Citations de Karin Kallmaker (80)
Et bien je crois que j’ai appris quelque chose lorsque je me trouvais à Castro et que j’ai regardé autour de moi en me sentant très seule et pas à ma place. Je ne regarde jamais les français, par exemple, en pensant à eux comme… des aliens. J’avais juste besoin de prendre le temps de mûrir pour apprécier ce que je n’avais pas remarqué auparavant. La culture lesbienne a une histoire très riche. J’ai lu un peu et, bien que je sache que je ne Comprendrai jamais, tout comme je ne peux pas concevoir ce que c’est que d’être français, je peux l’apprécié. Et je suis fière que tu en fasses partie.
D’accord, d’accord, dit-elle faiblement. Je vais tomber si tu ne me lâche pas. Aussi érotique que ça puisse paraître, la douche n’est pas un endroit pour faire l’amour,
Je sais, répondit Rayann en là lâchant. J’ai testé. Je me suis retrouvé avec de l’eau dans le nez.
Louisa éclata de rire et sortit de la douche pour se sécher.
Rayann ouvrit un carton de Harlequin à l’aide d’un cutter et les rangea sur le présentoir qui leur était destiné. Ils ne feraient pas long feu, car les dames de la maison de retraite les dévoraient littéralement. Rayann les comprenait.
Elle se ferait bien un bon livre elle aussi. Elle n’était pas désespérée au point de lire des romans de gare décrivant des histoires d’amour hétérosexuelles, mais elle avait été accro en grandissant.
Elle pensa soudain à son père, et au fait que durant la majorité de sa vie d’adulte, ils avaient partagé tous leurs repas, et ce parfois dans des conditions épouvantables. Ils avaient été seuls au monde. Jusqu’à récemment, elle aurait pratiquement tout donné pour retourner à sa vie d’avant. Mais plus maintenant. Son univers avait changé, et avec lui son point de vue sur elle-même. D’un coup, elle se sentit émue, comme si quelque chose s’en allait et qu’il lui fallait prendre note du moment, mais elle n’arrivait pas à mettre des mots sur ce qui était en train de disparaître.
Tout ce qu’on peut faire, c’est emprunter cette route, en apprécier chaque instant et tout mettre en œuvre pour faire en sorte que ce soit l’âme sœur malgré les difficultés et les doutes. Et ça demande du travail, rester en forme, toujours écouter son corps et son cœur afin de continuer la route. C’est ce que je veux. Tant que tu es à mes côtés, c’est tout ce que je veux.
On ne peut pas revenir en arrière.
Ma vie, depuis que je suis sobre, peut résister à n'importe quelle enquête. Les casseroles que j'avais accumulées ont chanté au grand jour quand je me suis présentée au poste de conseillère municipale et au bout du compte, tout le monde s'en moquait. Tout le monde sait que je suis une ancienne alcoolique. Tout le monde sait que mon père est riche comme Crésus et que je n'ai pas à me plaindre non plus. Un jour ou l'autre, tout le monde saura que je suis lesbienne. Mais d'ici là, ils sauront aussi que je ne pioche pas dans les caisses, que je ne voyage pas aux frais de la princesse, et que je n'essaie de baiser ni les contribuables, ni mes assistantes.
Le courage ne sert à rien sans une raison de se battre.
Elle n’aimait pas qu’un étranger la touche, surtout un homme, et surtout un homme en costume trois-pièces qui donnait l’impression de penser que les femmes étaient des créatures sans défense.
Jusqu'ici tout allait bien. Ce ne serait peut être pas une mauvaise idée de rentrer, n'empêche. Assise à côté de Sydney dans une salle obscure, la chaleur de son corps à quelques centimètres du mien... Le mensonge n'était peut être pas un péché mortel, mais la luxure si.
On aurait dit que j’étais une domestique... le genre de personnes à qui l’on peut dire n’importe quoi parce qu’ils ne peuvent pas répondre.
Quel mal y a t il à prononcer un mot ? Le sens n’est pas dans les mots, c’est les gens qui le leur donnent.
Elles doivent bien boire quelque chose. Et ce quelque chose, c’est toujours mieux que rien.
J’étais censée être libre comme l’air. Je voulais l’être. Je voulais agir selon mes émotions et éprouver de l’amour pour toutes les personnes qui me faisaient frémir et battre mon cœur.
La sensation et la douleur sont deux choses différentes
Bien que j’aime les enfants, je n’enviais pas un seul instant le personnel qui y
travaillait. Pour chaque enfant génial, curieux et intéressant, il y avait deux
pleurnichards qui chialaient pour tout et n’importe quoi. Et chaque
pleurnichard avait une mère trop protectrice qui ne laissait pas son gosse
s’amuser.
La façon d'amener une femme à l'autel n'avait aucune importance, une fois que
c'était fait, ses biens passaient à son nouvel époux. Ses enfants appartenaient
aussi à l'époux. Sa famille ou le mari qui avait été spolié pouvaient toujours
chercher à se venger par la guerre, la fortune était partie à jamais.
La plupart des textes historiques commentent l'essor soudain de la musique et de l'art et le développement spontané de l'attitude chevaleresque,mais rares sont ceux qui vont plus loin et rappellent que ce sont les femmes qui ont donné forme à ces changements. Les femmes ont créé une culture qui allait influencer la pensée européenne pendant trois siècles.
Les jeunes filles de bonne famille catholique ne quittaient le foyer de leur père que pour se marier, et pour rien d'autre. Lorsqu'elles se mariaient, elles devenaient adultes. Celles qui vivaient seules étaient soit des bonnes sœurs, soit des putes.
Nous avions des amies lesbiennes, mais c’était difficile. Nous ne pouvions pas être nous-mêmes en leur présence. Nous étions obligées de jouer autant de rôles avec elles qu’avec les gens qui avaient la mainmise sur nos vies : nos patrons et les propriétaires. J’étais mère alors je devais être femme, hein ? Et si j’étais femme, Chris était forcément butch, OK ? Nous ne saurons jamais qui nous étions vraiment,mais on nous a forcées à endosser ces rôles, ce que nous avons fait, en public en tout cas.