Pour le mutilé, l’atteinte a bien été réelle. Sa douleur en témoigne, elle est inoubliable. Il ne s’agit donc pas d’une douleur imaginaire, mais d’un réel surgissant sur le lieu de la disparition. La douleur du membre fantôme est assourdissante et diffuse. Il y a quelque chose dans la spécificité des violences coloniales qui empêche de s’en séparer et de les oublier. Et pour cause, les corps ont été irréversiblement marqués par le blanc et la violence du dessaisissement.