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Se tenir debout face aux vivants tome 2 sur 2
EAN : 9782490426102
102 pages
Flatland (29/09/2021)
4.23/5   33 notes
Résumé :
'L'Angélus des ogres' fait suite à 'Monstrueuse féerie' et sera suivi de 'Clapotille', mais les trois ouvrages peuvent se lire indépendamment.
« J’habitais dans le service pour patients volubiles depuis ma décompensation poétique. Au fond, je crois avoir toujours su que cela se terminerait ainsi. Peut-être parce qu’il s’agissait du dernier lieu susceptible d’abriter une humanité qui ne soit pas encore réduite à une pensée filtrée suivant les normes d’hygiène.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Je trouve que Laurent Pépin a un don véritable pour raconter des histoires qui sortent de l'ordinaire. J'aime son écriture aux confins de la poésie et de l'absurde.
Ici, le narrateur, psychologue clinicien ou plutôt patient-salarié (si cela peut exister) et Lucy, la thanatopractrice pratiquant la sorcellerie s'aiment passionnément et se le disent (cf. p. 45). La nuit Lucy devient une ogresse alors que le jour elle se meurt. Elle souffre, en effet, d'une anorexie sévère depuis qu'elle a perdu un bébé. Les « traits unaires » sont son domaine, tandis que le narrateur lui aussi malade, a été hospitalisé d'office. Je n'en dirai pas plus sur ce texte âpre mais lumineux à la fois. Voici ce que déclare (et cela résume beaucoup) le narrateur : « J'ai des… Monstres, dans ma tête, depuis mon enfance. On les a sortis de là pour les mettre en bocaux, avec Lucy, et puis on a fait l'inventaire. » (p. 61)
Comment fait-on pour « rentrer chez soi quand le monde du dehors est méconnaissable » ? Il y a dans ce texte sur le terreur d'être dans le monde un peu de la cruauté et de la candeur des anciens contes pour enfants. En filigrane se décèle aussi une pensée critique sur cette psychiatrie qui n'offre plus l'asile, mais qui « filtre » outrageusement la pensée.
Vers la fin j'ai bien ressenti moi aussi « l'impression de douceur » féérique, « malgré le froid mordant » (p. 93). Tout comme je crois avoir compris ce titre oxymore. Un angélus est une « prière à Marie qui se dit le matin, à midi et le soir ». Les ogres que nous sommes, nous ces cerveaux malades, nécessitent des prières quotidiennes, ne serait-ce que par le truchement de la littérature salvatrice.
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Laurent Pépin nous livre la suite de Monstrueuse féérie avec l'Angelus des ogres.
Une suite plus sombre, mais toujours poétique. Elle est elle aussi dérangeante.

L'auteur pousse plus profondément l'immersion dans la folie.
Toujours en jouant entre réalité et folie.
Néanmoins j'ai trouvé l'auteur plus efficace, plus direct dans la "critique" de la normalité. Enfin direct est un bien grand mot puisque le récit est très imagé.

Je ne suis toujours pas très a l'aise avec ce type de récit, mais j'aime la construction et l'écriture.
Un roman qui questionne puisque aujourd'hui la norme est de rentrer dans des cases, déjà au niveau scolaire la moindre déviance est considérée anormale... et tout est fait pour que l'on rentre dans le moule. Alors quand on est résident en hôpital psychiatrique......

Une nouvelle atypique, plaisante, intéressante, poétique et dérangeante.
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Après Monstrueuse féerie voici l'Angélus des ogres avec dès le départ cette dualité dans le titre comme un avertissement de ce qui nous attend.
Quelle joie de retrouver Laurent Pépin repartir pour une nouvelle aventure car il s'agit de s'aventurer dans la tête des autres.
C'est parfois foutraque et j'aime bien. Et c'est toujours aussi poétique. C'est beaucoup plus torturé aussi.
Le narrateur a grandi, ses monstres aussi.
De nouveaux personnages arrivent : les invisibles. Êtres aux pensées filtrées qui s'évaporent, s'évanouissent, disparaissent, une fois dépossédés de leur imaginaire, de leurs contes.
Il y a aussi Lucy, anorexique, piégée dans un univers morbide. Les pages la concernant sont belles et terribles. Au risque d'aggraver mon cas, j'y vois aussi une critique du système qui veut compartimenter, mettre dans des cases, vive le conformisme à tout va. Adieu l'imagination ! Au secours je disparais…
Beaucoup de souffrance, de monstres, d'ogres. Certains doivent rester cacher au plus profond, sinon on risque de perdre l'amour des autres. Dans cet aveu excessivement sombre, demeure une toute petite flamme qui rend conscient, vulnérable et empêche de dévoiler la vérité.
L'angélus est une prière peut-être celles de tout ces êtres qui parviennent à se comprendre et s'entendre. La prière de tous ces êtres qui ont besoin de contes, de poésie, de mots, d'imaginaire, d'autres mondes où se réfugier et vivre.
Merci Laurent pour cette très belle et encore une fois atypique lecture.
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Dans la directe lignée de monstrueuse féérie, on retrouve l'univers poétique de l'auteur. Au coeur d'un milieu qui pourtant voudrait se libérer de l'ambiguïté des relations entre folie et création, en cadrant les méthodes, qui excluraient la subjectivité du langage. Tuer les mots pour éteindre la pensée.
Lucie hante les pages, elle va très mal et porte en elle un fardeau qui la détruit. Près d'elle, le psy, soigné ou soignant, lui-même l'ignore parfois, lutte et l'assiste dans sa descente aux enfers.

Le pouvoir des mots, la magie du langage sont ici érigés au rang de panacée. Et pourtant, leur force se heurte parfois à une limite infranchissable, lorsque le drame originel a envahi un univers fragile.

On retrouve les personnages déjà croisés dans Monstrueuse féérie et la même ambiance onirique qui transfigure le décor du monde psychiatrique.

C'est avec un plaisir réitéré que j'ai parcouru ses lignes et découvert qu'un troisième opus suivra
Merci à Laurent pour sa confiance.

102 pages Flatland 29 septembre 2021
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Voici la suite de Monstrueuse Féérie, un bouquin déjanté dans lequel on entrait dans l'univers de l'auteur. Angélus des ogres nous raconte la vision du narrateur qui, de médecin dans un centre d'aliénés, en devient cette fois le patient-salarié. Il tombe amoureux de Lucie, la thanatopractrice, qui a cette faculté à se transformer en sorcière la nuit et plus particulièrement en ogresse…

On ne quitte pas cet univers de dingues ! Mais après tout, comme je le mentionnais déjà pour le premier opus, ne retrouve-t-on pas ces personnages dans les contes ? Je trouve cet univers à la fois intéressant et complexe. En effet, la folie revêtant une multitude de formes, il est difficile d'en comprendre les rouages. C'est aussi pour cela qu'on préfère souvent donner des traitements chimiques plutôt que de soigner le mal à la racine… Mais encore faut-il la trouver cette racine !

Merci à Laurent Pépin pour m'avoir envoyé si gentiment ce deuxième tome de sa trilogie et bravo à lui pour ce texte qui se laisse lire avec plaisir.
Lien : https://promenadesculturelle..
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critiques presse (1)
Marianne_
17 octobre 2023
« L’Angélus des ogres », petit conte dont on sort grandi et grâce auquel chacun réaffronte les monstres qui vivent sous son lit…
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
On aimait bien ça, jouer aux Monstres dans le noir:
on prenait des airs d’écoliers, les yeux baissés, tout penauds,
et on les regardait s’agiter et rugir
en nous livrant leurs récits. (*)

On se mettait au lit, à n’importe quelle heure,
du moment qu’il n’était pas encore minuit.
Alors, on faisait une cabane avec la couette
et une lampe torche et on se racontait des histoires
en frissonnant délicieusement
et en regardant les Monstres en colère sous le faisceau lumineux.

Puis, L.(---) entrouvrait très légèrement les bocaux
– pas assez pour qu’ils s’enfuient et me terrorisent à nouveau,
mais suffisamment pour qu’ils puissent diffuser leur halo blême
qui venait s’étaler contre les murs de la chambre transformés
en écrans de cinéma.

(*) On aimait bien ça, jouer aux Monstres dans le noir:
on prenait des airs d’écoliers, les yeux baissés, tout penauds,
et on les regardait s’agiter et rugir
en nous livrant leurs récits.

- Lucy -

Lucy in the sky with diamonds
https://www.youtube.com/watch?v=O4hTUPFBaaQ

Picture yourself in a boat on a river
With tangerine trees and marmalade skies
Somebody calls you, you answer quite slowly
A girl with kaleidoscope eyes

Cellophane flowers of yellow and green
Towering over your head
Look for the girl with the sun in her eyes
And she's gone

Lucy in the sky with diamonds
Lucy in the sky with diamonds
Lucy in the sky with diamonds
Ah

Follow her down to a bridge by a fountain
Where rocking horse people eat marshmallow pies
Everyone smiles as you drift past the flowers
That grow so incredibly high

Newspaper taxis appear on the shore
Waiting to take you away
Climb in the back with your head in the clouds
And you're gone

Lucy in the sky with diamonds
Lucy in the sky with diamonds
Lucy in the sky with diamonds
Ah

Picture yourself on a train in a station
With plasticine porters with looking glass ties
Suddenly someone is there at the turnstile
The girl with the kaleidoscope eyes
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En tout cas, j’étais fier de mon intronisation auprès d’eux. À présent que je faisais partie des leurs, ils m’avaient d’ailleurs confié quelques-uns de leurs secrets. J’avais appris, par exemple, qu’ils quittaient régulièrement le Centre, à l’heure des ombres. Qui à cheval sur un mouton d’écume, qui traversant des catacombes secrètes, d’autres encore attachés aux pattes d’oiseaux de nuit, ils s’en allaient rendre visite aux enfants malades.
Peut-être parce que je leur avais lu Les Araignées, de Boris Vian, en leur expliquant ce que voulait dire ce poème : les enfants malades veillés par les vieilles personnes n’y meurent pas de leur maladie, mais leur maladie est elle-même une construction des vieilles personnes qui engendre leur mort.
Alors, les Monuments s’en allaient et entraient par les fenêtres des enfants malades pour leur faire le récit de vies extraordinaires, de trouvailles miraculeuses : ils réveillaient l’imagination éteinte des enfants malades de la pensée filtrée. Puis ils revenaient et n’en parlaient plus. Sauf, à demi-mots, dans mon bureau.
Et parfois, ils ne rendaient pas visite aux enfants. Quand la pensée était trop lisse, qu’il n’y avait plus de prise pour y accrocher les émotions humaines et que la pesanteur s’en trouvait si complètement altérée qu’on ne pouvait plus marcher droit, ils s’amusaient à terrifier leurs parents. Enfin, ils considéraient cela comme leur devoir, mais il me semble tout de même que ça les amusait beaucoup. Ils les réveillaient en pleine nuit, dans leur chambre d’honnêtes gens anesthésiés, et ils leur parlaient des fantômes des noëls passés ou de la vieillesse en gelée qui vit dans la télévision. Je savais qu’ils pouvaient être très impressionnants. Si les honnêtes gens étaient trop sages, ils les secouaient doucement. C’était nécessaire. Et ils n’aimaient pas abîmer leurs affaires, mais en prélevaient des échantillons qu’ils rapportaient au Centre.
Quelques jours plus tard, ils retournaient voir les enfants. S’ils n’étaient plus malades et que leurs pensées avaient brisé leurs chaînes, il y avait des sourires d’enfants qui se dessinaient dans les fines particules au-dessus des oreillers, pour indiquer qu’ils rêvaient. Il faisait nuit, mais les sourires d’enfants qui rêvent projettent toujours une lueur pâle autour d’eux quand il y a des Monuments. Alors les Monuments rapportaient aux parents les échantillons de leurs affaires, emballés comme des cadeaux de Noël. Normalement, les enfants n’étaient plus malheureux, après.
Cependant, parfois, cela ne fonctionnait pas, lorsque les circonstances familiales étaient compliquées. Peu après, certains parents disparaissaient, sans laisser de trace. Comme ça, le hasard. Ou alors, les Monuments avaient simplement fait leur travail.
Puis, l’on pouvait voir des sourires revenir dans la chambre des enfants…
Certes, j’étais le plus souvent incapable de les suivre, n’étant en somme que novice dans le registre de la décompensation poétique, et mon esprit se perdait rêveusement au fil de l’onirisme ambiant.
En somme, j’étais là où je devais être depuis que je vivais dans le Centre. Même si je n’ai jamais cessé d’y penser avec nostalgie, comme si je savais déjà que cela prendrait fin prochainement.
Je savais que je devrais quitter le Centre, mais un retour à la vie normale me terrifiait.
Parce qu’il signifiait devoir réapprendre à faire avec moi-même et mes petits passagers clandestins…
À moins que…
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Parce que, si l’on y réfléchissait, même juste un peu, on comprenait que l’esprit n’était qu’un caméléon qui se teintait des mille nuances du désir de l’Autre, afin de rêver du corps d’une femme comme d’un ciel en forme de parapluie où les étoiles tombent par les petits trous qui laissent filtrer quand même un peu de poussière de monde.

(p. 66-67)
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Et on ne peut pas se retrouver car sa chambre est à l'intérieur des murs sans portes et il n'y a pas d'entrée. Maintenant, je dois sortir du lit et hanter les couloirs en criant la nuit pour chasser les démons, et je ne peux pas dormir, et après je suis fatiguée, et je suis énervée. Je sais que Colombe-Blanche a peur, elle aussi. Mais parfois, j'oublie qu'elle existe et elle n'existe plus. Alors
je suis seule. Pour de vrai. Et je meurs tout le temps..
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Par exemple, j'ai toujours considéré que mon métier de psychologue consistait, en quelque sorte, en un poste d'assistant auprès d'inventeurs. Cela me semblait le seul positionnement défendable. Mais aujourd'hui, ce n'est plus cela qu'on nous demande. On attend du psychologue qu'il entrave l'avènement de la pensée singulière. On nous impose même des outils de mesure : on estime la quantité de pensée singulière d'une personne par rapport à une norme établie par des experts. Ensuite, en fonction des résultats, on la filtre à l'aide des nouvelles méthodologies en vigueur.
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