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Citations de Kawai Strong Washburn (46)


Je m'efforce de ne pas trop espérer. Depuis quelque temps, je commence à croire que, quels que soient les dieux, notre avenir n'est pas lié à eux, pas plus que notre présent ou notre passé. Et de toute façon c'est idiot d'espérer quelque chose dans un sens ou dans l'autre, non ?
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Combien de temps ai-je été assez stupide pour croire que nous étions indestructibles? Mais c'est bien ce qui est ennuyeux avec le présent, il n'est jamais la chose qu'on tient dans la main, seulement celle qu'on observe, plus tard, depuis une distance si grande que le souvenir pourrait aussi bien être une flaque d'étoiles aperçue derrière une vitre au crépuscule.
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Quand je ferme les yeux nous sommes encore tous vivant et alors ce que les dieux attendent de nous me paraît clair. À l'origine du mythe qu'on raconte sur nous, il y a probablement les requins et cette journée d'un bleu limpide au large de Kona, mais ma version à moi est différente. Nous sommes plus ancien que ça. Tu es plus ancien que ça
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Mais c'est bien ce qui est ennuyeux avec le présent, il n'est jamais la chose qu'on tient dans la main, mais seulement celle qu'on observe, plus tard, depuis une distance si grande que le souvenir pourrait aussi bien être une flaque d'étoiles aperçue derrière une vitre au crépuscule.
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Je n'entends pas ta voix, mais je sais que tu écoutes, tu écoutes tout le temps. Donc je peux te le dire : il y a des moments où je suis convaincue que rien de tout cela ne serait arrivé si nous étions restés sur Big Island, où les dieux sont encore vivants. Pélé, la déesse du feu, sa force indomptable qui fait sans cesse renaître la terre par la lave, qui souffle son vent de soufre dans tout le ciel. Kamapua'a, qui désire son amour, fait tomber la pluie et mourir les cochons pour briser la lave de Pélé, la transformer en sol fertile sur les collines de Waimea, au fond des vallées, partout autour de l'endroit où tu es né. Et il y a aussi Kũ, le dieu de la guerre, qui un jour s'est enfoui dans ce même sol, qui a cessé d'être père et mari pour devenir arbre, un arbre qui porterait des fruits afin de nourrir sa femme et ses enfants qui mourraient de faim. Le premier arbre à pain. Kũ était le dieu de la guerre, mais il était aussi le dieu de la vie. Parfois, il se présentait sous l'aspect d'un requin...
Je me demande si tu as un peu de lui en toi, et s'il a un peu de toi en lui, de même que ce sont les dieux qui composent les océans, la terre, l'air d'ici. C'est ce que je croyais au début, que tu étais fait de la même matière que les dieux, que tu serais une nouvelle légende, que tout seul tu réussirais à soigner les blessures d'Hawaii. Le bitume qui étouffe le kalo, les bateaux de guerre qui vomissent leur saleté dans la mer, les haoles qui affluent avec leur argent venimeux, Californie Texas Utah New York, et aujourd'hui entre les embouteillages, les camps de sans-abri et les chaînes de grands magasins, plus rien qui ne ressemble à ce qui aurait dû être. Je croyais que tu réussirais à vaincre tout ça.
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C'est impossible à expliquer, la maternité. Ce qui est perdu, le sang, le muscle et l'os qui sont puisé dans le corps pour donner nourriture et souffle à la vie qui va naître. Le bulldozer de fatigue qui te broie tout le long du premier trimestre, les haut-le-cœur qui te tordent le matin, la déformation, la boursouflure, la déchirure de tout ce qui était ferme et délicat, jusqu'au moment où ton corps ne t'appartient plus et devient une chose à laquelle il faut survivre. Mais ça ce n'est que le physique. Ce qui use le plus, c'est la suite.
(p. 275)
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Que faire lorsque pono, un mot guérisseur, un mot de pouvoir - un mot qui est émotions, relations, objets, qui est le passé, le présent et l'avenir, qui est mille prières à la fois et qui vaut quatre-vingt-trois mots dans la langue anglaise (vertu, droiture, prospérité, excellence, atouts, prudence, ressources, providence, nécessité, espoir et j'en passe) - que faire lorsque ce mot devient proscrit ? Lorsque notre langue, 'Olelo Hawai'i, est devenue proscrite, ce sont avec elle nos dieux, nos prières, nos idées et notre île qui ont disparu.
(p. 205)
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Et des garçons. Toujours, toujours des garçons. Des classes entières de garçons gaulés comme des lézards ou des ours en peluche. Toujours les premiers à dégainer leur opinion, à balancer leur science à la gueule des autres. J'imagine que les études d'ingénieur peuvent ressembler à plein de choses, mais avant tout elles ressemblent à n'importe quel endroit où on compte vingt garçons pour trois filles. J'y allais avec le dos raide comme une tige. Dans ma tête, je me disais, Sois sans pitié. Et je l'étais.
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Plus je comprenais ce dont nous sommes tous faits, plus les personnes que je touchais se gravaient en moi, continuaient à pleurer, à me montrer leurs blessures, toujours, sans cesse, encore et encore. (p164)
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Avant, je détestais me lever de bonne heure, c'est vrai. Mais au fur et à mesure, c'est ces heures là que je commence à préférer. L'air est frais, il n'a encore été respiré par personne, et mes oreilles sont pleines de calme pur.
(p. 364)
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Ce n'était jamais son corps en lui-même qui m'intéressait. Sa surface ou je ne sais quoi. C'était sa manière de l'occuper : tension et flexion, asymétrie, solidité. Je me rappelle plusieurs choses. Son maillot à peine entretenu et les poils emmêlés comme des racines, la largeur de ses poignets et de ses avant-bras, les veines fines qui surgissaient de ses muscles de grimpeuse. La tension de son cou. Elle était là, nue. En moi, ça se nouait et ça se tordait. Et puis elle s'est accroupie, elle a pris une culotte dans son tiroir et elle l'a enfilée sur sa peau propre.
(p. 182)
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Imagine la mère, la femme, désormais tout ce qui reste du squelette de la famille. Dure, vieille et gelée, elle porte tout sur ses épaules.
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Le soleil éclabousse nos corps cuivrés, la mer nous envoie du sel dans les cheveux et dans les yeux, nous plongeons depuis les rochers dans l'océan bleu chalumeau comme si nous étions encore jeunes et minces.
Il y a toujours l'aloha pour maintenir en vie ceux qui restent.
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Qu'est-ce que je fous ? Pourquoi je suis comme ça ? Est-ce que c'est à cause de Van ou de Noa, ou bien est-ce que ça vient de moi ? Y a pas si longtemps encore, j'avais l'impression que je venais d'ouvrir la coquille de la vie et d'y trouver une perle de bonheur. Mais elle s'est effritée tout de suite après.
(p. 267)
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Il nous a dit que les gens croient que la force c’est pareil que la puissance, mais en réalité la force c’est ce qu’on utilise quand on manque de puissance.
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C’est bien ce qui est ennuyeux avec le présent, il n’est jamais la chose qu’on tient dans la main, seulement celle qu’on observe, plus tard, depuis une distance si grande que le souvenir pourrait aussi bien être une flaque d’étoiles aperçue derrière une vitre au crépuscule.
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Mais c'est bien ce qui est ennuyeux avec le présent, il n'est jamais la chose qu'on tient dans la main, seulement celle que l'on observe, plus tard, depuis une distance si grande que le souvenir pourrait aussi bien être une flaque d'étoiles aperçue derrière une vitre au crépuscule.
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Mais des bateaux sont arrivés de ports lointains en apportant un nouveau dieu dans leur ventre, un dieu dont le souffle était un vent de cloques et de fièvres qui a emporté des générations entières, un dieu qui avait des fusils en guise de doigts et dans la voix des traités ne demandant qu'à être rompus. Ce dieu avait pour nom argent, c'était un dieu venimeux, un dieu exigeant et qui exerçait sur nous une autorité devant laquelle l'Ancien Testament se faisait tout petit.
Avec le temps, nous avons été contraints de le vénérer, que ça nous plaise ou non. Ton père et moi continuons à le prier.
pages 204-205.
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Mais le plus souvent, le temps ressemblait à un ronron étouffé. La routine du lever au coucher du soleil, bonjour au revoir. Un filament embrasé par un courant électrique faible.
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Mais si nous avions pu verser tout notre argent dans une tasse, nous en aurions à peine rempli la moitié.
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