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Critiques de Joseph Sheridan Le Fanu (224)
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Carmilla

"Carmilla est l'un des premiers ouvrages qui, dans le cadre de l’Angleterre puritaine et victorienne du XIXe, ose traiter de l’homosexualité féminine, avec la trouble relation entre Carmilla, la brune voluptueuse, et Laura, la blonde effarouchée. Une grande sensualité se dégage de ce récit où tout n’est que suggestion. L’érotisme se mêle à la monstruosité (l’édition américaine de 1975 présentait Carmilla comme un roman « pervers »)."



Ceci est un extrait du préambule, très instructif sans être ennuyeux.



*******



Après avoir fini la lecture de Dracula, il est venu à ma connaissance que 26 ans plus tôt, un autre Irlandais avait écrit une histoire de vampire. Une femme, cette fois, et je le notai illico.



Laura vit avec son père dans un immense château médiéval comme on les aime, élevée par une fidèle nourrice, sa mère étant décédée peu après sa naissance.



Une poignée de domestiques y résident à demeure, mais vu l'immensité du domaine, l'enfant se sent parfois seule.



Les plus proches voisins sont tous à des dizaines de kilomètres à la ronde, derrière les immenses forêts qui entourent le domaine.



À 6 ans, Laura reçoit ce qu'elle qualifie d'étrange visite d'une fille magnifique qui la prend dans ses bras et lui fait une étrange morsure au cou.



Entre-temps, son père avait invité un ami et sa pupille à séjourner chez eux, à la grande joie de l'enfant, mais la nièce en question meurt subitement...



J'ai beaucoup aimé ce court roman.

Le style désuet m'a embarquée. L'auteur manie très habilement la plume.



Ambiance gothique, de l'amour comme s'il en pleuvait, des palpitations...



Tout ça pour la modique somme de 0 euro, l'oeuvre étant tombée dans le domaine public.



Je me suis régalée. À votre tour.
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Carmilla

Hasard ou choix inconscient, je me retrouve à lire une histoire de vampires durant le « dia de bruxa » (se prononce « brrouch' »), jour des sorciers / sorcières ici au Cap-Vert (comme toutes les voyelles finales sont escamotées, et que tout le monde s'en fout, le genre reste plutôt indéterminé…), fête possiblement traditionnelle — coïncidant vaguement avec l'Haloween à présent commercial — où tout un chacun en profite pour s'exercer au vol sur balais, et plus sûrement à bambocher jusqu'au matin, jour de tous les saints…



Présenté comme le premier véritable roman de vampire, brandissant son antériorité d'une génération avec son plus illustre représentant, ( non… ni Annie Lennox… ni Robert Smith… mais Vlad Dracula ! ) ayant connu de nombreuses éditions et traductions successives (toujours le même souci… laquelle choisir ?) — ici c'est la version Actes Sud dont je vous parle, éditeur connu entre autres pour sa passion, parfois douteuse, des nouvelles traductions — ce petit livre de tradition gothique brille surtout par la grande variété d'interprétation qu'il propose, ainsi que par la trouble sensualité qui s'en dégage.



L'analyse qu'en donne son traducteur Gaïd Girard, bien qu'excellente, parait à présent un peu datée (1996), tant une lecture post-moderne de ce livre est à présent impossible à éviter, ouvrant ainsi la voie à une énième ré-édition, ce que la très graphique et conceptuelle maison Tendance Négative a semble-t-il réalisé (deux-trois différences dans les traductions semblent l'indiquer… sinon, l'objet est superbe, percé de part de deux petits trous…). On pourrait y parler de la culture du viol propre aux vampires, bien que Girard parle déjà d'indécision sexuelle…

Enfin bref, une histoire de vampire à consonance saphique, cela ne peut qu'interpeler…



En passant, on remarquera encore une quatrième de couverture qui divulgache tranquillement toute l'intrigue, en deux phrases seulement. Rassurez-vous, ce n'est pas celle-ci qui est reprise sur la fiche Babelio…



Sinon le livre en lui-même présente une séduisante histoire à tirer par les cheveux, efficace dans son écriture et dans ses non-dits (à se demander si la censure n'était pas aussi une lumineuse contrainte littéraire…), certes assez courte et sans grandes surprises, mais justifiant amplement son statut de classique.



On s'habituera à considérer trois étoiles comme une jolie note, pour ces livre incontournables dont le souvenir se résume parfois à un hochement de tête, une croix dans la marge, sans que les poils ne s'hérissent pour autant…

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Carmilla

Château isolé, forêt sombre et mystérieuse, paysages brumeux, héroïne pure et naïve… Tous les ingrédients du roman gothique sont là et si le lecteur d’aujourd’hui connait la recette et ne sera donc pas surpris, « Carmilla » reste un petit bijou du genre et procure un immense plaisir de lecture.



Je peux sans peine imaginer que le lecteur de 1872 pouvait trouver ce récit angoissant et être surpris par son intrigue. Bram Stoker n’avait pas encore publié son « Dracula » qui allait apporter une consécration définitive à la figure du vampire. Lorsqu’on découvre « Carmilla » aujourd’hui, il n’en est pas de même. La figure du vampire a été surexploitée, que ce soit dans la littérature, au cinéma ou à la télévision, parfois pour le meilleur, le plus souvent pour le pire. On est maintenant très habitués à tous les motifs récurrents à ces histoires. Le roman de Le Fanu ne provoque donc pas aujourd’hui le même effroi et dès le début du récit on devine les tenants et les aboutissants.

Malgré tout, le plaisir de lecture est bel et bien là. L’intrigue, si elle ne surprend pas, est parfaitement menée. J’ai aimé la belle simplicité de l’intrigue, son côté direct qui lui donne un peu l’aspect d’un conte pour adultes.

L’auteur sait instaurer une ambiance gothique très séduisante. Les amateurs de ce registre seront comblés. De plus, le récit distille une sensualité très troublante. Cette évocation à demi-mots d’un désir lesbien est assez piquante. La relation fusionnelle des deux jeunes filles, à la fois passionnée et macabre, a un côté fascinant.



J’ai énormément apprécié cette lecture que j’ai trouvée poétique, magnétique, en un mot ensorcelante. J’ai été séduite par la plume et le talent de conteur de Le Fanu et j’ai bien envie de lire d’autres œuvres de cet auteur.



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Carmilla

La réussite de ce petit roman est la narration, qui est tenue par une adolescente Laura. Sheridan le Fanu fait évoluer le récit dans une atmosphère de surprise et de toute naïveté possible correspondant bien sûr à l'adolescence, ça en fait un beau récit qui se lit d'un seul trait, avec effervescence bien sûr. Carmilla envoûte, séduit et fascine, de la manière la plus normale, elle sait se faire inviter par ses proies ciblées à l'avance, sa rencontre avec la pupille du général Spielsdorf à l'occasion d'un bal masqué et de Laura, notre chère narratrice après un accident survenu non loin de leur château, quoi de plus normal que venir en aide aux personnes victimes d'un accident qui se déroule sous vos yeux. Laura et son père recueillent Carmilla qui est dans un état bien critique pour pouvoir continuer la route...he oui, quoi de plus normal que d'exprimer sa compassion envers une personnes en état de faiblesse, faiblesse de mon œil, oui!...c'est de la ruse, une malignité empoisonneuse, une bonne stratégie pour des âmes venimeuses de s'intégrer et enfin mettre en œuvre leur projet de nuisance, de destruction. Depuis l'arrivée de Carmilla dans le château, une épidémie se déclare dans les environs, la mort survient à tout moment, la terreur s'installe...juaqu'à ce que Carmilla en vienne à pincer Laura avec ses crocs malgré toute l'attraction qu'elle exerce auprès de la jeune fille...le sang adore le sang sans distinction...

Une véritable dégustation!
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Le Fantôme de Madame Crowl

Joseph Sheridan Le Fanu, (1814-1873) est un auteur irlandais, mais descendant d' huguenots français, d'où son patronyme, après le décès de sa jeune épouse, il s'isole et se consacre à l'écriture, son oeuvre la plus connue est le roman vampirique "Carmilla", mais Le Fanu écrira aussi de nombreux contes, dont sept sont ici réunis.



L'écriture de Le Fanu a tout le charme des textes des auteurs du dix-neuvième siècle. Bien entendu, il faut goûter ce style pour pleinement apprécier ces contes.



Une fois encore, les défuntes éditions Oswald avaient bien fait les choses en proposant ces textes rares, et une présentation érudite de Jean-Pierre Deloux, sans oublier l'illustration de couverture du formidable Nicollet.





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Carmilla

Ça y'est je suis enfin passée au numérique. Moi qui me disais toujours contre, j'ai succombé à la tentation et me suis offerte une liseuse Sony.

Carmilla est un des premiers romans que j'ai téléchargé et le premier que j'ai lu sur ma tablette.



Et j'ai été conquise déjà rien qu'avec l'ambiance. Ce château isolé du monde à quelque chose de vraiment envoûtant.

Et puis très vite des phénomènes surnaturels surviennent.



La narratrice, Laura est une jeune fille à laquelle on s'attache très vite. Elle se confie à nous sous la forme d'un journal et parle à la première personne, ce qui fait qu'on se sent très proche d'elle.



Carmilla quand à elle est un personnage étrange car on l'a connait peu. Elle ne se livre que très peu se qui l'a rend fascinante.



Ce livre est un classique, publié pour la première fois en 1872 et pourtant le texte n'a absolument pas pris une ride. Il se lit très facilement, l'écriture est très fluide et j'ai été charmé par les descriptions des paysages qui entourent le château. Il y avait quelque chose de très poétique dans la description des lieux et l'auteur y glissait juste assez de détails pour que l'on s'imagine parfaitement le décor.



La relation entre Laura et Carmilla est vraiment très sensuelle. Jamais l'auteur ne dit clairement les choses mais laisse supposer beaucoup. Laura est clairement fascinée par sa nouvelle amie, elle nous l'a décrit comme étant d'une grande beauté et passe beaucoup de temps avec elle. Est-ce uniquement de l'amitié ou un amour interdit? C'est aux lecteurs de le deviner, car rien n'est dit. En tout cas cette relation est intrigante et ne fait que renforcer le suspense prenant de l'intrigue.



Une vrai belle découverte que je recommande à tous les amateurs de vampires mais pas seulement.
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Carmilla

Cette histoire de vampires du XIXe siècle, écrite 20 ans avant “Dracula” de Bram Stoker ou “Le Château des Carpathes” de Jules Vernes, est un court roman qui m’a vraiment séduit. L’écriture est simple, facile à lire mais soignée, avec des descriptions minutieuses et délicates ne s'éternisant pas. On est dans une ambiance romanesque, éthérée et sombre. J’ai lu que ce roman est une référence pour le mouvement gothique actuel, on comprend vite pourquoi. Outre la présence du romantisme morbide, servi par une narration bien rythmée, intense et parfois poétique, ce qui m’a le plus étonné, c’est cette tendance évidente à rapprocher le vampirisme de l’homosexualité féminine. Ce roman est très sensuel, d’un érotisme très marqué tout en restant très pudique, même au niveau des sentiments, c’est subtilement maitrisé, l’équilibre est parfait. L’auteur voit-il l’homosexualité féminine comme un signe du démon, ça reste une interprétation hasardeuse que je ne prononcerais que du bout des lèvres, mais vraiment, cette sensualité délicate est ce qui donne à ce roman toute sa force et son intensité, et provoque une certaine fascination, j’ai été aussi surpris par son étonnante modernité. Ce court roman (on dirait aujourd’hui Novella) est vraiment une belle découverte.
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Carmilla

Je ne savais rien de Sheridan le Fanu, pas même son nom. Et, vous allez rire, quand j'ai eu ce livre entre les mains, je pensais avoir affaire à un auteur asiatique. À ma décharge, l'amie qui m'avait recommandé cette lecture est très versée dans la culture japonaise. Et, allez savoir pourquoi, je trouvais que Le Fanu ça sonnait bien comme signature de mangas. On a de curieuses inspirations, parfois !



En fait, Joseph Sheridan le Fanu, écrivain Irlandais, né en août 1814 et mort en février 1873 à Dublin, est l'un des auteurs majeurs du récit fantastique. Rien à voir avec Dragon Ball Z, donc.



Au cours de la lecture, une notification du traducteur m'a confortée dans l'idée que certains détails, relativement importants tout de même, avaient été omis par l'auteur :

"On peut attribuer ces défaillances successives à l'état mental de le Fanu qui, à l'époque où il écrivit Carmilla - peu après la mort de sa femme - était perpétuellement hanté par d'horribles cauchemars susceptibles d'altérer ses facultés raisonnantes."



En dépit de cela, j'ai apprécié de lire ce roman fantastique, joliment écrit dans un style... comment dire ?... délicat et néanmoins dépouillé de superfluité.
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Carmilla

Autriche, début du XIXe siècle. Lors d'une promenade, Laure et son père sont témoins d'un accident au cours duquel une jeune fille, Carmilla, fait un malaise. La mère de celle-ci supplie le père de Laure de prendre soin de sa fille pendant les trois mois à venir, elle-même devant alors effectuer un mystérieux voyage "pour une question de vie ou de mort". Laure et Carmilla sympathisent rapidement, la jeune inconnue reste très secrète tandis que leur relation se fait de plus en plus tendre...



Cette amitié diaboliquement sensuelle entre deux jeunes femmes captive d'emblée le lecteur. Je me suis laissée porter par le récit, ignorant tout de ce genre de littérature, me demandant donc si le dénouement offrirait une explication rationnelle ou resterait dans le registre du fantastique... Cauchemars, fantômes, esprits et bien sûr vampires sont au rendez-vous. Un incontournable de la littérature du XIXe siècle, de la bit-lit vintage !



A découvrir dans l'ouvrage une filmographie sur les vampires, et une préface très intéressante, à lire de préférence après le récit.
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Carmilla

Un roman délicieusement sulfureux. Quoi de plus voluptueux que d'être dévorée d'amour.

Je suis tentée de penser que la narratrice, Laura, principale protagoniste, s'oublie – d'ailleurs son prénom nous est révélé par quelqu'un d'autre alors que le récit est déjà bien engagé. Adolescente elle rencontre Carmilla. A l'exception du U, toutes les lettres de Laura sont contenues dans Carmilla. le U de l'union recherchée. J'ai eu l'impression que Carmilla était la partie immergée de Laura, cette partie d'elle-même qu'elle voulait connaître mais sans l'oser. Carmilla aspirant la vie de Laura pour l'emmener dans son univers où la mort et la sexualité sont liées. Roman troublant. La première partie presque tous les personnages sont féminins, avec beaucoup de questions, de magie, de rêves. Dans la seconde, le masculin revient en force et apporte des réponses salvatrices. In fine, je ne sais pas si Laura survivra à cet amour vampirique, à ce qui la compose et peut-être même avant sa naissance, n'y avait-il pas un lien familial qui les unissait déjà, bien avant ? Tous ces petits indices me font penser qu'au fond il y a un seul et unique personnage et je trouve ce livre de Sheridan le Fanu très complexe. Après une lecture, quand je reste avec autant de questions sans réponses fermes et définitives, voire des questions qui en appellent d'autres, je suis ravie.
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Créatures de l'ombre



Je referme à l'instant cet énorme pavé qui contient un roman : "Oncle Silas" ainsi que cinq nouvelles reprises sous le titre de "Dans un miroir piqué" et enfin, le présumé dernier poème qu'écrivit Le Fanu.



Commençons par le roman : une jeune fille, Maud Ruthyn vit avec son père et leurs serviteurs dans un certain isolement car son père est un homme farouche et taiseux. Les rares visites qu'il reçoit sont celle d'un Mr Bryerly pour s'entretenir plus particulièrement d'une certaine croyance de "Swedenborg" (sorte de secte ?).

Mr Ruthyn décide d'engager une gouvernante pour sa fille, une certaine Madame "de la Rougière" qui, très antipathique, baragouinant mi-français, mi-anglais , fort sûre d'elle, essaye toujours d'entraîner la pauvre Maud au fond des bois face au mausolée où repose le corps de sa mère. Maud, passive dans un premier temps, finit par se révolter et refuser de suivre l'infâme gouvernante. Celle-ci passée maître es hypocrisie, va se plaindre et se répandre en sanglots auprès de Mr Ruthyn.

Au décès de son père, Maud se voit confiée par le testament de celui-ci à l'oncle Silas qu'elle n'a jamais vu autrement qu'en peinture et qui exerce sur elle une profonde fascination. Cet oncle toujours désargenté a bénéficié du soutien financier de son frère maintenant décédé. Il a été autrefois soupçonné de meurtre et si aucune preuve n'a pu être établie contre lui, les rumeurs ne se sont jamais éteintes. Le testament du père de Maud a pour but, semble-t-il, de le réhabiliter en lui confiant l'éducation de sa propre fille.

Chez l'oncle Silas, mystérieux à souhait, Maud fait la connaissance de sa cousine, Milly, une brave fille d'environ son âge, mal dégrossie et sans aucune instruction et de son cousin, Dudley, aussi inculte que sa soeur, ce qui est étrange car l'oncle Silas, quant à lui, est très cultivé. Si Maud et Milly sympathisent très vite, il n'en est pas de même pour Dudley qui s'acharne avec une lourdeur rare à courtiser sa cousine et, malgré les rebuffades dégoûtées de cette dernière, va même jusqu'à lui proposer le mariage, qu'elle refuse, outragée à juste titre.

Heureusement pour Maud, sa cousine , Monica Knollys, se réconcilie avec son cousin Silas afin de voir et de réconforter la jeune Maud à laquelle elle est très attachée et vice-versa.



Ce roman baigne dans le gothique à 100%, vieille demeure aristocratique laissée à l'abandon, jeune fille orpheline et RICHE coincée entre une gouvernante impossible, un oncle étrange et mystérieux et un cousin évoquant davantage un garçon de ferme (et encore !) qu'un jeune lord. L'ambiance est malsaine, glauque à souhait et on sent que de graves dangers pèsent sur la jeune Maud. J'ai beaucoup aimé ce climat délétère parce que j'aime ce style de littérature mais Dieu que c'est longgggggggggg : je n'ai rien contre les pavés, au contraire, je les recherche, encore faut-il que leur longueur soit justifiée par des événements, des évolutions ou révolutions, enfin par des arguments qui font progresser l'histoire et non pas par du remplissage pour obtenir un certain quota de pages !

Encore heureux que c'est très bien écrit et que l'atmosphère nous ensorcelle par ses mystères mais la partie vraiment haletante ne commence que vers les pages 330 - 340 et le roman fait 521 pages ! Bien sûr, il fallait bien du temps pour amener l'angoisse chez le lecteur et le plonger dans des abîmes de "terreur" mais il y a, selon moi, au moins 200 pages qui ne servent à rien, et cela je déteste, j'ai l'impression que l'auteur se paie ma tête ! J'ai donc de beaucoup préféré les nouvelles qui, au moins, maîtrisent leur sujet avec un début, un milieu raisonnable et une fin dans un délai sensé.



LES NOUVELLES : "Dans un miroir piqué" :



1) Thé vert : je n'ai pas trop apprécié, d'ailleurs je ne me souviens pas vraiment de l'histoire ;



2) Le guetteur : le capitaine Sir James Barton, après avoir servi dans la marine, revient à Dublin et se rend très vite compte qu'il est suivi par "quelqu'un" ou "quelque chose". Des pas se font entendre régulièrement derrière lui et à chaque fois qu'il se retourne, il ne voit rien ni personne.

Il reçoit du courrier d'un certain "guetteur" qui le met en garde contre un grand danger qui le menace. Une ambiance surnaturelle fait trembler le commandant et ... le lecteur ! Très bonne histoire !



3) M.le juge Harbottle : ce juge est un homme mauvais qui s'amuse à influencer les jurés et à leur faire condamner injustement soit des innocents, soit des personnes ayant commis des délits mineurs. Ces pauvres gens sont alors pendus pour la grande joie du juge ... jusqu'à ce qu'il reçoive un courrier d'une certaine "cour d'Appel" dénonçant ses actes illicites le prévenant qu'il va être lui-même jugé pour ses injustices ... Très bonne histoire également !



4) La chambre de l'auberge du dragon volant : Monsieur Beckett, jeune homme de 23 ans, tombe fou amoureux d'une superbe jeune femme, hélas déjà mariée à un vieil homme effroyablement jaloux. Elle se prétend amoureuse de lui et se dit prête à prendre la fuite avec lui. Le pauvre malheureux naïf va se faire engluer dans une histoire terrifiante et sordide où sa vie sera sérieusement menacée. Excellente histoire !



5) Carmilla : une dame et sa fille ont un accident de carrosse sur les terres d'un lord et de sa fille. La dame confie la garde de sa propre fille, Carmilla, au père car celle-ci est légèrement blessée et trop faible pour continuer le voyage qu'elle se doit elle-même de poursuivre d'urgence ... Les deux jeunes filles s'entendent à merveille et on peut même dire que Carmilla présente des dehors amoureux pour sa compagne. Belle comme le jour, Carmilla sème pourtant le malaise autour d'elle. Bien que la plupart du temps, elle soit délicieusement gentille, affectueuse et charmante, elle peut assez rapidement changer d'humeur et se montrer sous un autre jour.

De plus en plus d'événements étranges surgissent aussi bien au château qu'au village ... Amateurs de vampires, soyez les bienvenus ! Histoire très "mordante" !



Voilà ma découverte de Joseph Sheridan Le Fanu qui m'a enchantée et ravie hormis, comme je l'ai dit plus haut la longueur de son roman. J'ai éprouvé beaucoup de plaisir ... et de peur à le lire et le lirai encore, enfin plutôt des nouvelles si possible ... Une superbe découverte gothique pour les amateurs de secrets, trahisons, soupçons et peur surnaturelle !





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Carmilla

Gros, gros coup de cœur pour ce court roman gothique de Joseph Sheridan Le Fanu. L’auteur nous ramène aux origines du mythe du vampire, qui redevient une créature dangereuse malgré la séduction et la fascination qu’elle exerce sur les mortels.

L’ambiance et le décor dans lequel nous sommes plongés dès le début du roman donne déjà le ton du récit : le château est isolé, ses habitants sont en quelque sorte livrés à eux-mêmes. Les lieux, sans être lugubres, se prêtent bien à la rencontre avec un vampire et l’on n’est peu étonné de ce qui suit, de la rencontre mystérieuse entre les deux jeunes héroïnes de Sheridan Le Fanu.



Carmilla est paru pour la première fois en 1872, sous forme de nouvelle insérée dans l’ouvrage In a Glass Darkly (Les Créatures du miroir en français). Pourtant, si le terme « classique » vient tout de suite à l’esprit en lisant Carmilla, cela ne doit pas effrayer les récalcitrants du style 19ème : le texte est étonnant de modernité. De nombreux détails sont donnés dans le récit, bien entendu, Joseph Sheridan Le Fanu prenant le temps de nous présenter ses différents personnages et les lieux dans lesquels ils vivent où évoluent. Mais malgré ces passages descriptifs, il est impossible de s’ennuyer en lisant Carmilla. Comme le précise les éditions du Livre de Poche dans leur résumé, ce roman est envoûtant. Pas seulement à cause du récit en lui-même (une histoire de vampire, c’est quand même toujours passionnant) mais aussi grâce à la qualité de la plume de Joseph Sheridan Le Fanu. Excellent conteur, il nous emporte dans une autre époque et un autre monde et c’est presque un choc, une fois le livre refermé (et cela va vite car le récit est – malheureusement trop – court), de retrouver le XXIème siècle.



Un autre élément frappant de ce récit, en dehors de la présence d’un vampire (un vrai, pas un qui brille au soleil comme dans Twilight), c’est la relation entre Laura et Carmilla. Leur amitié semble plus d’une fois près de déborder vers quelque chose de bien plus sérieux (relation homosexuelle ?) ; peut-être pour renforcer cette impression de séduction du vampire : la victime, innocente et surtout inconsciente du danger, se sentant irrémédiablement attirée par cette créature qui, lentement, la vide de son sang. L’auteur ne donne aucun indice quant à la relation entre les deux jeunes filles, chacun peut donc se faire sa propre idée à ce sujet.

Carmilla n’a réellement que des qualités. Roman gothique à l’ambiance sombre et inquiétante, « vrai » vampire, un peu d’action (surtout en fin de récit), du mystère, de la sensualité. C’est un excellent classique qu’il ne faut pas hésiter à découvrir.
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Le Hobereau maudit

Le hobereau maudit, est en quelque sorte un modèle du roman traitant de malediction ancestrale.



Au dix-huitième siècle, le baronnet Sir Bayle, revient à contrecœur habiter le manoir familial des Mardykes.



Le décor est vite planté ; la petit bourgade, le manoir, le lac, l'île sur le lac, la sombre et mystérieuse forêt, des éléments-devenus- classiques de ce genre de roman.



Sir Bayle retrouve Philip Feltarm, représentant d'une famille ruinée de la région, et dont une ancêtre serait morte noyée avec son enfant par la faute d'un Mardyke.



L'affaire pourrait être simple, mais Le Fanu, auteur irlandais d'ascendance française (1814-1873) est habile, et complique l'intrigue avec un renversement de situation à mi- récit.



Sir Bayle, jusqu'alors personnage assez déplaisant, va devenir de façon progressive de moins en moins moins antipathique, a contrario le brave et sensible Philip, après une noyade dont il réchappe d'une manière suspecte va devenir de plus en plus inquiétant et malveillant, entrainant Bayle à sa suite dans la découverte de secrets, et à la rencontre de personnages inquiétants qui ne sont peut-être pas de notre monde...



Le hobereau maudit, nous emporte vers une fin inéluctable, le destin des personnages est gouverné par une malédiction qui ne peut que parvenir à son terme, imparable piège surnaturel.

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Carmilla

Carmilla a deux visages, celui d'une belle jeune fille quelque peu étrange et languide, et celui d'un monstre sanguinaire qui pour survivre doit se nourrir du sang de ses victimes, qu'elle peut abattre brutalement ou séduire, surtout si ce sont des jeunes filles innocentes, avec perversité et patience, en se les attachant jusqu'au sacrifice. Il y a donc dans ce conte gothique à l'imagerie classique, avec ses châteaux et ses revenants, ses ruines et ses labyrinthes, ses rêves aux pouvoirs étonnants, et son atmosphère de profonde mélancolie, une étonnante sensualité qui aujourd'hui encore continue de fasciner.
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Carmilla

Nous sommes dans un petit coin perdu de l’Autriche au début du XIXème siècle où Laura, une jeune fille de dix-huit ans, coule des jours heureux mais un peu monotones auprès de son père dans leur vieille demeure familiale. Son gentil train-train quotidien est interrompu le jour où un accident de voiture a lieu juste devant leur domaine. Laura et son père secourent les malheureuses victimes, une dame de l’aristocratie et sa fille Carmilla, une charmante demoiselle du même âge que Laura. Las, la pauvre jeune femme a été terriblement choquée par l’accident et est incapable de reprendre la route ! Cédant aux prières de sa fille, le père de Laura accepte de la garder quelques semaines chez eux, le temps que sa mère termine son voyage et revienne la chercher. Comme on s’en doute, les deux jeunes filles deviennent rapidement les meilleures amies du monde, mais quelque chose semble clocher chez Carmilla… Non content de couvrir sa nouvelle amie de compliments extravagants et de déclarations enflammés, elle souffre aussi d’étranges langueurs qui la forcent à rester enfermée la majorité de la journée. Ses nuits, en revanche, semblent très agitées et certains domestiques prétendent même l’avoir vue errer seule dans le parc à la lumière de la lune. Dans les environs, de curieuses rumeurs commencent à circuler, suite aux morts mystérieuses de jeunes paysannes, mais qui songerait à se méfier de Carmilla ? Qui pourrait deviner le monstre sous sa si frêle, si tendre, si délicate apparence ?



Classique de la littérature vampirique, « Carmilla » est un roman bien plus court que son « petit » frère, le volumineux « Dracula » de Bram Stocker. Il met également en scène une figure du vampire très différente, bien plus humanisée et sensible que celle du monstrueux et bestial comte Vlad Tepes. Sheridan Le Fanu inaugure ainsi l’image du vampire sentimental qui est devenue si à la mode de nos jours (pas sûr qu’il faille toujours s’en réjouir…) Cette représentation était assurément originale à l’époque de la publication du roman – sans compter les appétits très peu hétérosexuels de la belle prédatrice et tous les sous-entendus érotiques qui s’en suivent ! – mais elle l’est beaucoup moins aujourd’hui, maintenant que la littérature bit-lit envahit joyeusement les rayons fantastiques des librairies. C’est probablement la raison pour laquelle je n’ai pas été vraiment séduite par ce court récit, tout en le jugeant plaisant à lire et joliment écrit. Je préfère mes vampires plus féroces et, tant qu’à faire, mes héroïnes un peu plus dégourdies que cette gentille courge de Laura. Affaire de goûts, bien entendu.
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Carmilla

Carmilla est un roman de vampires, mais surtout un classique du roman gothique écrit 25 ans avant Dracula. Dans une demeure isolée de la campagne autrichienne, une fille et son père accueillent Carmilla, une jeune fille à la santé fragile, suite à un accident de la route. Entre ces deux jeunes filles que la solitude isole, une relation amicale très vite teintée d'une forte attirance physique va naître, à une époque où l'on tait les relations entre personnes du même sexe.



L'histoire est très immersive et l'atmosphère y est aussi paisible que sombre et inquietante. L'écriture peut être très poétique,mais elle est toujours accessible, même si ce roman fut écrit en 1872. S'il y a peu de surprises pour un lecteur du XXème siècle qui sait déjà comment les vampires fonctionnent - ce qui n'était pas le cas lors de sa publication - j'ai beaucoup aimé les personnages féminins, très bien écrits et aux sentiments complexes.



La fin de l'histoire par contre est un peu en deçà du reste, puisque l'on retrouve des explications de dernière minute à rallonge comme souvent dans les romans du XIXème, mais je l'ai beaucoup apprécié et le conseillerai à qui veut étendre sa culture vampirique comme littéraire.



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Carmilla

Dans la préface de l'édition Feedbooks on peut lire qu'il s'agit de "l'une des premières oeuvres de la littérature vampirique (...), puisqu'elle paraît en 1871, c'est-à-dire 26 ans avant le Dracula de Bram Stoker."



Je ne suis pas très fan de ce genre de livres car l'ai tendance à y repenser lors de mes nuits d'insomnies ^^



C'était plus soft que le Dracula de Bram Stoker, mais les vampires ce n'est pas mon truc (sauf peut-être les "vampyres" de David Gemmell). Les ambiances "démoniaques/sataniques" (je ne sais pas si je me fais bien comprendre) ça m'angoisse.



Je dois cependant reconnaître que le récit est bien écrit et bien construit.



Challenge multi-défis 2017 (57)
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Carmilla

Laura vit avec son père et une poignée de domestiques dans une région éloignée de la Styrie (Autriche/Slovénie). Les distractions sont rares, et pour son plus grand malheur, l'amie qui devait passer quelques jours avec elle vient de mourir. Quelques jours plus tard, au cours d'une balade, les habitants croisent une calèche qui se renverse devant eux. Une jeune fille est blessée, et sa mère la confie aux soins du père de Laura, et prétexte une mission urgente pour repartir aussitôt.



Cette invitée inattendue se nomme Carmilla. La première rencontre surprend Laura : Carmilla possède les mêmes traits que le personnage qui l'avait tant effrayée dans un cauchemard dans sa jeunesse. Mais une fois la surprise passée, une solide amitié se noue entre les deux jeunes filles, bien que Laura soit un peu embarassée par les déclarations enflammées de son invitée. Peu après l'arrivée de Carmilla au château, des évènements étranges se produisent : maladies mystérieuses dans les alentours, cauchemards et faiblesse soudaine chez Laura.



L'ambiance du roman est étrange, sombre et romantique à la fois. Carmilla est elle-même une créature envoûtante, envers qui on éprouve un mélange de répulsion et de fascination. Lecture courte, mais très plaisante.
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Carmilla

Dans une campagne mortellement ennuyeuse, débarque un jour une mystérieuse étrangère laissée dans un château le temps que ses parents reviennent. La situation est plus qu'étrange, mais qu'importe pour la jeune fille du château qui voit là l'occasion de briser sa solitude et son ennui avec une personne de son âge. Carmilla est pourtant très atypique, dans ses manières, son discours, mais qu'importe : elle est surtout magnétique; un magnétisme aussi inquiétant qu'irrésistible et pour la jeune ingénue, c'est le début de la fin.



Si on pense souvent au personnage du Comte Dracula (du roman de Bram Stoker) comme l'archétype du vampire, on oublie souvent de faire justice au personnage qui a en fait inspiré ce mythe : Carmilla de Sheridan Le Fanu (compatriote descendants d'Huguenots français de Stoker). Mais contrairement au roman de Stoker qui est un pavé, son "ancêtre" se lit vite.

Ce que je retiens surtout de cette lecture c'est l'écriture rythmée et envoutante de Le Fanu qui a dû rien que pour cela marqué les esprits de son époque. De la première à la dernière page, le romancier manie et maintien une ambiance trouble et ambiguë permanente entre les deux jeunes filles et en général. Sans aucune scène outrancièrement perverse ou encore moins pornographique, l'auteur transgresse tous les codes moraux strictes de son époque autour de la sexualité. Et ce passage entre idéal/ morale / réalisme et fiction/ fantastique / onirique se fait à travers cette figure du vampire. Une présence et une figure à la fois vaporeuse et entêtante tout en nous inquiétant car elle nous ressemble physiquement, parle la même langue mais détourne tout de manière lascive presque perverse et brise ainsi un autre tabou : celui de la sexualité féminine (et lesbienne qui plus est). Oubliée la jeune fille victorienne qu'on aime effacée, prude et réservée. Celle-ci s'adonne à la consommation du plaisir qui la mènera à sa perte, mais qu'importe, le plaisir est trop enivrant. De quoi se demander si la psychanalyse ne s'est pas inspiré de ce personnage pour certaines de ces théories.



Ce n'est peut-être pas un grand roman, mais il y a tous les éléments devenus classiques du roman de vampire. On peut objecter qu'il n'y a pas de surprise mais c'est tellement bien écrit ! Et c'est faire justice à son auteur injustement oublié que de lire son œuvre.



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La maison près du cimetière

Il faudrait toute l'imagination d'un Lewis Carroll afin d'inventer le mot adéquat pour désigner cet épais roman de Le Fanu. Je dis bien "inventer" car, à mon sens en tous cas, il n'existe pas en notre langue de mot exact pour le définir. L'expression "Ovni littéraire" me paraît, dans ce cas-ci, singulièrement stupide : on ne peut pas mêler les UFO à l'univers de Le Fanu - non, on ne peut pas. "Hybride" ne sonne pas plus juste. Quant à "truc" ou "machin", franchement, ils sont bien trop communs. "Kaléidoscope" quant à lui présente une analogie avec la rapidité et la vivacité qui ne peuvent s'allier avec le rythme de l'ouvrage. "Curiosité" serait, à la limite, le mieux approprié mais resterait encore maladroit.



Construit, semble-t-il, à la va-comme-j'te-pousse, partant, en tous cas dans les débuts et toujours en apparence, dans toutes les directions, alliant une once de la préciosité du XVIIIème siècle à une manière d'écrire qui, surtout dans les scènes mélodramatiques (rassurez-vous, elles ne sont pas nombreuses) prouve bien son appartenance au XIXème, révélant pourtant aux moments cruciaux un traitement du suspens et de l'intrigue qui ne déparerait pas l'un de nos romans contemporains, "La Maison Près du Cimetière" démontre en outre un sens de l'analyse psychologique beaucoup plus moderne qu'on ne s'y attend.



Avec cela, des personnages solidement brossés parmi lesquels seuls les couples de jeunes amoureux seuls s'en tiennent aux stéréotypes d'usage dans le roman de l'époque. Tous mènent un branle endiablé dans cette petite ville de garnison nommée Chapelizod et proche de Dublin dans laquelle nous entraîne Le Fanu. En effet, si le rythme de l'histoire a quelque chose de paresseux - surtout au début de l'ouvrage - les faits et gestes de nos personnages en revanche ne tardent guère à avoir des conséquences qui, à leur tour, engendreront certaines actions qui ... etc. Il y a du théâtre qui s'ignore là-dedans, un théâtre qui ne laisse pas une minute de répit au lecteur. (Joyce a-t-il songé à cette particularité lorsqu'il a introduit des scènes purement théâtrales dans son "Ulysse" ?)



Pour diverses raisons extérieures, il m'est arrivé d'abandonner ce livre au bout de une ou deux pages. Mais toujours - toujours - il m'a fallu le reprendre et aller plus loin. Non pour connaître la solution à l'intrigue centrale - qui est le fameux Charles Archer. Non parce que j'y recherchais une histoire fantastique - le goût du macabre et du gothique qui caractérise Le Fanu se retrouve bien ici mais il n'a pas choisi de les exploiter à fond, au contraire de ce qu'il fait dans nombre de ses nouvelles. Mais parce que les personnages, leurs préoccupations, la vie qu'ils irradiaient m'intéressaient et, pour ainsi dire, me fascinaient. Parfois même, ils semblaient m'appeler.



Vous est-il arrivé, alors que, à moité assoupi, vous contemplez les personnages d'une tapisserie sur le mur d'une maison ancienne, de voir ceux-ci se détacher de la toile et descendre sur votre couverture pour y continuer leur petite vie ? A moi, oui, dans mon enfance. Eh ! bien, avec "La Maison Près du Cimetière", c'était la même chose, à ceci près que le phénomène n'avait rien de visuel. Il arrive, bien sûr, que des personnages vous poursuivent hors d'un livre. Mais il s'agit en général d'un ou d'une solitaire dont les actes ou les motivations vous hantent. Alors qu'ici, c'était toute cette ronde de petits personnages irlandais de la fin du XVIIIème siècle qui jaillissaient de leur Chapelizod et ne semblaient pas vouloir me laisser en paix tant qu'ils ne seraient pas parvenu à me raconter jusqu'au bout leur petite histoire.



Et pourtant, l'intrigue principale, pas plus que les intrigues annexes, ne sont particulièrement extraordinaires ...



Mais il faut croire que, avec "La Maison Près du Cimetière", Sheridan Le Fanu est parvenu, par un miracle dont il n'avait peut-être pas conscience, à préserver la vie d'une toute petite ville irlandaise et de ses habitants, tels que lui-même pouvait se les rappeler de son enfance personnelle et tels qu'ils ne sont plus depuis belle lurette. On ouvre le livre et hop ! ils ressuscitent, pleins d'entrain et tout prêts à nous conter leurs dernières aventures, leurs derniers bonheurs. Bref, un ouvrage bizarre et résolument atypique, où le talent et la nostalgie du passé se confondent pour offrir au lecteur un bouquet hirsute, malicieux et fleurant bon l'Irlande dont on ne s'étonnera pas qu'il ait réjoui James Joyce. ;o)
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