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4.17/5 (sur 47 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 14/07/1972
Biographie :

Raphaëlle Branche est une historienne française, spécialiste des violences en situation coloniale.

Ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, elle est agrégée d'histoire (1995) et docteur en histoire (2000).

Sa thèse, soutenue en 2000, portait sur la torture pendant la guerre d'Algérie ; elle a été publiée en 2001 aux éditions Gallimard. Il s'agit du premier travail scientifique approfondi sur la question.

Maître de conférences à l'université Rennes-II, puis à l’université Paris I, elle est membre junior de l'Institut universitaire de France de 2008 à 2012.

En 2010, elle soutient une habilitation à diriger des recherches intitulée "Hommes et guerres en situation coloniale". Elle est rattachée au Centre d'histoire sociale des mondes contemporains.

Elle est élue professeur à l'université de Rouen en 2014, puis à l'Université Paris-Nanterre en 2019.

Avec "L'embuscade de Palestro. Algérie 1956" (Armand Colin, 2010), Raphaëlle Branche s'est penchée sur les violences commises par le FLN, lors de la guerre d'indépendance d'Algérie et, plus largement, sur l'histoire des effets de l'insurrection de 1871 dans cette région de Kabylie.

En 2020 paraît son livre "Papa, qu'as-tu fait en Algérie ?", résultat de vingt ans de recherches.

Elle est rédactrice en chef de la revue "Vingtième Siècle : Revue d'histoire" (2014-2020).

site officiel : http://raphaellebranche.fr/

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Source : Wikipédia
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C'est par le biais des témoignages que Rafael Lewandowski et Raphaëlle Branche ont choisi de revenir sur la guerre d'Algérie. Soixante ans après la signature des accords d'Evian en mars 1962, la série ARTE "En Guerre(s) pour l'Algérie" revient en six épisodes sur la guerre d'Algérie du point de vue de ceux qui l'ont vécue. La professeure d'histoire contemporaine à l'Université de Paris Nanterre Raphaëlle Branche est notre invitée pour revenir sur cette série documentaire qui se penche sur des témoignages intimes pour raconter ce conflit à hauteur individuelle. #algérie #histoire #franceculture _____________ Prenez place à La Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité des idées https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
C’est maintenant, non pas à l’échelle des États mais à celle des hommes, qu’il faut agir. Seuls celles et ceux qui ont vécu la guerre peuvent contribuer à suturer ces plaies laissées béantes dans les familles par l’ignorance des conditions de disparition des proches, quelle que soit la rive de la Méditerranée. Cinquante ans après la guerre, il est temps de parler ! Que ceux et celles qui savent quelque chose témoignent ! Qu’il s’agisse du lieu où furent enterrées des personnes ou des circonstances de leur décès, les informations ne sont connues que d’un petit nombre. Anciens d’Algérie et habitants d’Algérie, parlez ! Dîtes ce que vous savez, même si c’est parcellaire et incomplet, car c’est la mise en commun de toutes ces informations qui, seule, peut faire avancer la vérité et contribuer à poser les base d’une réconciliation qui ne soit pas payée au prix d’un oubli forcé.
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La violence sexuelle en temps de guerre n'est pas qu'une simple agression du corps féminin, elle est avant tout destinée à étouffer le corps politique. Dans le cas grec, la violence sexuelle fut utilisée comme arme de répression politique, ciblant les hommes et les femmes politiquement actifs, ainsi que la population locale. L'objectif n'était pas seulement de viser le corps physique, mais aussi de désintégrer la communauté et de propager le chaos social.
Le rôle des femmes fut rabaissé à l'usage qu'elles pouvaient faire de leurs corps afin qu'elles ne soient plus considérées comme des adversaires mais comme des femmes immorales, ce qui légitimait ainsi la brutalité à leur égard. Comme l'affirme Boeschoten, "toutes ses formes de violence sur le corps féminin constituaient des transgressions évidentes du code social de l'honneur". Ce type de violence affecte le corps et le psychisme de la victime, insiste Pettman, mais aussi la politique du corps, "afin que la personne et la société soient tellement désintégrées qu'elles soient paralysées et niées".


" Viols et abus sexuels pendant la guerre civile grecque "
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Au moment de la création de la République démocratique allemande en 1949, les récits de viols cessèrent d'être racontés en public – et furent passés sous silence pendant un demi-siècle. En revanche, dans l'Allemagne de l'Ouest post-1949, les histoires de viols étaient parfois racontées pour justifier les attitudes et les politiques anti-soviétiques du début de la guerre froide. Mais, à la fin des années 1960, les Allemands de l'Ouest étaient davantage préoccupés par la reconnaissance de leur responsabilité dans l'extermination des Juifs d'Europe, les meurtres de masse de prisonniers de guerre soviétiques et autres actions à caractère génocidaire du Troisième Reich. La mémoire de la Seconde Guerre mondiale, hautement politique et générationnelle, devint une question de politique étrangère. Ainsi, pendant l'Ostpolitik et la détente, et alors que l'Allemagne cherchait à créer de nouvelles relations et à améliorer les relations existantes avec ses voisins de l'Est, il devint quasiment impossible d'évoquer les victimes allemandes sans être accusé de revanchisme. La question du viol ne fut donc exploitée que par l'aile droite de l'échiquier politique et par les apologistes de la guerre nazie à l'Est.
Parallèlement, du fait du caractère hautement personnel et ostensiblement sexuel du viol, une chape de silence s'établit qui tomba sur sa perpétration. Les hommes n'aiment pas parler du viol lorsqu'il s'agit de leurs femmes ou de leurs filles, à cause de la prétendue « honte » qu'il fait tomber sur eux-mêmes et sur leurs familles. Les femmes évitent le sujet pour les mêmes raisons. Dans certaines cultures, le viol est une désacralisation de l'honneur et de la pureté de la femme. Le mot allemand Schändung, qui rappelle la honte – par opposition à Vergewaltigung – illustre bien ce sentiment. Néanmoins, au fil des années, de nombreuses femmes allemandes racontèrent leurs expériences d'une façon remarquablement directe et objective, et purent ainsi la partager avec d'autres femmes.
« Tabou » est un mot trop fort pour décrire la négligence dont ont souffert les victimes allemandes entre la fin des années 1960 et le début des années 1990. La fin du communisme en Europe de l'Est, l'effondrement de l'Union Soviétique, la réunification de l'Allemagne pendant la période 1989-1990, et le besoin évident des Allemands de normaliser leur compréhension de la Seconde Guerre mondiale permirent toutefois de dépasser les inhibitions, lorsque cela était possible. Les questions liées au bombardement des Alliés, à la destruction des villes allemandes, à la Vertreibung (déportation forcée des Allemands de l'Est) et au problème du viol furent tardivement réintroduites dans le débat public allemand sur la guerre. Insistons bien : le débat autour de ces aspects de la guerre ne doit et ne peut en aucun cas relativiser la culpabilité centrale du Troisième Reich et sa responsabilité dans la guerre génocidaire qu'il a menée en détruisant le continent européen. La Seconde Guerre mondiale a aussi anéanti la vie de millions d'Allemands et a crée toute une génération de victimes de viol. Aujourd'hui encore, les Allemands ont toujours du mal à atteindre cet équilibre difficile et délicat entre, d'une part, la compréhension et l'acceptation de leur responsabilité fondamentale dans les horreurs commises pendant la Seconde Guerre mondiale et, d'autre part, leur besoin de parler et de reconnaître publiquement les problèmes liés à leur expérience de victime.

« Russes et Allemands : mémoires postsoviétiques »
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Le questionnement de la masculinité à travers le viol et le rejet de l'autre comme émasculé croise certaines formes de différenciation ethnique. La masculinité hétérosexuelle est considérée équivalente à la masculinité musulmane pure, métonymie employée par l'administration pakistanaise pour la construction de l'islam « pur » au Pakistan occidental. La caractéristique ethnique des musulmans bengalis impurs les rend inférieurs. Ce ne sont pas seulement des mâles efféminés inadéquats, aux rites religieux et sexuellement impurs, ils sont aussi moins que des humains. La connotation animale attachée au musulman bengali – paresseux, indigne de confiance et fourbe – est révélatrice. Cette animalité factice lui permet d'être décrit comme une personne rusée et manipulatrice – une construction comportementale que l'on a retrouvée par exemple plus tard au Rwanda, entre Hutus et Tutsis.
J'ai appliqué le concept d'incarnation de Marilyn Strathern pour démontrer que le viol, en tant qu'acte et objectif, est une activité genrée faisant apparaître la victime, masculine ou féminine, comme inférieure parce qu'elle est féminisée et soumise à une attaque physique violente. Par extension, cette même incarnation garantit la masculinisation de l'auteur du crime et la domination de l'armée pakistanaise. Puisque ethnicité et genre se mélangent, les corps impliqués sont simultanément racialisés par le contrôle du morceau de peau manquant sur le pénis, et par le viol de nombreux hommes précisément identifiés comme musulmans mais de catégorie impure ou inférieure. La féminisation et la catégorisation raciale des musulmans bengalis soulignent la performativité de genre du viol pendant les violences collectives, qui garantit l'appartenance au genre féminin des corps féminins et masculins et les transforme en signes ou territoires sur lesquels s'inscrivent les programmes politiques.


"« Héroïnes de guerre » et homme oubliés (Bangladesh)"
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L’hellénisation par la contrainte, l'internement et la torture, était vitale dans le projet mis en œuvre par l’État, qui l'appliqua même à ses détenus mineurs. L'agression physique et l'humiliation morale et sexuelle, comme le fait d'uriner sur des prisonniers, étaient légitimés par une volonté de purification de la nation hellène. La guerre civile n'était pas un conflit ethnique, mais les prétendues différences ethniques s'accentuèrent et se politisèrent, surtout sur la base du rejet de "l'autre". Les détenus mineurs ne représentaient pas seulement "l'autre" politiquement, ils devinrent également des "autres ethniques", des traîtres à la nation, à la religion et à la famille. Mais, jeunes et facilement transformables en Grecs purs et vertueux, leur récupération était présentée comme impérative. Cela servit de prétextes pour justifier les pires traitements.
Le cas grec montre comment la violence sexuelle doit être pensée comme une stratégie politique. La violence genrée, sous la forme du viol, comme moyen de destruction politique, n'est pas un évènement marginal de l'histoire politique de la Grèce. Ce fut, notamment pendant la guerre civile, un élément constitutif d'un projet nationaliste orchestré par l’État. Le projet national de régénération de la nation s'appuyait sur le consensus préexistant de la soumission des femmes par l'imposition des schémas patriarcaux traditionnels de contrôle et de silence. Leurs corps, leurs actions et leurs convictions devaient être contrôlés et punis lorsqu'elles défiaient les hiérarchies. La reconstruction de la nation passait indubitablement par le corps des femmes.

"Viols et abus sexuels pendant la guerre civile grecque"
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Le jeune instituteur a lu " la question " d’Henri Alleg ( publié en 1958 ) et n’ignore pas ce qu’il pourrait être amené à faire en Algérie. Une fois son sursis résilié à la fin de l’École normale, il refuse début 1961 de devenir sous-officier : " Je suis resté volontairement seconde classe jusqu'au bout, pour avoir la participation la moins active possible aux événements, fidèle en cela à ma ligne de conduite générale de résistance passive. "
( page 62 )
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"Tout cela est fait pour faire peur, pour dégonfler les français. Et il y arrivent nous avons peur, une peur affreusement tomber entre leurs mains. On en rechappe pas. Cadavres mutilés affreusement, incroyable ! Nous ne savons où ils sont, si ceux qui nous regardent passer sont amis ou ennemis. Ce n’est même pas une guerre, c’est un cauchemar. " ( lettre de Jacques Carbonnel à Jeanne 17 juillet 1956 )
( page 180 )
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" Je pense que son expérience en Algérie l’a beaucoup marqué, pas au sens où il aurait vécu des événements traumatisants mais au sens où cela l’à fait réfléchir comme expérience humaine [...] Le fait de pouvoir mourir où d’être contraint de donner la mort l’à beaucoup marqué. Il était à ce moment-là aussi rempli de questions existentielles, sur la vie et sur sa vie."
( page 433 )
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La guerre les a confrontés aux manques affectifs et matériels, à la peur de mourir, à la vulnérabilité des adultes.
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Raphaëlle Branche
Le silence, ce n'est pas simplement quelqu'un qui ne parle pas. C'est aussi, parfois, des gens qui n'écoutent pas, des gens qui ne questionnent pas.

(Entretien sur France Culture, La Grande table idées, le 10/11/2020)
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