Citations de Kate Mosse (224)
La femme ne prie pas. Elle ne le peut pas. L’histoire des injustices commises au nom de la religion – envers ses ancêtres – est sûrement la preuve que Dieu n’existe pas. Car quel Dieu accepterait que tant meurent en son nom dans la souffrance et la terreur ?
Quelle peine encourait on pour cela ? Peu importait
Elle savait que elle l aurait refait sans hésiter.
Dans son grand poème orchestral, La Mer, Debussy avait flirté avec la suite de Fibonacci. C'était l'une des merveilleuses contradictions de Debussy d'être considéré comme une compositeur attaché avant tout à l'humeur et la couleur, alors que certaines de ses oeuvres les plus célèbres étaient en fait construites sur des modèles mathématiques. Plus précisément, elles se divisaient en sections qui reflétaient le nombre d'or, souvent organisées d'après les nombres de la suite de Fibonacci. Ainsi dans La Mer, le premier mouvement comptait cinquante-cinq mesures, un nombre Fibonacci, et il se découpait en cinq sections de 21, 8, 8, 5 et 13 mesures, autant de nombres appartenant à la suite.
Au Vème siècle, la région de Couiza et de Rennes-le-Château était au coeur de l'Empire wisigoth. C'était un fait attesté. Les historiens et archéologues avaient longtemps avancé des hypothèses selon lesquelles le trésor légendaire pillé par les Wisigoths durant la mise à sac de Rome avait été transporté dans le sud-ouest de la France.
Depuis son premier voyage dans la région en 1997, les rumeurs circulaient sur Rennes-les-Bains en général et sur le domaine de la Cade en particulier. Toute la région grouillait de mystères et de légendes: trésors enfouis, conspirations, histoires à dormir debout sur des sociétés secrètes, tout y passait, des Templiers aux Cathares en remontant jusqu'aux Wisigoths, aux Romains et aux Celtes.
Des écrits parlaient d'un sépulcre enfoui dans le parc, en terre non consacrée, d'un jeu de tarot peint, agencé comme une carte du trésor et de l'incendie qui avait détruit la demeure d'origine.
Tout en bas, près de la place de la Trinité, se tenait la célèbre librairie ésotérique d'Edmond Bailly. Là, aux jours glorieux du tournant du siècle, poètes, occultistes et compositeurs se rejoignaient pour échanger des idées nouvelles, parler de mysticisme, de mondes parallèles et d'autres dimensions.
Dans l'antre du mystère qu'était la librairie de Bailly, le jeune et ombrageux Debussy n'avait jamais eu à expliquer ni à justifier le caractère obscur de ses oeuvres.
Elle trouva facilement la rue Cardinet et identifia l'immeuble où Lilly et Debussy avaient vécu, plus d'une centaine d'années auparavant.
C'était là que Debussy avait composé l'oeuvre qui avait transformé sa vie, son seul opéra, Pelléas et Mélisande.
Et c'était là que Lilly Debussy avait voulu mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans la poitrine, peu avant leur cinquième anniversaire de mariage, quand elle avait compris que Debussy la quittait pour de bon pour se mettre en ménage avec Emma Bardac, la mère d'une de ses élèves.
Lilly avait survécu, mais les chirurgiens n'avaient jamais réussi à enlever la balle.
Paris se prêtait bien à ce genre de déplacements. Elle pourrait tout faire à pied, d'autant que Debussy avait passé sa vie dans une zone géographique relativement circonscrite, qui formait comme une étoile à quatre branches à partir de la place de l'Europe, à la limite du 8ème et du 9ème arrondissement, en surplomb de la gare Saint-Lazare.
Meredith suivit du doigt le trajet qui menait jusqu'à la rue de Londres, où Debussy s'était installé dans un meublé avec sa maîtresse, Gaby Dupont, en janvier 1892. Ensuite ils avaient habité rue Gustave-Doré, dans le 17ème, puis avaient emménagé juste au coin de la rue Cardinet, dans un appartement où ils avaient vécu jusqu'à ce que Gaby le quitte au jour de l'an 1899. Debussy avait demeuré à la même adresse les cinq années suivantes avec Lilly, sa première épouse, avant leur rupture.
Debussy était né à Saint-Germain-en-Laye le 22 août 1862, là où s'étendait maintenant la grande banlieue. Mais c'était un vrai Parisien, car il avait passé pratiquement ses cinquante-cinq années d'existence dans la capitale, de la demeure de son enfance rue de Berlin à celle sise au 80 avenue du Bois de Boulogne, où il était mort le 25 mars 1918, quatre jours après le début des bombardements sur Paris. La dernière étape de son itinéraire, peut-être à son retour à la fin de la semaine, serait le cimetière de Passy, dans le 16ème arrondissement, où le compositeur était enterré.
Debussy dit que l'on ne doit plus avoir de repères de tonalité. À travers sa musique, il veut atteindre l'illumination, révéler les liens mystérieux qui unissent les sphères matérielles et spirituelles, le visible et l'invisible. Or un tel projet ne peut emprunter une forme traditionnelle.
Pour lui, l'évocation, la suggestion, la nuance sont plus puissantes, plus véridiques que tout ce qui est narratif ou descriptif. Les souvenirs lointains ont une valeur et une force qui surpassent ce qui relève de la pensée consciente, explicite.
L'amour, le véritable amour, est une chose infiniment précieuse [...] Il est douloureux, inconfortable, il nous fait faire des folies, mais c'est lui qui donne couleur et sens à l'existence. [p. 435]
A l'arrivée du printemps, le monde sortit timidement de son flou sur la note flûtée d'une grive qui chantait près de ma fenêtre.
Les morts laissent une ombre derrière eux, l’espace où ils vécurent résonne encore de leur écho. Ils nous hantent, sans jamais s’effacer ni vieillir comme nous le faisons. Ce n’est pas seulement leur futur que nous pleurons, c’est aussi le nôtre.
L'histoire antique de la contrée s'ouvrait aux yeux émerveillés de Léonie telle les pages d'un livre. Et toujours , la présence complice de la rivière qui courait sous le soleil et sur les pierres , jouant à cache-cache avec eux , apparaissant , disparaissant , montrant le reflet doré de son eau entre les branches entremêlées des saules , les guidant de son chant vers leur destination.
P184
Des pensées insidieuses lui vinrent sur ce qui aurait pu se produire ce soir là. Le courage qui l'avait soutenue tout au long de la soirée se tarit soudain , la laissant effrayée et craintive. C'était comme si chacun de ses membres , de ses muscles , de ses sens était submergé par le souvenir des scènes dont elle avait été le témoin.
Du sang , de la violence , de la haine.
P62
Ce qu'un siècle tient pour certain, un autre le considérera comme une hérésie.
(M. Baillard)
Ce que nous appelons civilisation est juste une façon pour l'homme d'essayer d'imposer au monde naturel ses propres valeurs. Les livres, la musique, la peinture, toutes ces constructions qui ont tant occupé nos compagnons de ce soir cherchent à capturer l'âme de ce qui nous entoure. Une façon de donner du sens, d'ordonner nos expériences humaines en quelque chose de mesurable, de maîtrisable.
Cette fois, pas de doute. Il y avait un visage sous la surface de l'eau. Ce n'était pas un reflet, même si Meredith eut l'impression de deviner ses propres traits cachés derrière l'image, mais une jeune fille, dont les longs cheveux dénoués ondulaient dans le courant, telle une Ophélie moderne. Alors elle ouvrit lentement les yeux et son regard franc et clair soutint celui de Meredith. Des yeux d'un vert translucide, contenant en eux toutes les nuances changeantes de l'eau.
L’histoire est écrite par les vainqueurs, les menteurs, les plus forts et les plus résolus.
La nature ne change guère, Jeanne, même si en apparence nous sommes différents. Nous évoluons, nous édictons de nouvelles règles, de nouveaux critères de vie. Chaque génération instaure de nouveaux préceptes en reniant les anciens, sous couleur d’évolution et de sagesse. Nous nous donnons l’air d’avoir peu de choses en commun avec nos prédécesseurs. Mais sous notre enveloppe de chair, le cœur bat toujours de le même façon. Convoitise, soif de pouvoir, peur de la mort, aucun de ces sentiments n’a changé.