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Critiques de Kae Tempest (127)
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Écoute la ville tomber

Sud de Londres, Becky, Harry et Leon, trois personnes différentes quittent la ville en pleine nuit avec une valise pleine d'argent. Que s'est-il passé pour décider d'un départ aussi précipité ? D'où vient cet argent ? Ce roman, premier de Kae Tempest que je lis commence fort. Dans un Londres actuel, les différents personnages évoluent avec des rêves. Becky, la danseuse contrainte à faire des « massages » pour arrondir ses fins de mois, Harry et Leon, amis d'enfance et dealers de drogue de haut rang qui souhaitent arrêter de vendre de la drogue lorsqu'ils auront amassé un million de livres et Pete, frère de Harry et petit copain de Becky qui vivote grâce aux aides sociales. C'est entre fêtes, beuveries, prises de drogues et rencontres familiales et hasardeuse que leurs destins vont se croiser pour aboutir au début du roman.



Belle lecture sur des jeunes gens un peu paumés, Écoute la ville tomber est un roman plein d'espoir. Les personnages, cabossés par la vie font leur possible pour se créer l'existence qu'ils ont toujours souhaité, qu'importe les moyens. Ce fût une belle découverte, les sujets abordés tels que la drogue, l'homosexualité ou encore les rapports familiaux difficiles sont bien décrits et font sens dans la société actuelle. Il manquait pourtant peu pour que ce soit une lecture marquante, l'intrigue étant un peu faible. Je le conseille tout de même rien que pour l'ambiance de la ville que j'ai tant aimé visiter de nuit.
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Qu'on leur donne le chaos

Un poème urbain qui visite la nuit de sept londoniens qui n’arrivent pas à trouver le sommeil, en proie aux doutes, au vide, à l’absence de sens de leurs existences.

4h18 - une tempête et les voix des sept londoniens s’unissent dans un cri collectif, exprimant toute la colère, les peurs le mal être et les désillusions d’une génération qui étouffe.

A travers ce long poème, Kae Tempest, ambassadrice du Spokenword, du Slam et du Rap outre manche, nous donne à écouter le monde contemporain dans ses vertiges, ses peurs, à ressentir l’incandescence de ce monde. Et elle nous exhorte à nous réveiller, à vivre plus.

« La vie, c’est juste un truc à faire »

L’ouvrage est présenté en version bilingue et c’est un parti pris intéressant. On peut passer d’une version à l’autre, apprécier la puissance du flow de Kae dans la version originale et le travail remarquable de restitution en français réalisé par la traductrice Louise Bartlett (qui a également traduit un autre recueil de Kae Tempest que je suis en train de lire- Étreins toi - également en version bilingue). On ne le dira jamais, un traducteur (trice) est un auteur(e) à part entière. En offrant la possibilité aux lecteurs d’avoir accès au texte source, ces derniers peuvent mesurer la difficulté de la tâche du traducteur et des trésors d’invention et de création dont il doit faire preuve pour restituer au plus près, et avec les contraintes et les ressources de sa propre langue, le flow, le style percutant et l’oralité revendiquée de ce poème.
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Écoute la ville tomber

Entre cynisme et espoir…

Oui c’est contradictoire, mais c’est ce qui me vient après la lecture de ce livre. Un cynisme positif, ça existe ?

Le roman est d’un réalisme sans lamentation, d’une banalité pleine d’émotion. Oui c’est encore contradictoire, mais ça prouve la richesse de ce roman, la complexité de ses personnages et la finesse de l’écriture de Kae Tempest.



Ce livre m’a replongée dans la lecture que j’avais pu délaisser depuis un moment (ça arrive). J’en suis ravie !
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Les nouveaux anciens

Dans ce texte publié et performé par Kae Tempest en 2013, des hommes et femmes ordinaires des temps modernes réincarnent des dieux. Amours, trahisons, guerres fratricides et filiations cachées, chaque détail renvoie aux épopées antiques, poèmes déclamés à la lumière des torches et sous les masques.

Je n'ai malheureusement pas été portée par la traduction française, qui, sans la version originale en regard, perd beaucoup de saveur. Un tel poème épique ne peut-il qu'être scandé à la face des spectateurs, dans sa langue originelle ? Je vous invite à aller visionner des captations de la performance au Battersea Arts Centre qui rendent compte de la beauté du texte et de la puissance et de l'engagement de Kae Tempest.

J'essaierai désormais de découvrir ses productions en version originale, si ce n'est en live !
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Qu'on leur donne le chaos



Imagine qu’il est 4h18

Heure un peu pourrie

Pour être réveillé.e

Mais aussi pour constater que tu es endormi.e

En état de veille, dissocié.e de la vie et du vivant

Imagine sept cœurs meurtris

Qui raconte la mélodie de leurs angoisses

Dans la ténèbre

Comme ça fait mal de se regarder

Vide

Qu’est-ce qu’on leur donne

A ces corps affamés

A ces esprits neutralisés

A ces cœurs surmenés

Le chaos est partout

On voit

Mais on ne bouge pas

Elle est quand l’heure du réveil

4h18

Heure pour suffoquer

Cette fois je vais me réveiller

Sept fois je vais constater que c’est plus dur

À faire à dire à porter

Cette jeunesse est brisée

Et tous les dérivatifs sont bons à prendre

Mais ils continuent de plus les endormir encore

Sept fois de repos impossible

Cette fois j’entends le cri collectif

Imagine un désespoir

Tellement immense qu’il est perceptible

Dans toute la ville

Au point exact de toutes ces questions

Absurdes et entêtantes

Somme toutes éternelles et fugitives

Qui nous assaillent avant le lever du jour

Imagine que tu ressens le chaos intérieur

De ces septs jeunes

Imagine que tu ressentes leurs intimes

Et que tu puisses voir toi aussi

Par ces fenêtres que leurs monologues

Sont le propre reflet de tes pensées

De tes propres observations de ce monde

Absurde qui va droit dans le mur

À quel moment tu te réveilles

À quel moment tu prends conscience

À quelle heure tu aimes

Et à quelle heure on se réveille

Pour réparer les dégâts des tempêtes

De l’hyper-consommation de l’hyper-avidité

De l’hyper-non-sens de nos vies

4h18

Heure de la solitude

Mais si on y est tous réveillé.e

A écouter ce poème urbain

Qui hurle toutes sortes de vérités

Est-ce qu’on ne rapprocherait pas nos cœurs

Est-ce qu’on ne pourrait pas en faire

L’heure de l’Amour

Imagine l’infinie possibilité de ce nouveau jour

A la lumière de nos éveils du cœur

Dans une mission interstellaire de partage

Et du chaos naîtra, un Soleil…

Je me réveille avec Kae Tempest, et vous?

Coup de 🖤
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Écoute la ville tomber

Ils sont trois : deux filles (Harry et Becky) et un garçon (Leon) l’ami d’enfance de Harry. Ils sont encore jeunes (la moitié de la vingtaine) ont vécu une enfance plutôt « complexe », voire difficile. Ils vont devoir quitter Londres (pour ne pas risquer de mettre leur vie en danger) pourvus d’une valise pleine d’argent …



Becky est censée être danseuse, pourtant elle est régulièrement serveuse (et pratique des massages …) dans le bar de ses oncles (aux activités louches …) Leon et Harry (oui, oui, Harry, pas Harriet …) sont des dealers « à la petite semaine » (Harry travaille dans le secteur des Relations Humaines …) Et puis il y a Pete, le frère de Harry, qui ne trouve pas d’emploi malgré ses diplômes … Pete est amoureux de Becky … Becky est amoureuse de Harry …



Mais peut-on vraiment échapper à la morosité du quotidien, ou de la vie en général ? Il y a eu un départ : y aura-t-il un retour ? Un roman assez mélancolique, sans être totalement désespéré. Une jeunesse désabusée, qui a juste envie de badigeonner des couleurs gaies sur la grisaille de notre monde. Une écrivaine talentueuse, un récit touchant, que j’ai pris plaisir à lire. Et malgré cela, j’ai eu le sentiment de rester un peu en retrait, je ne sais pas trop pourquoi …
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Inconditionnelles

Je n'ai pas l'habitude de lire du théâtre contemporain, c'une une belle découverte.

En fait de théâtre, c'est également (et surtout) de la poésie, celle du slam. j'ai été emporter par ces textes très forts, si lourds en émotion.

Les personnages aussi, sont des bombes d'émotions : des femmes malmenées par vie, qui s'aident et s'aiment et finalement font ce qu'elles peuvent pour avancer.

Il me reste à écouter toutes les musiques citées.

Un petit bémol, tout de même, je ne sais pas lire la musique, et je suis un peu frustrées de ne pas pouvoir profiter des dernières pages de ce livre
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Qu'on leur donne le chaos

La présentation de ce recueil de poésie par les éditions l’Arche est pour le moins atypique. D’un côté, on trouve la version traduite en français, de l’autre, celle en version originale. Il suffit donc, pour les amoureux de la langue de Shakespeare, de retourner l’opus.



« Imagine un vide

Une infinie et immobile noirceur

La Paix

Ou l’absence au moins

De terreur. »



Voilà, c’est ainsi que ça débute. Et c’est fort, violent même, et ce sera ainsi tout du long. Pas de filtre pour une parole percutante où la rage se fait entendre à travers les mots.

On va entendre sept monologues de sept personnages différents, à la dérive. Dans un monde pollué ou le lien social s’est détérioré, la jeunesse a recours à la drogue, l’alcool ou les médocs pour tenter d’oublier son désespoir, sa difficulté de vivre.

Que leur propose la vie ?



« Je sais que j’existe

Mais je ne ressens rien,



Je suis éclipsé

Je suis ailleurs. »



Avec des vers asymétriques, le rythme est haché. On ressent le vide et la pesanteur de la vie. N’y a-t-il aucun recours pour une vie meilleure ? Peut-être plus d’amour, en tout cas c’est ainsi que ce termine ce recueil



« Je suis dehors sous la pluie

C’est une nuit froide à Londres

Hurlant à mes proches

De se réveiller et d’aimer plus

Suppliant mes proches de

Se réveiller

Et d’aimer plus. »



« Ce poème a été écrit pour être lu à voix haute » est-il précisé sur la page du titre. Peut-être est-ce pour cela que j’ai eu du mal à entrer vraiment dans le texte. L’entendre déclamer à voix haute, voire crié, m’aurait sans doute aidée.



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Écoute la ville tomber

Une critique acerbe de la société contemporaine du sud-est de Londres, délivrée par une femme protéiforme : poétesse, rappeuse et romancière, "Kate Tempest ". Un rythme soutenu, avec des idées percutantes et dotées d'une grande fulgurance tel le staccato d'une mitrailleuse, parsèment les chapitres où s'entremêlent les actes et surtout les pensées des principaux personnages. Une étude d'une grande finesse sur le sort des laissés-pour-compte. Car comment sortir d'un schéma déliquescent, où brille un infime espoir dans un ciel envahi de nuages noirs : de boulots dérisoires et d'idées grandioses, de chômage, de boisson, de drogue et de ruptures.



Un parcours que l'on souhaiterait atypique, mais non, plutôt un leitmotiv pour la multitude qui n'ont pas eu l'heur de naître dans des milieux favorisés : Becky, Leon, Harry et Pete. Plusieurs thèmes sont abordés, avec perspicacité et clairvoyance : la difficulté de la jeunesse, le rejet de l'autorité, la politique, la drogue, l'homosexualité féminine, l'argent et l'alcool. Tous à la recherche de soi, de leur présence dans une société qui ne les tolère pas. Difficile de vivre dans une atmosphère délétère, qui leur laisse juste le soin " d'exprimer leur âme cabossée ".



Un hymne à l'espoir, à la vie, d'une envie lancinante de sortir de ce ghetto, de ce carcan qui enferment l'initiative, de la contrainte du bien-pensant, de la liberté de jouir de la vie en somme.

Un synopsis éprouvant sur le constat de notre société actuelle, qui n'offre que peu de débouchée pour l'épanouissement personnel en dehors d'un cadre surfait et lobotomisé.



Un beau livre.


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Qu'on leur donne le chaos

Le poème est épique, brutal, violent, chaque mot gifle, l’écriture est directe, percutante, on est comme abasourdis devant une telle rage. Des monologues se succèdent, ils sont sept, clamés simultanément par de jeunes gens quelque part dans Londres. Le système britannique, comme tous les systèmes politiques capitalistes, a échoué, et pourtant il continue à pleine vitesse dans le mur. La jeunesse est désarmée, presque incrédule devant la catastrophe en cours, alors il y a les palliatifs, drogue, alcool, le pouvoir des paradis artificiels. Car désastre écologique, car avenir compromis, bouché, car relations humaines détériorées par le virtuel, vendues, car le racisme, car la haine.



On ne croit plus en rien, alors on s’abrutit par des dérivatifs (« Je fais mes heures / pour gagner mes cachetons »), mais aussi par les selfies qui développent un peu plus un ego déjà surdimensionné. Texte en tous points vertigineux, il est un long cri de révolte, une poésie sociale et contemporaine dans laquelle ne sera fait aucun prisonnier, dans cet amas humain où le désespoir règne désormais en maître, guidé par la gentrification.



« L’Europe est perdue



L’Amérique perdue



Londres est perdue



Et on crie encore victoire.







C’est le règne du non-sens



Et nous n’avons rien appris de l’histoire.







Les gens sont morts de leur vivant



Étourdis par les lumières des rues.



Mais regarde comme la circulation continue ».



Ce poème sans concession, c’est pourtant un éditeur de théâtre qui l’a ressorti en 2022, peut-être parce que c’est une poésie qui peut se déclamer sur scène, être jouée. La version proposée ici est bilingue, pas en une mise en page du face à face habituel de deux langues, mais bien un texte français jusqu’à la moitié de l’ouvrage, que l’on retourne ensuite pour découvrir la version anglaise. Kae TEMPEST est une artiste britannique multiculturelle : poète, théâtreuse, rappeuse et romancière. Ce texte me paraît être parfait pour être lu des trois premières manières afin de faire passer le message (il est d’ailleurs précisé « Ce poème a été écrit pour être lu à voix haute »), il est aussi bref que brutal, traduit par Louise BARTLETT et D’ de KABAL, le travail de retranscription n’ayant pas dû être de tout repos. C’est une réédition, l’originale, toujours chez L’arche, étant parue en 2016.



https://deslivresrances.blogspot.com/
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Fracassés

J'avais vu cette pièce sur scène sans beaucoup apprécié. Ma lecture a été totalement différente. Le texte oscille entre poésie slamée et quotidien morose, entre tragédie antique et grande dépression contemporaine. Ce fameux mariage m'a conquit et j'ai hâte de découvrir d'autres textes de l'auteur.ice.
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Qu'on leur donne le chaos

Je ne lis jamais de poésie, jamais, ou pour être exacte, plus depuis mes années lycée. Pour moi, c'était une corvée terrible. Désolée pour les amateurs de poésie !! Là, défi lecture en cours, je dois lire de la poésie ! J' ai cherché sur Babelio et acheté un livre chez ma libraire préférée Qu'on leur donne le chaos, sans rien en attendre, reculant le moment de le lire !



Résultat ? J'ai pris une grande claque ! Ce texte en prose est puissant. Il m'a chamboulé. Il nous interroge sur le sens de notre existence, notre solitude, à travers les pensées de sept individus, sept individus qui, à 4h18, n'arrivent pas à dormir... Pourquoi ? Vous le découvrirez en lisant ce texte à voix haute !
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Écoute la ville tomber

J'ai découvert Kate Tempest en lisant une de ses pièces de théâtre, en l'occurrence - Inconditionnelles - dont j'ai dit sur Babelio tout le bien que j'en pensais.

Une vidéo et un clip plus tard, vidéo dans laquelle la dramaturge, écrivaine, poétesse, auteure-compositrice interprète parle à un public conquis de son premier roman - Écoute la ville tomber -, je fais l'acquisition dudit roman.



Le pitch met en scène la fuite dans une voiture de quatrième main de trois jeunes londoniens : Leon, Harry et Becky.

Tout laisse à penser qu'ils ont fait un casse ou quelque chose d'approchant et qu'ils sont en cavale, poursuivis par on ne sait qui...

Un flash-back nous ramène un an en arrière.

Becky est une très belle jeune femme de vingt-six ans, danseuse de talent qui n'arrive pourtant pas à percer. Pour survivre et laisser une chance à sa passion et à son talent d'être reconnus, elle travaille comme serveuse dans le restaurant " Chez Giuseppe ", tenu par son oncle Ron, qui l'a élevée après que son père, John Darke, universitaire engagé et homme politique promis à un brillant avenir ait écrit - Comment prendre le pouvoir sans qu'il vous prenne -, un essai politique révolutionnaire qui va le mener à sa chute et après une cabale, en prison pour longtemps, et que sa mère, Paula Chogovitch, soeur de Ron, photographe de renommée ayant renoncé à sa carrière pour son mari et pour sa fille Rebecca ( Becky ) se soit exilée dans une communauté religieuse aux USA. Becky travaille chez son oncle et le soir ou la nuit pour une agence de masseuses à domicile...

Au cours d'une party elle fait la connaissance d'Harry, un petit bout de femme genre garçon manqué. Pour Harry, c'est un coup de foudre. Pour Becky qui considère d'abord les êtres avant de s'intéresser à leur identité sexuelle, l'attirance pour Harry est réciproque.

Harry travaille depuis sept ans avec Leon, un de ses voisins de quartier, un ami d'enfance, le seul avec lequel elle ait jamais réussi à s'entendre et à partager quand Miriam, sa mère et Graham son père, quand les garçons et les filles de son école ostracisaient la colombe, cette femme avec une femme.

Leon et Harry dealent de la cocaïne pour Pico, un architecte d'intérieur.

Ils économisent dans l'espoir d'avoir un jour un million de livres pour vivre leurs rêves.

Harry a un frère cadet, Pete, un grand échalas, un artiste raté qui vit de petits boulots, d'aides sociales et autres " paradis artificiels "...

Gros lecteur, il entre un jour " Chez Giuseppe ". Il tient dans sa main l'essai de John Darke autrefois mis au pilon et " censuré ".

Becky est de service.

Choc lorsqu'elle voit le livre que lit ce client qu'elle ne connaît pas.

Pete, lui, est fasciné par cette fille pas comme les autres, très belle et...

Ça matche entre eux.

Pete a l'amour possessif ; le job de masseuse de Becky commence à le ronger.

Cela ne l'empêche pas de présenter Becky à sa mère Miriam et à son nouveau compagon David, un opticien un peu gauche.

Le hasard étant comme chacun sait bizarre, Harry retrouve Becky chez sa mère. Entre les deux jeunes femmes la magie continue d'opérer.

Entretemps Pico a été condamné à huit mois de prison pour... amendes impayées.

Harry et Leon doivent reconstituer leur stock de cocaïne.

Ils ont rendez-vous avec le remplaçant de Pico, Joey, qui essaie de les gruger.

Il agresse et menace Harry.

Leon vient à son secours et castagne le petit escroc.

Harry et Leon s'enfuient avec 1,5 kg de cocaïne et le contenu en liquide du coffre-fort.

Or il s'avère que ce n'est pas à Joey que Pico avait laissé les rênes de son affaire... mais à Ron, l'oncle de Becky...

Un soir, Pete est invité à dîner chez sa mère et son compagnon, qui veulent lui présenter Dale, le fils de ce dernier.

Les deux garçons finissent la soirée ivres morts et défoncés dans un pub.

Pete, de plus en plus tenaillé par la jalousie, se confie à Dale et lui demande d'avoir recours aux services de Jade la masseuse afin de s'assurer de la moralité de Becky, la femme de sa vie.

À l'initiative d'Harry, toute la famille se retrouve réunie quelques jours plus tard dans un pub de leurs amis pour fêter l'anniversaire de Pete.

Il y a Becky, Harry, Leon, Pete, Miriam, David, Graham...Ron et Dale...



Kate Tempest a construit sa narration en bonne dramaturge qu'elle est. Elle réussit à faire de l'improbable une évidence.

J'ai lu pas mal de critiques avec lesquelles je suis d'accord.

Le souffle, la flamboyance, l'influence de la poétesse et de l'auteure-compositrice sur l'écriture de ce roman sont indéniables.

Il y a une incontestable patte Kate Tempest.

Deux remarques pour terminer.

Un, la fin ne méritait pas à mon sens une chute extra-ordinaire...Pour paraphraser Baudelaire, je dirais que " le plaisir vaporeux ne fait que fuir vers l'horizon... le temps est un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup ; c'est la loi !"

Deux, le maniaque, l'obsessionnel malheureux que je suis qui, lorsque par exemple un auteur emploie le mot " arcanes " ou la locution prépositive " à l'aune de ", retrouve ce mot ou cette locution deux ou trois fois dans un livre de même un millier de pages s'ulcère de ce qu'il ressent comme étant une répétition à la limite du tic, imaginez un instant ce que j'ai pu éprouver en lisant quatorze fois en 425 pages " balayer du regard "... une crise d'exacerbation phobique !!!

En dehors de cette dernière remarque, tout concourt à faire de ce roman un avant-goût du talent très prometteur de Kate Tempest.

Une radioscopie sans pathos d'un monde où " l'angoisse atroce, despotique, sur nos crânes inclinés plante son drapeau noir ". Une déclaration d'amour déçu à une ville, personnage tout aussi central que ceux sus-mentionnés. J'ai vraiment apprécié... en dépit de mon TOC de répétition...
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Écoute la ville tomber

London falling

Becky, Harry et Leon quittent Londres à toute berzingue à bord de leur Ford, mains serrées et yeux exorbités. Les lumières de la ville défilent, il y a une valise sur la banquette arrière et une menace est à leur trousse.

Le roman raconte l'année précédant cette fuite, où comment ces trois jeunes londoniens vont se rencontrer et en arriver là. Avec des personnages très caractérisés, profondément fouillés, avec des digressions creusées, portant sur l'histoire de leurs familles respectives, sur leurs origines, avec en décor la banlieue sud de Londres, ses pubs et ses trottoirs mouillés, avec en fond sonore les soirées rave où évoluent les personnages, ce roman est une plongée rythmée et stroboscopique dans la galère de jeunes gens malmenés par la vie, qui peinent à s'en sortir et à s'épanouir, à la fois désabusés et cependant encore porteurs de rêves et d'espoirs secrets.

Becky s'épuise à courir fêtes et castings pour décrocher un rôle de danseuse, ce qu'elle échoue à faire malgré son parcours de formation sans faute. En attendant, elle masse des hommes esseulés pour gagner de l'argent et travaille dans le bar de ses oncles (ce qui nous vaut une histoire).

Sous couvert de travail pour de vagues ressources humaines, Harry, secondée par Leon, son ami d'enfance et complice de toujours, qui fait plus ou moins office de garde du corps, deale de la coke nuit et jour à de jeunes cadres dynamiques. Le but : constituer un pactole suffisant pour vivre tranquille. Son frère, Pete, au chômage, est encore obligé, à vingt-six ans, de vivre chez leur père, qui se remet mal de la séparation d'avec leur mère (encore une histoire dans l'histoire)...

La construction est formidable, l'écriture est vive et rythmée, pleine d'une poésie étonnante et d'images saisissantes. L'auteure regarde ses personnages se débattre avec empathie dans ce monde dur, artificiel et désespérant, se laisser envahir par l'amour et l'espoir malgré tout, et signe avec ce roman original aux allures de thriller le portrait d'une ville et d'une génération. Une réussite, un superbe moment de lecture.
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Écoute la ville tomber

Bon ben WOW.

Une poésie superbe (ouai bon je regrette de ne pas l'avoir lu en anglais pour ne pas en perdre dans la traduction, mais c'était tout beau quand même !), Une construction hyper chouette avec un ptit prologue qui te dit "voilà, à un moment, les persos ils en seront là", et hop tu te lances dans leurs histoires, et puis y a pleins d'ellipses et tu apprends à connaître tous les personnages annexes, comme si on était dans une pensée arborescente tu vois. Et Kae te ramène toujours a ta trame, même si tout devient trame, rien n'a de sens sans le tout.

Une vraiment belle écriture, des pensées que l'on peut ressentir, que l'on peut s'approprier.

Ah et oui aussi, tu vois tout le temps la ville bouger, c'est absolument pas doux plan-plan. Ça n'arrête pas de se déplacer dans l'espace et le temps. Moi des fois, ça me perd ça, mais là pas du tout du tout, une bouleversante lecture.
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Connexion

C'est de celui là dont j'avais besoin.

Je vais sans doûte le relire un petit paquet de fois, c'est un ptit grigri qui protège j'ai l'impression.



Sous ces allures d'essai, c'est un témoignage qu'on peut lire, que Kae nous offre. Un partage du dedans et du dehors, bien loin d'être moralisateur, ses lignes cherche à nous rencontrer, et on s'y rencontre aussi soi-même.



Je suis émerveillée par ses pensées, heureuse de m'en imprégner, de trouver des résonnances, de me sentir connectée, de ne pas être unE énième lecteurice.



Et pour l'anecdote : lecture particulière car livre prêté par une amie qui l'avait annoté, qui avant moi avait été prêté à une autre de ses amies et qui l'a aussi annoté.

J'étais donc la troisième. Nos lignes se superposent, se croisent, se répondent. Nos annotations se parlent, nos dessins se complètent.



Un réel sentiment de clan avec le vivant
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Écoute la ville tomber

« Écoute la ville tomber » est le premier roman de Kate Tempest dont on me dit quʼelle serait une rappeuse anglaise déjà connue et reconnue dʼune trentaine dʼannée (ce que je veux bien le croire).



Dans ce roman, elle nous plonge au cœur de Londres à travers 3 personnages principaux, Becky, Harry et Leon, mais aussi leurs amis et leurs familles. Un roman très actuel mais qui se construit avec de multiples sauts temporels, pour reconstituer les enfances de chacun des protagonistes, de manière à mieux comprendre comment ils sont devenus ce quʼil sont. Des parcours quʼon découvre inexorables, sous le poids dʼune société de plus en plus pesante, donnant de moins en moins de perspectives à une jeunesse désenchantée, vivant de petits boulots et se réfugiant dans la drogue.



Raconté comme cela, ça pourrait avoir lʼair sordide mais, étrangement, le sentiment que laisse le roman est finalement assez optimiste.



Je vous la fais courte

- Becky, la lumineuse Becky, est danseuse professionnelle. Cʼest à dire quʼelle rêve de vivre de son métier de danseuse… mais que pour juste vivre son métier de danseuse, elle a une activité parallèle de « masseuse ».

- Harry, elle, est un garçon manqué. Dans une société et une ville qui ne lui offrait que peu de perspectives, elle utilise ses talents commerciaux et relationnels dans une florissante activité de dealeuse de drogue.

- Leon, son ami de toujours, surveille ses arrières et gère lʼintendance. Tout deux sont conscients que cette activité nʼest pas une carrière : ils veulent rapidement se constituer un capital pour pouvoir se construire une vie « honnête ».



Chacun de ces personnages parait particulièrement crédible et ils sont tous attachants, avec les qualités et leurs défauts, forts et fragiles à la fois.



Un bien bonne surprise



La plume de Kate Tempest est affutée, stylée, percutante et incisive. Enfin, la construction du roman, avec ses multiples trames et époques, loin de perdre le lecteur donne du sens au roman et lui confère un rythme impressionnant, qui colle parfaitement avec lʼénergie de Londres, embarque le lecteur et soutient son intérêt.



Bref, une très bonne lecture que je vous conseille.
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Écoute la ville tomber

Même si je n’ai pas apprécié la fin, c’est du grand Kae Tempest.



Tous les ingrédients sont réunis : une écriture tendue et poétique, des personnages complexes et bouillonnants, un cocktail de vie et de désespoir.



L’auteur.e sait décrire l’existence au plus près comme personne d’autre.



Formidable !
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Connexion

Kae Tempest est une auteur.autrice non binaire, londonienne, qui s’exprime dans la poésie, la musique, et toute autre forme de création. Dans Connexion, elle livre une réflexion intime très puissante sur ce qui la lie aux autres et à elle-même.

Née jeune fille blanche, perdue dans ce monde hétéro dans lequel elle ne se reconnaissait pas mais en même temps sans savoir ce qui n’allait pas - sauf à savoir qu’elle n’y était pas bien et qu’elle faisait tout pour oublier - alcool, drogues, etc. Les premières années de performeuse, elle enchaînait les soirées sans vraiment y trouver son compte en tant qu’artiste. Mais c’est lorsqu’elle a perdu sa voix qu’elle a connecter à se poser les bonnes questions, qu’elle a cessé de courir et s’est offerte à la connexion - avec les autres mais surtout finalement avec elle-même.

C’est dans ma petite librairie « la fleur qui pousse à l’intérieur » (tout un programme…) que j’ai découvert ce petit livre rouge (en référence au « livre rouge » de Jung?) l’an passé et je viens de le lire et de m’ouvrir à la réflexion sur la connexion. Kae Tempest part de son vécu personnel, artistique et de ses lectures (poésie et psychiatrie) pour fonder son analyse : c’est très puissant. Elle raconte comment elle s’est sentie en connexion avec un SDF inconnu dans un parc qui avait conservé un livre de poésie que sa mère lui avait offert, comment elle se sent en connexion avec son public lorsqu’elle performe devant des gens qui sont venus la voir accompagné de quelqu’un qui ne la connait pas. Elle distingue aussi les connexions issue des technologies, qui sont certes multipliées par milliers mais qui sont vides de sens car ce que l’on cherche se définit en terme d’ego et de posture.

Il m’est très difficile de parler de ce livre car je sens qu’il a planté un graine dans mon cerveau qui ne demande qu’à germer et qu’il va sans doute falloir que j’ai revienne, que je réfléchisse à ça en dehors du cadre de la critique.

Pour conclure, mon sentiment est que c’est un essai essentiel qu’il faut lire maintenant, tout de suite, et surtout y réfléchir.

NB: dès que possible, je recopierai quelques passages fondamentaux pour faire mieux comprendre le côté essentiel de cet ouvrage (140 pages aux éditions de L’Olivier).

NB: j'ai utilisé le pronom "elle" parce que c'est celui de la traductrice, bien que l'autrice se définisse comme non binaire. De plus, je ne maitrise pas encore bien le langage inclusif et non binaire.
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Inconditionnelles

Ayant eu récemment quelques remarques ( peu, mais "un peu" que je considère ) sur l'excès de longueur de certains de mes billets, je m'efforcerai, lorsque je l'estimerai pertinent et non préjudiciable au partage et à la justification de mon ressenti, d'écourter ceux à propos desquels trop "m'étendre" nuit.



Ceci posé, je veux d'entrée de jeu dire que le texte de Kae Tempest est un vrai coup de coeur !

Cette artiste britannique polymorphe : poétesse, musicienne ( auteure compositrice interprète ), écrivaine et dramaturge ( je n'oublie rien... je fais "concis" ), revisite, "dépoussière" le théâtre en faisant interagir l'écriture d'une pièce composée de 23 scènes, l'écriture et l'interprétation de chansons, l'écriture et la déclamation de poésies.



Loin de l'opéra, de l'opérette ou de la comédie musicale, elle nous offre une oeuvre dont la parenté avec ses prédécesseurs ( toujours en vie !) n'est pas à nier ni à renier, à condition d'imaginer Arthur Miller écrivant un texte dont Higelin ( père ou fille ) écrirait les chansons, que côtoieraient des classiques de Freddie Mercury, de Janis Joplin, de Ferré, de Zazie ou d'Eddy de Pretto, et que ponctueraient les textes poétiques d'Orelsan, d'Akhenaton, de Soprano ou de Joey Starr...



De nos jours dans une prison quelque part en Angleterre deux jeunes femmes Chess et Serena partagent la même cellule.

Chess a été condamnée à 25 ans de prison après le meurtre de son compagnon, père de sa fille Kayla dont elle n'a plus de nouvelles depuis des années.

Serena, elle, purge une peine de 4 ans pour vol de montres et pour avoir dealé ou mis le nez dans quelque chose qui a un rapport avec les stupéfiants.

Elle est mère de deux enfants avec lesquels les liens sont plus que distendus.

Chess qui a vécu sous l'emprise de son conjoint violent, n'a jamais réussi à s'épanouir.

Or, elle a un vrai don pour la musique, pour la composition, pour l'écriture, pour la poésie...et elle chante... bien.

Serena qui, jusque-là, a été une perdante, une paumée, une victime, est toujours dans le doute et le manque de confiance en elle.

Mais contre toute attente, dans cette prison, elle a trouvé Chess et avec elle a pu donner un sens à sa vie.

Les deux femmes sont éperdument amoureuses l'une de l'autre.

Oui mais voilà, la probation, la conditionnelle et la libération se profilent pour Serena.

Et avec elle la séparation.

Chess va occuper une partie de ces journées difficiles qui précèdent le départ de celle qu'elle aime en participant à un atelier musical dirigé par Silver, un "coach" qui va changer la vie des deux femmes.

De réticences, en renoncements puis en consentements, Chess va écrire, composer, interpréter et enregistrer un CD pour Serena... avec la promesse des deux femmes que cet enregistrement ne restera connu que d'elles.

Sauf qu'avant de quitter la prison, Serena a promis à Chess qu'elle ferait tout pour retrouver Kayla.

Alors une fois dehors, elle ne trouve rien de mieux à faire que publier sur YT la chanson que Chess a écrite pour sa fille.

Très vite la chanson dépasse les 300 000 vues, attire l'attention des radios, des télés, des producteurs, des journalistes et la colère de Chess qui se sent trahie par Serena...



Pendant deux bonnes heures, Kae Tempest vous transporte dans l'univers carcéral, dans ce drame qui se joue entre ces femmes, le tout rythmé par des chansons connues, par d'autres composées par l'auteure, par des dialogues incisifs qui font mouche à chaque fois.

Ce qui est sidérant, c'est le talent qu'a Kae Tempest de traiter plusieurs sujets majeurs avec une grande efficacité et un minimum de mots et de situations.



L'émotion ( forte ) vous étreint tout au long de la pièce maîtrisée par une dramaturge virtuose.



Mon seul regret, c'est de ne pas, à défaut d'avoir vu jouer la pièce, avoir pu bénéficier d'une lecture audio afin de ne pas être interrompu par la recherche et l'écoute sur YT, chaque fois que nécessaire, de certaines chansons.



Une découverte en ce qui me concerne. Une découverte épatante !
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