Kareem Abdul-Jabbar and Anna Waterhouse Discuss Writing Their Mystery 'Mycroft' | Audible
— Depuis combien de temps travaillez-vous là-dessus, Holmes ? demanda Cardwell d’une toute petite voix.
— Un bon moment, monsieur. Tôt ce matin, je dirais.
— Depuis tôt… ce matin ? répéta le secrétaire d’État. Vous parlez bien de ce matin-ci ?
— Oui, monsieur.
— Je vois. Eh bien, je… il va falloir que j’y réfléchisse très sérieusement, Holmes. Très, très sérieusement. Il se pourrait que vous veniez de propulser tout notre système militaire dans le siècle prochain. Je dois avouer que je suis… impressionné.
— Je vous remercie, monsieur.
[...]une femme émaciée tout de noir vêtue roula vers eux. Pâle comme la mort, calée contre des oreillers, elle était assise sur un chariot ressemblant à un pousse-pousse conduit par une servante indienne. Elle lançait des regards langoureux autour d’elle. En posant les yeux sur Holmes, elle lui sourit pour le saluer.
Puis, en avisant Douglas, elle regimba brusquement, comme si elle lisait sur ce visage ébène qu’il était prêt à la molester sur-le-champ. Elle s’accrocha de façon possessive au pendentif semblable à une prune qui pendait à son cou.
Douglas ne s’en offusqua pas et aurait volontiers poursuivi son chemin, mais Holmes ne se montra pas aussi conciliant.
— Votre bijou ne l’intéresse pas, madame, déclara-t-il d’un air de reproche. Il en possède deux – plus gros, j’en suis sûr –, auxquels il tient bien davantage !
La vieille femme sembla choquée, tandis que sa domestique indienne se mordait les joues pour ne pas sourire.
— Vous ne pouvez pas dire une chose pareille à une dame âgée, le morigéna Douglas quand ils reprirent leur chemin.
— Elle ne mérite aucun égard, rétorqua Holmes, furieux. Elle est de ceux qui trouvent Oliver Twist séditieux. Je ne vous laisserai pas injurier par une personne pareille.
— Je vous prie de me laisser décider quand et par qui j’accepte d’être injurié, répliqua Douglas. Et la prochaine fois que vous souhaiterez admonester quelqu’un publiquement, je vous saurai gré de laisser mes « bijoux » en dehors de ça.
— Holmes. Holmes, dit Douglas en immobilisant les poignets de son ami. Vous êtes un homme brillant. Vous pouvez déduire n’importe quoi à partir d’indices, de détails, voire de simples hypothèses. Mais vous n’avez que vingt-trois ans. Vous n’avez jamais quitté l’Angleterre, jamais visité les profondeurs de la perversion humaine.
Holmes arracha ses mains à l’étreinte de son compagnon.
— Vous me traitez de naïf ? s’offusqua-t-il.
Douglas secoua la tête.
— Vous disposez d’un arsenal d’outils colossal, et vous savez vous en servir. Simplement, vous n’avez encore jamais rencontré le mal véritable, et pour comprendre celui-ci, il faut apprendre à réfléchir comme lui. Et si vous y parveniez… vous ne seriez plus jamais le même. (Il marqua une pause avant d’ajouter :) Nous ne pouvons pas nous abaisser au niveau du mal.
— Bon. Avez-vous eu vent des disparitions à Trinidad par votre famille ou par vos fournisseurs ?
— Les deux, admit Douglas. Et quand ces derniers m’ont confirmé les rumeurs, j’ai été obligé de les prendre au sérieux.
— Et tu ne peux pas utiliser ton sens de la déduction si sophistiqué pour réduire tout ça et retrouver le colis rapidement ?
— j'ai bien peur que même mon sens de la déduction sophistiqué ne puisse remplacer du bon travail, parfois.
Contrairement à son cadet Sherlock – grand, brun, d’une maigreur incroyable et aux traits évoquant ceux d’un oiseau de proie –, Mycroft entendait depuis son plus jeune âge qu’il était un "solide gaillard".
Plutôt grand, musclé, doté d’un profil agréable quoique noble. À défaut d’autre chose, il avait sans doute au moins hérité cela de sa mère.
— Vous avez bien dit que le bâtiment était en feu ?
— Oui.
— Dans ce cas, pourquoi en sauverais-je un ? Un homme pourrait se blesser ou, bien pire, ruiner un excellent costume. Mon tailleur serait furieux.
— Tu vois là, Holmes ; c'est vraiment inhumain ce que tu viens de dire.
[...] les bureaucrates subissaient "une nouvelle forme d’exploitation", bien que volontaire. Ils suivraient quiconque détiendrait le pouvoir à leurs yeux, en espérant ainsi pouvoir en récupérer un peu.
Placez-vous sur les chemins, regardez,
Et demandez quels sont les anciens sentiers,
Quelle est la bonne voie; marchez-y,
Et vous trouverez le repos de vos âmes !
— "L’arrogance précède la ruine", cria le jeune homme. Et "l’orgueil précède la chute" !