Kevin Hardcastle, Debris, Biblioasis
Ils vieillissaient, avaient du mal à se baisser et préféraient se détendre sur leur véranda. Avec toujours du whisky et des bières fraîches sous la main.
Le corps de Daniel faillit le lâcher en entendant les noms de sa femme et de sa fille. Ses mains tremblaient, alors il saisit son poing gauche dans sa paume droite et serra fort. Il inspira, inspira encore. Une plainte profonde se faufila entre ses dents. Il dut s’accroupir pour empêcher ses jambes de se dérober sous lui. Il tendit la main vers Clayton, empoigna sa chemise, l’attira à lui et écrasa son front contre le sien. Clayton essaya de le repousser en pressant la main sur son visage. Daniel toussa violemment et le relâcha.
Il y avait peu de gymnases où s'entraîner dans l'Ouest, mais davantage de combats, et il roulait parfois des heures dans la même journée pour que des boxeurs essaient de le tuer à l'entraînement ou que des catcheurs le fracassent sur des tapis de sol usés et contre des murs en parpaings capitonnés tandis qu'il luttait pour se remettre debout.
Il avait participé à près de trente combats en tout. Il avait perdu deux fois sur décision de l'arbitre et n'avait jamais été mis K.O. dans la cage. Il y avait peu de gymnases où s'entraîner dans l'Ouest, mais davantage de combats, et il roulait parfois des heures dans la même journée pour que des boxeurs essaient de le tuer à l'entraînement ou que des catcheurs le fracassent sur des tapis de sol usés et contre des murs en parpaings capitonnés tandis qu'il luttait pour se remettre debout. Il s'était cassé des doigts et des orteils et avait eu une fracture du maxillaire qui lui avait fait cracher du sang pendant un mois, des caillots marron, des mucosités striées de rouge. Quand il se touchait les globes oculaires, ses dents de devant lui faisaient mal. Daniel ne savait pas si ça disparaîtrait un jour mais ce fut le cas, alors il recommença les combats d'entraînement dans des gymnases aux abords des villes, et partout ou presque les hommes finirent par ne plus vouloir lui servir de sparring-partners. Ses coudes étaient éclatés et les terminaisons nerveuses de ses tibias avaient depuis longtemps cessé de se plaindre.
- On ferait mieux d'en finir avec ça. Tu sais ce que tu fais ?
- Non", répondit Tarbell.
Wallace le regarda en plissant les yeux.
"Pardon ?
- Je sais quoi faire, dit Tarbell. Mais je ne sais pas ce que je fais là, à me taper ce boulot merdique."
Wallace se tourna vers la route.
"Et alors quoi ? dit-il. Je pourrais ériger une putain de montagne avec tous les trucs que tu sais pas."
Il lui venait des pensées de lui ne rentrant jamais à la maison et de lui enterré à la va-vite au milieu des collines, et même d’elle le tuant de ses mains. Elle laissa l’inquiétude et la peur l’envahir, une terreur inexplicable. Elle la laissa la submerger et la retourner toute entière.
Ne vous dites jamais que vous avez du temps devant vous. Rien n'est jamais sûr,..
- Le travail, c'est aussi dur qu'on veut bien que ça le soit, j'imagine. Ça dépend à quel point on s'investit.
- C'est ce que je me disais. Certains ne semblent pas trop crevés à la fin de la journée.
La première attaque contre Hoye se résuma aux mots « Sale flic de l’Est » grossièrement bombés à la peinture sur sa porte de garage. Il réussit à effacer le graffiti à l’acétone avant que sa femme ne puisse le voir. Il entendit des rumeurs concernant les éventuels responsables et fit savoir que la police veillerait désormais scrupuleusement à faire respecter l’âge légal de consommation d’alcool dans le comté.
Madelyn voulait moins qu'elle n'aurait dû et ils lui offrirent davantage. Ils avaient un sapin que Daniel avait repéré dans les bois alentour. Qu'il avait abattu à l'aide d'une hache et traîné à travers les champs enneigés sur une luge en bois. Ils avaient de la dinde et du vin, du chauffage et de l'électricité. Et aussi deux jours ensemble, sans travailler.