Citations de Lenia Major (133)
– Vous êtes fous ? lui lança Séber. Vous voulez nous faire tuer ?
– Et vous ? cracha Caer. Souhaitez-vous la fin des licornes sauvages ? La guerre avec le Kaltesland ? Quel autre choix avons-nous ? Que savez-vous de l’Enclave, hormis ce qu’en disent les contes pour faire peur aux enfants ? Qui y a pénétré depuis des générations ? A-t-on vu la moindre âme en sortir ? Quel danger réel, en dehors de l’altitude et du froid, y connaissez-vous ? Je vous écoute, maître licornier…
Séber restait silencieux. Il écarta les bras en signe d’impuissance.
– Je ne sais pas Caer, mais si ce lieu est maudit depuis des siècles, il y a une raison.
– Alors nous la découvrirons sur place et il sera bien temps d’aviser.
– Nous ? répéta Séber.
– Nous ! confirma Moran. Je préfère tenter ma chance dans l’Enclave plutôt que de laisser ces vermines filer.
– Nous ! l’appuya Ascane. Météor et moi ferons tout pour délivrer les siens.
Séber serra les mâchoires, prêt à laisser éclater sa rage. Un de ses licorniers et son apprentie étaient prêts à lui désobéir et à entreprendre avec le mage une aventure qui ne pourrait se terminer que tragiquement. Il les dévisagea l’un après l’autre, sans aménité, secouant la tête. Il s’attarda sur Ascane qui soutint fièrement son regard.
– Vous, une fille, dans ces lieux où Dieu seul sait quels périls nous guettent ? À quoi nous servirez-vous s’il faut nous battre ?
– Je ne suis pas une fille, maître Séber. Depuis des mois, je suis votre apprentie et comme telle, jamais vous n’avez eu à vous plaindre de moi, objecta Ascane sans ciller.
" Alors que je fermais les yeux et tentais de trouver une position à peu près confortable pour ne pas ressortir de là, le lendemain, aussi percluse de douleurs qu'une centenaire, un petit baiser mouillé claqua sur ma joue.
-Bonne nuit ma Vava ! chuchota le petit.
Ma Vava ?Ridicule.
-Bonne nuit mon Bizbiz ! murmurais-je en embrassant ses cheveux, parfumés d'une fragrance mousse-fumée.
Aucun commentaire, merci.
"Excellente mise au point. Obéir à Vava, sinon couic !"
"-Elle a raison. C'est assez énervant, je te l'accorde, que cette fille ait toujours raison. Mais elle a raison.
C'est vrai, je n'avais pas encore eu l'occasion de leur précisez la règle numéro un, édictée par ma grand-mère Christiane: Eva a toujours raison. Immédiatement assortie d'une règle numéro deux: quand Eva a tord, elle a tout de même raison. Ces deux règles enregistrées évitaient de perdre du temps en discussion inutiles."
" -Sauvez-la ! Elle est dedans ! Par pitié !
N'écoutant que mon courage, je sautais à terre. Mon pied gauche se prit dans la rêne, je me retrouvais affalé dans la boue (...) J'imaginais sa mère ou sa sœur, prisonnières des flammes.
Je bondis dans le feu. (...) Personne ne répondait. Des flammèches volaient autour de moi, la charpente craquait.
J'entendis un drôle de bruit, à moitié couvert par le ronflement du feu. Bêêêêê(...)
-Châtaigne, remercie Monsieur qui t'a sauvé la vie.
La mâchoire m'en tomba. Emil explosa de rire. J'explosais de colère. Je hurlai:
-Quoi? C'était cette chèvre qu'il fallait sauvé ! J'ai failli me faire tuer pour une bique !
J'aurais voulu rester très longtemps pour faire tous les puzzles, compter les libellules, imbriquer des cubes, dessiner des figures.
Le temps a filé comme l'eau du torrent!
Un, Deux, Trois, advienne que pourra !
Goudgoudi a l'impression que tout le monde a eu des câlins, sauf lui. Il était tellement, tellement, tellement content, et il a tellement d'amour à donner, derrière ses grands poils verts pas très bien peignés.
Oui, les grands peuvent aussi pleurer quand rien ne va. Même les gros durs pleurent.
Eileen et Barnabé s'esclaffent.
Ils ont raison. Le seul bruit qui fait reculer la mort qui rôde, c'est le rire.
Eileen et Barnabé sont des adolescents. Comme toi, ils sont sucré ET salé. Enfin du moment qu'il n'y a pas d'épinards, de courgettes, de haricots dans le menu.
J'ai mangé un kouign-amann entier dimanche. Tu m'avais donné envie.
Du gras, du sucre, la vie.
Juste après avoir lu ce mail, tu vas faire un truc.
Tu vas aller voir tes parents et tu vas leur dire de ma part qu'ils ont élevé le garçon le plus extraordinaire du Système solaire. Je ne sais pas comment ta mère réussit avec les yuccas et les roses de Noël, mais elle est super forte pour faire pousser les Axel.
Comment on dit adieu à quelqu'un qu'on aime ? Même si on sait depuis un moment que ça va mal se terminer ?
Comment on continue après ?
A la basse saison, les cimetières bretons ressemblent à des rave parties comparés à l'ambiance de notre hameau.
Ça fait dix ans qu'à part les goélands de l'année dernière, on n'a pas vu de nouvelles têtes sur l'île. Sauf bien sûr les touristes, qui nous envahissent entre le 13 juillet et le 15 août. Mais on ne s'attache pas, ils ne restent pas.
Le seule bruit qui fait reculer la mort qui rôde, c'est le rire !
Pierrot, ne soyez pas timide,
PRENEZ UN SABLÉ.
Avoine, ail des ours, ciboulette.
C’est tout frais, c’est maison.
Je vous donnerai la recette.
L'ancienne princesse se sent bête d'avoir conservé cet espoir. Bête d'avoir cru que Boris reviendrait et qu'elle échapperait à cette prison sous terre. De rage, elle fait reculer son fauteuil.
Des claquements vinrent s'ajouter à la vibration et aux infâmes bruits humides de mastication. De grands oiseaux blancs, portant une crête multicolore sur le sommet de la tête, atterrirent au milieu du tapis de jaafshuris. Leurs ailes déployées occupaient presque la largeur de la ruelle. Un nouveau spectacle, presque plus répugnant que le précédent débuta. Les oiseaux, sans craindre les morsures des insectes, les attrapaient les uns après les autres, les lançaient en l'air ; puis d'un coup sec des bords tranchants de leurs becs rouges, ils les coupaient en deux, et, enfin, gobaient les morceaux. La rue était jonchée de lambeaux d'ailes ou de têtes baignant dans un liquide verdâtre gluant. Une odeur âcre, piquante envahit la boutique. La jeune femme eut un haut-le-cœur et regretta d'avoir mangé le mhadjet de si bon appétit.
« Il était sonné. Horreur, inhumanité, barbarie en huit minutes seize. Pas plus horrible, inhumain et barbare que les images de massacres qui tournaient en boucle sur les chaînes d'information. Ce ne sont que des chiens. Des bêtes. Y a plein de gosses abattus en Afrique et de femmes violées et ça ne me fait rien. Je m'en fous des chiens. Cette pensée sonnait faux. Elle n'enlevait rien à la monstruosité des photos, au raffinement de la torture, à la méchanceté gratuite. Bien qu'il luttât pour résister, il senti son menton trembler, des larmes lui monter aux yeux.»