Selon les explications de la femme, pour dresser son chaton blanc, Tomizô attisait les cendres du long brasero et posait dessus une plaque en cuivre. Une fois celle-ci bien chaude, il ficelait l’animal avec une cordelette de chanvre et le suspendait au plafond de façon à ce qu’il puisse tout juste poser les quatre pattes sur le métal. Alors le chat, surpris par la chaleur, relevait alternativement les pattes de devant et de derrière avec agilité. A ce moment-là, Tomizô se mettait à jouer du shamisen. Bien sûr, au début, il suivait le mouvement des pattes pour pincer ses cordes en rythme, mais une fois habitué, c’est l’animal lui-même qui les soulevait avec régularité. Au bout d’un certain temps de dressage, le chat finissait par relever les pattes naturellement à la moindre note de l’instrument de musique, qu’il soit sur une planche ou sur un tatami. On dressait toujours ainsi les chats qui dansaient en musique dans les baraques foraines, et Tomizô avait mis deux mois pour obtenir ce résultat avec son chaton.
A l'époque Edo, tuer une grue était considéré comme un crime et l'auteur encourait la peine de mort ou le supplice de la croix.
En tant que femme non directement impliquée, Osugi risquait l'exil. Pour avoir capturé puis vendu un faucon, crime impardonnable, Yoshimi Senzaburô était forcément passible de la peine de mort. Mitsui Kinnosuke, qui avait passé la nuit dans un bordel et laissé échapper l'oiseau dont il avait la garde, n'avait d'autre choix que de se faire seppuku.
En cette soirée automnale résonnait un tambour de la secte Nichiren qui rythmait l'hommage au Sûtra du Lotus de la Loi suprême. Tandis que je prêtais une oreille attentive, ces sons pourtant coutumiers me plongèrent dans une sorte de mélancolie, s'harmonisant à la perfection avec la saison.
Quant aux comédiens ambulants du nouvel an, les meilleurs opéraient en nombre dans la Ville haute où se trouvaient quantité de propriétés de samouraïs ou de marchands, d'où leur surnom de "manzai des demeures" Depuis l'ère Meiji, ce principe des "demeures attitrées" a disparu, et le nombre de ces saltimbanques ne fait que diminuer d'année en année (...)
- Chaque duo était patronné par une unique demeure ?
- Oui, il était convenu qu'il ne devait jamais passer le seuil d'une autre maison de samouraï ou de marchand. Les manzaïs sejournaient plusieurs jours à Edo, se produisant dans leurs demeures attitrées avant de rentrer directement chez eux. Ceux qui allaient d'une maison à une autre étaient méchamment traités de comédiens mendiants.
Le temps était très couvert en ce début du mois de décembre et selon le calendrier de l’ère Tempô, l’an 12 (1842) arrivait bientôt à son terme. Hanshichi flânait dans l’avenue de Nihonbashi, quand un jeune homme au visage blême déboucha d’une ruelle de Shiroki, l’air préoccupé. Il était commis dans la maison Kikimura, une vielle droguerie de ce quartier. Né dans le coin, Hanshichi le connaissait depuis l’enfance.
- Mais ou allez-vous, Sei-san ?
Seijirô, à qui il venait d’adresser la parole, le salua d’une légère inclinaison, mais sans répondre. Hanshichi fut frappé par l’air du jeune commis, plus sombre encore que le ciel hivernal.
- [...] Puis, d'un air plus grave il me dit : Tiens, je vais te parler de l'affaire d'Ofumi sur laquelle tu m'as interrogé un jour. Ce genre de soirée convient parfaitement pour une histoire de fantômes. Tu n'es pas froussard, toi ?
Je l'étais. Mais fasciné par tout ce qui fait peur, j'adorais écouter, oreilles grandes ouvertes et muscles tendus, toutes sortes de récits fantastiques.
L'agression d'Okita était à coup sûr l'oeuvre d'un être surnaturel, tandis que l'envol d'un kimono ne pouvait être que le fait d'un être humain, bien que personne n'ait pu voir de ses yeux qui se dissimulait sous le vêtement. Une preuve supplémentaire vint pourtant accréditer cette deuxième hypothèse. L'un des apprentis du forgeron, le jeune Gontarô, avait été aperçu ce soir-là en train de grimper la haie de la maison voisine, celle du prêteur sur gages.
Si en plus, elle devenait une concubine à la disposition de son protecteur, elle n'aurait pas la force d'endurer son travail quotidien. Et comme elle n'était pas non plus suffisamment dans le besoin pour subir une situation aussi médiocre et pénible, elle implora sa mère de refuser cette demande. "Je travaillerai jusqu'à l'épuisement, promit-elle, vous ne manquerez de rien, je vous assure."
Moi, je vais jusqu’à Hashiba prier au temple. Si je ne m’y montre pas au moins une fois par mois, ma défunte femme est triste. C’est que, mine de rien, on s’entendait plutôt bien de son vivant.