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Citations de Lars Mytting (149)


Pour moi, maman était une odeur. Maman était une chaleur. Une jambe à laquelle je m’accrochais. Un souffle de bleu ; une robe dont je croyais me rappeler qu’elle la portait. Je me disais qu’elle m’avait décoché dans la vie avec la corde d’un arc, et lorsque j’avais façonné mes souvenirs d’elle, je n’avais pas su s’ils étaient exacts ni vrais,......
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Mais… enfin. Un beau morceau de musique rapproche davantage de Dieu qu’un pasteur ne pourra jamais le faire. Nous sommes nombreux à parler des cieux, mais rares sont les gens qui peuvent comprendre l’éternité.
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Le mensonge, c’est peut-être comme l’alcool, me dis-je, il faut boire régulièrement pour se cacher à soi-même qu’on boit. Mais la vérité aussi a quelque chose de similaire : on est obligé de boire jusqu’à ce que la bouteille soit vide.
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pour moi, maman était une odeur. Maman était une chaleur. Une jambe à laquelle je m’accrochais. Un souffle de bleu ; une robe dont je croyais me rappeler qu’elle la portait. Je me disais qu’elle m’avait décoché dans la vie avec la corde d’un arc, et lorsque j’avais façonné mes souvenirs d’elle, je n’avais pas su s’ils étaient exacts ni vrais, je l’avais simplement créée telle que je me figurais qu’un fils devait se souvenir de sa mère.
(Incipit)
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Le mensonge, c’est peut-être comme l’alcool, me dis-je, il faut boire régulièrement pour se cacher à soi-même qu’on boit. Mais la vérité aussi a quelque chose de similaire : on est obligé de boire jusqu’à ce que la bouteille soit vide.
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Les bruits et les odeurs étaient très différents de mes forêts. Eau saline mêlée de viscères de poisson et d’épaisse fumée de charbon ou de tourbe. Cris d’oiseaux marins, grondement des brisants contre les falaises face au large. La mer du Nord et l’océan Atlantique de part et d’autre, qui se hissaient sans relâche sur le rivage, comme si j’étais dans une forteresse assiégée.
Je restai à humer la mer. Un vent froid, salé. Pourri, mais frais. Il me plaisait et me déplaisait à la fois, me rappelait le terreau qui fait de la place au neuf.
Quelque chose manquait. Une chose que j’attendais, mais que je n’arrivais pas à identifier. Bien sûr, me rendis-je compte après avoir repris la route. Il n’y avait pas d’arbres. Pas un seul. Rien que des petits fourrés, des maisons en pierre et des pâturages. Pas la moindre pousse de tremble. Comment un ébéniste pouvait-il supporter ça ?
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Je n’ai jamais aimé les gens qui geignent. La plupart du temps, les choses peuvent s’arranger. Un petit café, un peu de tabac, et ça va mieux. Et encore plus si on a toutes les cartes sur la table. Et si jamais on n’a qu’un deux de trèfle et un trois de carreau, eh bien, soit, la partie est perdue aujourd’hui. Mais on n’aurait de raison de se plaindre que si on avait reçu quatre cartes au lieu de cinq.
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Let us die Young or let us live forever.
Et ce n'était peut-être qu'une illusion, ou séduction, car il s'agissait d'une simple chanson pop, du plastique là où la vraie musique était d'acier, du carton-pâte là où il aurait dû y avoir de la maçonnerie, mais encore une fois je l'entendis.
Cette chanson était sincère. Et soudain, je sus que je vivais là l'un de ces épisodes très rares dans une vie où la musique s'attache à un instant. Instant dont je me souviendrais encore dans cinq, dans dix ans. Je vis que Gwen le comprenait aussi et que nous avions la chance de le comprendre en temps réel et pas seulement à posteriori.
C'était un instant décisif dans sa vie aussi, le seul instant, le seul endroit avec mes yeux bruns et ses yeux bruns, cet instant qui apparaîtrait chaque fois que nous entendrions Forever Young.
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Le pouvoir d’attraction a bien des incarnations. Chez elle, c’était une forme d’assurance. Sa façon d’avancer, comme un émissaire légitime ayant cent drakkars dans le dos.
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De nouveau, je ressentis la magie d'ouvrir un rouleau de film. Savoir qu'il y avait quelque chose de fragile et de vivant sur l'argent photosensible. Invisible pour l'heure, une autre époque s'y était fixée. Je songeai que c'était peut-être pourquoi je tombais toujours dans un certain état de stupeur dès l'instant où je me retrouvais avec une pellicule dans l'obscurité : la pellicule était capable de capturer le temps alors que j'étais moi-même quelqu'un qui avait un jour perdu le temps qui m'appartenait.

page 398
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Les rumeurs sont les graines d’où sortent les mythes. Légères, elles s’envolent avec le vent, se dispersent, et sont promptes à ger­mer. Avant que la vérité ne prenne racine, elles ont fleuri depuis longtemps, devenant vraies à leurs propres oreilles, car même les inventions les plus échevelées ont pour elles d’avoir été racontées par quelqu’un, et le fait de raconter quelque chose est en soi véridique, même si l’objet du récit ne l’a jamais été. 
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Le froid.
Elle le sentait déjà, invisible et implacable, dur et tranchant comme l’acier. Elle s’efforça de se recroqueviller à l’intérieur de ses vêtements, mais le courant d’air montait, passant entre les lames du plancher, se cherchait un chemin jusqu’à ses genoux, ses doigts, ses orteils engourdis.
Elle savait à quoi s’attendre. C’était le genre de froidure qui pénétrait plus loin que la peau et les muscles, qui vous glaçait jusqu’à la moelle, littéralement. La moelle, pareille à celle qu’on fait cuire pour la suçoter, quand on a abattu le cochon. Une fois qu’il s’y était infiltré, le froid gagnait tout le squelette et s’y installait, lui imprimant une raideur dont on mettrait longtemps à se débarrasser. 
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Dès que la société n’est plus porteuse d’un excédent de moyens, l’histoire de l’art est la première touchée par la dépravation de la morale. Les pilleurs de tombes égyptiens bradent depuis des siècles les richesses de leur Antiquité nationale, ainsi va le cours de l’histoire, il suffit d’un seul individu à qui la faim fait perdre la tête, et pouf ! un trésor commun vieux de quatre mille ans se retrouve vendu en catimini dans le bazar.
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[…] certains disent qu’il vaudrait mieux ne pas mettre d’enfants au monde quand le monde est si mauvais. Mais de qui naîtront-ils, ceux qui finiront par le rendre meilleur ? 
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Dans le vestibule, je dus mettre tout mon poids sur la porte pour parvenir à l'ouvrir. Lorsqu'elle le fut à moitié, la tempête trouva prise et l'arracha presque de ses fonds, s'engouffra dans la maison et repoussa les vestes de pluie sur la tringle. Le vent hurlait dans mes oreilles et j'avais à peine passé le coin de la maison que j'étais trempé jusqu'aux os. Autour, la mer semblait avoir monté de plusieurs mètres, verdâtre, pleine d'écume, elle était prête à engloutir l'île entière. J'avançais encore, courbé en avant, comme si je grimpais sur terrain plat, me retournant parfois pour reprendre mon souffle. Sur la grève résonnaient des claquements secs, comme les contrecoups du déchargement d'un camion de pierres quand chacune d'entre elles cherchait un endroit où se poser.
Je libérais les volets sous les jets de pierre, son bras sortie par la vitre brisée et elle les tira vers elle. Nous poursuivîmes jusqu'à ce que la maison soit fortifiée de l'extérieur et obscure à l'intérieur.

page 274
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Le centre était désert. Ce n’était pas une nouveauté : aux heures apathiques entre la fermeture de l’épicerie et le dîner, personne ne sortait. Rien d’autre que les voitures en transit qui se traînaient à cinquante à l’heure. Les gens regardaient par la vitre en se félicitant de ne pas avoir à vivre à Saksum.
Mais ils ne savaient pas ce que nous possédions.
Car ici, il y avait de la place pour nous. De la place pour moi,pour Carl Brænd, le freak de l’électronique qui, à l’âge de cinquante-cinq ans, habitait toujours chez sa mère, construisait des amplis de génie et roulait jusqu’au kiosque à hot-dogs à dix heures moins cinq pour avoir les saucisses livides à moitié prix de l’heure de la fermeture.
Ici, nos tares étaient visibles. Nous en avions connaissance, nous nous en servions pour nous maltraiter les uns les autres, mais les ragots nous soudaient. En chacun de nous il y avait un trou et nous le recherchions chez les impeccables, parce que c’était par là que le village passait son fil.
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Les visages de mes parents, eux, ne vieillirent jamais. Ils existaient sur une photo de la commode, juste à côté du téléphone. En pantalon pattes d'éléphant et gilet rayé, papa est appuyé contre la Mercedes. Maman est accroupie, elle caresse Pelle, notre buhund norvégien. Il semble lui barrer la route, comme s'il refusait de nous laisser partir.
Les bêtes comprennent peut-être ces choses-là.
Quant à moi, j'agite la main sur la banquette arrière, la photo a donc dû être prise le jour de notre départ.
Je continue de me figurer que je me souviens du trajet vers la France, comme d'une odeur de skaï émanant des sièges chauds, comme d'un défilé d'arbres par la vitre latérale. Longtemps, j'ai cru me souvenir aussi de l'odeur particulière de maman ce jour-là, et de leurs voix par-dessus le vent de vitesse.
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Le mensonge, c’est peut-être comme l’alcool, […] il faut boire régulièrement pour se cacher à soi-même qu’on boit. Mais la vérité aussi a quelque chose de similaire : on est obligé de boire jusqu’à ce que la bouteille soit vide. 
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Ce que nous voyons est beau, plus beau encore ce que nous comprenons, mais le plus beau de tout est ce qui nous échappe. 

Niels Steensen, alias Nicolas Sténon (1638-1686), scientifique et théologien danois d’expression allemande.
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Jamais elle n’avait vu de dessin plus beau. La chaire et le retable. Une vue qui lui était devenue familière au fil des années, mais que jamais elle n’avait contemplée de cette manière. Ce qu’il avait reproduit, c’était sa vision de ce décor, une vision… confiante. Elle y retrouvait quelque chose de son propre regard sur les choses anciennes, le sentiment que le temps ne les rongeait pas seulement, mais leur rendait hommage.
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