poétique et nostalgique qui rend un bel hommage à l’art.
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Dans cette BD, nous suivons Béatrice dans le Paris des années 70. Dans sa routine quotidienne, elle repère, abandonné dans la gare, un sac rouge. Intriguée, après quelques jours où ce sac n'a pas bougé, elle l'emporte et découvre un album photo...
Je referme cette BD rêveuse et nostalgique.
Nous avons ici une très belle histoire, tendre et onirique, mais néanmoins très puissante.
La BD est muette mais le dessin parle de lui-même car il est emprunt d'une grande force et d'une expressivité parfaitement maitrisée qui rend le personnage principal très attachant.
L'utilisation des couleurs, du rouge notamment, est très bien faite et j'admire également le rendu des lumières de la ville.
Une très bonne lecture.
I
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Béatrice travaille aux Galeries Labrouette où elle a en charge le rayon ganterie. Elle vit avec deux chats.Tous les jours elle se glisse dans le troupeau serré des travailleurs sur les trottoirs et dans les transports en commun. Elle marche au pas cadencé de la foule.
Avec ses collègues , chaque matin elles quittent les vestiaires du sous sol dans un monte charge fermé d'une grille. On pense aux mineurs qui descendent dans les galeries à l'inverse de ces vendeuses qui surgissent en surface vers le labeur.
Quotidiennement, les mêmes routines..
Et ce sac rouge!... qu'elle repère au sol jusqu'au jour où elle le prend et plonge dans son contenu ... A vous de suivre l'aventure qui l'attend !
Pas un mot dans cette histoire!
Le dessin et les couleurs n'ont vraiment pas besoin de paroles.
Le résultat est étourdissant!
A cette simple vision, j'ai retrouvé intacte , ma phobie de la foule . Ces armées aux pas rapides qui sillonnent la ville. ..L'entassement ,l'empilement des personnes qui deviennent "les gens".
Au secours je ne veux pas de cette vie là !
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Bruxelles, ma belle ! Cette bande dessinée est un magnifique hommage au Bruxelles des années 60 (70 ?); la ville y est dessinée de main de maître. On se plaît à reconnaître ce qui reste encore debout et à imaginer ce que la capitale devait être avant le terrible « bruxellisation ».
Le personnage de François est le belge moyen typique de ces années, avec sa « mèche de la honte », son costume, ses Fortuna et ses habitudes au café. Ça pourrait être n’importe qui, actuellement encore, et c’est ce qui fait que ça fonctionne : on s’identifie à cet employé qui rêve de gagner au Lotto et qui râle sur la météo.
Un voyage dans le temps avec un twist imprévu en bout de course. A lire.
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C’est beau, c'est mystérieux, c'est très prenant ! Une fois la BD terminée, je n’ai pas réussi à trancher : l’histoire relève-t-elle du rêve ou de la réalité (souvenirs) ?
Le rouge, c’est la vie, c’est l’amour, c’est la mort. Mais c’est surtout la couleur de Béatrice, l’héroïne : manteau, rouge à lèvres, vernis à ongles, logo du livre de poche « Bonjour Tristesse » (comme un écho à sa vie réglée et monotone : train, boulot, dodo) qu’elle dévore dans le train… Chaque jour, cette vendeuse de gants aux Galeries La Brouette aperçoit à la gare un sac de couleur rouge que personne d’autre qu’elle ne semble remarquer. Un soir pluvieux (je ne sais pas si cela a son importance mais tel Sherlock Holmes, j’ai noté ce détail), elle cède à la tentation et s’empare de l’objet. Et là, attention, c’est mag(nif)ique : préparez-vous à en prendre plein les mirettes !
Cet album muet m’a scotchée jusqu’à la fin. J’en suis ressortie à la fois si intriguée et si nostalgique que je l’ai relu. On y suit Béatrice comme si on la prenait en filature tel un détective privé. Sans révéler l’intrigue, je dirai juste que j’ai vraiment aimé cet incroyable voyage temporel. Ainsi va la vie.
Ce qui m’a impressionnée dans cette BD sans paroles, c’est le sens du détail poussé à son paroxysme dans chaque planche : le nom truculent des magasins, les affiches dans la rue/sur le cinéma, les objets, les costumes, les gestes, les lieux, les lumières, la pluie qui tombe (comme si on la voyait !). Mention spéciale aux expressions du visage très réussies. Que ce soit au travail ou lorsqu'elle lit, on ressent les émotions qui traversent Béatrice : agacement, fatigue, amusement, lassitude ! L’alternance entre plans large/moyen/rapproché et la multiplicité des angles de vue (de face, en hauteur, à travers les yeux du personnage) rendent les scènes saisissantes de réalisme.
Quelle claque graphique ! Quand le dessin traduit à merveille les émotions, point besoin de bulles !
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Un vrai bijou! Tous les détails présents dans les cases sont importants et vous « parlent ».
Béatrice vit dans une ville qui ressemble un peu à un mélange de Bruxelles et Paris, mais je pencherais plus pour Bruxelles, car je reconnais, étant enfant de Bruxelles dans ces années 1972, des enseignes de cinémas, les Galeries de la Reine et sa merveilleuse librairie, etc…. (comme quoi l’auteur nous fait vivre dans la ville que l’on veut 🙂).Les dessins sont un vrai plaisir pour les yeux et l’histoire sans bulles est un vrai bonheur pour l’esprit et l’imagination.
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Voici exactement le genre de BD que j'adore : une histoire sans parole. Des images rien que des images pour porter le lecteur dans une histoire, ici, c'est un voyage dans le temps, ou dans un autre monde. Un truc magique.
J'ai beaucoup aimé ces dessins de vie citadine grouillante de monde : la foule partout, dans la rue, dans le train, dans les magasin. Une formidable lecture
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Tous les jours, Béatrice se rend à son travail, emportée dans le flot d'une foule terne et anonyme. Elle est vendeuse au rayon ganterie des Galeries La Brouette. Plusieurs jours de suite, son regard est attiré par un sac, du même rouge que son manteau. On dirait que quelqu'un l'a laissé à son intention au pied de cette colonne à la gare. Et enfin, elle se décide. Ce sac, elle le prend et le serre contre son cœur. Elle attend d'être à l'abri dans sa petite chambre pour l'ouvrir, et, ce qu'elle y découvre va radicalement changer sa vie. Je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher votre plaisir, car, bien sûr, vous allez lire ce livre !
Pour ma part, bien évidemment, je ne pouvais pas passer à côté d'une bande dessinée qui porte mon nom. Et le titre n'est pas le seul à m'interpeller. La couverture nous projette à l'intérieur d'un café bondé, mais le regard est attiré vers la tache colorée que forment le mur orange et Béatrice, accoudée dans un coin, près de la fenêtre (ma place favorite!)
Le volume et divisé en cinq parties qui s'ouvrent par le détail d'un paysage urbain en noir et blanc. En-dessous, le titre est inscrit sur une étiquette.
La première chose qui frappe, c'est l'absence de texte. Le lecteur devra se raconter l'histoire en choisissant sa propre interprétation. Ce qui me charme surtout : la beauté des dessins et l'originalité du découpage. Pas de vignettes traditionnelles. Chaque case est délimitée par un contour flou aux coins arrondis. Beaucoup de grands formats. Certains occupent la planche entière, voire une double page. La majorité des couleurs sont le sépia et le noir et blanc où la silhouette de l'héroïne, vêtue de rouge ressort bien sur ce fond qui, pourtant, n'est pas du tout neutre. Il y a un luxe de détails dans le décor et trois époques qu'on pourrait dater grâce aux vêtements, aux voitures ou encore au film de Pabst projeté au cinéma Métropolis qui, si je ne me trompe, est l'ancien cinéma Art déco Métropole, de la rue Neuve. Car il me semble que l'auteur a mélangé des décors belges et parisiens. Je reconnais, notamment, la tour Martini, les Galeries Saint Hubert (avec la belle librairie des Galeries, qui a fermé ses portes aujourd'hui), les trams. Le rayon maroquinerie dans lequel travaille Béatrice est certainement inspiré par la splendide Ganterie italienne, Galerie de la Reine à Bruxelles.
L'héroïne est très seule Elle vit dans une mansarde avec ses chats et ses livres. Sa vie se résumerait parfaitement par la formule bien connue « métro-boulot-dodo ». Mais la découverte qu'elle va faire va complètement la transformer et l'entraîner dans un tourbillon.
J'ai tout adoré dans ce magnifique album qui est, à mon avis, un pur chef d’œuvre et pour moi un coup de cœur absolu.
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Roman graphique aux dessins recherchés, beaucoup de détails , de la couleur, de grandes planches.
François est employé dans une blanchisserie, sa vie routinière le mène de chez lui au kiosque à journaux puis au café et à son travail de livreur. De même il joue chaque semaine au lotto les mêmes numéros depuis des années et espère faire plaisir aux gens qu'il côtoie quotidiennement s'il gagne. Mais un jour sa routine est perturbée par un événement.......
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Une fable des temps modernes sur l'ironie du sort!
La chance n'obéit qu'à sa propre loi et rien d'autre.
Et comme une invitation, on ouvre cet album sur un fond cramoisi, une sorte de tapis rouge... vers le triomphe ou le danger?
Au fil des pages, des prénoms constituant la liste exhaustive de celles et ceux qui entourent François dans cette existence citadine et pluvieuse.
François est un chauffeur livreur bientôt à la retraite. Depuis des années, il travaille pour une entreprise de nettoyage à sec nichée quelque part en plein centre-ville, la blanchisserie Bianca .
Pour donner un peu de piquant à sa vie solitaire, routinière et insipide, il fume cigarette sur cigarette et joue fidèlement au Lotto chez Maryvonne, la commerçante du kiosque à jeux et à journaux.
Et puis un jour, le sort...
Je me garde de vous révéler la suite de l'histoire de François que j'ai, pour ma part, littéralement siroté comme un verre de Glou-Glou (vous comprendrez la référence en lisant le livre).
Des esquisses grandioses et foisonnantes de tous côtés comme un enchevêtrement pour illustrer le vacarme assourdissant de la ville, la lourdeur des embouteillages et l'intensité des enseignes lumineuses.
Une atmosphère humide et écrasante, palpable à travers des couleurs chaudes et sombres striées d'une pluie torrentielle omniprésente ; bien que Nettoyage à sec soit le titre de ce livre, l'on en ressort littéralement trempé jusqu'aux os avec une symphonie douce-amère dans la tête.
Lu et approuvé sur aikadeliredelire.com
https://www.aikadeliredelire.com/2023/02/lu-approuve-nettoyage-sec-de-joris.html?m=1
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Une BD pour adultes sans texte, voilà qui n'est pas courant. Nous sommes dans une grande ville, peut-être Paris, et nous suivons la vie " métro, boulot, dodo " de Béatrice, vendeuse dans un grand magasin. Elle aime la lecture, ce qui la sort de la routine quotidienne. Jusqu'au jour où elle remarque un sac rouge au pied d'un pilier. Le soir il y est encore. Elle ne peut s'empêcher de s'en emparer. Dedans ? Un album de photos représentant pour la plupart un couple des années 30. Elle va alors essayer de retrouver les lieux où ont été prises les photos. Les rêves commencent...
Un très bel album où la couleur rouge est à l'honneur. Tout est suggéré dans les dessins. A la fois très original et émouvant.
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François est ce genre d'homme banal de la vie de tous les jours. Chauffeur livreur dans une blanchisserie, sa journée est rythmée par une routine bien huilée. Chaque semaine il joue au moto les mêmes numéros, ce qui lui permet de rêver à une autre vie...
J'avoue avoir été un peu surprise par cette non-histoire et par ce non-héros.
François n'est pas vraiment sympathique, pas vraiment antipathique non plus d'ailleurs. Il a le physique de l'emploi : grand maigre à la calvitie avancée, les yeux cernés, le visage émacié. Ca sent le petit milieu social avec une cigarette toujours pendu aux lèvres, les bières au bistrot et que le loto pour s'évader. En dehors de ça il fait son boulot avec rigueur et il courtise la vendeuse à journaux du coin avec un petit côté touchant.
Niveau de l'histoire pas grand chose. Pendant les 3/4 de l'album, on le voit accomplir don travail et vivre sa vie routinière. Ce n'est qu'à la page 90, qu'il va découvrir un sac rempli de billets et une brochette de macchabées à l'adresse où il doit livrer des costumes. La il décide de faire un truc stupide et la fin est tout aussi stupidement étonnante...
Nous sommes dans une espèce de roman noir où tour tient grace aux ambiances qui sont le point fort de cet épais album. Ville surpeuplée, sombre et humide comme plongée dans une grisaille permanente. Une tension et une densité grouillante permanente. Et pourtant ce sont souvent des couleurs chaudes, jaunes ou rouges, qui sont utilisées, comme pour mieux trancher avec le ciel aussi gris que ces immeubles pleins d'enseignes et de fils. Les dessins donnent le ton et le rythme avec de grandes cases qui plantent le décor.
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Le sac ensorcelé.
Dans la grisaille des rues bondées et affairées, un sac rouge abandonné attire l’attention de Béatrice, jeune et modeste employée d’un grand magasin. A passer et repasser devant l’objet tentateur qui semble demeurer invisible à tous les autres passants, Béatrice s’en empare enfin et découvre un album photographique qui immédiatement l’inspire et l’absorbe. Le jeune couple qui prend la pose cinquante ans auparavant, au temps des Années Folles, l’entraîne dans une déambulation urbaine à la recherche des lieux identifiés sur les clichés. Un ticket d’entrée glissé derrière la photographie d’une patinoire située 6 rue des Lilas l’invite à franchir le pas mais le bâtiment est en démolition, tout comme le cinéma Métropole évanoui. Seul le vieux café Faust brûle encore d’un feu intérieur réconfortant. Béatrice passe le seuil et les enchantements viennent à elle.
Bande dessinée sans parole comme au temps du cinéma muet, « Béatrice » est une œuvre de maturité conçue par un auteur inspiré et pourtant novice en la matière. Première bédé de Joris Mertens et coup de maître, l’histoire référencée est riche de sens et le graphisme parfaitement adapté pour sublimer les fragrances mélancoliques d’un temps révolu. Dans un récit récursif ouvrant habilement sur l’infini par un jeu d’emboîtement des récits et d’effacement de la couleur, la chute n’en conserve pas moins toute sa charge émotionnelle. Partant d’un vieil album photo oublié, Joris Mertens compose une petite musique de chambre entêtante où le lecteur est reçu comme un proche, avec bien des égards.
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