Kate McNaughton

Quand la personne que vous aimez meurt, le train s'arrête. Et vous comprenez qu'en effet il n'y a pas de marche arrière, mais pas de marche avant non plus. Vous l'ignoriez parce que le paysage défilait si sagement. Mais maintenant que votre amant est mort, le temps s'effondre sur lui-même, le paysage se transforme en maelström autour de vous, fragments de votre vie, souvenirs, événements à venir apparaissant puis disparaissant de votre champ de vision, et vous essayez de les saisir mais ils vous échappent

Peut-être que, telle une goule, il prenait le contrôle de son corps. Pas de problème, Adam. Cela me ferait plaisir de vivre pour nous deux. C'est en réalité la seule raison pour laquelle je continue de vivre.

...on se souvient du passé comme on a besoin de s'en souvenir. Pour donner à nos vies un sens dans le présent.

Le deuil, c'est comme la noyade : il y a un décalage entre toi et le monde qui t'entoure, une incompatibilité chimique. Ton corps n'est plus adapté à ce climat, avec son oxygène et sa chaleur tempérée...tu émets ces gémissements surnaturels qui ne semblent pas pouvoir provenir d'un être humain, tu tentes désespérément de t'agripper à l'air qui t'entoure, de l'empoigner à pleines mains, tu tentes de faire tomber la trame même de l'univers, de le renverser sur ta tête...Cela devrait être possible avec le trou noir qu'est ton deuil. Mais en fait le monde est imperméable à ta douleur. Ta douleur reste en toi. Et l'univers reste à sa place.

Il est plus triste de retrouver le passé et qu'il ne soit pas à la hauteur du présent, que de laisser vous échapper et demeurer à tout jamais une construction harmonieuse de la mémoire

Jamais plus je ne sentirai tes bras me serrer.
Comment peux-tu me faire un truc pareil?