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Critiques de Leila Bouherrafa (57)
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La dédicace

Il me semble que l’on n’a pas assez parlé de ce livre que je découvre seulement maintenant (sorti en janvier dernier)! Vous savez c’est celui avec le prologue prometteur, eh bien le reste est à la hauteur ! J’ai gloussé, gloussé, gloussé de long en large sans m’arrêter.

C’est un peu l’équivalent féminin du « discours » de Fabrice Caro, avec la poésie moderne d’Olivier Liron. Un humour décapant un peu à la Blanche Gardin. Alors voilà c’est drôle vous l’aurez compris mais pas seulement. La narratrice se pose de multiples questions existentielles sur Paris, sur la solitude, sur ses voisins, sur les putes aussi... Le style est riche, c’est un bonbon de l’écriture.

L’histoire ? Une femme a trois jours pour trouver la personne à qui dédicacer son premier roman. Ces trois jours sont l’occasion d’aller faire un tour auprès des gens qu’elle aime ou qu’elle est censé aimer, comme sa mère. Mais tout n’est pas si facile... le genre de livre qui me donne envie d’aller rencontrer l’auteure et boire un verre avec. foncez, foncez j’ai adoré !
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Tu mérites un pays

"Tu mérites un pays" est le deuxième roman de Leila Bouherrafa. Le thème – le parcours d’une jeune exilée à la recherche de la nationalité française – avait tout pour me plaire de par l’importance d’un sujet peu traité, me semble-t-il. Et pourtant, au risque de rompre l’unanimité, je dois avouer que j’ai été quelque peu déçue.



Layla, le personnage principal est une jeune femme qui a quitté son pays dévasté, laissant derrière elle sa famille. Elle vit désormais à Paris dans un hôtel insalubre du côté de Ménilmontant, au milieu de sœurs d’infortune. Elle peine à gagner très peu à des tâches ingrates. Elle se désole de voir son ami Momo contraint de fermer son manège pour cause de barbe trop longue, et son amie Sadia, si belle, obligée de s’humilier pour quelques euros. Alors, lorsqu’Anne-Marie, l’assistante sociale qui la suit, lui remet sa convocation pour l’entretien en vue de sa naturalisation, elle n’est pas aussi heureuse qu’elle devrait l’être.



Si je comprends totalement les sentiments attribués à cette jeune fille, si je comprends sa crainte de laisser une nouvelle fois derrière elle tout ce qui la constitue, sa langue, sa culture, il m’a manqué une part d’équilibre pour adhérer totalement. Je ne pense pas que l’on puisse ranger d’un côté les bons et de l’autre les mauvais, chacun portant en lui une part de soleil et un mur à l’ombre. J’ai été dérangée par un regard quelque peu manichéen, un récit totalement à charge qui écarte d’emblée l’espérance d’une société meilleure. Même le cimetière du Père-Lachaise est taxé de sexisme, "J’ignorais totalement que le Père-Lachaise était un cimetière pour grands hommes et l’apprendre m’a contrariée." Certaines femmes célèbres y sont – sauf erreur de ma part – également enterrées, ne serait-ce que Colette, Sarah Bernhardt, Simone Signoret ou encore l’avocate et militante féministe Gisèle Halimi. Alors, bien sûr, il est sans doute question de la visibilité insuffisante donnée à ces femmes mais quand même, à mes yeux, la réflexion manque de nuance. Rendons à César…



L’écriture de l’auteure a su m’accrocher par ses passages poétiques, son humour, ses sarcasmes, même si au départ le côté enfantin du ton m’a quelque peu déstabilisée. Le style est par ailleurs intéressant parce que puissant et maîtrisé…En fait il eût suffi de presque rien.



"Tu mérites un pays", un roman qui ne m’a pas totalement conquise. Mais je sais qu’il a trouvé son lectorat et je m’en réjouis.


Lien : https://memo-emoi.fr
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Tu mérites un pays

"Tu dois être la jeune femme la plus heureuse du monde". Ce sont les mots de Marie-Ange, dans son bureau d'aide aux réfugiés, lorsqu'elle tend à Layla sa convocation pour être naturalisée. Layla va relater son parcours plus que difficile pour enfin "devenir française" ; mais cela veut dire quoi "devenir française" ?



Layla vit dans un hôtel, le "Dorothy", où elle vit en communauté avec d'autres réfugiés, un hôtel social plus que douteux, un peu à l'abandon, mais tellement vivant. Layla cohabite avec des personnalités hauts en couleurs, où chacun a sa propre personnalité, sa propre histoire, ses propres malheurs, où tout le monde aimerait devenir français.



Leila Bouherrafa ne passe pas par quatre chemins pour nous donner sa vision des lois françaises en matière d'accueil et de naturalisation des réfugiés. Elle nous livre un roman avec des thèmes forts, d'actualités et pas toujours facile en France : les réfugiés, l'Islam, les hébergements, les sans-abri, la précarité, la pauvreté..



Ce roman est un mélange de poésie, d'humour et d'émotion, on ne peut qu'être charmé par le style atypique de Leila Bouherrafa. Un style d'une grande pertinence qui fait que l'auteure détaille et écorche le système française avec bon sens.



Bref, un roman très contemporain, où Leila Bouherrafa dénonce à travers l'humour et la triste réalité des choses, les différents dysfonctionnements et la vraie vie, de jeune comme d'ancien réfugié ou non, des laissés-pour-compte, qui rêvent uniquement d'une vie simple en France, sans pour autant être le parfait petit français comme l'Etat le voudrait. Un vrai roman d'aujourd'hui à recommander !
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Tu mérites un pays

La narratrice, Layla, ne devrait-elle pas être la femme la plus heureuse du monde en apprenant qu’elle va enfin avoir la nationalité française ? C’est en tous cas ce que pense son assistante sociale. Mais qu’est-ce que ça veut dire que devenir français(e) ? Parce que, « Liberté, égalité, fraternité », force est de constater que, Layla, à part sur les papiers officiels, elle ne les voit pas beaucoup ces mots-là, dans ce pays qu’elle mérite, aux yeux de l’administration française. Elle, Layla, ce qu’elle voit, ce sont ses compagnes de galère qui, pour subvenir à leurs besoins, en sont réduites à s’humilier, se désincarner, s’oublier. Ce qu’elle voit c’est que, si faire briller des chiottes pour avoir des papiers fait d’elle la femme la plus heureuse du monde, alors peut-être qu’être heureux ne signifie pas grand chose. Ce qu’elle voit c’est que Momo, bien qu’étant un homme adorable, se voit condamné à fermer son manège parce que, avec une barbe de cette taille-là, sa liberté, elle est quand même sacrément réduite. Non, vraiment, Layla s’interroge. Est-ce vraiment ça, être la femme la plus heureuse du monde ?



Au fil des pages, de manière corrosive mais avec beaucoup d’humour, Leila Bouherrafa appuie là où ça fait mal et gratte le vernis pour mettre à nu ce qui se cache derrière le saint graal de la naturalisation : l’abandon de sa culture et de son passé, au profit d’une Histoire qui n’est pas la sienne. Alors, face à la froideur de l’administration, Leila dresse le portrait d’une Layla poète et rêveuse, pleine d’humanité et de bon sens.



Porté par une écriture contemporaine et efficace, « Tu mérites un pays » est le récit du monde d’aujourd’hui dans lequel s’entremêlent ambivalences et inepties, qui nous font bondir et sourire. Mais jaune, le sourire, hein !

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La dédicace

Un livre qui ne me laissera pas un souvenir impérissable

J'ai aimé sans plus

C'est l histoire d'une jeune écrivaine qui sur les conseils de son éditrice court après une dédicace pour son premier roman.

Et oui elle se sent bien seule

Qui mérite vraiment d'être le destinataire ?

Une couse contre le temps se met en route

C'est dur la solitude.
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La dédicace

Merci aux Editions Allary pour l'envoi de ce roman à lire dans le cadre de la masse critique Babelio.



Le roman de notre narratrice (dont on ne connaît pas le nom) va être imprimé. Selon son éditrice, la chose la plus importante dans un livre, c'est la dédicace. La Narratrice a 3 jours pour écrire sa dédicace mais la tâche s'annonce plus ardue qu'elle n'en a l'air.



Pour commencer, une narratrice sans nom... ça me dérange. Ensuite, on se retrouve face à une narratrice aigrie, en permanence pessimiste et défaitiste, antipathique, associable et vous l'aurez compris, totalement handicapée des relations. Elle est toujours nauséeuse, passe son temps à se plaindre de Paris et n'a aucun hobby.



Impossible de s'attacher à ce personnage, mauvais point pour moi.



Comment écrire une vraie dédicace lorsqu'on n'aime personne, même pas sa propre mère? C'est donc le fil rouge de ce roman.



J'ai lu le résumé de ce roman, chose rare et j'étais emballée. Malheureusement, même si l'histoire aurait pu me plaire vu ce résumé prometteur, je n'ai absolument pas accroché à cette histoire. Je n'ai pas adhéré à l'humour non plus et j'ai trouvé le sujet mal exploité.



J'ai également pensé, à un moment, que l'auteure racontait son histoire.



Le roman était lent et j'étais soulagée d'arriver à la fin. Le seul bon point pour moi, c'était qu'il y avait moins de 300 pages et que la lecture a donc été rapide.



Vous l'aurez compris, je n'ai pas aimé ce bouquin.
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La dédicace

Ayant reçu la dédicace dans le cadre de la masse critique, j'ai été content d'avoir été tiré au sort pour ce livre. La quatrième de couverture est alléchante, le thème intéressant : une femme cherche une dédicace pour son premier roman.



Mais pendant ma lecture, j'ai eu l'impression de m'être fait avoir. On passe d'une scène à une autre avec les mêmes sentiments d'impuissance, de fatalisme et de négativisme. Peut-être est-ce voulu, mais cela m'a plombé.



Les sentiments exprimés par le personnage envers sa mère sont rudes (certaines réflexions m'ont choqués) tout comme ce qu'elle pense de Paris, des hommes. En bref rien ne va dans sa vie en ce moment, mais je n'ai rien trouvé de drôle, ni drôlement noire. Plutôt gratuit et malvenu.



Parfois, une scène prend de la valeur ajoutée à mes yeux, on sent un potentiel et puis tout est gâché par vomissure et nausée à outrance. Dommage, car cette quête de dédicace, qui est aussi une quête de soi-même n'aboutit selon moi à pas grand chose.



En bref, un premier livre qui annonçait certaines choses que je n'ai pas retrouvées. Il me laisse un goût (amer?) d'inachevé même si certaines scènes laissent éclater le vrai talent de l'auteure (trop peu souvent hélas).

Il ne me laissera pas un grand souvenir, dommage...
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La dédicace

Au début, en lisant le résumé de l’éditeur, j’ai un peu craint les 250 pages à lire des états d’âmes. Et j’étais un peu inquiète, je me suis souvenue avoir lu des livres du genre mortellement ennuyeux. Mais cette histoire de quête de dédicace m’a intriguée. Ca a l’air facile au premier abord, tu mets ta mère, ton conjoint ou tes enfants, et c’est lancé! Alors, j’ai décidé de le lire.

Je ne vous fais pas mariner plus longtemps, j’ai bien fait. Si on parle du fond, c’est vrai, c’est 250 pages d’états d’âme. Mais c’est drôle. Pas drôle à hurler de rire, mais drôle, caustique. J’aurai pu avoir les mêmes pensées que la narratrice quand j’avais une vingtaine d’années, et que j’étais moi aussi seule. J’ai dépassé la fin d’adolescence, je suis devenue beaucoup moins sombre, mais j’ai toujours une tendresse pour ces gens qui, le pessimisme chevillé au corps, continuent quand même à avoir la petite réflexion drôle et décalée. C’est un livre pince sans rire. Et puis la fin. Ces quelques derniers mots ( parce que oui, elle trouve une dédicace, il faut aller au bout) m’ont conquise. C’est toute l’émotion en quelques mots, c’est l’explication de toutes les autres pages, où l’on se mettait à l’abri parce que quand même, on peut pas être si « éteint », si?

Pour la forme, j’avoue que je l’ai trouvé un peu inégal. Des moments de fulgurance  (j’ai adoré tout le passage sur la foire aux livres de Brive, il faut avoir lu ça!), et des moments plus plats. Après c’est un parti pris d’écriture, je n’aime pas quand on en dit trop  » j’avais envie d’un café, j’ai pris un café. Il était noir, j’ai rajouté un sucre ». Etc. Mais si ça m’a bloqué quelque fois dans le récit, on passe très facilement au dessus, et ça reste cohérent. Et pour ceux qui ne sont pas du tout dérangé par ça ( il y a de grands auteurs qui ont toute une oeuvre à cette image!), alors, courez-y sans attendre. Enfin, attendez le 3 janvier, mais sinon, c’est vraiment un bon moment pour un premier roman. En tout cas, ça m’a beaucoup plu.
Lien : https://stephalivres.wordpre..
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Tu mérites un pays

Un livre magnifique que je regrette de ne pas avoir ouvert plus tôt

Merci à ma libraire qui me l'avait conseillé parmi les livres de la rentrée littéraire d'Aout où il est passé quasi inaperçu

Tous les problèmes d'émigration sont traités d'une façon originale.

Une caricature gentillette de l'administration française.

Une écriture très poétique dont on a envie de recopier des passages.

Lisez le livre facile à lire , une bonne peinture de notre société.
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Tu mérites un pays

Je suis partagée à la fin de la lecture de "Tu mérites un pays" de Leïla Bouherrafa, roman obtenu par Allary Editions que je remercie, dans le cadre d'une masse critique.

Petit aperçu de l'histoire : Layla est dans l'attente de l'obtention de la nationalité française. de son origine, de son parcours pour arriver en France on ne saura rien. Seuls quelques indices qui indiquent qu'elle a pu partir alors que d'autres, sa mère notamment, ont dû rester, et qu'elle est originaire d'un pays arabophone. Layla partage une chambre avec Sadia dans un hôtel miteux en haut de la rue de Ménilmontant. Avec l'aide de l'assistante sociale Marie-Ange, elle se prépare à l'entretien pour lequel elle est convoquée dans le cadre de la procédure de naturalisation. Layla passe du temps avec Momo qui fait tourner un manège pour les enfants.



Layla observe la vie autour d'elle, il y a des pages sublimes pleines de poésie qui évoquent sa relation aux autres, ses constats sur le fonctionnement pas toujours cohérent de l'Administration française ; et il y a d'autres passages qui me semblaient longs, où le procédé de la répétition de certaines phrases clé qui traduisent les pensées de la jeune femme, me semblait moins convaincants.



Il n'empêche que l'écriture de Leïla Bouherrafa mérite d'étre découverte, et que faire connaissance avec son héroïne Layla qui fait le rêve récurrent d'une anguille qui se faufile à contre-courant, ne peut laisser indifférent.
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Tu mérites un pays

Elle rêve toujours d’être une anguille. Elle est une étrangère, exilée en France loin de « là-bas » où sont restés notamment ses proches. Laïla habite à Paris dans un hôtel sans étoiles. Ici, elle rencontre Momo, le « trop barbu » selon la maire de Paris, il fait tourner le manège, Claude une femme qui dort sous la dune que forme son manteau, Sadia avec qui elle partage une chambre… Bientôt, elle sera « la jeune femme la plus heureuse du monde » selon Marie-Ange l’assistante sociale du bureau des réfugiés qui lui a remis l’enveloppe dans laquelle est écrit « à la manière de l’Administration française », c’est-à-dire « en grosses lettres noires, sans poésie ni sentiment : convocation à votre entretien individuel de naturalisation ». Pour cela, Marie-Ange l’aidera pour apprendre les codes du savoir-vivre à la française.



Le ton est donné dès les premières pages : une bonne dose de naïveté, presque excessive à mon goût, est un peu déroutante. Certes la répétition de phrases martèle les idées, créée l’émotion, donne un rythme, mais elle peut alourdir le texte et c’est mon premier ressenti. Mais le quotidien de Laïla et des personnes, françaises ou étrangères comme elle, qui essaient de se faire une place, cherchent à rester dignes malgré des conditions de vie plus que précaires devient le fil conducteur de ce récit à l’allure de pamphlet contre les Institutions.

Avec habileté, l’autrice fait cohabiter poésie et humour sarcastique ce qui n’empêche pas le sentiment de colère très présent dans le roman.




Lien : https://mireille.brochotnean..
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Tu mérites un pays

Ce roman aborde des thématiques humaines essentielles de manière habile, drôle et subtile au détour d’une fausse candeur. Ce roman c’est un peu le miel qui viendrait s’enrouler autour du bonbon tout en ayant un cœur coulant. Je ne vais pas vous en toucher un mot mais plusieurs car oui « en France on peut toucher les mots ».

Elle s’appelle Layla et va obtenir la nationalité française. Tel un totem, une carapace dorée qu’on pourrait ériger en talisman. Pourtant, être français relève pour certains du fantasme, pour d’autres une honte. Au détour de personnages secondaires singuliers et possédés sous la plume corrosive de Leïla Bouherrafa, la narratrice avance à pas feutrés avec cette voix qui tourne dans sa tête, sacrée anguille.



Moi aussi " j’ai senti ma peau se sillonner, se craqueler, se fissurer, doucement » à sa lecture. Il y aurait beaucoup à dire sur ce roman subjuguant qui frôle avec affront les délices de thématiques sociétales parfois taboues. Nul doute que quiconque lira cet ouvrage ne restera pas indifférent à ce langage, à ce souffle nouveau dans une littérature parfois trop raisonnable. Tu mérites un pays. Tu mérites aussi des lecteurs car tu rayonnes par ta fougue et ton absence de filtre. Fais l’anguille Leyla, continue de faire jaillir l’électricité qui est en toi.



Elle loge dans l’hôtel social Dorothy où l’on met les gens pas encore français qui ne pouvaient aller nulle part. Elle nettoie les toilettes du café de Madame Cheng qui évite aux gens de déféquer dans la rue, croise Momo au regard tendre et à la longue barbe vilipendée par la mairie de Paris mais aussi la Dune qui vend des fleurs d’une grande mocheté, alors que son immeuble vient de s’effondrer. Cette galerie de destins de vie m’émeut pendant que j’écris cette humble chronique. Sas tomber dans un marasme criant de bons sentiments, sans jamais faire pleurer dans les chaumières, Leïla Bouherrafa écrit vrai et juste. J’ai beaucoup souligné, entouré, encœuré dirais-je même, un peu comme dans un classique qu’on redécouvre des années après. Car oui j’ai pensé à Romain Gary, Boualem Sansal ou Albert Camus à la lecture de ces phrases répétitives entrant dans la tête comme dans le cœur.



Chacun d’entre nous connait sa « déformation professionnelle », celle des hommes est particulièrement mise à mal, on sent ainsi une immense déception dans la langue de Layla. Avec des anaphores sur chaque titre de chapitre comme s’il s’agissait d’un traité, le personnage principal vient vous accrocher au cou et ne vous lâchera plus. Contrairement à l’administration française qui ne connait « ni poésie ni sentiment », Layla est une poète malgré elle tant ses punchlines viennent percuter nos mirettes. À la fois décisif et incisif sur l’identité et ce qu’elle devient au moment d’une naturalisation, de ce passé que l’on doit enfouir sans en perdre l’essence, ce roman revêt toutes les qualités d’un livre qu’on ne peut oublier.



Quand je vous disais que j’avais beaucoup souligné et vous n’aurez que le bout de l’iceberg mais je ne peux m’empêcher d’en partager une dernière avant de vous quitter. Tout en parlant du langage et de sa transmission, de cette faculté à mettre un mot sur un animal entre le serpent et le poisson, au doux nom d’anguille, de la difficulté d’entrer en contact avec autrui lorsque les codes d’apprentissage sont brisés. Vous allez penser que j’exagère. Même pas car ce roman est aussi celui d’une critique sociétale, d’une satire de certains préjugés de l’étranger, tout du moins de celui qui ne nous ressemble pas. Celui qui doit connaitre les ministres de son gouvernement ou devenir français uniquement par un dictionnaire en abandonnant l’humanité et la culture qui est la sienne. Ne lisez pas Renaud Camus, lisez Leïla Bouherrafa.


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La dédicace

Voici un titre de la rentrée littéraire d'hiver que j'ai pu lire en avant première grâce aux éditions Allary et à la plateforme NetGalley. Je les en remercie vivement.



La présentation et la thématique de ce roman m'ont de suite intéressée. C'est donc avec envie et curiosité (oui, c'est vrai ça, si je devais écrire un roman, à qui aurais-je envie de le dédicacer ? Quel(s) prénom(s) graver dès les premières pages ? ) que je me suis lancée dans la lecture du roman de Leïla Bouherrafa dont l’héroïne, une jeune femme solitaire, a trois jours pour trouver celle(s), celui ou ceux à qui elle souhaite dédicacer son premier roman. Le hic, c'est qu'elle n'a personne à qui rendre hommage... Sa mère ? Hors de question. Son petit ami ? Elle n'en n'a pas. Alors du matin au soir, elle ne pensera qu'à cela et envisagera toutes les possibilités au gré des personnes qu'elle croisera, qu'il s'agisse de son voisin, d'une vendeuse, d'une certaine Véronique... Toutes celles et ceux qu'elle croisera, y passeront.



Si l'idée de départ est plutôt originale et intrigante, je dois bien reconnaître qu'au fil des pages mon intérêt pour ce roman s'est tari. Bien qu'il y ait quelques situations plutôt cocasses et drôles, l'incertitude et les déambulations de l’héroïne m'ont lassée. Elle tourne en rond et nous aussi. A côté de cela, la plume de Leïla Bouherrafa n'est pas désagréable, mais elle n'a pas suffi à me faire oublier mon manque d'attachement pour la narratrice.



La dédicace de Leïla Bouherrafa ne ne me laissera pas un souvenir impérissable. Dommage !

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La dédicace

La narratrice est une jeune trentenaire dont le premier roman va partir à l'imprimerie dans quelques jours. Son éditrice lui a demandé quelle dédicace elle va y insérer, elle lui a donné trois jours pour trouver sa dédicace lui affirmant que " La dédicace, c'est ce qu'il y a de plus important dans un livre".



La narratrice est une jeune femme hypocondriaque, mais seulement la nuit, qui se sent "heureuse chez elle; malheureuse partout ailleurs"... Elle entretient des relations difficiles avec sa mère, à qui va-t-elle pouvoir dédicacer son roman, elle qui mène une vie si solitaire et désespérante?



Pendant trois jours, elle va observer le monde qui l'entoure, imaginer la vie des gens qu'elle croise, de ses voisins... et observer les solitudes qui s'accumulent autour d'elle à Paris, attendant une révélation qui ne vient pas. Elle va aussi se rendre à la Foire du livre de Brive pour y être interviewée et participer à une conférence avec toujours l'obsession de cette dédicace à trouver.



Dans ce roman Leïla Bouherrafa retrace le parcours d'une jeune femme qui a pris un pseudo pour écrire son premier roman. On ne connaîtra jamais son nom et on ne saura rien de son roman, le sujet du livre n'est pas là. Le roman et la dédicace sont pour Leïla Bouherrafa un prétexte pour explorer la solitude urbaine, parler de la ville qui rend malade, quand personne ne nous regarde, ne nous touche, ne nous appelle par notre prénom... C'est une jolie porte d'entrée pour évoquer une certaine désespérance liée à la solitude urbaine. Le récit très émouvant est empreint d'une certaine mélancolie mais est allégé de jolies touches d'humour au fil des nombreuses anecdotes qui parsèment le récit.

Un premier roman bien prometteur.
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La dédicace

Une jeune femme s’apprête à publier son premier roman, et son éditrice lui demande la dédicace de son livre, ce qui est "le plus important dans un ouvrage", selon elle.

Mais à qui dédicacer son livre, quand on est seule, perdue dans une ville où les solitudes se croisent, et sans réelle relation avec sa famille ?



Paris est un personnage à part entière du roman de Leila Bouherrafa, une présence écrasante et malsaine, qui rend notre narratrice littéralement malade.

L'intrigue s'étale sur les trois jours de délais pour trouver une dédicace, et on se prend au jeu de savoir qui sera le nom en début d'ouvrage - et si elle parviendra à en trouver une... Et peut-être à se retrouver elle-même. Car c'est un malaise plus grand qui est mis à jour.

J'ai trouvé cette lecture passionnante : Le cynisme et la noirceur de l'ensemble étant contrebalancé par un humour - noir, certes, mais avant tout brillant et bourré d'autodérision.

J'ai souri, j'ai été touché, et je n'ai eu qu'une envie : rencontrer cette autrice très singulière, qui pointe les écueils de nos sociétés et nos villes hyperconnectées et pourtant pétries d'individualisme. Elle croque avec passion et acuité une galerie de personnages réalistes, qui pourraient être nos voisins - ou nous mêmes..



Un premier roman extrêmement réussi, qui m'a emportée, passionnée et réjouie !
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Tu mérites un pays

Une vraie réussite, du choix du titre à l'épilogue ! J'ai été happée par l'histoire dès les premiers mots du récit. Des chapitres courts, une écriture concise, une galerie de personnages attachants que l'on découvre à travers le regard de Layla, et qui par leur vie nous font passer par une myriade d'émotions.
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Tu mérites un pays

Layla est une jeune femme réfugiée en France. Marie-Ange, l’assistante sociale qui l’aide dans ses démarches et dans son intégration, lui remet une convocation pour un « entretien individuel de naturalisation » en lui disant « tu dois être la jeune femme la plus heureuse du monde ». Mais Layla n’arrive pas à se réjouir. Sa vie à Paris et ce qu’elle y voit lui font douter de son objectif, devenir Française.

Elle décrit sa vie entre l’hôtel social insalubre où elle vit avec d’autres femmes, le Dorothy, et son travail au café de Mme Meng. Elle partage sa chambre avec Sadia, une Algérienne qui se fait appeler Nadia et s’entraine à parler avec l’accent Marseillais. Layla voit Sadia comme un tigre, une femme incroyable au caractère fort. Mais une nuit, elle découvre que Sadia se fait humilier contre quelques euros. Quelle vie leur offre la France ?

Les chapitres s’enchaînent avec un flot de critiques sur l’administration et la France de manière générale. Layla ne comprend pas pourquoi la Mairie de Paris veut fermer le manège de Momo parce que sa barbe est trop longue. Elle ne comprend pas pourquoi Claude, une vieille femme, aide-soignante retraitée, Française, se retrouve à la rue suite à l’effondrement de son immeuble à Bagnolet. Elle ne comprend pas pourquoi les délais pour être relogé sont si longs. Et puis elle ne comprend pas pourquoi il lui faut perdre son identité pour être naturalisée alors qu’elle a déjà perdu un pays et sa famille.

Tous les titres de chapitre commencent par « Sur ce qui… ». L’autrice utilise beaucoup les répétitions pour marquer son propos. Sous une fausse candeur, avec beaucoup de colère, elle dénonce toute l’aberration du système français. Elle fait le portrait très touchant d’hommes et de femmes. C’est un roman très humain et bourré d’humour, même si le propos est très unilatéral.

Dans cette satire, Leïla Bouherrafa témoigne de situations réelles qu’elle a entendues auprès de jeunes réfugiés à qui elle a enseigné le français. C’est un livre intéressant, très actuel et qui permet de changer de point de vue, de se mettre à la place de personnes en exil, dans un pays étranger dont il faut apprendre la langue, les mœurs et les coutumes.



Merci Lecteurs.com pour cette lecture
Lien : https://joellebooks.fr/2022/..
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Tu mérites un pays

La bonne nouvelle vient juste de tomber dans ce petit bureau d'aide aux réfugiés, Layla a reçu sa convocation pour être naturalisée Française. Une très bonne nouvelle pour cette jeune femme réfugiée. Mais celle-ci ne cesse de s'interroger et d'interroger le monde qui l'entoure en apprivoisant une langue qui doit devenir la sienne dans un pays auquel elle va enfin appartenir.

Sous son regard, les choses et les êtres qu'elle côtoie prennent une autre dimension. Il y a Momo qui fait tourner son manège mais donc la longueur de barbe ne semble pas être réglementaire, Sadia sa colocataire de chambre si belle et si fragile, la Dune qui vit dans la rue en vendant ses fleurs fanées. Avec sensibilité, humour et beaucoup de pertinence elle détaille, égratigne, raille notre système et nos fonctionnements. Telle une Amélie Poulain version douce amère, elle tente de donner du sens à ce qu'elle observe.



Sans prendre parti, ni politiser le sujet mais avec beaucoup de finesse l'auteure de « Tu mérites un pays » » nous livre ici un petit bijou dans une langue magnifique et poétique. On est sous le charme.
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La dédicace

☑️Mon ressenti : Le résumé m’avait intriguée, la couverture m’avait interpellée, j’avais donc sollicité ce titre auprès de l'Éditeur.

On suit une jeune auteure dont l’éditeur va prochainement publier le roman. Avant de l’envoyer à l’impression, l’éditeur lui demande donc une dédicace. Pour l’héroïne, ce sera ce qu’il sera le plus difficile à écrire dans ce livre : elle n’a aucune idée de la personne à qui elle va dédier ce roman.

On se retrouve à Paris. La ville transpire totalement entre les lignes du roman. Tour à tour aimée puis détestée selon l’humeur de l’auteure, auteure dont on ne connaîtra jamais le prénom. Elle côtoie de nombreuses personnes sans les connaitre, elle les observe, imagine leurs vies, est étonnée de connaitre certains de leurs agissements.

Il traite de la solitude, des relations sociales mais également de tout l’envers du décor du roman : éditeur, dédicace, foire du livre …

La plume de l’auteure est agréable. Le récit est tour à tour drôle, cynique, mélancolique, triste. C’est un peu déstabilisant vu la longueur du roman : je n’ai pas eu le temps de m’habituer à l’humeur du moment, qu’on en change déjà.

C’est un bon moment lecture, et c’est également l’occasion de faire un point sur nos propres relations. Et si nous devions dédicacer un livre ? A qui s’adresserai la dédicace ?


Lien : https://entredeuxlivres22813..
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Tu mérites un pays

Superbe roman, le style d'écriture est magnifique et nous emporte. C'est un livre très humain, qui parle d'immigration bien sûr, mais aussi de l'amitié, de la violence, des réalités que l'on n’imagine pas quand on n’a pas eu besoin de changer de pays. Texte très juste et très touchant que je recommande pour les personnes qui s'intéressent au sujet.
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