Lenia Major

Sous la lumière blafarde d'un croissant de lune, une nuée de fées affolées arriva dans la clairière :
-Iria, Iria, où es tu? réponds!
A l'approche de la tombée de la nuit, Breena lui avait apporté une collation et son coeur avait fait un bond quand elle avait trouvé sa couche vide.

-Syla, Perla? Avait elle appelé. Où avez vous conduit Iria, au retour de la fête ?
Les deux fées s'étaient regardées, bouche bée.
Chaque fée pensait qu'une autre s'était chargée de reconduire Iria et il devint vite évident que personne ne s'en était occupé.

Il y eut un mouvement furtif près d'un bosquet de bouleaux.
-Là bas! Fit Syla.
Mais elle poussa un cri et s'éleva en toute hâte. Un renard s'éloignait en courant. Dans sa gueule rousse, flottait un morceau de tulle blanc.

- Pauvre pauvre Iria! Se lamentèrent les fées.
C'est un triste cortège qui regagna les cabanes dans les arbres. Leurs pleurs cascadaient sur les feuilles, éveillant les oiseaux endormis.

Marre à la fin. Je m'étais battue pour ce lâche, j'avais récolté des bleus, des bosses, le visage zébré, les fesses en compote et Monsieur ne pouvait même pas allumer un petit feu de camp. Je ne lui demandais pas de sortir sa guitare et de chanter Youkaïdi, youkaïda, mais un minimum de participation.

- Un beau crane d’œuf, commenta-t-il en agitant la perruque dont s'était travesti le chevalier.
- Farine, œuf, je vous trouve bien soupe au lait d'un coup. Vous n'allez pas en faire un flan ! railla la justicière.

Sans attendre qu'on l'invite à entrer, Séber ouvrit la porte à la volée et poussa Ascane devant lui. Elle trébucha et manqua de tomber.
- C'est quoi, ça ? demanda-t-il à l'homme assis à un bureau derrière une montagne de parchemins, la plume suspendue en l'air.
Ascane reconnut le recruteur.
- Il s'agit d'Ascane de Vilarot, si je ne me trompe, l'un de vos trois apprentis.
- L'un de mes trois apprentis ? hurla Séber.
- Absolument. Un problème ? questionna le recruteur, parfaitement calme, replongeant tête et plume dans sa paperasse.
- C'est une FILLE, Varney ! rugit Séber.
- Aucun doute là-dessus, Séber. Un problème ? répéta Varney.
- Je suis le maître licornier, Varney. Pas le ... "maître licornière". Il n'y a jamais eu de licornière dans le royaume. Débarrassez-moi de cette gamine, renvoyez-la chez elle ou placez-la aux cuisines et dépêchez-vous de m'envoyer UN apprenti. Un vrai.

L'union confère aux unis force et dons particuliers, résultant du mélange de leurs deux natures. L'un des unis ne peut s'imposer à l'autre. Ils doivent atteindre un point d'équilibre qui les satisfasse tous les deux. C'est pourquoi chaque union est unique et différente d'une autre en bien des points.

Dès le premier jour d'école, j'ai compris que j'étais différent.
Pas malade, ni anormal, mais différent. Il y a des grizzlys bruns, des baribals noirs, des ours polaires blancs...
J'étais un ourson précoce !

Il étendit son bras et sans un mot, je posai ma tête sur son épaule.
- Tu m'aurais vraiment abandonné aux mulots et aux hérissons sanguinaires, tout à l'heure.
- Bien sûr. Mais je serais revenue pour enterrer tes restes, quand ils auraient bien nettoyé ta carcasse.
- Tu es bête.
- C'est ce qui fait tout mon charm...
Un baiser inattendu se posa sur mes lèvres, me faisant oublier toutes les choses, j'en conviens très bêtes mais très drôles, que j'allais raconter. Beaucoup moins long que celui qu'il avait donné à Luithilde, ce soir encore. Mais pas de comédie, celui-là.
- Bonne nuit, fidèle Eva.
- Bonne nuit, messire mon chevalier.
- Jusqu'au bout du monde, fidèle Eva.
Je ne répondis pas "vers l'infini et au-delà!". Parce que le monde, pour moi, s'arrêtait dans un couloir de son château.

Parce que le bonheur c'est magique. Quand on en donne un petit morceau, il repousse plus grand et plus beau.

Mon niveau de motivation est inférieur à celui d’un escargot qui doit traverser l’autoroute.

- Tu es sûre de toi ? On peut tour arrêter, proposa-t-il comme s'il avait entendu les pensées de son amie. Il n'y a pas de honte à reculer lorsque la montagne est infranchissable.
- Je le sais. Mais il faut au moins que je tente de les sauver. Je préfère avoir des remords que des regrets, répliqua-t-elle à voix basse.

Pourtant, monter le même cheval qu'un prince qui vous tient fermement par la taille et pose la tête sur votre épaule, ça en ferait fantasmer plus d'une dans ma classe. Même Audrey planterait là son Mike pour être à ma place. Enfin, si la douce cavale galopait sur une plage au soleil couchant. Pas entre les sapins, dans l'obscurité totale, au bord de profonds ravins, poursuivie par des spadassins déterminés à vous transpercer la peau.

- Pas besoin de faire la boucle, je t'ai dit, lança Galaxine du couloir qui la menait à sa chambre.
- Temps nuageux, température extérieure -187°C. Arrivée prévue dans 3 minutes-lumière.
- Cause toujours... marmonna la jeune fille en enfilant des jambières turquoise sur sa combinaison Cuisse de gecko sednien (le vendeur l'avait vivement reprise lorsqu'elle avait demandé à essayer la combinaison «rose»).

- Suis le rythme du cheval, me conseilla Emil, tout à fait à l'aise sur la selle.

Sa remarque me rappela une chanson nulle que mes parents passaient dans leurs soirées entre potes. This i the rythm of the night, oh yeah, oh yeah. Ma version donnait This i the rythm of the horse, Oh aïe, oh aïe !

"La deuxième fée est la reine des chatouilles, des grattouilles et des papouilles.
Elle ne résiste pas quand elle voit un peton, un bedon, un menton.
C'est tellement mignon ! "

Car en dehors de leur missions, s'il était agréable à contempler et à vivre, elle s'ennuyait en compagnie d'Aérofrin comme un boulon perdu dans l'espace.

Le soleil était déjà levé ? Et Flaia n'avait pas encore poussé le moindre hurlement pour manifester sa faim, son envie de la voir, son besoin d'un bon polissage de ses écailles dorsales ?
Joanna sauta du lit. Ce n'était pas normal !

- Non. Je t'aime. Je te l'ai déjà dit. Et fait comprendre. Je t'aime. Il faudrait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte, ironisai-je tristement.

Dans la forêt, une besace en bandoulière, un loup erre. Quelle menace cache ce vorace dans sa besace ? Tremblez, grands et petits, le loup est de sortie !

Certains diraient libérés, délivrés, mais pas le bienheureux Barnabé, qui ne regarde pas la télé (objet banni de toute bonne librairie), et qui n'a ni tresse ni grande robe bleue. Il n'aura pas la chanson dans la tête pour le reste de la journée, contrairement à toi, mon (ma) cher (chère) lecteur(trice). Ne me remercie pas, c'est cadeau.

Ascane : "OUI ! Je suis une fille ! Voilà deux heures qu'on me le répète. Je suis une fille, mais j'ai autant de talent que toi (elle s'adresse à Fergall, un autre apprenti), sûrement plus de volonté, et j'ai un don, comme toi. En plus, je sais me battre, ça, je l'ai appris avec mes cousins. Et je ne suis pas douillette. On va regler ça tout de suite. Et après, quand je t'aurai mis une raclée, on sera définitivement débarrassés de cette histoire de fille, d'accord ?"