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Critiques de Jules Vallès (147)
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Le Bachelier

Dans l'Enfant, la révolte de Jacques s'adressait à ses parents, sa mère qui le battait et l'humiliait - pour son bien, son père qui l'humiliait et l'abrutissait à force d'apprentissage de latin et de grec - pour son bien. Et plus généralement, l'Ecole était le lieu de l'humiliation et de la souffrance - pour le bien de ses élèves, Jacques sort bachelier, ce qui lui offre une stature sociale.

Dans ce deuxième tome, la révolte s'élargit, Jacques est en colère contre l'Ecole qui l'a gavé de citations des auteurs mais ne lui a pas permis de réussir à vivre. Pour survivre, il faut avoir des relations, des recommandations, être prêt à "lécher" les bottes pour gravir les échelons. Or, Jacques est incapable de compromis, et sa révolte s'étend à ce régime qui prive les hommes de liberté, et à cette société de classes qui laisse certains hommes vivre dans la misère. Mais nulle épopée à la manière de Hugo dans la description des barricades, Jacques est dans l'action mais sans comprendre.

C'est aussi la naissance progressive d'un écrivain, qui se rend compte qu'il ne peut écrire sur commande ou selon son imagination, mais qu'il faut qu'il parte de ce qu'il vit, de son expérience de souffrances et de misères. En tant qu'historienne, j'ai apprécié cette peinture du XIXème siècle dans les milieux qui ne sont pas encore bohèmes, ce quartier latin vu du côté de ceux qui n'ont pas réussi. C'est un autre regard que Balzac où l'ambition peut réussir, là toute tentative est vouée à l'échec. Toujours beaucoup d'émotion aussi de voir cette description si négative de la connaissance et des études qui sont destructrices.
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Le Bachelier

Dans le Bachelier, deuxième volet de la fameuse trilogie à haute teneur autobiographique , Vallès ne se départit pas de l'écriture dynamique tout en rupture et incroyablement moderne à l'oeuvre dans l'Enfant. Ici c'est plus précisément la violence sociale qui est décrite , celle qui condamne à la faim, au froid et à l'inconfort extrême un jeune homme de 17 ans ,provincial monté à Paris, une fois le bac à poche. Pages magnifiques et douloureuses sur ses tentatives dérisoires et pathétiques pour survivre économiquement dans un monde déjà marqué par la Lutte et le mépris de Classe et que côtoient et alimentent comme un antidote providentiel, la rage et le ferment révolutionnaire d'un adolescent viscéralement en guerre contre l'Ordre dominant et son cortège d'injustices, dans un Paris qui se remet à peine de la l'épisode révolutionnaire de Février 1848.

De la Littérature à haute intensité
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L'Enfant







Interessant témoignage de l'enfance de Jules Vallès ;père professeur mais peu considéré ,mère d'origine simple mais ambitieuse ,qui considèrent que la meilleure éducation consiste en châtiments corporels sans aucune manifestation sentimentale .Enfance malheureuse mais résignée ,style alerte ,vif ,plein d'humour.
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L'Enfant

Quelle lecture! Je découvre ici le premier pan de la vie de cet auteur. Quelle enfance malheureuse! A travers le récit de ses malheurs, il présente une réflexion évolutive sur l'éducation par la famille. Grandir sous l'autorité d'un père enseignant semble lui avoir donné une vision négative de ce métier au point de vouloir devenir l'inverse... Cela donne à réfléchir!

L'auteur a eu la finesse d'intégrer beaucoup d'ironie afin d'alléger ce récit.
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Le Bachelier

Deuxième tome après l’Enfant, le Bachelier parle toujours de Jacques Vingtras qui n’est autre que Jules Vallés. Il a fini ses études et se croit libre mais va subir bien des déceptions. Républicain au temps de Napoléon, il devient révolutionnaire et est la tête de groupe de révolte.



Ces passages basés sur la révolte et sur les manifestations n’ont pas été très claires pour moi et j’avoue que j’avais abandonné la lecture avant la centième page dans un premier temps. Je les ai relus bien des mois après avec la ferme intention d’aller jusqu’au bout. La lecture est assez éprouvante. Le livre que j’ai, n’explique pas vraiment le contexte historique et mon ami Wikipédia ne m’a pas plus aidée. En revanche, j’ai relevé certaines différences entre le réel et ce que Jules Vallès veut bien nous raconter. Au milieu du livre, il revient chez ses parents : ils lui demandent instamment de revenir et à cette condition seule, ils lui donneront de l’argent pour vivre dans de meilleures conditions. En fait, la vérité est toute autre (j’ai vérifié sur plusieurs sources sur Internet). Il aurait en fait crié « Vive la République » et de peur d’être réprimé, il aurait été interné en asile psychiatrique par ses parents.



Dans ce volume, l’auteur raconte ses années de misère pendant lesquelles il lui arrivait de ne pas manger plusieurs jours de suite. Il cherche du travail, n’importe lequel. Seulement, voilà : il est bachelier. Et ce niveau de diplôme ne lui permet pas, selon lui, de trouver du travail : soit il est trop jeune, soit trop vieux, soit trop diplômé, soit pas assez.



Au milieu de tout ça, il y a des passages amusants : tout particulièrement, le passage où il passe un entretien pour travailler dans le commerce chez Monsieur Bonardel. Qu’est-ce que j’ai ri ! Je me retrouvée en lui lors de mon tout premier entretien d’embauche pour le commerce aussi. C’est un passage à ne pas rater.



Bref, ce fut un moment de lecture assez lourd mais intéressant. Je lirai l’insurgé.

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L'Insurgé

Le troisième volet de la trilogie "Jacques Vingtras", le nom d'emprunt que s'est choisi Jules Vallès pour raconter sa vie mouvementée, est consacré à la période révolutionnaire de 1870-1871, pendant laquelle les parisiens se sont révoltés et organisés en commune populaire. Refus de la défaite devant les Prussiens, refus de la république bourgeoise, tout était prêt pour donner au peuple l'espoir de voir enfin triompher "La Sociale". Avec sa fougue habituelle, l'auteur nous conte les enthousiasmes et les errements d'une période où toutes les utopies se sont mêlées, parfois combattues, sans rien dissimuler des "coups bas" parfois portés à un idéal auquel tout le monde croit ou fait semblant de croire. Le blocus des "versaillais", visant à affamer Paris, et les dissensions internes à la révolution vont avoir raison de cette utopie en action qu'a été, pour quelques mois, la Commune de Paris. Le style de Jules Vallès, riche en images fortes, est en communion totale avec le lecteur, auquel il s'adresse comme en une sorte de confession, sollicitant toute son adhésion. Une œuvre magistrale, que l'on peut apprécier comme un témoignage historique autant qu'un traité politique, toujours d'actualité.
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Le Bachelier

J'ai beaucoup moins aimé ce livre que le premier de la trilogie. Déjà car il ne s'agit plus vraiment de la même période et surtout car le style narratif change (à mon sens).

Le héros nous narre ses années de jeunesse, de galère pour trouver un travail, un logement tout en tenant ses convictions politiques. Le style m'a semblé parfois s'épuiser lui-même, et pourtant j'apprécie ce ton mordant et cynique qui tourne tout au ridicule. Je pense juste que je ne suis pas faite pour l'auto-fiction puisque même celle-ci, avec toutes les qualités narratives et son caractère de référence ne me plaît pas.

Ce qui me gène aussi plus c'est le côté anecdotique des évènements. Certes, la vie est faite de petites choses, de petits changements mais est-il besoin pour autant de nous les décrire tous en détail?

Et puis la cohérence du personnage me semble parfois un peu bancale, le personnage traverse les bévues et petites joies sans jamais se retourner vers son passé, vers ce qu'il a vécu, ce n'est qu'un détail mais qui n'en est pas un pour moi.

Je ne veux pas écorner le génie de Valès, je dis juste que je n'en ai pas saisi toute la substance.
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L'Enfant

Deux étoiles, une pour l'auteur, une pour l'enfant, par compassion posthume parce que quatre cent pages de souffrance, d'humiliation, de maltraitance, de tristesse même dans la joie, c'est dur ! Souvenirs et anecdotes s'enchainent sans jamais que l'on puisse trouver de répit car même lorsque l'enfant ne subit pas, il culpabilise et s'autoflagelle ! Seules les toutes dernières pages laissent entrevoir une trêve qui permettra peut-être la lecture du Bachelier. Il s'agit là d'une lecture couteuse et frustrante, chagrine où seule l'ironie austère, preuve du recul de l'auteur devenu adulte, permet de tenir la distance.



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L'Enfant

Reprise-réécriture de son roman autobiographique Testament d'un blagueur paru en feuilletons en 69-70, Jules Vallès prend encore plus de distance avec lui-même en temps que sujet (il utilisait déjà un procédé littéraire pour attribuer les propos et la vie racontée à un autre), se raconte désormais par le biais de l'auto-fiction (sans toutefois cacher qu'il s'agit d'une autobiographie). Jacques est un alter-égo qui a une vie semblable, les mêmes initiales, mais nullement superposable. À la manière de ce que feront Proust et Céline, Vallès prend ses libertés avec l'exactitude des souvenirs et de la chronologie… L'important est de rendre la charge émotionnelle, d'un passé déformé tel que le voit l'adulte, d'en faire ressentir la pesanteur par le lecteur. Il ne s'agit pas de réinterpréter le passé en lui donnant un sens prémonitoire expliquant le présent (comme Sartre dans Les Mots qui se voit écrivain dans son berceau), mais de donner une forme à ce passé, vrai ou non, une forme et une puissance à la hauteur de ce qu'il représente pour la personne qui l'a vécu, ou subit…Pour ce faire, c'est dans l'écriture même, dans le style, plus que dans les faits racontés, que se situe l'émotion. L'écriture, plutôt réaliste en apparence et intégrant un parler-peuple à la manière de Zola (L'Assommoir obtient un grand succès deux ans plus tôt), tient plutôt du symbolisme car ce parler-peuple contamine la voix et la narration, et la voix néglige la structure académique de la langue pour suivre une sorte de folie personnelle, l'emportement de la pensée, procédé typique du symbolisme décrit notamment par Rémy de Gourmont dans L'Idéalisme en 1893. C'est dans la gradation hyperbolique (énumération de plus en plus incroyable) que cet aspect est le plus flagrant. Vallès trouve et procure un réel plaisir de la succession rapides de mots évocateurs et exagérés qui rappelle inévitablement le style de Céline à partir de Mort à crédit. La proximité entre les deux est d'ailleurs évidente. Dans le style entremêlant finement tournures classiques de l'écrit et parler-peuple pour donner cet effet de langue orale. Si Céline prendra le contre-pied politique de Vallès, son Ferdinand enfant toujours maltraité qu'on trimbale à droite à gauche, avec sa merde qui lui colle aux fesses, est une évidente reprise de Jacques Vingtras, tout comme ce narrateur mi-naïf mi-malin qui entremêle voix de l'enfant vivant les choses et celle cachée de l'adulte qui les commente. Comme si l'adulte racontant jouait à l'enfant (à la manière de Gosciny dans le Petit Nicolas par exemple), imitait sa voix, sa bêtise, sa naïveté, la parodiait, pour mieux faire ressortir les incohérences du monde des adultes, les injustices. En cela, l'écriture de Vallès agit un peu à la manière de l'ironie socratique (analysée dans L'Ironie, de Jankélévitch), qui fait mine d'adopter un discours, une position, le pousse jusqu'à sa radicalité pour en voir éclater les contradictions. Car le discours de l'enfant est traversé des discours des adultes, parents et professeurs. Les jouer à outrance, c'est les montrer dans ce qu'ils ont de pervers.



La déformation du passé permet aussi de l'essentialiser, de lui donner une portée symbolique et idéologique. Alors qu'il n'y a pas ou peu d'argumentation. C'est le discours de l'émotion, du ressenti qui prime et qui agit dans l'imaginaire et dans la représentation du lecteur. le corps maltraité de Jacques Vingtras, la fantaisie empêchée, les envies toujours frustrées, l'injustice… c'est cela qui reste dans l'esprit du lecteur là où une dissertation aurait immédiatement fait face à la résistance idéologique. Pour cela, le pathos de l'enfant malheureux est traité avec beaucoup de dérision. Et la voix de l'adulte – le Jules Vallès, justement – est dissimulée tant que possible, fondue dans ce personnage imaginaire de la mémoire, cette voix de l'enfant reconstruite, ce Jacques Vingtras. le lecteur n'a pas besoin d'argumentation, il tire lui-même les conséquences de ce qui arrive au personnage. Ce procédé de rhétorique, de proposer au regard du lecteur un personnage pathétique, victime, pleine d'autodérision, et sa voix conviviale, populaire, proche, sera bien-sûr le ressort le plus flagrant des romans de Céline et de leur charge idéologique – souvent indirecte.



Le roman propose évidemment une critique radicale de l'éducation « à la dure », par la punition, par la privation, par la rigidité, par l'imitation des adultes… Un type d'éducation (déjà démonté par Locke dans ses Pensées sur l'éducation) qui ne cesse de revenir encore et encore jusqu'au XXIe siècle à la bouche et à l'idée des maîtres, parents, dirigeants, comme solution ultime, malgré les recherches et les témoignages, malgré les avancées des pédagogies progressistes et alternatives : l'importance absolue de la discipline dans l'éducation outrepasse et rend caduques les questions de motivation, d'adaptation des contenus, de relation humaine de confiance et d'émulation, de construction collective… Ce principe éducatif, totalement illustré par le roman, est non seulement violent pour le corps, mais aussi abrutissant pour l'esprit. L'enfant doit se taire, obéir et se conformer à un modèle préconçu. C'est un mode d'éducation qui rend impossible toute découverte et expérimentation personnelle du monde ; éducation plutôt fascisante puisqu'il s'agit de diriger la conscience. L'enfant doit adopter les jugements sur les choses, tels qu'ils sont prononcés par les adultes. Ainsi, les opinions négatives des parents – celles d'une société bourgeoise hiérarchisée – sur les paysans, artisans et ouvriers, oeuvrant de leurs mains, leur langage, leurs manières d'être, leur rire et leurs fêtes, leurs danses et leurs valeurs collectives, leur peau bronzée… ces jugements idéologiques sont transmis par l'éducation (Jacques doit ainsi reprendre les critères esthétiques de ses maîtres et de la tradition académique dans ses thèmes). le caractère fondamentalement idéologique de l'éducation est encore au coeur de l'Éducation nationale du XXIe siècle et révèle toujours ce manque total de confiance en la jeunesse, en sa faculté de déterminer ce qui est bon, cette peur de les voir aller à l'encontre des principes des parents, de choisir un nouveau modèle de société. le rejet de la carrière de professeur, la volonté de retourner au peuple, marque la rupture entre Jacques et son père, et le rejet de l'idéologie bourgeoise. Et cette idéologie, et le mode de vie correspondant, rend également malheureux les parents qui ont gagné en fierté, mais qui en réalité vivent dans un inconfort certain, n'obtenant pas le respect social, ni la richesse aristocratique, forcés de se conformer, d'obéir à un directeur dictateur, de porter un costume emprisonnant les mouvements du corps, de se couper des voisins… C'est cette illusion bourgeoise de l'ascension sociale par l'éducation que dénonce finalement tout le roman, ascenseur social qui n'a jamais amené ses passagers qu'à des étages illusoires mais qu'on fantasme encore de nos jours. C'est ce caractère idéologique de l'éducation qui va à l'encontre d'une pédagogie libertaire, anarchiste et alternative, et rend impossible l'avènement d'une société basée sur des principes d'entraide, d'égalité, de travail collectif… Ce roman est bien la première pierre d'une rééducation idéologique, d'une renaissance de la révolte étouffée de la Commune.



Dans l'écriture, Vallès apparaît en précurseur du symbolisme, mais plus proche des Lettres du voyant de Rimbaud (écrites pendant la Commune) que de l'écriture artiste de Huysmans. Les formules rimbaldiennes de « Je est un autre », « j'assiste à l'éclosion de ma pensée », « La première étude de l'homme qui veut se faire poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l'inspecte, il la tente, il l'apprend. Dès qu'il la sait, il doit la cultiver. » ont une étrange résonance à la lecture de L'Enfant qui semble un début d'application de cet art poétique. Si Vallès n'avait évidemment pas connaissance de cette lettre publiée bien plus tard, on sait aussi que le gamin poétique tenta de contacter Vallès à l'époque la Commune, qui empêche qu'il lui tint à peu près ce langage ?… de plus, le gamin fugueur, giflé par sa mère, révolté admirant la Commune, les travailleurs, et rejetant l'académisme, la bien-pensance, l'éducation rigide et conformante, fuyant la littérature pour aller vers la vie concrète, a tout d'un cousin du petit Jacques Vingtras.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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L'Enfant

j'avais attendu longtemps après avoir acheté ce livre pour le lire.

mais quand j'ai commencé à le lire!...

oh! je reconnais que j'ai usé d'un subterfuge pour ne pas être complètement anéantie par la douleur de L'enfant : j'ai lu en même temps, par intermittence, d'autres ouvrages plus légers.

mais aussi, l'humour grinçant? noir? de Jules Vallès m'a aidée. pas pleurnichard du tout, cet homme, croyez-moi.

et de tout petits paragraphes qui donnent au récit un style alerte, comme de petits épisodes (si j'ai bien compris les notes en fin de livre, l'ouvrage a paru dans un journal, au moins au début).

il y a la famille Vingtras, il y a l'enseignement, le logement, la campagne, la ville et ses quartiers pauvres... le XIX ème siècle dans toute sa "splendeur".

l'édition est accompagnée de "clés" pour comprendre l'oeuvre, connaître l'auteur...

dans quelques temps, je lis la suite.
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L'Insurgé

J'avais lu l'Enfant il y a déjà longtemps, me promettant de trouver et lire la suite de la trilogie plus tard. Le récent confinement m'en a donné l'occasion.

Si j'ai relu l'Enfant avec grand plaisir, son ironie, sa causticité, cette façon qu'a l'auteur de restituer les sévices subis de ses ses parents, le Bachelier, m'a semblé un long pensum. Ce bon à rien mauvais en tout qui passe des heures à pleurer sur son sort au lieu de conserver le moindre emploi qu'il trouve, cet enfant pour qui j'avais tellement d'empathie, m'est apparu comme un fantoche sans épaisseur, un rebelle de pacotille antipathique au possible.

Quant à l'Insurgé, il m'a déçu. Je l'espérais comme un récit qui m'en apprendrait plus sur la Commune, et finalement, elle n'apparait qu'à la fin du récit, et toujours au travers des errances et atermoiements de Vingtras, ce qui la réduit presque à un décor.

Seules les fins respectives de ces 2 derniers tomes ont trouvé grâce à mes yeux. Il faut reconnaitre ce talent à Vallès : il sait finir.

Donc voilà, j'ai finalisé un défi de lecture, et c'est à peu près le seul point positif qui ressorte de cette lecture.
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Le Bachelier

"A ceux qui nourrit de grec et de latin sont morts de faim

Je dédie ce livre"

Nous retrouvons donc Jacques Vingtras dans le Bachelier, prêt à partir pour Paris, libre : "je n'ai qu'une petite malle, mais j'ai mon éducation".

Si Paris représentait dans L'Enfant une certaine forme de liberté, en-dehors de la main mise parentale, ce retour de Jacques dans la capitale va devenir une nouvelle aliénation. Son souhait initial de devenir imprimeur se confrontera vite à la réalité de classe : un homme éduqué ne devient pas ouvrier.

Incapable de trouver une place fixe, de par son manque d’entregent, mais aussi à cause de son refus du compromis, Jacques erre de place en place, de gourbi en taudis, et tire le diable par la queue, toujours en manque d'argent et sur le départ.

Sa vie se résume à compter ses sous, dans l'espoir de ne pas mourir de faim le lendemain, ou de ne pas céder au suicide, hors quelques parenthèses, dont celle où Jacques revient au Puy, et imagine ce qu'aurait pu être sa vie si ses parents étaient restés paysans.

Le Bachelier est bien la suite de L'Enfant, où Jacques était de trop entre ses parents, il est à présent trop tout court, trop éduqué, trop lucide sur la société qui l'entoure, trop pauvre pour que sa voix porte, trop idéaliste pour accepter son sort.

Ce deuxième opus poursuit l'édification d'un pan de l'Histoire mal connu à travers cette trajectoire singulière. La précarité de Jacques, mot sans doute pas encore utilisé, est telle qu'on rirait presque de la nôtre. Et en effet, c'est le rire qui sauve ces romans désespérants de Jules Vallès : Jacques est drôle dans son malheur. "L'humour est la politesse du désespoir", comme disait l'autre.
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L'Enfant

J'ai beaucoup aimé ce livre car il y a plein de faits réels, et personnellement j'aime beaucoup ça.

Par contre, il y a quelques passages que je n'ai pas aimés, certains sont trop longs et même que parfois ils n'ont rien à voir avec l'histoire de cet enfant battu. Je trouve quand même que dans l'ensemble, le livre est bien.



m.t.
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Jacques Vingtras - Intégrale

Les conflits de l'adolescence tiennent plus du mélodrame que de la tragédie de "l'enfant" du premier tome. L'empereur semble tout aussi lointain que l'est devenu le père et la mère, à perdu de son pouvoir d'abaissement.
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L'Enfant

Les phrases de Vallès claquent les mots en de cinglants "allers-retours" qui n'en coûtent pas une !
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Le Bachelier

"A tous ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim, je dédie ce livre."
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L'Enfant

J'aime beaucoup les récits d'enfant et d'enfance. Ici, c'est brillant, on sent qu'il y a plus de recul que chez Hervé Bazin par exemple. On sent encore les plaies qui ont creusé les travées de la vie de l'auteur mais avec calme et humour. Cet humour et ce style parfait vous guideront tout le long du livre et vous donneront certainement envie de poursuivre la trilogie... (à raison ou à tort, c'est à voir!)
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L'Enfant

ules Valles se raconte dans cette trilogie sur l'enfance et après (L'enfant, le Bachelier et l'Insurgé). La langue est belle, le style impeccable et l'humour omniprésent en dépit de passages terribles. Ce roman raconte l'enfance d'un petit garçon plein d'esprit mais mal aimé entre un père professeur de collège méprisé et une mère d'origine paysanne qui le malmène. Ce classique écrit en 1875 sonne de façon étonnament moderne.
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L'Enfant

Ce roman, largement autobiographique, raconte l’histoire d’une famille composée d’une mère d’origine paysanne, mariée à un professeur et de leur fils au milieu du XIX siècle, de l’éducation très stricte (on dirait maltraitance aujourd’hui) qu’ils lui donnent pour qu’il s’élève dans la classe sociale. C’est aussi le roman de l’amour d’une mère ( ou de non-amour), de la non-communication entre un père et son fils et surtout des origines de Jules Valles. C’est aussi un très bon documentaire sur cette époque.
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Le Bachelier

Deuxième tome de la trilogie autobiographique de Jules Valles, j'ai d'abord moins accroché à celui-ci mais finalement la deuxième moitié m'a bien plut. L'auteur raconte sa jeunesse à Paris où étudiant pauvre, il vit difficilement, dort dans des mansardes sordides et peine à se nourrir correctement ! On retrouve d'un côté l'humour du narrateur, notamment dans des scènes hilarantes où il essaie de s'habiller comme il faut pour être présentable dans le monde; de l'autre côté, nous est présenté une critique sociale où l'on voit la triste vie à Paris, la pauvreté des étudiants même, la difficulté de trouver un travail . La fin du livre est vraiment bien écrite, Jules Valles, rebelle, républicain, sent la nécessité de s'intégrer à la société de l'empire via ses institutions pour ensuite pouvoir faire parvenir ses idées de lutte sociale.

Je lirai avec plaisir le volume 3.
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