Citations de Lenia Major (132)
Je vais porter mes soins aux hommes. Moran, têtu comme tous les licorniers, a voulu reprendre le travail aujourd'hui. Il a bien sûr présumé de ses forces et souffre le martyre. Regardez votre animal, il sait avouer sa faiblesse, lui. Pourquoi les hommes ne sont-ils pas aussi intelligents que les bêtes ? C'est une question que je me pose sans cesse...
(dixit le mage guérisseur officiant à la licornerie).
Il me semble, jusqu'à plus ample informé, que je suis le recruteur du roi. Je parcours le royaume pendant des mois afin de repérer les jeunes gens qui réunissent les dons nécessaires pour devenir licornier. À aucun moment, le roi ne m'a interdit de choisir une fille. Dans aucun document, il n'est fait mention de l'impossibilité d'intégrer un membre féminin à la guilde des licorniers. Il n'y avait eu jusqu'alors aucune candidate qui eût rempli les conditions pour devenir licornière, voilà tout.
Son grand-père lui répétait souvent : « Les gens sont ton miroir. Ils te renvoient comme un écho les sentiments que tu montres. Si tu es agressive ou mal à l'aise, ils t'éviteront ou t'attaqueront. Si tu es souriante, tu verras le même sourire fleurir sur leurs lèvres. »
- Auriez-vous peur, apprenti ?
- Bien sûr qu'il a peur, répondit Caer à la place du garçon. Et heureusement pour lui ! La peur est un sentiment salutaire. Elle vous évitera des actes inconsidérés.
Les licorniers laissèrent alors les animaux agir. Finful et Souffle Soie tendirent le nez vers Farouche, jusqu'à effleurer son cou par de petits gestes qui faisaient songer à un « ça va ? » humain. Kalt se contentait de rester à sa place. Il ne manifestait aucune intention de se rapprocher pour rassurer Farouche, mais Ascane l'avait prévu. Elle n'attendait de lui que calme et indifférence, comme on plonge un ivrogne agressif dans un abreuvoir glacé pour étouffer ses ardeurs. Les effleurements des licornes firent frissonner Farouche, elles continuèrent et, progressivement, la licorne baissa la tête. Finful avança d'un pas et posa son menton sur la garrot du mâle. Souffle Soie fourra son museau dans la crinière de Farouche et lui gratta le cou à coups de dents rapides. Celui-ci émit alors une plainte qui ressemblait à un pleur, avant de plier complètement l'encolure, jusqu'à presque toucher le sol de son nez.
Jorgan parcourut la foule du regard.
- Le roi ne vous accompagne pas ?
Asdile eut un rire grinçant.
- Il n'y a pas de roi. Vous devrez traiter avec moi et les miens. Cela vous pose-t-il un problème, roi Jorgan ?
- Ma foi... non, répondit-il après une courte hésitation. Suivez-moi dans ma tente, nous y serons plus à l'aise pour discuter.
- Pourquoi ne pas débattre en public ? Faire tous connaissance ? Avez-vous des choses à cacher ? Il semble que nos sociétés diffèrent dans leur fonctionnement.
- C'est possible, reine Asdile.
J'aime bien l'idée qu'au même instant, on est des millions à regarder la même lune, mais qu'on la voit tous différemment. C'est un peu comme chaque être humain.
Il ne montre que ce qu'il veut, à qui il veut, à un instant donné.
Tous les jours, toutes les nuits, il change, il évolue, il interagit avec les autres, il est trop complexe pour qu'on le connaisse parfaitement.
Et comme la lune, il a une face cachée.
- Licornes, humains, tous aussi bêtas quand reviennent les hirondelles ! railla Météor. Regarde les yeux de ton mâle qui papillonnent.
- Météor, Rai de Lune t'attend. Hors de ma vue !
Ascane poussa le nez de son uni d'une tape affectueuse, puis dépassa à grands pas les deux licorniers qui chantaient bras dessus bras dessous, murmurant entre ses dents :
- Licornes, humains : mâles de tous poils, tous des bêtas !
- Tu aimes bien le petit homme ?
- Ouéwy est un précieux compagnon, doué de ressources insoupçonnées.
- Ce n'est pas un mâle pour toi.
- Météor ?
- Oui.
- Tu m'enquiquines !
- Oui.
- Tu es sûre de toi, Ascane ? lui demanda le licornier Ulb. Ta licorne ne pourrait pas... inventer ces choses ?
- Inventer ? s'écria la jeune fille.
- Oui, imaginer une raison pour te revoir par exemple ?
- Bien sûr que non ! Météor est une licorne. Il n'invente pas. Son esprit ne fonctionne pas comme le nôtre. Il ne connaît pas le mensonge ou la ruse.
C'était regrettable de perdre un tel animal, mais perdre la face en revenant sur sa décision serait beaucoup plus grave pour lui. Son autorité était et devait rester incontestable, les tergiversations ne lui étaient pas permises.
(maître Séber).
- Vigor ! s'écria Jorgan en lui frottant vigoureusement le front. Comme je suis heureux de te retrouver mon beau. J'étais perdu sans toi !
La licorne encensa pour acquiescer aux propos de son licornier. Ascane chercha la reine. (…) Elle nota avec surprise que, si Jorgan avait bondi au cou de Vigor, il se précipitait pas vers Aylette, mais la laissait venir à lui. Était-ce de la pudeur ? Une attitude digne que la royauté impliquait ? C'était en tous les cas bien triste...
Optimisme, pessimisme. Comme faire appréhender de telles notions à Météor ? Il analysait les faits avec réalisme !
Il se passe qu'une fois de plus, Emelyn, c'est une apprentie qui a mis le doigt sur un danger qui menace Ampleterre, s'emporta la souverain. Si, non seulement vos observations, mais mes questions ne vous ont pas mis la puce à l'oreille, nous avons un souci, chef des licorniers du roi ! (…) Les loups, d'habitude si peureux, ont préféré attaquer des paysans, plutôt que des vaches. Et ça ne gêne aucun de vous ? Félicitations, messieurs ! ironisa-t-il. Avec des protecteurs comme vous, Ampleterre peut dormir sur ses deux oreilles !
- Vous avez notre parole que nous ne dirons rien, intervint Séber.
- Ah, la parole, estranger, la parole est une étrange chose. Les promesses n'engagnent que ceux qui les escoutent. Mes ancêtres ont appris à ne point accroire la parole des hommes.
Ici, nous trouvâmes refuge, loin des turpitudes de votre monde. Et votre discours nous prouve à quel point nous sommes dans le vrai. Depuis que nous nous enfuîmes, les hommes n'ont pas changé d'un pouce. Ils ne songent qu'à infliger douleur, peine, misère, humiliation à leur prochain.
Petite écervelée ? Ascane leva le menton et regarda Séber droit dans les yeux.
- Vous m'avez dit : « À vous de parvenir à l'approcher, à le guérir et de nous permettre de lui rendre sa liberté. » Vous m'avez dit que c'était mon défi, maître Séber. Que j'avais la responsabilité de cette licorne. Je l'ai accepté. Vous n'êtes pas venu me conseiller cet après-midi. Je me suis débrouillée comme j'ai pu avec Samuel. Si vous voulez me guider et m'éviter des erreurs, je vous en serai extrêmement reconnaissante. Mais si vous ne venez que pour critiquer mon travail, je crois que je m'en sortirai aussi bien toute seule.
(dixit Ascane au maître licornier qui est sensé lui apprendre le métier...)
On est pris par la vie, on remet toujours à demain et on se retrouve à deux pas de la maison de retraite sans avoir réalisé la moitié de ses rêves.
- [...] Je préfère mourir en les vengeant que vivre comme un rat en les oubliant, fit-il en tapant du poing sur la table.
Alors qu'Ulb et Alen pleuraient de rire en se tenant comme des ivrognes, des larmes de désespoir perlèrent aux yeux d'Erdnaël. Ascane eut pitié de son ami. Les meilleures plaisanteries sont toujours les plus courtes.