Léa Perrin

J’apprécie la ponctualité chez les autres alors la moindre des choses est d’être moi aussi à l’heure, même si le prof ne calcule personne dans l’amphi et qu’il se fout royalement qu’un étudiant arrive après le début du cours, ou ne vienne simplement pas du tout.

Elle sait que je n’aime pas « les inconnus », même si pour moi ils le sont toujours, forcément, puisque je n’offre jamais ma prestation deux fois au même client. Mais la plupart du temps, ma clientèle est déjà passée par d’autres filles, ou tout du moins par d’autres agences.

Même habillée ainsi, de façon pourtant relax, je sais déjà que plusieurs hommes se retourneront sur moi dans la rue. Je suis belle et je le sais. C’est d’ailleurs mon fonds de commerce. C’est aussi ce qui m’a perdue à une époque.

Il faut dire que le monde dans lequel j’évolue m’oblige à renvoyer l’image de la perfection. Je suis rémunérée extrêmement cher pour cela. Payée pour être belle, pour être étudiée sous toutes les coutures, bien souvent mise en vitrine.

Malgré tout, en jouer est probablement une façon inconsciente que j’ai trouvée pour leurrer mon esprit, le laissant croire à une forme de transition vers une version différente de moi… Pourtant quoi que je dise, quoi que je fasse, intérieurement je reste toujours la même. Fidèle à mes convictions et à mes choix depuis maintenant dix ans. Finalement ma coupe de cheveux n’a d’autre espèce d’importance pour moi que de tout maîtriser, en réalité.

J’adore jouer avec ma couleur de cheveux. Changer régulièrement au gré des saisons et de mes envies pour modifier légèrement mon aspect extérieur… D’ailleurs, quiconque ferait suffisamment attention à moi pour noter ces variantes — sans pour autant me connaître véritablement — penserait que je suis certainement une fille superficielle, emplie de futilités.

Dans la vie de tous les jours, j’essaie de ne pas avoir l’air trop sophistiquée, je fais attention à ne pas arborer les vêtements de luxe que je ne suis pas censée pouvoir me payer et qui traînent dans mon armoire, au milieu des vêtements provenant des enseignes un peu plus standards, les marques de madame Tout-le-monde.

Je t’aime, Iris, je t’aime plus que je n’aurais cru ça possible, je t’aime comme ce n’est pas permis d’aimer, et je sais que tu ressens la même chose, alors…

La haine est ce sentiment qui pousse une personne à souhaiter du mal à une autre, ou à se réjouir du mal qui lui arrive. La haine est une hostilité très profonde, une exécration et une aversion intense envers quelqu'un.
Si avant ce jour de mai, j'avais pu avoir encore un léger espoir de pouvoir apprécier Adrien, il fut complètement anéanti à la fin de cette journée.

Ça y est ! En deux minutes, il a réussi à me taper sur les nerfs.
- ... Mais... mais je t'emmerde, Adrien Delaunay, tu peux aller te faire voir bien comme il faut !
Il rit.
- Hou ! Tu m'insultes ! Et tu dis des gros mots, en plus ! Je crois que cette fois je t'ai vraiment énervée !
Mais... en plus, il se fout de ma gueule ?!