Une très belle épopée martienne
L'action de ce roman de "science fantasy" commence sur une planète Mars imaginaire, une très vieille planète qui a perdu son humidité, mais qui est habitée par des êtres semblables aux Terriens car son atmosphère contient encore suffisamment d'oxygène pour être respirable.
L'archéologue et pilleur de sépultures Matthew Carse est à la recherche d'antiquités martiennes ; un individu peu recommandable, nommé Penkawr, lui présente une impressionnante épée censée avoir appartenu à Riannon le Maudit, un ancien dieu qui aurait été enfermé par ses pairs dans une tombe à cause de ses fautes.
Matthew exige d'être conduit dans ce lieu légendaire qui s'avère bel et bien exister ; il y découvre de fabuleux trésors, mais aussi « une sphère menaçante de noirceur mouvante ».
Suite à un désaccord avec Penkawr, il est poussé par celui-ci dans la sphère qui est en fait un « portail interdimensionnel » , dans lequel il perçoit une présence terrifiante, et se retrouve projeté dans un très lointain passé de la planète Mars ; il découvre alors un magnifique monde verdoyant, où des galères naviguent sur un océan laiteux...
Mais ce monde est dominé par les Sarks, une nation qui réduit en esclavage tous les autres peuples et qui reçoit l'aide des Dhuviens, une répugnante race pseudo-humaine d'origine ophidienne disposant de machines sophistiquées, cadeau de Rhiannon le Maudit.
Matthew Carse prend le parti des opprimés contre les Sarks et leurs alliés ; c'est alors que se manifeste Rhiannon le Maudit, qui a profité du passage de Carse à travers le portail pour se glisser dans son esprit à son insu...
Si les personnages sont sans doute quelque peu stéréotypés (la belle princesse qui tombe amoureuse du héros...), en revanche le lecteur est séduit par la vision exotique et poétique de l'enfance de ce monde dont il a entraperçu le crépuscule au début du récit, et il est entraîné dans une action au rythme soutenu et aux rebondissements spectaculaires.
Leigh Brackett : une auteure à redécouvrir.
Challenge multi-auteures SFFF 2020
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Excusez-moi, je sors de la douche !
Rien de gentiment pervers ni de ressemblant avec certaines caricatures de DSK, non. Après quelques lectures un peu sérieuses, j’avais besoin de me laver la tête avec un truc épique et exotique. Et là, bon sang, Leigh Brackett fait mon bonheur.
« Le peuple du talisman » s’inscrit dans le cycle des écrits de l’auteure consacrés à Mars (la planète). ; une Mars « pulpsée », exotique, abritant des civilisations millénaires. Le récit conte la résistance de Kushat - une ville très loin dans le nord du monde - face aux hordes barbares Mekhs, et la recherche par les citadins de la terrible puissance destinée à les sauver derrière les falaises contre lesquelles Kushat s’adosse.
Celui par lequel tout arrive est l’un des plus fameux héros de Mars : Éric John Stark, le Terrien élevé sur Mercure. Stark a tout des héros « howardiens ». Il est très performant pour survivre et possède un code d’honneur qui force le respect. Il est pragmatique, adepte de la sélection naturelle appliquée en quelque sorte. Aisément considéré comme un barbare, il déteste tous ces civilisés sournois, parfumés et sans parole qui n’ont pas le courage de lutter pour ce qui leur appartient. On peut aisément voir Conan à travers lui.
Le récit est inclassable. Il a lieu dans l’avenir mais la plus grande partie peut être cataloguée heroic fantasy. Le pivot, c’est le siège de Kushat qui m’en a évoqué quelques autres : Fort-le-Cor du Seigneur des Anneaux (Tolkien), Armengar de Ténèbres sur Séthanon (Feist) ; il m’aurait probablement aussi évoqué Dros Delnoch de Légende (Gemmell) si je l’avais lu (oui, j’ai honte). La dernière partie part dans la science-fiction avec des êtres non-humains d’une étrangeté délicieuse, décrits avec maestria avec un très léger zeste de Lovecraft (« des ruines inhumaines qu’aucun esprit humain ne saurait supporter longtemps »).
C’est court, bourré d’action et les femmes ont du caractère à revendre comme toujours avec Brackett. La fin est peut-être un peu rapide, mais qu’importe ! Ce troisième roman de Leigh Brackett m’a encore une fois emporté.
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Quel plaisir de lecture ! « L’épée de Rhiannon » était mon premier Brackett et j’ai passé un moment délicieux.
La parenté avec « le cycle de Mars » de Edgar Rice Burroughs m’a évidemment sautée au yeux. En fait j’ai pris le même plaisir de lecture avec Rhiannon qu’avec les aventures de John Carter. On y retrouve ce même mélange de science-fiction et de fantasy. Le rythme est trépidant, les péripéties s’enchaînent tout en faisant la part belle aux descriptions évocatrices. Les personnages sont des archétypes remarquablement brossés.
Tout au long de ma lecture, j’ai aussi ressenti que Brackett était une auteure de « genre » au sens large, pas seulement SF. En effet, à certains détails dans les descriptions des décors ou dans la caractérisation des personnages, on devine l’auteure de western et de Noir qu’était Leigh Brackett, ce qui n’est pas pour me déplaire. Matthew Carse a à la fois les atours d’un desperado solitaire de l’ouest et ceux d’un privé de Chandler ou Hammett. Quant à la (pas si) méchante princesse, elle a un côté femme fatale emblématique du roman noir.
« L’épée de Rhiannon » c’est le genre de bouquin qu’on lit en retrouvant une âme d’enfant. Que du bonheur donc !
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Deuxième roman du « Grand Livre de Mars » de Leigh Brackett, et première apparition de son héros récurrent : Éric John Stark.
Ce roman très court — à peine une centaine de pages — est mené tambour battant. De la première à la dernière ligne pas de temps pour se reposer. Le sujet nous est donné en cours de route : les tribus du désert préparent un mauvais coup contre les villes de la Frontière. Elles sont menées par le leader charismatique Kynon qui parvient à réunir les divers clans aux inimitiés ancestrales, et même à les associer aux cités glauques des Bas Canaux. Stark les accompagne car il a été appelé en tant que mercenaire, mais il joue double jeu. Son objectif, c’est le maintien de la paix.
J’ai été rapidement happé par le rythme frénétique, les décors martiens très « orientaux », les villes millénaires qui cachent des secrets oubliés, les technologies qui sont devenues des légendes, les barbares pur jus et les filles nues jusqu’à la taille. Le worldbuilding est super light ? Pas grave ! Ca suffit à donner envie de poursuivre la lecture de Brackett. Les planètes Mars, Vénus ou Mercure sont habitables et habitées par l’homme ? Bah, pour le coup je me fiche que depuis on ait compris que ce n’était pas possible. C’est de la SF bien classique mais qui ne tâche pas. Au contraire, du nectar.
Stark est un héros à la Conan, puissant, qui sue la confiance en soi, que rien ni personne n’intimide. Ces actes héroïques sont impressionnants, en particulier ici son imitation de Lawrence d’Arabie genre : « je serai le premier à traverser ce désert ». Et comme Leigh est (« était », sniff) une femme, ses personnages féminins sont forts et sauvent plus d’une fois la mise au héros.
En lisant ce roman, je n’ai pas cessé de me rappeler les décors fabuleux de la BD « Arn » de Jean-Pierre Dionnet. Le pitch et les décors sont assez ressemblant je trouve. Et finalement, ce n’est pas si surprenant. Je me souviens d’une émission radio sur France Culture (« Mauvais Genre ») où Dionnet était venu raconter tout son amour pour Leigh Brackett. Sa BD contient donc une sorte d’hommage à Sinharat.
La force et l’exotisme de ce récit est idéal pour les vacances. Je crois que je vais accélérer ma lecture du reste du Grand Livre de Mars.
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Au départ, je ne comptais pas écrire une bafouille en l'honneur de cette longue nouvelle.
Mais vue sa qualité, il eût été dommage de n'en laisser que quelques mots perdus dans l'océan de l'intégrale Stark et les rois des étoiles.
Oh ce texte n'émerge pas tant par l'originalité du scénario, somme toute assez commun, que par le soin de l'interprétation.
Un décor vénusien kitsch de mer Pourpre composée de gaz au fond de laquelle se fossilisent forêts et jardins pétrifiés dans leurs couleurs de printemps, de villes de torchis et château anthracite draculéen accroché en bord de falaise ou jamais le soleil ne perce. J'ai immédiatement pensé au film Flash Gordon de Mike Hodges.
Un héros sauvage élevé dans l'enfer de Mercure, aux accents du Conan de Robert Howard, partiellement rattrapé par la civilisation mais capable d'explosions qui le transforment en berserker, et doué d'un sens inné du danger imminent à l'instar du sens d'araignée de Spider-Man. C'est Éric John Stark, déjà croisé dans Le grand livre de Mars.
Une famille de cruels seigneurs, esclavagistes, décadents, et aussi portée à la haine intrafamiliale que les Atrides. La lie aristocratique de l'humanité du système solaire. Seul le difforme Tréon, Cassandre que personne n'écoute, fait office d'exception. J'ai nommé les Lhari.
Le récit a des accents shakespeariens, des relents théâtraux, des morts tragiques et des actes d'héroïsme. Lyrisme et sense of wonder sont à l'honneur. C'est palpitant, hollywoodien, magnifique.
Bref j'ai aimé et il fallait que je le dise. Voilà !
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L'épée de Rhiannon est un roman qui a d'abord été publié dans la revue Thrilling Wonder Stories de juin 1949 sous le titre Sea Kings of Mars. Il est possible de le lire en ligne :
http://www.luminist.org/archives/SF/TWS.htm (pour les amateurs qui lisent en v.o. ce site est une mine d'or). La couverture est extra… et il y a quelques illustrations, voici l'accroche :
« Rhiannon cherche à se libérer de sa prison séculaire dans l'esprit d'un homme de la Terre - plongeant Matt Carse au milieu d'un passé mortel romantique! »
Matt Carse est un archéologue terrien. Sur Mars, il suit Penkawr (un martien) dans le tombeau secret du dieu maudit Rhiannon. Ils ne sont pas d'accord sur la répartition des gains et Penkwar le pousse vers une bulle d'obscurité qui le propulse un million d'années dans le passé.
Qui peut savoir comment était Mars il y a si longtemps ? Donc pourquoi pas. Par contre, j'ai quelques doutes sur le fait de se comprendre ^^ enfin peu importe, on peut imaginer que Carse y parvient par l'entremise de Rhiannon.
Le fait est que je n'ai pas du tout accroché à l'histoire et aux personnages. Qu'il m'en a fallu du temps pour terminer ce livre qui fait moins de 200 pages o.O
Je tenterai peut-être la suite – j'ai acheté l'intégrale des éditions le Bélial – je verrai plus tard. Comme c'est le premier livre que je lis de l'auteure, je n'ai pas envie d'en rester là.
Grimoires alchimiques/LC
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Ecouter la voix des Immortels
Les dirigeants des Etats-Cités martiens, subissant l'influence des Terriens, ont décidé de bouleverser l'équilibre écologique de leur planète pour la « reconstruire ».
Mais la plupart des habitants de Mars s'y opposent...
« Nous refusons qu'on modifie le régime de nos puits, de nos cours d'eau. Nous refusons que notre population s'accroisse. Nous refusons que les ressources dont nous disposons et qui peuvent durer encore des millénaires, si on les laisse en paix, soient taries en quelques siècles. Nous vivons en équilibre avec notre environnement et voulons y rester. Et nous nous nous battrons... », déclare l'un d'eux.
Un Terrien, le Dr Carey, partage cet avis. Il décide de traverser de vastes contrées désertiques et sauvages pour se rendre à Sinharat, l'antique cité des Ramas, ces « Immortels » qui ont jadis vécu des milliers d'années en transférant leurs esprits dans d'innombrables corps.
Le Dr Carey espère trouver à Sinharat des documents concernant une expérience identique de « reconstruction » à laquelle se seraient livrés les Martiens du passé, quand ils disposaient d'une technologie sophistiquée, et dont l'échec aurait eu de très graves conséquences.
Mais les autorités martiennes et leurs alliés terriens sont hostiles à cette tentative...
Un récit dont l'intrigue ne réserve que peu de surprises mais qui est tout à fait agréable à lire ; on saluera surtout son caractère étonnamment prémonitoire : cette nouvelle "écologique" a été publiée pour la première fois en 1963 !
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Ce recueil regroupe cinq nouvelles représentatives de l’univers martien de Leigh Brackett. Elles furent écrites entre 1948 et 1964 et publiées dans divers magazines tels Planet Stories ou Amazing Stories.
Même si je l’ai trouvé un ton en dessous des romans de l’auteur consacrés à Mars, on y retrouve la même atmosphère d’exotisme et de civilisations agonisantes sur une planète elle-même asséchée. Une atmosphère peut-être plus prégnante que dans les romans, d’ailleurs, du simple fait de la répétition ressassée dans chaque nouvelle histoire. Car répétition il y a. Je vous conseille de ne pas avaler le recueil d’un coup mais de lire d’autres choses entre chaque nouvelle afin de vous redonner faim (une sorte de trou normand donc).
On retrouve plusieurs fois asséné le sentiment de jeunesse de l’humanité, jeunesse sauvage aux dents longues, jeunesse relative à la sensation d’abyssale ancienneté des civilisations martiennes qui constituaient des empires quand l’australopithèque Lucy se cassait la figure de son arbre. On retrouve la fierté de ces Martiens envers leur passé, leur mépris pour les Terriens et leur frustration d’être à présent dominés par eux.
Deux nouvelles m’ont fait forte impression.
« La malédiction de Bisha » met en scène un médecin terrien qui recueille une jeune martienne que son peuple estimait victime d’une malédiction et qu’il fallait absolument éliminer. Confrontation entre science et tradition, naissance d’un attachement sincère entre le médecin et sa jeune patiente et superbe final. Un grand moment de lecture.
« La route de Sinharat » revient sur cette ville martienne où régnait des immortels voleurs de corps. En fait elle précède d’un an le roman où Éric John Stark, le héros archétypal de Leigh Brackett, fait son apparition (Le secret de Sinharat) mais se passe après dans la chronologie de Mars. Très beau voyage le long des canaux martiens jusqu’à la ville bâtie dans le corail. Aventure épique également. Et un message très actuel sur la vacuité d’apporter le « progrès » à une civilisation « inférieure » : alors que la civilisation en question survivrait des millénaires du fait de ses besoins limités, le progrès la fera vivre mieux pendant un temps mais consommera les ressources à grande vitesse et la finalement la tuera en quelques siècles.
A noter aussi le thème de la régression évolutive dans la nouvelle « Le jardin du Shanga » déjà abordé par le mari de Leigh Brackett — Edmond Hamilton — dans « L’Empereur de l’espace », le premier opus des aventures du Capitaine Futur (plus connu chez nous sous le nom de capitaine Flam).
Ce recueil est disponible dans l’omnibus « Le Grand Livre de Mars » publié chez le bélial‘.
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Le Grand Livre de Mars est un omnibus qui regroupe l’ensemble des écrits de la brillante écrivaine américaine Leigh Brackett consacrés à la planète rouge.
C’est une planète sauvage, exotique, fatiguée mais toujours en vie que Brackett nous donne à voir. Plus proche de celle d’Edgar Rice Burroughs que de celle de Kim Stanley Anderson, elle est le reflet de son époque de conception ; une époque où le pulps résonne encore fort aux USA, où les connaissances scientifiques lacunaires permettent à l’imagination de peupler les planètes du système solaire d’autres humanités ou d’autres espèces.
A travers trois romans et un recueil de nouvelles, Leigh Brackett nous emporte dans une Mars où des dizaines de millénaires de civilisations variées hautes en couleur ont jadis épuisé les ressources. Les Terriens, récemment arrivés, se sont facilement emparés des leviers apparents du pouvoir. Mais sur eux pèse une Histoire dont le poids ferait classer la pyramide de Gizeh dans la catégorie de l’art moderne. Les Martiens s’appuient sur ce glorieux passé – dont ils ne sont pourtant que les ombres – pour écraser les Terriens de leur mépris ; nous sommes des primitifs. Le sentiment est partagé car la plupart des Terriens éprouvent du dédain pour ces Martiens décadent accrochés à leur passé.
Les Terriens de Brackett sont de purs américains bien sûr. Ils ont en eux cette sauvagerie, cette volonté de conquérir d’une jeune nation. Les Martiens remplacent un mélange des habitants de la vieille Europe et les Amérindiens parqués dans des réserves. Mais quelques être peu ordinaires parviennent à franchir le fossé des civilisations, des Terriens ou d’origine terrienne prêts à s’immerger dans la culture martienne, à l’absorber, à l’affronter si nécessaire. Le plus fascinant de ces êtres, c’est Éric John Stark, le héros le plus célèbre de Brackett qui commence ici sa carrière avant de partir pour les étoiles (dans un autre omnibus). Éric et ses équivalents rencontrent des femmes martiennes sublimes, farouches mais jamais potiches. Le personnage féminin est toujours fort chez Brackett en avance sur son temps.
Ces récits de pure aventure sont encadrés par une préface de Michael Moorcock d’un côté, et une très chouette biographie de Leigh Brackett de l’autre qui nous rappelle que l’écrivaine a également fait carrière en tant que scénariste à Hollywood. Elle a travaillé avec Hawks, avec Faulkner et avec Humphrey Bogart, sur des films tels que El Dorado, Le Grand Sommeil et, bien entendu, l’Empire Contre-Attaque. Elle était également l’épouse d’un autre Grand de la science-fiction : Edmond Hamilton.
Cet omnibus propose donc des récits qui n’ont rien perdus de leur fraîcheur, de leur pouvoir d’évasion. Attention cependant à ne pas vouloir être trop gourmand : il vaut mieux espacer dans le temps la lecture des histoires afin d’éviter la lassitude.
En lecture comme ailleurs, le contraste est le maître mot.
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L’Épée de Rhiannon est le premier tome du cycle « Le Livre de Mars ». Et rien qu’à vous dire cela, vous devez déjà sentir le sable rouge porté par le vent vous aveugler, entendre les beuglements de montures reptiliennes qui galopent dans le lit de fleuves asséchés et voir des êtres bizarres à quatre bras en armures hurler en se jetant sur vous l’épée à la main. Eh bien dans ce cas vous n’êtes pas éloigné de la réalité.
Leigh Brackett nous offre un roman d’action coloré et exotique catalogué par les taxinomistes du genre « science fantasy ». Matt Carse vit sur Mars, notre voisine qui a connu des éons avant son époque une grande civilisation dont les hommes de la Terre ont découvert les résidus. Archéologue et accessoirement pillard, il n’hésite pas lorsqu’on vient lui vendre la légendaire épée de Rhiannon, et comprend que son interlocuteur connaît la localisation de la tombe oubliée du dieu déchu. Les deux individus se rendent sur les lieux qui regorgent de trésors, mais une bête question de pourcentage va provoquer le drame : Le vendeur précipite Matt dans une énorme sphère noire et palpitante, d’où il finit par ressortir… ailleurs ; un ailleurs plus menaçant et attrayant à la fois, situé durant l’âge d’or de Mars, où les collines sont verdoyantes et les mers argentées.
Matt Carse va devoir vite s’adapter pour survivre dans cette époque de conflits entre l’empire de Sark alliés aux inquiétants Dhuviens et les Rois de la Mer. Mais ce qu’il ignore, c’est qu’il a ramené quelque chose avec lui de la sphère noire du tombeau de Rhiannon, quelque chose de précieux et dangereux.
Ce court roman m’a envoûté dès la première page. Leigh Brackett est capable d’esquisser en quelques phrases un décor exotique très attirant peuplé de races variées. Une approche que ne renierait pas Jack Vance – j’ai pensé à Tschaï en lisant ce roman - hormis que Brackett ne s’attarde pas à l’explorer : elle privilégie l’action. Elle a un talent fou pour faire détonner l’action de façon plus efficace qu’un bon film à effet spéciaux.
Les personnages sont adaptés à ce genre de littérature efficace, et suffisamment bien troussés pour les rendre intéressants et attachants : le massif et roublard Boghaz, l’arrogante et fière princesse Ywaine, la troublante Nageuse Shallah aux dons extrasensoriels, et bien sûr Matt Carse, un héros dont l’assurance et l’opiniâtreté m’ont fait penser à Conan mais aussi à Ben Hur (à cause des scènes sur la galère). Il peut lui arriver de flancher devant l’horreur qu’on lui oppose, mais sa rage reprend le dessus et lui permet de trouver des solutions.
La supercherie finale qu’il met d’ailleurs au point est l’élément sur lequel j’ai malgré tout tiqué. Il faut admettre que tout le monde marche dans la combine. Mais si l’on n’y croit pas soi-même, si l’on se dit que c’est tout de même un peu trop tiré par les cheveux, alors cela gâche une partie du plaisir.
Je dois l’avouer, j’avais peur de tomber sur un pulp de qualité moyenne voire médiocre comme il a dû s’en publier beaucoup dans les années 1950. Mais je me suis heureusement trompé. Leigh Brackett, qui a après tout scénarisé L’Empire Contre-attaque, mérite sa réputation.
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Ce roman, disponible dans l’Intégrale Le Grand Livre de Mars, marque ma découverte de cette auteure qui fut aussi scénariste (Le Grand Sommeil, Rio Bravo ou encore Hatari). Contrairement à une croyance répandue, elle n’a pas écrit le scénario de l’Empire Contre-attaque : George Lucas rejeta sa proposition, mais comme elle décéda peu après qu’elle ait lui remis son manuscrit, il lui rendit hommage en la créditant au générique.
Revenons à L’Épée de Rhiannon : Carse, un Terrien habitant Mars, se retrouve projeté un million d’années dans le passé, à une époque où la planète était verdoyante, couverte d’océans et peuplée de différentes espèces humaines et hybrides qui vivent dans une civilisation pré-technologique.
L’auteure imagine une aventure dans un univers très vivant, où le héros va traverser maintes péripéties et être confronté à des êtres maîtrisant les pouvoirs d’une ancienne race humaine ayant quitté Mars. Le flou est maintenu sur l’origine technologique ou surnaturelle de ces pouvoirs. L’épée du titre elle-même appartenait à un membre de cette race, Rhiannon le Maudit, vu comme un dieu par les populations locales.
Découvrir un livre de science-fiction des années 50 est souvent plaisant, et ici Leigh Brackett nous offre un pur divertissement. Beaucoup de lecteurs louent son style parfois poétique, mais j’ai trouvé que certaines phrases ou descriptions étaient ampoulées ou avaient des mots mal choisis, et pouvaient me faire sortir de l’histoire. Peut-être était-ce dû à la traduction ?
Les personnages ont tous des caractères assez marqués, ce qui correspond bien au style épique de l’histoire. Il est étonnant de voir une femme auteure nous proposer un héros masculin assez proche du mâle alpha. J’ai préféré les personnages secondaires, le voleur roublard et la femme chef de guerre impitoyable.
Mon plus gros reproche concerne la construction du roman elle-même : dès les premiers chapitres s’accumulent des facilités scénaristiques qui m’ont fait soupirer, et qui m’étonnent de la part d’une scénariste. Quant au grand moment de la fin de l’histoire, il a des allures de TGCM (Ta Gueule C’est Magique).
Malgré tout, l’univers est sympathique, et je lirai la suite de cette saga.
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Aux confins de l’Étrier d'Orion, Skaith est un monde mourant gravitant autour d'une étoile mourante (donc nous sommes à 100% dans le genre Dying Earth inauguré par H.G Wells !). Il y a 2000 ans, c'est pour échapper à l'extinction que les peuples des zones arctiques déferlèrent sur les zones tropicales lors de la Grande Migration… En prenant le pouvoir pour protéger et servir tous les nécessiteux, les mystérieux et prétendument immortels Seigneurs Protecteurs mirent fin au chaos et à la désolation, mais le nouvel ordre progressiste devint rapidement une dictature conservatrice : les peuples tropicaux sont devenus les quasi esclaves des Errants, anciens nomades désormais chiens de gardes des autorités cachées qui attendent placidement la fin du monde dans l'alcool, la drogue et le sexe… Pire, au fil du temps les technologies ont été oubliées, et pour trouver des alternatives à l'extinction les différentes communautés de Skaith se sont réfugiées dans des religions de plus en plus obscurantistes… Quand virent les outremondains dans leurs vaisseaux stellaires, ils apportèrent aux populations un Nouvel Espoir, sans doute leur dernier espoir d'échapper à leur fin graduelle et terrible… Les Seigneurs Protecteurs ne voulaient pas de cet espoir qui aurait pu saper leur pouvoir, mais en enlevant et séquestrant l'agent humain Simon Ashton ils ont fait venir sur Skaith l'Homme Sombre de la prophétie de la Devineresse d'Irnan devant apporter la damnation des Seigneurs et la rédemption du Peuple… C'est ainsi que vint Eric John Stark le Mercurien - cheveux noirs, regard sombre, épée au poing, un voleur, un pillard, un tueur aux accès de mélancolie tout aussi démesurés que ses joies - pour fouler de ses sandales les trônes constellés de joyaux de la Terre ! Bienvenue dans un univers de grande aventure : envoyez le générique !!!
https://www.youtube.com/watch?v=9j6nyEcIk98
Dans ce tome 1 intitulé "The Ginger Star" en VO, passée l'introduction dans un spatioport sous tension nous parcourons un monde crépusculaire dans la peau d'Eric John Stark le mercenaire des causes perdues qui a trouvé son gagne-pain dans les conflits tiers-mondistes de notre galaxie… On est peu ou prou avec Rambo en Afghanistan à la recherche du Colonel Samuel Trautman, et après la révolte d'Irnan l'antihéros badass fait route vers la Forteresse des Seigneurs Protecteurs avec divers compagnons dont Gerrith la précog intermittente fille de celle qui a prédit sa venue…
- avec Baya aussi belle que traîtresse nous découvrons les Errants (aux interprétations multiples : caricatures des hippies, des pauvres bougres du communisme, des prétendus assistés de l'Etat Providence, ou plus simplement des enfants perdus des dictatures haïtiennes ?)
- au cours d'une traque effrénées nous découvrons les Enfants de la Mer-Notre-Mer, qui ont naguère trafiqué leurs gènes pour revenir au stade amphibien et se perdre en chasses du Comte Zaroff et en banquets anthropophages
-avec Yarrod, Halk et Breca nous découvrons à la fois les cosses, les maîtres cossiers, et derrière eux les révolutionnaires de Skaith qui misent leurs derniers espoirs sur un départ vers les étoiles !
- avec Hargoth le Seigneurs des Moissons nous découvrons les adorateurs de Soleil Vieux sur un monde qui n'a plus connu de moissons depuis 2000 ans
- avec Kazimni, nous découvrons des mercenaires traditionalistes qui se demandent si la défense de leurs valeurs et de leur mode de vie ne va tous les emporter dans l'autre monde
- avec les Coureurs des sables cannibales, nous ouvrons carrément la voie aux Ravageurs de la série culte Firefly
- avec le Maître du Fer, nous découvrons les forgerons de Thaya qui pour ne pas penser à l'avenir tragique qui les attend travaillent sans relâche jusqu'à extinction de tous les filons (oui, on dirait les Nains de Warhammer ^^)…
- avec Kell a Marg, nous découvrons les Enfants de Skaith-Notre-Mère, qui naguère ont trafiqué leurs gènes pour revenir au stade de mammifères troglodytes maos qui se cons corps et âmes à la conservation de l'histoire de Skaith (exactement comme les Pnumes de Jack Vance dans "Tschaï" !)
- au bout du bout, nous découvrons les Chiens de Skaith, des prédateurs psioniques menés par le terrible Ecorcheur !
Nous sommes dans un récit pulpien très linéaire, mais d'abord et surtout dans un formidable récit d'ambiance porté par la poésie mélancolique de l'auteure qui parvient parfaitement à nous faire partager ses visions fantastiques. Toutefois l'ensemble souffre d'un défaut majeur : OMG qu'est-ce que c'est froid ! Alors je veux bien que comme chez Michael Moorcock on nous raconte l'histoire d'hommes et de femmes à la recherchent de ce qu'ils ne pourront jamais obtenir, donc condamnés à la déception et à la désillusion, et qui au mieux peuvent apprendre de leurs échecs, mais ici l'auteure semble en avoir rien à faire de ses personnages, et ses personnages semblent en avoir rien à faire d'eux-mêmes… Dans ces conditions comment voulez-vous vous prendre au jeu ? Pourtant il a une foultitude de bonnes idées, et un relationship drama qui ne demande qu'à être développé (rdv pour la critique du tome 2 !)… Mais ici on tombe dans la malédiction de l'auteur jardinier persuadé de n'être qu'un artiste guidé par sa muse, et qu'il suffit de planter un pitch arrosé de style pour que les histoires poussent toutes seules… Non, non et re-non, on ne peut pas développer et approfondir histoire et personnages, univers et thématiques, quand tout évolue au petit bonheur la chance ! Tout se prépare et ne s'improvise pas !!! Et je suis d'autant plus sévère qu'avec exactement les mêmes ingrédients ça déchire sa race quand Leigh Brackett change son fusil pour piocher dans la boîte à outils de l'auteur architecte… (rdv pour la critique du tome 2 !)
Leigh Brackett est tombée dans le chaudron de la Science-Fiction en lisant "John Carter", et qu’est-ce qu’on obtient quand elle mélange l’astounding story d’Edgar Rice Burroughs et la poésie noire et mélancolique de Clark Ashton Smith ? Tarzan dans l’Espâce, mieux encore Conan le Barbare dans les étoiles déambulant dans les univers baroques de Jack Vance, et au final on a un mix entre Karl Eward Wagner et Michael Moorcook, entre Rambo et Riddick (le réalisateur australien David Twohy poussant le vice jusqu’à emprunter tout ou presque à l’antihéros badass de l’auteur américaine)… Vous la sentez la supracoolitude du résultat ? ^^
Le Space Opera a été qualifié plus que péjorativement de western spatial par des commissaires littéraires dont tout le monde a oublié le nom, mais méliorativement c'est exactement cela ! Ce sous-genre de la SF explore les thématiques de l'émigration, du voyage, de l'immigration, du déracinement, des grands espaces, de la confrontation de l'Homme avec la Nature, de la Civilisation avec la Barbarie, des relations avec les autochtones (acculturation, déculturation, contre-acculturation), de la Frontière et de l'horizon des rêves et des espérances… Des millions et des millions d'hommes et de femmes ont été confrontés à ces problèmes et cela fonctionne de la même manière dans les Appalaches, dans les Rocheuses, ou sur n'importe quel front pionnier, ou sur Vénus, Mars, ou n'importe quelle exoplanète ! (Que c'est triste de voir les littéros débrancher leurs cerveaux dès qu'une oeuvre n'a pas été étiquetée et labélisée intello par les prescripteurs d'opinion… Visiblement la malédiction des Moutons de Panurge continue de sévir…)
Donc Leigh Brackett (à qui l'on doit Hoth, Dagobah et Bespin dans "L'Empire contre attaque" ^^), fait du western dans l'espace, nul ne peut en douter, mais son héros est proche de Clint Eastwood alors que les héros de Edward Elmer Smith sont proches de John Wayne et que les héros de son époux Edmond Hamilton sont proches de Stewart Granger… du western crépusculaire avant l'heure donc, ce qui est d'autant plus moderne pour une spécialiste du western classique, mais que c'est dommage de céder aux sirènes des auteurs jardiniers pourtant incompatibles avec son autre métier de scénariste cinématographique (à moins de tomber dans la nawak arty ou le nawak nanaresque, car oui les extrêmes se rejoignent dans la médiocrité).
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Il s’agit du premier livre du « grand livre de mars ».
On y découvre le personnage de M. Carse. C’est un archéologue/pilleur de tombe qui découvre la sépulture de « Rhiannon le maudit ».
Cette découverte le ramène dans le passé de Mars où il luttera pour sa survie et pour lever la malédiction qui pèse sur le maudit.
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Troisième volet du « Livre de Mars » avec comme héros Eric John Stark , l’humain sauvage élevé sur Mercure .Comme toujours , mais de manière encore plus marquée , le majeure partie du récit est de la fantasy pure avec seulement un fond de SF. On retrouve le thème de la quête (ici motivée par la parole donnée) , de l’artefact magique, de la lutte entre citadins et nomades et des légendes prophétiques. Par contre la fin est quasi lovecraftienne (les montagnes hallucinées) et très réussie. Le texte est court , les épisodes (duels, siège, fuite …) et les caractères (des femmes
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Premier des trois romans (il y a aussi des nouvelles) du « Livre de Mars » que Leigh Brackett consacre à la planète rouge. Le héros , Matt Carse , archéologue (et un peu voleur ) se voit entraîné par la découverte d’un tombe ancienne dans le passé de Mars , alors verdoyante et théâtre d’affrontements entre peuples divers . Sur une base de science-fiction , la romancière construit une intrigue de fantasy tout à fait classique mais très agréable à lire grâce à son indéniable sens du rythme et de l’épopée. Les personnages ne sont pas très approfondis mais frappants (à tous les sens du terme) et les évocations de paysage fournissent une ample matière à qui aime rêver.
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Un joli petit voyage sur Mars de nouveau sous la plume de Leigh Brackett, une plume légère, poétique, fine, évocatrice et nous emmenant dans des paysage imaginaires martiens riches. Le livre se lit très vite et je suis presque frustré lorsque arrive la fin, mais l'essentiel est dit, l'intrigue se noue de manière presque inattendue, pour moi qui novice en matière de science fiction. Je prend plaisir à suivre les pérégrinations du héros dans ce monde où la technologie est présentée plus comme une forme de magie incontrôlable, incompréhensible, qui attise la peur, la convoitise, la quête de pouvoir. L'homme veut devenir dieu, qu'il soit terrien ou martien. Il est intéressant de constater comment Leigh Brackett construit sa propre mythologie martienne avec ce second volume du Livre de Mars, posant tranquillement ses jalons, instaurant des ambiances particulières, distillant des intrigues fines, riches, simples dans leur résolution mais loin de tout désintérêt. Les personnages de ce roman ne sont pas réellement fouillés, à part sans doute son héros que l'on retrouve dans le tome suivant, mais je pense que l'auteur s'attache surtout à la planète, ses civilisations, ses peuples, son histoire. Mars devient et demeure son protagoniste principal et privilégié.
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