Critiques de K. Sello Duiker (3)
Récit d'une puissance et d'une richesse rare, La sourde violence des rêves est un ouvrage qui ne s'oublie pas.
Ce livre nous plonge dans la vie tourmentée de Tshepo. Enseveli dans une dépression proche de la folie, cet homme déborde avant tout de vie, d'amour et de passion. Il découvre, rencontre, ressent, étouffe.
Tshepo est notre guide au travers d'une génération du Cap, au prise avec ses interrogations sur l'homosexualité, l'alcool, la drogue, la prostitution... Où est sa place dans cette société sud-africaine? Et finalement, souhaite-t-il réellement en avoir une?
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Quand on se promène dans la ville du Cap, on croise à peine le regard de toutes ces ombres, celles qui cherchent à manger dans les poubelles, celles qui nous soutirent une pièce pour garer la voiture. On a peur de ces ombres, peut-être sont-elles agressives ? Peut-être est-ce à cause d'elles que les maisons du Cap sont barricadées par des barbelées, gardées par des sociétés de surveillance ?
Azure est une de ces ombres, il n'a que treize ans, il est orphelin, il a dû quitter sa ville, son école et le voilà à errer dans cette belle ville du Cap, tentant de survivre dans cette jungle pleine de prédateurs que sont les adultes (gang, malhonnêtes habitants, pédophiles,...).
Et alors que la liste des vices de ces adultes ne cesse de s'agrandir, Azure nous emmène loin, il prend de la hauteur. Physiquement déjà, en escaladant les montagnes qui bordent le Cap. Psychiquement surtout, car Azure, malgré tous les malheurs qui s'abattent sur lui, continue à rêver.
C'est un texte à la fois plein de violence et plein de poésie qui laisse un arrière goût étrange et fort. L'écriture est claire, simple, directe. La lecture se fait d'une traite tant l'histoire d'Azure est poignante. On se demande juste comment on peut ignorer toutes ces ombres, les laisser vivre ainsi, jusqu'à ce qu'elles n'aient plus de rêves et soient devenues uniquement violence.
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