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Critiques de Julie Proust Tanguy (23)
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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

J'ai découvert récemment Julie Proust-Tanguy avec Japon! Panorama de l'imaginaire japonais, formidable ouvrage pour tous les passionnés de l'archipel. Je la retrouve ici avec un essai un peu plus ancien, Sorcières! Le sombre grimoire du féminin (l'auteure, ou son éditeur, doit bien aimé les points d'exclamation avant sous-titre).



En cinq parties, Julie Proust-Tanguy déroule l'histoire de la sorcière, de son image et de ses perceptions à travers les siècles. Ainsi procède-t-elle à un découpage chronologique : l'Antiquité, le Moyen Age, l'époque moderne, le XIXème siècle et enfin le XXème et le début du XXIème siècle.



Dans chaque chapitre, l'auteure retrace la vision de ce personnage dans l'imaginaire collectif. Ainsi tantôt guérisseuse grâce à ses connaissances des simples et autres éléments de la pharmacopée naturelle, sa singularité conduit autrui à la voir comme empoisonneuse (il n'est parfois que question de dosage de certaines plantes après tout), envoûteuse et charmeuse. Sous l'Antiquité gréco-romaine, elle revêt ces divers vêtements sous la plume d'Homère, d'Ovide et de bien d'autres. Et de présenter les célébrissimes magicienne de ces époques reculées connues pour leurs pouvoirs et leur cruauté : la Circé de l'Odyssée ou encore Médée, qui trahit ses père et frère pour les beaux yeux de Jason chef des Argonautes et qui, quand celui-ci se lassa d'elle, massacra les enfants qu'elle avait eu de lui. Il n'y a guère de pas entre ces exemples extrêmes et une méfiance généralisée vis-à-vis des femmes... surtout quand ce sont les hommes qui écrivent.



Le Moyen Age, avec l'Église chrétienne omniprésente, diabolise la sorcière en en faisant un être démoniaque et qui travaille pour le Malin, le rejoignant au cours de sabbats épouvantables et sacrilèges. Pourtant, si l'Inquisition et ses acolytes font preuve d'une inventivité sans limite en matière de tortures pour dénicher sorcières comme hérétiques, la période médiévale n'est pas celle des grands bûchers de sorcellerie comme on pourrait le croire. Ceux-ci surviennent principalement pendant les XVIème et XVIIème siècles. Époque de luttes fratricides de plus entre catholiques et tenants de la Réforme. A noter d'ailleurs que les régions où les bûchers de sorcières furent les plus nombreux se situent souvent sur ce qu'on nomme les frontières de catholicité, c'est-à-dire là où les communautés protestantes sont les plus fortes (ainsi du duché de Lorraine par exemple).



Si le XIXème siècle, avec l'éclairage des Lumières, délaisse les chasses aux sorcières, le personnage devient un sujet littéraire et artistique de choix. Jusqu'au livre majeur de Jules Michelet, La Sorcière, qui prend à coeur de dénoncer les turpitudes ecclésiastiques du Moyen Age envers ces femmes. Car au fond qui sont-elles ces si inquiétantes adoratrices du démon? Souvent rien moins que des femmes vivant seules, en marginales, disposant parfois d'un savoir ancestral de guérison, ou aigries par le rejet de la communauté villageoise. Ou encore une femme un peu trop indépendante pour les moeurs de l'époque et qui paie cet état, dénoncée par jalousie, superstitions ou vénalité. Ensuite forcément, entre arrachage d'ongles, tisons ardents appliqués en divers endroits du corps, supplice de l'eau et autres inventions cruelles, qui n'avouerait pas tout ce qu'on lui reproche et même plus?



Julie Proust-Tanguy éclaire chaque partie par des arguments qu'elle appuie sur des témoignages ou des références à d'autres ouvrages littéraires ou d'historiens. Elle fournit nombre d'exemples pour chaque période et montre comment la culture, via romans, pièces, cinéma, art pictural ou encore la chanson, utilise l'image de la sorcière. Qu'elle fasse peur ou qu'elle soit la représentante des forces de la nature dans l'esprit wiccan (mouvement ésotérico-féministe recourant aux forces des éléments pour leur magie, né dans les années 1960 aux États-Unis), qu'elle soit un puits de savoir sorcier comme Hermione Granger ou une dangereuse vamp comme dans Dark Shadow de Tim Burton, la sorcière, à l'instar du vampire, du fantôme, etc, est devenue un incontournable de notre culture populaire, souvent stéréotypé (les verrues, le chapeau pointu qui ne date finalement "que" du XIXème siècle mais est définitivement ancré dans l'esprit collectif), parfois sources d'humour (les soeurcières de Terry Pratchett) mais bien présent.



L'essai de Julie Proust-Tanguy se lit comme un roman tant son écriture et ses propos sont passionnants et bien amenés. Les nombreuses références qu'elle donne permette soit de se replonger dans livres et films de fiction, soit de creuser le sujet plus avant grâce aux autres travaux d'historiens et de sociologues du folklore, des superstitions et des mentalités autour du thème.

J'ai déjà hâte de pouvoir retrouver le style dynamique et élégant de l'auteure sur d'autres sujets. Son ouvrage sur la Rome antique me tente tout particulièrement.
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Japon ! Panorama de l'imaginaire japonais

Avec Japon! Panorama de l'imaginaire japonais, Julie Proust-Tanguy signe un bel ouvrage mais également un très bon livre. Beau, il l'est assurément avec une riche illustration photographique de l'auteure-même et de son partenaire. De plus, la mise en page est très agréable à l'oeil, colorée sans être criarde et variant à chaque chapitre.



Juste en le feuilletant, à la librairie, j'avais craqué sur des clichés différents de ceux qu'on trouve souvent dans les ouvrages très généraux sur l'archipel. Aussitôt craqué, aussitôt embarqué (payé, s'entend).

En en commençant la lecture, j'ai brièvement songé que, sans doute, je n'apprendrais pas grand chose de plus, ayant déjà lu pas mal d'essais sur ce fascinant pays. Au temps pour moi et c'est tant mieux car les propos de Julie Proust-Tanguy diffèrent et vont plus loin qu'une présentation généraliste du Japon.



Elle part du constat que nous autres Occidentaux avons souvent une vision biaisée et mal cernée de l'archipel. La difficulté tient notamment à l'aspect fantasmatique du Cool Japan avalé avec mangas, animes, jeux vidéos et délires otaku à base de merchandising, ainsi qu'à la difficulté à appréhender le mélange paradoxal d'une société à la pointe du high-tech portant encore kimono et observant nombre de traditions qui nous paraissent incompréhensibles voire obsolètes.



Grâce à des chapitres thématiques très complets, accessibles et bien argumentés, l'auteure s'efforce d'expliquer ledit paradoxe en démontrant que pour les Japonais, il n'en est pas un. De par leur Histoire et leur façon de se raconter eux-mêmes, on se rend compte de la logique sous-jacente. Notre incompréhension occidentale provient autant de l'imaginaire japonais que nous projetons sur le pays que d'un paradigme historico-sociologique originel complètement différent du modèle européen. En cela, le premier chapitre intitulé "Monogatari", traduisible par récit, narration, permet de poser les bases justement de la narration japonaise rapportée à elle-même, baignée par l'animisme du shinto et le bouddhisme. En comparaison, notre paradigme est majoritairement marqué par l'héritage gréco-romain et judéo-chrétien.



Une fois ces notions bien comprises, l'auteure enchaîne avec divers thèmes comme la temporalité, l'image du guerrier, le rapport à la science et à la technologie, etc, en fondant son argumentation sur des exemples précis et de nombreuses références. En la matière, elle puise aux sources du Japon avec le Kojiki jusqu'à Naruto et Hayao Miyazaki, en passant par le Dit du Genji, Soseki, Kurosawa, la J-pop et j'en oublié.



Qu'on s'intéresse au Japon en mode initiation ou en ayant déjà pas mal creusé le sujet, passionnés de mechas ou d'ikebana, de One Piece ou de Mishima, je vous assure que ce bel ouvrage est un excellent investissement et vous apprendra tant et plus sur une foule de sujets. Les explications fournies et les connexions établies entre des personnages très contemporains de mangas ou d'animes par exemple et des éléments du shinto, du nô ou du kabuki offrent de passionnantes clés de compréhension et des perspectives parfois inattendues.

Tout en éblouissant les yeux avec ses belles et nombreuses photographies. Je me suis régalée avec Japon! Panorama de l'imaginaire japonais au point que je regrette de l'avoir lu trop vite. Le style dynamique, clair, sérieux mais jamais pesant de Julie Proust-Tanguy incite à lire une page de plus, puis une de plus, puis... Bref on ne le lâche plus!
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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

Difficile lorsqu'on parle de sorcières de se départir aujourd'hui de l'image de la vieille femme au chapeau pointu s'envolant en ricanant sur son balai ou touillant l'intérieur d'un chaudron dans lequel baignent des ingrédients peu ragoutants. La sorcière peut cela dit aussi prendre l'apparence d'une belle séductrice dotée de dangereux pouvoirs menaçant l'intégrité ou la virilité des hommes à l'image de l'antique Médée ou de la Morgane des légendes arthuriennes. Elle peut aussi se faire effrayante, comme la Carrie de Stephen King, érudite comme l'Hermione Granger de J.K. Rowling, ou encore bienveillante et espiègle à l'instar de la Samantha de « Ma sorcière bien-aimée ». Une figure complexe et en perpétuelle mutation sur laquelle s'est penchée Julie Proust Tanguy dans son dernier ouvrage intitulé « Sorcières ! le sombre grimoire du féminin ». Parue chez Les Moutons Électriques, cette étude captivante permet d'aborder toutes les facettes de ce personnage controversé et de suivre son évolution de l'Antiquité à nos jours. L'auteur nous livre ici le résultat d'un abondant et minutieux travail de documentation qui va bien au delà de l'aspect purement historique puisqu'il est également question d'étudier l'évolution de la figure de la sorcière dans la littérature, la musique ou encore le cinéma. Nul doute que vous ressortirez vous aussi de cette lecture avec une quantité de références de films, séries, livres ou encore groupes de musique à découvrir.



Si les nombreuses références qui le parsèment rendent l'ouvrage particulièrement ludique, son principal atout reste la qualité de l'analyse de Julie Proust Tanguy qui nous plonge ici au coeur des mentalités des sociétés antiques, médiévales, modernes et contemporaines. On découvre par exemple que la sorcière a toujours possédée une image assez ambiguë, et ce dès l'Antiquité où elle apparaît tour à tour comme un être bénéfique de part son statut de guérisseuse, ou au contraire malveillant car usant de ses redoutables pouvoirs pour de mauvaises raisons. Il faudra toutefois attendre le Moyen Age pour que la sorcière perde tout aspect positif et que l'on voit apparaître, sous l'égide de l'Inquisition, les principaux stéréotypes qui la caractériseront pour les siècles à venir. Elle est désormais la fiancée du diable, être maléfique et perverti, cause des malheurs vécus par la communauté pour qui elle ne tarde pas à devenir le bouc-émissaire idéal (l'épisode des procès de Salem en est le parfait exemple). Les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles seront toutefois encore moins cléments et on voit alors fleurir un peu partout des bûchers censés débarrasser la société de la nuisance que représentent ces femmes trop puissantes et trop libres. Les persécutions finissent toutefois par cesser au XIXe siècle qui marque la véritable libération de la figure de la sorcière qui connaît depuis lors une formidable résurgence, que ce soit dans la littérature (merci Terry Pratchett), au cinéma, à la télévision ou dans les histoires destinées aux enfants.



Julie Proust Tanguy signe avec cet ouvrage une étude passionnante et remarquablement documentée consacrée à un personnage phare de notre imaginaire, toute période confondue. Une lecture d'autant plus intéressante et instructive que l'auteur détaille l'évolution du personnage sous des angles extrêmement variés tout en abordant abondamment la question de l'image de la féminité au fil des siècles. Une très bonne découverte que je recommande chaudement.

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Pirates !

Drapeaux noirs, abordages, jambes de bois, trésors perdus, mers déchaînées… : autant de représentations qui nous viennent aussitôt à l'esprit dès qu'on évoque la piraterie. Mais d'où nous viennent tous ces fantasmes ? Comment la figure historique du pirate est-elle parvenue à atteindre une telle dimension chimérique et à s'imposer dans notre imaginaire ? Julie Proust Tanguy s'est penchée sur la question et nous livre par le biais de ce bel essai la synthèse de ses recherches et réflexions sur le sujet. La première partie de l'ouvrage est essentiellement consacrée à la définition du terme « pirate » et à son évolution au fil des siècles. On y apprend notamment que ce sont les Romains qui, les premiers, font du pirate un être sans foi ni loi, avide, cruel et donc un danger pour la civilisation. Si les « frères de la côte » laissent peu de traces de leur passage durant la période médiévale, ils refont surface au moment de la découverte du Nouveau Monde qui incarne pour eux l'espoir de l’avènement d'un nouvel ordre. C'est l'époque d’Édouard Teach (plus connu sous le nom de Barbe noire), de Jack Rakham, d'Anne Bonnie, de la colonie de Libertalia… : autant de noms à même aujourd'hui encore de réveiller les instincts d'aventurier de n'importe quel lecteur, petit ou grand. A cet âge d'or des XVIe et XVIIe siècles suit un rapide déclin : paradoxalement, c'est au moment où les pirates se font plus rares sur les mers qu'ils se mettent à envahir les pages de nos romans.



La seconde partie de l'essai de Julie Proust Tanguy consiste alors à essayer d'analyser l'évolution de cet archétype du pirate dans les médias. Médias qui, à partir du XIXe siècle et jusqu'à nos jours, se le réapproprient par tous les moyens possibles (littérature, musique, cinéma, jeux vidéo…). L'auteur se lance alors dans une liste détaillée des œuvres ayant mis en scène de terribles ou sympathiques pirates durant ces trois derniers siècles. « L'île au trésor », la franchise « Pirates des Caraïbes », « Assassin's Creed »… : ce ne sont pas les exemples qui manquent ! Parmi les œuvres fondatrices, on peut évidemment citer les ouvrages de Defoe, Stevenson et Barrie qui donnèrent naissance à certains des pirates les plus célèbres de la littérature (Long John Silver, Flint, Crochet…) Loin d'être lassante, cette abondance de références se révèle au contraire divertissante et permet au lecteur curieux de dresser une liste sélective de romans, films ou titres à lire/visionner/écouter. Il faut dire que l'auteur a fait preuve de beaucoup d'abnégation lors de ses recherches, n'hésitant pas à lire ou regarder nanars sur nanars dans le but de proposer une étude la plus complète possible. Parmi les ouvrages les plus récents, on retiendra surtout le diptyque « Lady Pirate » de Mireille Calmel mettant en scène Anne Bonnie et Marie Read ; le « Long John Silver » de Bjorn Larsson (que je vais m'empresser de découvrir) ; « Le déchronologue » de Stephane Beauverger, et bien sûr l'imposant mais remarquable « Le vaisseau ardent » de Jean-Claude Marguerite.



Avec « Pirates ! », Julie Proust Tanguy signe un essai instructif et rend un bel hommage à ce pirate devenu au fil du temps un archétype à part entière dont elle entreprend d'analyser la construction. A noter que depuis la parution de cet ouvrage, une nouvelle série intitulée « Black Sails » mettant en scène le capitaine Flint, Long John Silver, Billy Bones, Barbe Noire ou encore Anne Bonnie a vu le jour et est à visionner de toute urgence !
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Japon ! Panorama de l'imaginaire japonais

Une légère déception à la lecture de cet ouvrage. Dans cet essai, l'auteure explore beaucoup de facettes de la culture japonaise en passant par la tradition orale et les écrits (roman, mangas) mais également par certains aspects plus déroutants comme la musique ou une étude sociétale mettant en évidence la différence entre la perception de l'imaginaire occidentale et orientale

Et c'est ce qui m'a un peu perdue. Là où l'idée d'une vaste étude sur l'imaginaire nippon est intéressante, elle se perd toutefois dans un manque d'exhaustivité somme toute normal puisque s'attaquer à autant de références dans une publication de 400 pages relève de l'utopie pour la dite exhaustivité.

C'est une bonne approche pour toute personne souhaitant découvrir la culture japonaise avec beaucoup de références mais peu de développement.

J'avais déjà eu l'opportunité de lire le Panorama illustré de la Fantasy et du Merveilleux du même éditeur que j'avais beaucoup apprécié. De nombreux auteurs y sont cités et chacun d'eux font l'objet d'une étude retraçant aussi bien leur biographie que leurs œuvres et une courte mais intéressante description de celles-ci, avec comme conséquence un point d'entrée selon que la thématique développée par tel ou tel auteur nous intéresse plus particulièrement (fées, univers parallèle, contes etc.)

Dans le panorama de l'imaginaire japonais, on trouve beaucoup de références mais aucune clé n'est donnée pour poursuivre la découverte selon les auteurs ou illustrateurs cités.

J'avoue que je m'attendais à une dissection de l'imaginaire japonais et j'ai plutôt eu l'impression d'un étalage en forme de  : voilà ce qui vous est proposé débrouillez-vous avec ça.

En revanche, pour une première approche de la culture nippone c'est très bien pensé. On part des mythes fondateurs (avec entre autre Le-Dit de Genji) en passant par l'inévitable manga et les animés. C'est effectivement un large panorama qui même si, à mon grand regret, n'entre pas dans le détail offre toutefois une bonne vision des possibles pour de plus amples recherches.
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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

Si toi aussi tu aimes les sorcières, les sortilèges, l'histoire la littérature et le cinéma, cet essai est pour toi. S'il est complet, il est aussi très digeste. Il n'ensevelit pas le lecteur/la lectrice dans des tonneaux de références, et la narration est émaillée de références littéraires et cinématographiques. Ces références sont très variées : elles sont autant des essais sur lesquels Proust-Tanguy s'est appuyée, des références de chasseurs de sorcières de l'époque, mais aussi des romans adulte et jeunesse.

A la différence de Chollet, elle ne cherche pas vraiment à exposer les mécanismes qui ont conduit à ce déferlement de violences (elle évoque les épidémies, les guerres et famines, sans s'attarder sur la montée de la misogynie pendant le haut Moyen Age ou l'apparition du premier capitalisme) ou les conséquences encore actuelles. Elle va plutôt chercher l'origine de la sorcière dans l'Antiquité, puis les représentations de la sorcière qui ont conduit à leur torture puis leur mort.

Ces deux essais (Proust-Tanguy et Chollet) se complètent plutôt bien.

Comme d'habitude, je mets mon petit bémol sur la version poche : pas de sommaire, ni de bibliographie. Cette dernière est disponible sur le site de l'éditeur et elle est copieuse !
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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

Je suis tombée tout à fait par hasard sur ce livre l'autre jour, et j'aurais vraiment regretté de ne pas le prendre !



L'intitulé déjà m'a vraiment intriguée, je suis depuis des années attirée par ce qui se rapporte de près ou de loin à la sorcellerie. Les illustrations me paraissaient sympathiques, et le petit logo des moutons électriques sur le dos m'a aussitôt convaincue de le prendre.

Je n'en avais jamais entendu parlé auparavant, mais il est vite devenu l'un des essentiels de ma bibliothèque, et je sens que je le feuilletterais souvent.

Ce n'est pas le genre d'ouvrage qu'on lit en une seule fois, on butine de ci de là en fonction des rubriques et de l'intérêt qu'on leur porte sur le moment.



Julie Proust Tanguy nous fait faire un tour d'horizon de la perception des sorcières à travers les âges, les mythes, la littérature, et l'art au sens général. Elle part de l'Antiquité et de figures emblématiques comme Circé pour remonter jusqu'à nos jours. Elle dresse les portraits de femmes inspiratrices des plus belles et sombres légendes et nous fait découvrir différentes visions de la sorcière sous ses diverses manifestations. Qu'elle soit héroïne de roman ou de pièce de théâtre, déesse mythique, modèle féminin dans la peinture ou la sculpture, muse ou personnage horrifique au cinéma, la sorcière est une figure ancestrale qui émerveille et effraie encore aujourd'hui. De nombreuses illustrations et références certaines anciennes d'autres très récentes (jeux video, jeux de société, films) étayent les propos de l'auteure et parleront même aux plus jeunes. J'aime beaucoup le ton employé par Julie Proust Tanguy. Une certaine proximité se dégage de son écriture, et ses quelques pincées d'humour ne nous la rend que plus sympathique.



Tant par son format que par la multitude d'informations et de sources qu'il recèle ce livre est un guide parfait pour les amateurs et amatrices de sorcières. Il a l'avantage évident de ne pas nous ressortir les éternels clichés et d'apporter une réflexion approfondie sur le mythe de la sorcière. Celle-ci n'est plus seulement une vieille dame repoussante couverte de pustules, coiffée d'un chapeau pointu et toujours représentée en compagnie d'un chaudron et d'un balai. Non, la sorcière peut aussi être sensuelle, drôle ou vraiment méchante si elle le souhaite.



Un livre passionnant donc, et vraiment très bien conçu. Je me pencherais désormais sur les prochaines publications de cette auteure, car elle semble avoir de très bonnes idées. A noter qu'elle avait déjà publié un autre livre du même genre sur les Pirates, à voir ce qu'elle nous concocte pour la suite.



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Rêves d'Ulthar : 21 Histoires de Chats Fantas..

Ne vous attendez pas à remonter la rivière Skai pour parvenir à Ulthar, vous n'arpenterez pas Les Contrées du Rêve. Dans ce recueil, c'est essentiellement dans le monde de l'éveil que vous croiserez la route de cette énigmatique créature proche des choses de l'étrange, que son familier l'humain ne peut percevoir : le Chat.

Rêves d'Ulthar ce sont vingt nouvelles fantastiques, horrifiques, inspirées de l'oeuvre de H.P. Lovecraft - et une en ouverture de celui qui aura été une source d'inspiration du maître de Providence : Edgar Allan Poe - d'une grande et étonnante originalité. Les auteurs ont su faire peau neuve des superstitions et pouvoirs que l'on confère à cet animal, honoré comme un Dieu dans l'Egypte Antique et objet de haine au temps du Moyen-âge, avec une bonne dose d'humour, noir.

Au fil de ces mauvais rêves et cauchemars de cette chympathique anthologie vous ne pourrez vous empêcher de porter un autre regard sur la boule de poils aux deux morceaux de soleil qui ronronne à vos côtés…



Le chat ouvrit les yeux

Le soleil y entra

Le chat ferma les yeux

Le soleil y resta.



Voilà pourquoi, le soir,

Quand le chat se réveille,

J'aperçois dans le noir

Deux morceaux de soleil.



[Maurice Carême]



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Japon ! Panorama de l'imaginaire japonais

(Et qui c’est c’est qui qui a égaré ses notes ? C’eeeest Nééébaaaaaaaaaaaal ! Putain…)







Japon ! Panorama de l’imaginaire japonais est un gros « beau livre » (j’y reviendrai...) publié par les Moutons Électriques au travers d’un financement participatif – soit une méthode devenue tellement courante chez cet éditeur qu’elle en est presque systématique, ce qui m’ennuie quand même un chouia.







Le sujet m’intéressait, forcément, et j’ai craqué – à ceci près que le sujet… eh bien, s’avère ne pas correspondre tout à fait, voire du tout, à ce à quoi je m’attendais. Disons que j’ai été leurré par le titre : le mot « imaginaire », chez un éditeur de littératures de l’imaginaire (SFFF si vous prisez les acronymes), disons qu’il avait ses connotations qui me parlaient tout particulièrement. Seulement voilà : cet « imaginaire » doit être entendu au sens large – beaucoup plus large : c’est au fond la culture japonaise qui est ici envisagée (ou qui est censée l'être, car il y a des biais conséquents, j'y reviendrai), avec plein de développements qui n’ont absolument rien à voir avec la SFFF – sur la gastronomie, par exemple, ou l’érotisme, mais aussi bien le vieillissement de la population, les arts martiaux, la figure de la lycéenne, celle du yakuza, « le Japon entre traditions et modernité », ce genre de choses. Je suppose toutefois que je ne peux pas vraiment blâmer l’éditeur ou l’autrice, ici : si je m’étais renseigné un peu plus avant de souscrire, peut-être aurais-je alors perçu ce que le mot « imaginaire », ici, signifiait au juste. Il n’en reste pas moins que ç’a été d’emblée une petite déconvenue.







D’autant que ce prisme assez large, en apparence tout du moins, a un côté « Le Japon pour les nuls » un peu ennuyeux, parfois. De fait, les bouquins sur la culture japonaise « en général » ne manquent pas, les meilleurs comme les pires, et celui-ci, sans je crois faire partie des pires, ne fait certainement pas partie des meilleurs. L’analyse est régulièrement assez approximative, et emprunte un certain nombre de clichés, en prétendant justement les dépasser. Et l’enthousiasme de l’autrice, tout en qualificatifs extatiques et parfois points d’exclamation, vient contrebalancer une objectivité de façade qui ne trompe pas bien longtemps. Selon les sujets traités, cela fonctionne plus ou moins…







À vrai dire, parfois, le volume pâtit d’un côté un peu « touristique » à cet égard – pas certes au même plan que dans Le Guide géographique des otaku, petite, euh, « brochure » bonus issue du financement participatif, et qui proposait des itinéraires touristiques, avec indications de trajet, d’horaires, de coûts, etc., qui auraient pu figurer dans un Lonely Planet, mettons ; mais bon, pourquoi pas… Après tout, je n’ai moi-même jamais mis les pieds au Japon, ça ne fait pas exactement de moi quelqu’un de particulièrement qualifié pour trouver à y redire de quelque manière que ce soit. Reste que, dans certains chapitres de ce Panorama, le côté « touriste » ressort à fond, et se montre assez pénible : les pages consacrées à la bouffe, tout spécialement, sont édifiantes à cet égard.







Et elles souffrent d’un travers assez récurrent dans cet ouvrage : le lexique japonais abondant, et pas toujours bien employé, et parfois même erroné (les coquilles ne manquent pas), balancé façon bombardement dans une énumération par le menu (aha) de plats, comme plus loin de termes techniques liés aux voies du samouraï ou du ninja, etc. Ce qui généralement ne sert pas à grand-chose, et donne plus qu'à son tour l’impression d’un remplissage tenant pas mal du cache-misère – ces paragraphes saturés d’italiques ne vous apprendront absolument rien d’utile.







Mais justement : le caractère assez « généraliste » de l’approche est en même temps contrebalancé par une approche « otaku » assez franche, et qui biaise plus qu’à son tour l’analyse, tout particulièrement – eh – quand c’est « l’imaginaire », au sens où je l’entendais à première vue, qui est enfin traité (mais pas que, loin de là). De fait, passé le long chapitre « Monogatari » qui introduit l’ouvrage, plus ou moins un fourre-tout de tout ce qui a fait la culture littéraire et artistique du Japon, disons jusqu’à la Seconde Guerre mondiale,  même si ça dépasse régulièrement, « l’imaginaire » devient le domaine réservé des mangas, des animes, et même des goodies et du merchandising en général, avant les jeux vidéo. Le reste ? La littérature et le cinéma, tout spécialement, ne sont alors plus guère traités, et, quand ils le sont, c’est le plus souvent de manière assez superficielle. Je suppose, dès lors, qu’il n’y a rien d’étonnant à ce que le chapitre consacré à « l’imaginaire scientifique », par exemple (encore qu'ici les mangas et les animes ont certes leur mot à dire), soit aussi lapidaire, et lacunaire, tandis que le fantastique et l’horreur n’ont droit qu’à quelques paragraphes égarés dans des ensembles plus vastes, et plus lacunaires encore. Ceci étant, cette dimension « otaku » dépasse assurément le seul « imaginaire » au sens SFFF – prenez le chapitre sur la musique contemporaine (oui) : passé la J-Pop, point de salut !







(Dit-il en allant nettoyer ses oreilles dégoulinantes de sucre à coup de Merzbow.)







(Après avoir lu dans cet ouvrage que Kraftwerk était connu pour leurs tubes des années 1980, et que The Prodigy étaient des pionniers de la musique électronique. Oh...)







Tout ceci n’est donc guère convaincant. Oh, j’y ai appris plein de trucs, hein, je ne prétendrai pas le contraire ! Et c’était bien pour cela que j’avais participé au financement de cet ouvrage. Seulement… Eh bien, dans les quelques domaines où mon ignorance n’est pas totale, j’ai quand même eu le sentiment d’une analyse plus superficielle qu’elle n’en a l’air, et plus qu’à son tour approximative. Certaines interprétations me paraissent simplistes, mais je suppose que c’est à débattre – encore une fois, je ne suis pas le plus qualifié pour contester telle assertion ou telle autre. Mais j’ai régulièrement eu l’impression d’une analyse « à distance », empruntant à des ouvrages de seconde main (ce que commet votre serviteur, hein).







Plus ennuyeux, en un nombre non négligeable d’occasions, je suis tombé sur des erreurs pures et simples – j’entends par-là des erreurs factuelles, pas des interprétations contestables. Comme un con, j’ai égaré mes notes, et n’ai plus forcément tant d’exemples en tête, mais je peux tout de même avancer que, dans l’immense majorité des cas, l’autrice n’a pas lu, vu, etc., les œuvres dont elle parle ; c’est bien évidemment inévitable au regard de la masse énorme des œuvres traitées, et pas toujours problématique dans l’absolu, mais quand les erreurs à leur propos se multiplient, eh bien, ça se voit. Par exemple quand l'autrice fait du Dit de Heichû un récit épique comme les dits de Hôgen, de Heiji ou des Heiké. Ou, dans un autre registre, quand elle attribue aux moines au biwa (qu'on n'appelle pas ainsi pour rien !) interprétant lesdits récits épiques, un bien plus encombrant koto. Ou encore quand elle cite, et à plusieurs reprises, Umezu Kazuo, non pour ses mangas, mais pour leurs adaptations cinématographiques, en en faisant le réalisateur (et en faisant l'impasse sur les BD). Même en mettant de côté des erreurs qui sont peut-être avant tout des maladresses dans l'expression (par exemple, du fait d'une apposition peut-être, Le Tombeau des lucioles est d'abord présenté comme traitant du « traumatisme d'Hiroshima », si, ultérieurement, l'autrice rapporte bien que son point de départ est le bombardement de Kôbe), dans bien des cas les références avancées sont tout simplement erronées.







(Et ces erreurs ne concernent donc pas que le Japon, voyez les exemples musicaux européens précédemment cités.)







Tout cela n’est donc guère satisfaisant – et clairement pas à la hauteur du projet. Hélas, il y a une dernière dimension à mettre en avant, et pas moins navrante : ce « beau livre »… n’est pas très beau. Les photographies sont très inégales, le meilleur côtoie le pire, ce qui inclut des clichés baveux (ici l’impression est peut-être en cause – le papier glacé est agréable au toucher, mais ce côté baveux est tout de même très récurrent) ou d’un flou qu’on n’osera certainement pas qualifier d’artistique. Régulièrement, le bouquin a recours à la très mauvaise idée de glisser des photographies à l’arrière-plan du texte – ce qui rend, et les photographies, et le texte, peu ou prou illisibles. Les légendes de ces photographies se contentent d’avancer un titre en italiques, et parfois hermétique, et le nom du photographe (généralement l’autrice ou Morgan Thomas) ; aussi ne comprend-on pas toujours ce qui est photographié au juste… D’autant que ces photographies, de manière générale, ne renvoient pas toujours, et même pas le moins du monde, pour certains sujets traités, au texte en regard ! Bon, je suppose que ces critiques concernant les photographies sont parfois subjectives…







Mais j’ajouterai que la maquette est franchement dégueulasse ! Pour un « beau livre », c’est quand même ennuyeux… Et, comme dit plus haut, les coquilles ne manquent pas, dans un texte français insuffisamment relu (et la plume de l’autrice est globalement assez lourde, par ailleurs, qui sature son propos d’adjectifs parfois incongrus, tout spécialement quand c’est l’enthousiasme qui parle), parfois dans le lexique japonais ou les noms des œuvres originales (aussi bien que des artistes, en fait : « Akira Kurozawa », « Ozamu Tezuka »…), qui n’ont probablement pas été relus.







Japon ! Panorama de l’imaginaire japonais, même en prenant en compte que la méprise quant au sujet traité ne tient qu'à moi et ne saurait légitimer un reproche pertinent, s’avère hélas un ouvrage très décevant bien au-delà. Pas inintéressant dans l’absolu, mais mal branlé et trop souvent approximatif ; pas outrancièrement mauvais, mais au mieux médiocre. Clairement pas à la hauteur du projet. Que ça me serve d’avertissement…
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

Enjambez votre manche à balai et survolez l'histoire des sorcières, de l'Antiquité à aujourd'hui, grâce à ce terrifiant grimoire du féminin! Ce documentaire s'intéresse à l'évolution de l'archétype féminin de la sorcière, sur la base de sa représentation dans la littérature, dans les arts et au cinéma.



Tout y passe : la mythologie grecque, les légendes arthuriennes, l'Inquisition catholique, les procès de Salem, les contes classiques, les mythes folkloriques, les films de Disney, la Wicca des années 70, les Magical Girls des manga japonais, le vaudou de la Nouvelle-Orléans, la littérature fantastique, Ma sorcière bien-aimée, Charmed, Buffy, Hermione, Sabrina... Name it!



C'est un bouillon d'histoire et de culture populaire aux ingrédients variés : beaucoup de contenu, de nombreuses photos et des anecdotes bien juteuses, légèrement assaisonné à la sauce féministe! Belle qualité, malgré quelques erreurs d'édition, et très intéressant!
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La poésie lyrique

Voici le SOMMAIRE, vous trouverez plus de 50 poésies de divers poètes.

Introduction :

La poésie lyrique du moyen-âge au XVII ème siècle :

- Rutebeuf, Charles d'Orléans, François Villon, Joachim du Bellay, Louise Labé, Pierre de Ronsard, Antoine de Saint-Amant, Pierre de Marbeuf.



Arrêt sur lecture 1 :

Découvrir les caractéristiques de la poésie lyrique.



La poésie lyrique au XIXème siècle :

- Marceline Desbordes-Valmore, Alphonse de Lamartine, Gérard de Nerval, Alfred de Musset, Victor Hugo, Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Jules Laforgue, Anna de Noailles.



Arrêt sur lecture 2 :

Etudier comment s'exprime l'émotion du poète.



La poésie lyrique depuis le début du XXème siècle :

- Charles Péguy, Marie Noël, Jules Supervielle, Guillaume Apollinaire, Paul Eluard, Louis Aragon, Georges Schéhadé, François Cheng.



Arrêt sur lecture 3 :

Etudier le renouvellement du lyrisme au XXè et XXIème siècle.



Arrêt sur l'oeuvre :

Des questions sur l'ensemble de l'anthologie

Des mots pour mieux écrire

A vous de créer



Groupements de textes :

Chants lyriques antillais et africains

Vers un lyrisme contemporain



Autour de l'oeuvre :

Petite histoire du lyrisme

Le lyrisme en 19 dates

Les grands thèmes de l'oeuvre



Fenêtre sur...



Petit aide-mémoire :

Vocabulaire utile pour analyser les poèmes
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Japon ! Panorama de l'imaginaire japonais

Livre très instructif à lire obligatoirement pour les passionnés du Japon, de sa culture, de sa langue et surtout de sa nourriture. Passe par plusieurs thèmes pour présenter le Japon sous toutes ses coutures : les "monogatari", "du kawaï au hentaï", "jeunesse et tradition", "la figure du guerrier", "l'imaginaire scientifique" et "le Japon et les étrangers" !
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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

Après une période celtique, me voilà maintenant plongée dans les livres sur les sorcières. Celui-ci comporte des éléments particulièrement intéressants. L'auteure nous parle ici de la sorcière telle qu'elle est perçue à travers les siècles. Elle développe ainsi le côté historique, le côté artistique, littéraire ou médiatique de la perception des sorcières. Ce livre est découpé en cinq parties : l'antiquité, le moyen-âge, le XVI au XVIIIème siècle, le XIXème siècle, le XXème et XXIème siècle.



A travers l'étude de ces différentes époques, on voit ainsi toute l’ambiguïté de l'image de la sorcière. Tour à tour guérisseuse et empoisonneuse, bénéfique ou démoniaque, admirée ou persécutée, il est certain que la sorcière fascine. Il n'y a qu'à voir le nombre d'écrits que ce soient les mythes, les légendes, la littérature enfantine, les essais ou les romans qui l'évoquent ou lui sont consacrés. Aujourd'hui, son image est toujours véhiculée, bien que d'une manière différente, à travers les livre set les médias. Ainsi, l'auteur nous parle autant que de Lilith, de Morgane ou Circée que des sorcières de contes de fées, des films Disney ou des séries télévisées. On y parle également des fameux procès de Salem, de l'origine du chapeau pointu, du balai et du chaudron. On pourrait penser qu'un livre étudiant autant le point de vue de la mythologie que celui des séries "Charmed" ou "Ma sorcière bien aimée" a un côté fourre-tout assez peu sérieux. Que l'on se détrompe, ce n'est pas du tout le cas. Que les références soient "légères" ou non, elles ont leur place dans ce livre. Les angles de vue abordés dans ce livre sont extrêmement variés et cela en fait toute sa richesse



Il est particulièrement intéressant de voir l'évolution historique de la chasse aux sorcières. On constate que contrairement à l'idée reçue, il n'y a pas que la période de l'inquisition qui fait de la sorcière un bouc émissaire. Si je me suis beaucoup intéressée à l'étude que mène l'auteure sur la sorcière telle qu'elle est vue à travers la littérature, la partie historique m'a encore plus passionnée. Au fond, la sorcière n'est-elle pas tout simplement une femme trop indépendante pour une société patriarcale et misogyne? Quelle est la véritable raison qui a poussé à la diaboliser et la conduire au bûcher? Ne se retrouve-t-on pas ici en plein cœur du féminisme?



Un livre passionnant et très documenté que j'ai littéralement dévoré.


Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Japon ! Panorama de l'imaginaire japonais

Je m’attendais à trouver un guide des oeuvres de l’imaginaire sur le modèle du guide de la Fantasy chez le même éditeur, mais on a ici plutôt un essai joliment illustré sur divers thèmes de la culture japonaise.

Ce n’est pas trop mal écrit, mais on voit rapidement que le livre n’est pas écrit par une vraie spécialiste de la culture ou de l’histoire japonaise, mais par quelqu’un qui a fait des recherches à partie de quelques ouvrages clefs. Ce n’est pas inintéressant, mais les conclusions et le ton assertifs des « analyses » de la culture japonaise sont un peu étonnants. Sur la partie que je connais particulièrement bien (celle sur les samouraïs), je vois toute la faiblesse du travail de fond avec un contexte historique et sociale des œuvres présentées non compris et des conclusions simplistes parfois à contresens historique. On a un peu le même problème d’absence de profondeur que pour une page Wikipedia.

On regrettera aussi la présentation des œuvres de l’imaginaire dans chaque chapitre qui manque cruellement d’articulation et de concision, et qui semble écrit au fils de la plume.

Les photos sont assez jolies, mais manquent de légendes ; on sait rarement ce qui nous est présenté.

Au final, un joli ouvrage amateur bien sympathique mais qui manque un peu de structure, de profondeur et qui finit par lasser. Le ton péremptoire pour des « analyses » aussi superficielles ( parfois même fausses) est aussi un peu regrettable.

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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

L’auteure nous présente la sorcière et son évolution à travers les siècles : l’Antiquité, le Moyen-âge, puis du XVIème jusqu’au XXIème siècle.

Elle en vient à la même conclusion que moi au fil des ans et de mes découvertes littéraires : la femme forte est considérée comme une emmerdeuse donc une sorcière, il est impossible que la femme savante soit plus intelligent qu’un homme parce qu’elle lui est inférieure donc c’est une sorcière, etc. Patriarcat de mes deux ! Je prends des raccourcis, mais en gros, c’est ce qu’il en ressort. Et ne parlons pas du rôle que l’Église a joué dans cette misogynie – y aurait trop à dire sur le sujet et le but n’est pas de résumé tout l’essai, mais les points essentiels.



En soit, ce n’est pas une surprise et je n’ai rien appris de nouveau au cours de cette lecture, par contre, ça m’a permis de mieux comprendre les différences entre un même mythe, dissemblances parfois contradictoires, et qui concerne surtout certaines figures célèbres de la sorcellerie, et ce, grâce à leur évolution à travers la littérature, que ce soit Circé, Médée (la pauvre en prend pour son grade), Morgane la fée (mon personnage mythique préféré donc j’ai pris un plaisir énorme à re-découvrir toutes ses facettes – même à travers les comics, trop bien !)

C’était tout aussi plaisant de découvrir l’analyse de la sorcière à travers les contes avec un large tour d’horizon : de Perrault à Grimm bien entendu, en passant par bien d’autres… des nom d’auteurs étrangers comme Vladimir Propp que je ne connaissais pas et qui a analysé les contes de nombreux pays.



À partir du siècle des Lumières, la sorcière disparaît des radars, mais l’auteure fait quand même un parallèle avec les empoisonneuses.

Par la suite, l’archétype de la sorcière change, évolue jusqu’à devenir fantasme, l’auteure nous en brosse un portrait complet, ou pas loin… que ce soit en littérature, puis bien plus tard dans les bande-dessinées (comics et mangas compris), les films ou les séries, etc.

Je ne vais pas passer encore des heures à chroniquer, l’ouvrage est trop complexe et j’y passerais la nuit, donc je vais m’arrêter là.



Il est peut-être encore bon de rajouter que la plume de l’auteure est plaisante : si le sujet est coton, le style d’écriture est fluide. Les transitions et le lien entre les réflexions, les histoires et les citations s’enchaînent bien et s’imbriquent sans problème.

Cet essai est bien écrit et intéressant, mais je ne suis pas habituée à lire ce genre littéraire. Je ne prends jamais un tel travail à la légère, donc l’ai lu avec tout le sérieux qui s’imposait… du coup, je n’y ai pris aucun plaisir et ça a rendu certains passages laborieux.
Lien : https://psylook.kimengumi.fr..
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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

Etudier les sorcières, « c'est découvrir la façon dont l'imaginaire modèle l'image de la féminité au fil des siècles et apercevoir, sous les verrues et les échos du sabbat, la naissance d'une chimère féminine aussi fascinante que dérangeante ».



J'ai plus qu'adoré cet essai sur la figure de la sorcière au fil des siècles, l'ouvrage est découpé en cinq parties : antiquité, Moyen-âge, 16-18ième, 19ieme et 20-21ième siècle. Chaque période est émaillée par de nombreux exemples qui montrent à quel point la sorcière est un personnage complexe et fascinant dont l'image a grandement évolué au fil de l'histoire. L'auteure y aborde aussi le thème de la féminité qui lui est intrinsèquement lié. Le style de l'auteure est léger et emprunt d'humour , et vous fera passer un très bon moment de lecture.



Aussi les sujets abordés sont multiples : les contes, les légendes arthurienne, la wicca, Buffy, des vieux films des plus récents et j'en passe. Vous l'aurez compris ce livre est un condensé de références et d'analyse pertinente.





Bref, un ouvrage pépite d'une grande qualité qui vous donnera de belles pistes de réflexion sur le sujet sans vous assommez d'informations.
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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

Cet essai explique comment la figure de la sorcière a évolué de l’antiquité à nos jours. Pour ce faire Julie Proust Tanguy se base sur de nombreux textes historiques et sur différentes représentations artistiques.

Tour à tour fascinante, grotesque, protectrice, dangereuse, séduisante, puissante, pathétique ou encore machiavélique, la sorcière est un être bien ambivalent, que l’homme va accuser de bien des maux pour punir les femmes qui oseraient se montrer trop différentes, peu obéissantes, trop indépendantes.

Julie Proust Tanguy nous montre comment la figure de la sorcière est utilisée dans les sociétés patriarcales comme contre exemple à la « femme parfaite » au fil des siècles.

Un très bon essai qui m’a permis de me rendre compte que j’avais moi-même une image faussée de cette figure.

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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

L’ouvrage est plutôt éclectique sur un sujet passionnant, bien écrit et agréable à lire. L’autrice Julie Proust Tanguy nous offre une étude dense sur l’imaginaire du féminin et les clichés qui l’accompagnent, tout en développant les exemples dans les légendes, la littérature et les autres médias de sorcières qui ont marqué notre histoire.
Lien : https://www.scifi-universe.c..
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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

J'ai beaucoup aimé ce livre et il m'a donné une quantité d’œuvres littéraires, cinématographiques, musicales et artistiques à aller voir. Le mythe de la sorcière de la guérisseuse dans l'Antiquité, les premiers textes la célébrant puis sa condamnation progressive culminant avec l'avènement du christianisme et le fameux Salem, la création d'un mythe tardif (le chapeau pointu date du 20eme) puis sa reprise de notre époque en bien et en mal. Un portrait qui s'étend surtout sur l'Antiquité et le Moyen Ange, plein de références très sérieuses et plus légères. Une auteur qui prend le parti de la femme mais donne surtout un avis très net et parfois un peu négatif sur certaines œuvres. TRES intéressant!
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Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin

Cet ouvrage se lit vite, avec délectation, et est richement illustré, ce qui facilite encore plus l’immersion du lecteur. Les références historiques et littéraires y sont nombreuses et variées, sans jamais cependant tomber dans l’exhaustivité.
Lien : http://www.elbakin.net/fanta..
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