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Citations de Laurent Pépin (111)


On fait de nos affects une urgence vitale pour subordonner le monde à nos malheurs et on n’écoute pas l’autre.
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J’étais pris d’accès de panique et je cherchais des muses au fond des bouteilles de vin.
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Elle avait une maladie, la mère. J’ai passé mon enfance à me demander de quoi elle était malade. C’était le bonheur de ses bébés, la mère. Elle aimait tout dans la conception : faire l’amour, porter l’enfant, l’allaiter puis dormir avec. Mais quand les bébés se mettaient à galoper pour aller voir le monde, la mère, elle, restait au lit et disparaissait de leur vie.
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Au fur et à mesure, mes yeux se décollaient de leurs sables mouvants et étincelaient de la beauté du monde qui s’ouvrait alors…
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Ensuite, elle me prenait dans ses bras, comme un bébé. J’aimais bien me lover dans son corps : je fermais les yeux et elle promenait ses doigts sur mon échine.
Puis, je sentais les pores de ma peau s’ouvrir et se refermer tendrement, comme les bouches des fleurs carnivores…
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Je ne t’ai pas menti, jamais. Même si je sais que mes histoires sont un peu… Mais ce ne sont pas des mensonges. Ce sont des métaphores. C’est mon histoire, c’est moi qui raconte. J’ai le droit de faire des métaphores. Je n’ai pas le choix de toute façon. Il y a des choses qu’on ne peut pas raconter autrement. Et puis je ne veux pas. Ce n’est pas la direction que j’ai choisie. Il faut bien reconstruire le monde à sa façon, on ne peut quand même pas le prendre tel qu’il est. C’est trop triste. Prends le ciel, les nuages, les oiseaux, ce que tu voudras, ça n’a aucun sens si on n’y invente pas autre chose avec, un peu d’accent dans le regard qu’on y met. C’est vrai, c’est nul la nature naturelle…
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Je crois aussi qu'elle avait peut-être peur que je ne l'aime plus si elle ne présentait plus de signe extérieur de féérie.
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Et plus je les regardais, plus les étrangers semblaient se transformer sous mes yeux en créatures uniformes, patchworks des créatures qui avaient peuplé le monde jadis. Rapidement, leurs troncs, leurs membres, leurs figures n’étaient plus que des empiècements hétéro-clites d’organes, des déchets d’humanité.
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Je suis devenu psychologue et je travaille dans ce Centre. Souvent mon boulanger me demande si ce n’est pas trop dur de travailler avec “les fous”. Moi j’ai envie de lui répondre que ce qui est vraiment dur, c’est plutôt ce genre de dialogue, mais je me tais.
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Quand il vidait des animaux pour les empailler, il y avait une odeur épouvantable dans la maison. En même temps, il était occupé et ça avait l’air de l’intéresser vraiment. C’était bien, comme activité, pour le père. En revanche, il nous regardait du coin de l’œil et ça me faisait peur. Je me disais qu’il pesait le pour et le contre. Il devait se demander à quel âge il devrait nous vider nous aussi et nous bourrer de produits chimiques et de paille pour qu’on ne s’en aille jamais et qu’il puisse rester en sécurité.
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j’étais toujours ce radeau à la dérive porté par les courants du désir de l’Autre, dépourvu d’ancre à jeter, et j’acquiesçais encore à des événements que je n’osais pas même envisager, incapable que j’étais d’affirmer une décision inaugurale susceptible de m’arrimer en un point donné du monde…
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Et nous nous souvenons que nous sommes oubliés, aux marges d'une histoire, qui ne veut plus savoir que nous sommes l'origine aussi bien des contes, que des légendes, et de la poésie, qui de nous se sont enfuies, nées de la déchirure du verbe et du sens des mots...
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Alors que les bizarres, c'est plus noble. Eux, ce sont des modèles uniques qui sont nés sans mode d'emploi et en kit et ont du se fabriquer seuls. Alors, bien donne sûr, ça donne des constructions très personnelles. Les idées ne sont pas au bon endroit, ou bien elles sont morcelées ou trop vastes, sans limites. Et parfois, il manque des pièces. C'est le problème des trucs en kit.
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On fait de nos affects une urgence vitale pour subordonner le monde à nos malheurs et on n'écoute pas l'autre.
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Il y a toujours une fenêtre que je laisse ouverte pour que les Monstres puissent entrer. Je ne le fais pas vraiment exprès. Mais tous les Monstres rentrent dans toutes les têtes de la même façon : on les y invite. Parce qu’il y a quelque chose en eux qui nous fascine, qui nous comble, ou du moins qui absorbe notre esprit logique en polarisant nos réflexions. Quand ils sont là, c’est trop tard. Ils ne sortent plus et la terreur grandit.
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J’étais envahi par ma propre personne et je ne faisais attention à toi que dans la mesure où j’en avais besoin. J’ai aspiré ton énergie vitale et si tu n’étais pas partie peut-être que tu serais morte…
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J’ai commencé à lui expliquer, alors. J’espérais l’appâter avec les éléments cliniques de la décompensation poétique de Didier pour qu’elle se surimpose au décor. Elle aimait bien faire ça. Jouer les hologrammes. Il y avait quelques brumes colorées, lumineuses, informes, et puis sa silhouette se détachait du brouillard, sa figure s’affinait et elle était là.
Je pense qu’elle n’avait pas besoin d’apparaître par strates, comme ça. C’était pour le décorum, le tralala. Je crois aussi qu’elle avait peut-être peur que je ne l’aime plus si elle ne présentait plus de signe extérieur de féerie.
Je lui ai récité la saillie de Didier. Il m’avait impressionné ce jour-là.
« Tu sais, ça me rappelle le poème de Boris Vian, Je voudrais pas crever. »
Je suis allé chercher le bouquin dans la bibliothèque, parce que je n’ai jamais été capable de réciter plus de quatre vers de suite d’un seul poème. Ça me passionnait, ces comparaisons. J’avais été embauché en tant que psychologue dans le service pour malades volubiles du Centre psychiatrique, et mon travail de recherche, au- delà des interventions à but thérapeutique, consistait pour l’essentiel à établir des ponts entre la poésie classique ou contemporaine et le contenu délirant des décompensations poétiques des patients du Centre.
Je n’aime pas dire : « les patients ». Je les appelle les Monuments, en général.
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Et par moments, le vent balayait les flocons, qui remontaient sous son souffle, comme en apesanteur avant de redescendre en dansant, sans vraiment se poser. Alors, je courais en agitant les bras, pour attraper les flocons en forme de notes, parce que ça devait faire un bruit de clavecin, de viole ou de scie musicale, quand on appuyait dessus, et parce que je voulais entendre ce que la neige avait à dire.
Mais les flocons s'écartaient, comme si la neige voulait indiquer qu'elle ne tombait que pour elle-même.
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Eux [les "Monuments"] ce sont des modèles uniques qui sont nés sans mode d'emploi et en kit et qui ont dû se fabriquer seuls. Alors, bien sûr, ça donne des constructions très personnelles.
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Je ne pouvais pas sortir du centre-ville et des rues piétonnes… C’étaient des quartiers qui étaient faits pour aller se promener, et si on en sortait, ce n’était pas la même chose car on était à présent dans un endroit où on était censé aller d’un point à un autre alors que moi je ne me rendais nulle part…
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