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Citations de Kateb Yacine (94)


L’eunuque et la mégère, tombés en adoration devant la vierge, ne pouvaient récolter que la haine par leur culte venimeux de faux parents.
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Ce feu
C’est le secret de tous les sacrifices
Partout déferle
Et se révèle
L’armée inespérée
Des paysans sans terre
Et le vieillard sort de ses ruines
Pour offrir son dernier mouton
Ce soir on danse à la lueur
Des lendemains de combat
Ce feu
C’est le secret de tous les sacrifices
Le jour se lève
Oublier la misère
Les loques
La main tendue
Les souliers qui font mal
Oublier l’âge des cavernes
Et soulever toujours le poing du peuple
Dans le crépitement du brasier souterrain
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L'amour et le travail exige trop de nuit
Et l'amant s'éveille ouvrier serrant dans ses bras morts
La nuit, la vaste nuit qui s'échappe
Que ne peut-on au lit travailler et dormir sur la table.
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Ma mère est née en esclavage
Comme la panthère noire
Dont je porte la peau.
Mon père est né dans une réserve
Avec ce peuple américain
Que vous avez assassiné
Toi et tes pionniers
Toi et tes automates
Ta Bible et ton église
Tes remords ta nausée
Tes gants blancs
Et ta merde blanche
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N'y a-t-il que le crime pour assassiner l'injustice ?
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Seul, face à son destin, on est plus exigeant que devant une foule. On ne peut pas éluder la contradiction. Il faut vivre avec.
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Choeur:
Les morts voyagent
Sous la terre
Et la terre voyage
De révolution en révolution
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Coryphée: Encore des prisonniers.
Choeur: Encore des soldats.
Coryphée: Ils vont tout droit au polygone.
Choeur: Au polygone?
Coryphée: Oui, c'est là qu'on fusille.
Choeur: Polygone, polygone, polygone...
Coryphée: Ils ont tout mesuré. Ils passent leur temps à prendre des mesures contre nous. Le polygone, en géométrie, ça veut tout dire...
Choeur: Il y a, au même endroit, là où on fusille, un camp de concentration...
Mustapha : C'est vrai. J'y étais, il y a dix ans.
Coryphée: Nous sommes riches en polygones...
Choeur: Sans compter les cimetières.
Coryphée: Pour ne parler que des terrains vagues. Quant à la prison, c'est un luxe, en prévision de la paix.
Choeur: Polygone, polygone, polygone...
Coryphée: Tout territoire est un polygone. Tous les pays sont des polygones inscrits dans la sphère terrestre. Il y a des polygones réguliers, des hexagones, comme la France.... Et il y a les irréguliers....
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Mon père prit soudain la décision irrévocable de me fourrer sans plus tarder dans la « gueule du loup », c’est-à-dire à l’école française. Il le faisait le cœur serré.
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Toute petite, Nedjma est très brune, presque noire; c’est de la chair en barre, nerfs tendus, solidement charpentée, de taille étroite, des jambes longues qui lui donnent quand elle court, l’apparence des calèches hautes sur roues qui virent de droite et de gauche sans dévier de leurs chemins; vastitude de ce visage de petite fille! La peau, d’un pigment très serré, ne garde pas longtemps sa pâleur native; l’éternel jeu de Nedjma est de réduire sa robe au minimum, en des poses acrobatiques d’autruche enhardie par la solitude; sur un tel pelage, la robe est un surcroît de nudité; la féminité de Nedjma est ailleurs; le premier mois d’école, elle pleure chaque matin; elle bat tous les enfants qui l’approchent; elle ne veut pas s’instruire avant d’apprendre à nager; à douze ans, elle dissimule ses seins douloureux comme des clous, gonflés de l’amer précocité des citrons verts; elle n’est toujours pas domptée; les yeux perdent cependant de leur feu insensé; brusque, câline et rare Nedjma! Elle nage seule, rêve et lit dans les coins obscurs, amazone de débarras, vierge en retraite, Cendrillon aux souliers brodés de fils de fer; le regard s’enrichit de secrètes nuances; jeux d’enfant, dessin et mouvement des sourcils, répertoire de pleureuse, d’almée ou de gamine? Épargnée par les fièvres, Nedjma se développe rapidement comme toute Méditerranéenne; le climat marin répand sur sa peau un hâle, combiné à un teint sombre, brillant de reflets d’acier, éblouissant comme un vêtement mordoré d’animal; la gorge a des blancheurs de fonderie, où le soleil martèle jusqu’au coeur, et le sang, sous les joues duveteuses, parle vite et fort, trahissant les énigmes du regard.
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Quelle belle journée, quel magnifique coin de ciel !
Je me souviens de mon aventureuse enfance ; vrai ; j' étais libre,
j'étai heureux dans le lit du Rhummel ; une enfance de lézard au bord d 'un fleuve évanoui.Aux heures les plus chaudes, je m'endormais sous les cèdres, et le sommeil chassait la mélancolie ; je m 'éveillais gonflé de chaleur . C 'était pareil à cette joie, sous le figuier, de voir Nedjma au sortir du bain, distante, mais sans disparaître, à la façon d 'astre impossible à piller dans sa fulgurante lumière .
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LA GUEULE DU LOUP, 17 OCTOBRE 1961


Peuple français, tu as tout vu
Oui, tout vu de tes propres yeux.
Tu as vu notre sang couler
Tu as vu la police
Assommer les manifestants
Et les jeter dans la Seine.
La Seine rougissante
N’a pas cessé les jours suivants
De vomir à la face
Du peuple de la Commune
Ces corps martyrisés
Qui rappelaient aux Parisiens
Leurs propres révolutions
Leur propre résistance.
Peuple français, tu as tout vu,
Oui, tout vu de tes propres yeux,
Et maintenant vas-tu parler ?
Et maintenant vas-tu te taire ?

Cinquante années plus tard, ce texte n’a malheureusement rien perdu de son actualité.
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dubac paule . on boit son prénom comme de l'air . on le fait revenir . on le lance loin . paule . malheur de s’appeler mustapha .française . france .elle a une auto ? mais elle mange de porc . d'abord , elle n'as pas faim .on dit rien si elle casse la craie . elle a cent cahiers neufs .elle peut écrire des lettres . ses parents ont un château fort ? c'est loin d'ici .elle est venu en car . avec son fiancé . fi an cé .
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Un parfum de citron et de premier jasmin afflue avec le délire de la convalescente mer, encore blanche, hivernale, mais toute la ville s'accroche à la vivacité des feuillages, comme emporté par la brise, aux approches du printemps.
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Sur un tel pelage, la robe est un surcroît de nudité
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Une puce sentimentale... les fleurs des peupliers...
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Dubac Paule. On boit son prénom comme de l'air. On le fait revenir. On le lance loin. Paule. Malheur de s'appeler Mustapha. Française. France. Elle a une auto ? Mais elle mange du porc. D'abord elle n'a pas faim ! On dit rien si elle casse la craie. Elle a cent cahiers neufs. Elle peut écrire des lettres. Ses parents ont un château fort ? C'est loin d'ici. Elle est venue en car. Avec son fiancé. Fi an cé.
Katebyacine
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De toute évidence, et contre la plupart des idées dominantes du temps, les lendemains de Nedjma ne sont pas des lendemains qui chantent. Voyant des gens en prière devant une mosquée, Lakhdar s'interroge : vous commencez par la fin ; à peine savez-vous marchez qu'on vous retrouve agenouillés ; ni enfance ni adolescence : tout de suite, c'est le mariage, c'est la caserne, c'est le serment à la mosquée, c'est le garage de la mort lente.
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Nous emportons comme un adieu

Le murmure des feuilles

Le reproche de l'arbre

D'où nous sommes descendus

La perdition au fond des grottes

Et l'orgueil désolé

La source aux illusions

Le signe des jours fastes

Dans l'engloutissement amer et lumineux



Là et ailleurs

Encore une saison

Dans la raideur candide

Et le frisson inhabité

Des peupliers réprobateurs
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Nous emportons comme un adieu
Le murmure des feuilles
Le reproche de l'arbre
D'où nous sommes descendus
La perdition au fond des grottes
Et l'orgueil désolé
La source aux illusions
Le signe des jours fastes
Dans l'engloutissement amer et lumineux

Là et ailleurs
Encore une saison
Dans la raideur candide
Et le frisson inhabité
Des peupliers réprobateurs
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Kateb Yacine est un auteur francophone,

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