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Se tenir debout face aux vivants tome 1 sur 2
EAN : 9782493872043
120 pages
Fables fertiles (25/11/2022)
3.82/5   89 notes
Résumé :
L’esprit, redoutable, sait composer avec les normes, ou peut parfois les subir cruellement, pour peu que les Monstres se soient invités et qu’il les ait laissés entrer. Il peut vite alors s’enfoncer dans d’insondables méandres et s’exposer à de ­sérieuses décompensations poétiques, sauf à avoir su entrer en intimité avec une Elfe.
Monstrueuse féérie est le premier volet de trois d’un conte ­insolite et fascinant tout entier parcouru d’un imaginaire de luttes ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (76) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 89 notes
J'ai lu ce livre, au premier abord déroutant, (mais j'aime les livres déroutants) en écoutant de la musique, tout comme le narrateur éprouve le besoin d'écouter de la musique quand il passe du temps avec son Elfe. J'ai beaucoup aimé cette histoire d'amour. J'ai eu l'impression de goûter moi aussi au « vin doré » (cf. p. 26) et de sentir à quel point « la vie était drôlement vivante » (cf. p. 27) malgré une histoire familiale plutôt glauque, malgré les Monstres qui rôdent.
Cette phrase, en guise de lumineuse litanie, « il ne faut pas emprisonner les Elfes » résonnera longtemps dans ma tête. L'amour ne doit pas être une cage dorée, mais une permanente féerie. Pourtant, que c'est difficile !
Que dire d'autre ? Merci beaucoup Laurent !
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Monstrueuse féérie est une nouvelle à la fois perturbante et originale. Laurent Pépin traite le thème de la folie de manière poétique et onirique, parfois teintée d'humour noir.

Psychologue clinicien, il connaît bien son sujet et je me suis retrouvée tout de suite immergée dans la « logique » d'une personne atteinte de maladie mentale, dans sa tête, ce qui est déroutant.

L'auteur aborde, selon moi, le sujet de la schizophrénie, des hallucinations qui tourmentent le malade, génèrent de l'angoisse et empêchent de savoir ce qui est réel ou ne l'est pas. Les hallucinations sont des elfes lorsqu'elles sont bienveillantes, mais elles peuvent parfois aussi être des monstres. Les patients, les « fous », sont des monuments, à travers le regard du narrateur.

Mais qu'est-ce qu'un fou? Qui est fou ? Cette plongée à la fois farfelue et émouvante dans l'irrationnel et le délire amène à s'interroger sur la normalité, l'anormalité, la différence, qu'est-ce qui est vraiment bizarre, qui définit ces normes et en profite pour exclure ceux qui ne rentrent pas dans les cases souhaitées et préétablies.

Il m'a semblé que Laurent Pépin savait faire preuve d'empathie grâce à la façon dont il m'a fait entrer dans la tête d'une personne atteinte de maladie mentale.

Sa nouvelle est très éloignée de mes lectures habituelles mais le côté onirique, sensible et poétique de ce texte étrange et inclassable m'a plu, ainsi que les références littéraires, à Boris Vian notamment. Cela m'a fait penser au « Journal d'un fou » et au « Nez » de Gogol, nouvelles assez délirantes, dans un genre cependant très différent car chaque texte est unique, ou à Aurélia, nouvelle poétique de Gérard de Nerval où l'onirisme, le rêve et la folie sont omniprésents. Merci à Laurent Pépin pour cette insolite expérience de lecture qu'est Monstrueuse féérie!
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Un roman inclassable, qui oscille entre réalité et folie... Mais la frontière est tellement tenue entre les deux.

Un roman dérangeant, qui nous plonge au coeur même de la folie, de ses errances .
J'avoue ne pas être très réceptive , en général, a ce type de roman, mais il est terriblement bien construit et touche du doigts tellement d'éléments de notre vie de tous les jours, de notre construction de l'enfance à l'âge adulte.
A tel point que l'on finit par se demander où est la normalité et qui l'établi.

Un roman qui nous fait voir la psychiatrie sous un aspect différent.

Au final j'ai apprécié ce roman, bien écrit, bien construit, dérangeant, différent et poétique.

Sans oublier la couverture absolument géniale qui représente parfaitement le contenu
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Je t'en prie REVIENS ! J'ai beau crier elle n'est plus là. Alors je n'ai plus la force de me lever pour mes patients, ces Monuments dans lesquels me cacher, explorer et comprendre. Pourtant je m'oublie dans la folie des autres. Ou m'y retrouve ? Une thérapie miroir. Sans cette cicatrice qui me brûle parfois, j'aurais pu être heureux avec mon elfe, qui chasse mes pensées sombres et les monstres d'enfance. Mais « On fait de nos affects une urgence vitale pour subordonner le monde à nos malheurs et on n'écoute pas l'autre. » Et mon autre, éprise de liberté, s'effraye de ma peur de l'abandon et de ma dépendance. Ma peur rouvre une brèche en moi, je le sens, elle laisse entrer les Monstres du passé, que j'avais si difficilement cloisonnés. Surtout depuis… l'évènement.
Foutaises, je vais bien, je ne suis plus malade - à peine quelques complexes. Et ce foutu horcruxe de Damoclès. Ne plus y penser. « Pour m'enfuir de moi-même, je devais m'absenter dans des rêveries sans fin qui me permettaient de devenir un autre. » Pas trop, parce qu'elle le voit. Elle le sent et elle n'aime pas, mon Elfe magnifique. A elle je ne peux mentir. Je ne peux pas tout dire non-plus. Que faire ? J'ai besoin de ma muse, cachée dans la bouteille de vin. Toujours là pour moi, elle. Pas comme mon Elfe, qui n'est plus là. Mais je ne peux lui en vouloir. Tout ça c'est moi, c'est eux, là, dans ma tête, qui peuplent les vides laissés béants de ma plus tendre enfance par un père et une mère qui me traquaient ou m'ignoraient. Heureusement j'ai mes patients, comme mon père avait ses cloches. Autant de bouches voulant communiquer, émettre, vibrer, sonner, résonner… mais je n'entends pas, je ne comprends pas, je ne veux pas, c'est trop dur.


Je ne veux que mon Elfe mais je suis son monstre et je ne peux lutter contre ça. C'est trop pour un seul homme. Et je suis un homme, seul. « J'ai souvent la sensation confuse d'avoir vécu accroché à un îlot rocheux au milieu de l'océan, toute mon enfance. J'entre en contact avec des gens extraordinaires parce que les autres me semblent fades, flous, comme s'ils faisaient semblant d'exister. Mais quand je laisse quelqu'un accoster sur mon îlot rocheux, il prend une place démesurée. Et lui, il ne comprend pas. Sauf si c'est un monument. Ils comprennent ça, les monuments. » Ils me laissent me réfugier dans les dédales de leurs cerveaux malades. Je suis comme eux. Maudit cafard qui m'envahit, une colonie entière, dégoutants, repoussants ; comme moi ? J'ai eu des amis, pourtant, mais « ils ne comprenaient pas mon histoire avec les Monstres. Ils disaient que, puisque les Monstres étaient partis, c'était comme s'ils n'existaient plus et qu'il ne fallait pas y penser. Moi je leur répondais comme Dumbledore : « Ce n'est pas parce que c'est dans ta tête que ça n'existe pas. » ». Un déclencheur et l'engrenage s'enraye, le monde redevient effrayant, se peuple de Monstres ; pourtant « ça s'était arrêté toutes ces années, jusqu'à »…


« Il y a toutes sortes de choses dans ma tête. Des Monstres, des Elfes, des Monuments. Mais en vrai, il y a du vide, un vide effroyable qui détruit tout ce que j'aime. » J'aimerais juste trouver la voie neuf trois quart. « Alors je secouai la tête comme une boule à neige pour ranimer le monde. » « La décompensation poétique, c'est comme ça qu'ils chassent les Monstres, les Monuments. Je travaille beaucoup avec eux pour qu'ils m'apprennent… ». « Il ne faut pas forcément dire la vérité mais il faut apprendre à l'aimer. Pour pouvoir la transformer en autre chose. C'est un travail de longue haleine ». Vous comprenez ? J'espère que oui, parce que si je suis devant vous aujourd'hui, c'est pour que vous m'aidiez. Tenez, voici le compte-rendu de ma psy qui vous explique tout. Ma NOUVELLE psy. L'autre était nulle, elle ne comprenait pas la poésie.



————————— COMPTE-RENDU PSYCHIATRIQUE ——————————


Le Sujet présente des phases de quasi-lucidité durant lesquelles il m'explique : Votre mission chers confrères, si vous l'acceptez, est de poursuivre avec le Sujet, en mon absence, ce minutieux travail de reconstitution vers sa vérité maquillée. Pour le comprendre, apprenez à voir le monde avec d'autres yeux, acceptez que la folie n'est pas qu'incohérences mais au contraire une construction poétique destinée à pouvoir survivre et communiquer en se protégeant, un moyen de rendre ce monde moins fou qu'il en a l'air ! Même si le Sujet a un côté un peu sombre, il n'est pas triste ni déprimant ; lire en lui est même ludique comme une chasse au trésor ou un puzzle dont nous devons trouver les pièces cachées (les références à des symboles ou des lectures) et les recoller pour en faire une image à interpréter de manière cohérente. Merci, chers confrères volontaires, de prendre ma suite dans cette chasse aux pensées cachées, l'exploration de cette antre mystérieuse qu'est le cerveau du Sujet ! Hâte de lire vos rapports !


_____________________ Dr Onee


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Les monstres et la folie.

La descente aux enfers d'un psy déjà bien atteint et ses monuments (ses patients). Marqué, hanté par une enfance, une vie, dans une famille dysfonctionnelle, non totalement barrée (terme médical adéquat), il rencontre sa muse, la femme, SA raison de vivre. Mais c'est une elfe et on n'enchaîne pas une elfe dans une simple relation et on ne l'utilise pas pour compenser ses névroses.

Il n'y avait rien d'autre dans le monde que les Elfes, les Monstres et les Monuments.
Comment dire. le festin nu ou la métamorphose ? (tout du moins dans mes souvenirs).
Une grosse envie de prendre une douche, de sortir dehors, de retrouver la lumière, d'embrasser ma femme et mes enfants, si normaux.

L'auteur, psychologue clinicien de son état, a du puiser dans un immense vivier professionnel pour construire son histoire, qu'on espère de tout coeur non autobiographique. Intriguant, dérangeant de bout en bout avec malgré tout quelques îlots de fraîcheur dans les histoires de ses monuments, finalement et paradoxalement, les plus normaux de cette histoire.
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critiques presse (1)
Actualitte
03 janvier 2023
Monstrueuse féérie est le premier volet d'un triptyque. C'est un conte horrifique, insolite et fascinant dans lequel l'auteur nous tend un miroir d'ombres qui nous interroge sur notre rapport à la normalité.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
Comment faire pour empêcher les Monstres de me hanter ? Comment faire pour ne pas être malheureux maintenant que tu ne penses plus à moi ?
En fait, je ne sais même pas si je suis fou ou si je suis juste stupide. De toute façon, c’est vrai, je suis stupide. Il y a toutes ces choses dans ma tête.
Des Monstres, des Elfes, des Monuments. Mais en vrai, il y a du vide, un vide effroyable qui détruit tout ce que j’aime…
Je ne t’ai pas menti, jamais. Même si je sais que mes histoires sont un peu… Mais ce ne sont pas des mensonges. Ce sont des métaphores. C’est mon histoire, c’est moi qui raconte. J’ai le droit de faire des métaphores. Je n’ai pas le choix de toute façon. Il y a des choses qu’on ne peut pas raconter autrement. Et puis je ne veux pas. Ce n’est pas la direction que j’ai choisie. Il faut bien reconstruire le monde à sa façon, on ne peut quand même pas le prendre tel qu’il est. C’est trop triste. Prends le ciel, les nuages, les oiseaux, ce que tu voudras, ça n’a aucun sens si on n’y invente pas autre chose avec, un peu d’accent dans le regard qu’on y met. C’est vrai, c’est nul la nature naturelle…
Et puis, c’est à ça que ça sert de raconter des histoires depuis des milliers d’années. Il faut bien s’en servir. Ça étoffe. Et ça brouille les cartes.
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Les Monuments, la plupart des gens ne savent pas que ce sont des poètes. Quand ils délirent, on appelle ça des « décompensations psychotiques ». Je remplace par « poétiques », je préfère.
Je trouve que ça évoque mieux le poids du Verbe chez ces gens qui ont dû décider en urgence d’un truc inaugural afin de pouvoir se tenir debout face aux vivants.
Mais il faut les protéger, les Monuments.
Pas vraiment contre leur folie – parce qu’au fond la plupart d’entre eux savent mieux y faire que nous, à condition qu’on les entende –, mais contre ce qu’on peut leur vouloir. Cette façon de prétendre édulcorer la maladie mentale au nom d’une inclusion dont la définition même passe par le rejet de ce qui les caractérise.
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Les bords du Monde, c’est juste un fin rideau peint
aux couleurs d’un ciel étoilé.
Quand on le soulève, en tirant dessus par la languette,
il n’y a rien derrière.




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La vérité, c’est pareil.




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Alors j’ai choisi de revenir. Pour être vivant.
Je ne vais pas abandonner sous prétexte que j’ai été élevé
par des gens morts...
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Je voulais lui en parler. Ça me fait toujours bizarre de ne pas savoir comment l’appeler. Elle disait qu’elle n’avait pas de nom mais que je pouvais l’appeler comme je voulais. Ce soir-là, j’aurais voulu qu’elle ait un nom. Parce qu’elle n’était pas là et que je voulais l’appeler.
Souvent, quand je ne la voyais pas, je commençais simplement à lui parler comme si elle était dans la pièce et elle apparaissait. Je ne me suis jamais vraiment demandé comment elle faisait.
C’était une Elfe, après tout. C’est ce qu’elle m’avait dit. Je n’avais pas de raison de ne pas la croire.
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J’avais du mal à rester seul depuis la mort de la mère l’année précédente. Au mois de novembre, d’un cancer du poumon, à quelques jours de mon anniversaire.
Ça avait été compliqué, parce que je voyais bien dans leurs messages que mes frères étaient tou- chés par ce décès, mais moi sur le moment je ne savais pas trop, ça faisait plus de trente ans que j’attendais son décès pour avoir le droit de faire mon deuil.
Elle avait une maladie, la mère. J’ai passé mon enfance à me demander de quoi elle était malade. C’était le bonheur de ses bébés, la mère. Elle aimait tout dans la conception : faire l’amour, porter l’enfant, l’allaiter puis dormir avec. Mais quand les bébés se mettaient à galoper pour aller voir le monde, la mère, elle, restait au lit et disparaissait de leur vie.
Quand elle est morte, j’ai développé un petit cancer cutané. Pour moi, quand j’essayais de comprendre ce qui m’arrivait, je me disais qu’en fait ce n’était pas un carcinome basocellulaire mais un horcruxe. Une putain de cicatrice qui venait réveiller ce que j’avais voulu enfouir durant toutes ces années et qui me parlait constamment d’un monde et d’une histoire que je ne voulais plus reconnaître comme les miens.
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