Homme de lettres, Léo Larguier (1878-1950) fut aussi l'ami des artistes. Proche de Paul Cézanne et biographe de plusieurs peintres paysagistes (Georges Michel, Camille Corot), il développa un goût pour l'art et la collection qui l'entraîna à fréquenter salles de ventes, antiquaires et autres brocantes.
Dans cet intrigant manuscrit, entré en 2021 dans les collections de la bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art, Léo Larguier nous invite à le suivre dans sa traque, dans sa chasse, à l'objet rare et curieux. Au hasard du texte, il nous livre le fruit de ses trouvailles chinées chez les brocanteurs (dessins, aquarelles, peintures à l'huile), adroitement insérées entre les pages écrites et les illustrations originales du graveur Chas Laborde réalisées pour l'édition de 1922.
Par Isabelle Vazelle, INHA, chargée des autographes, manuscrits, dessins au service du patrimoine du Département de la bibliothèque et de la documentation, et Evanghelia Stead, universités UVSQ Paris-Saclay, professeur de littérature comparée et culture de l'imprimé
Cycle organisé par la BnF, l'INHA et l'École nationale des chartes.
En savoir plus : https://www.bnf.fr/fr/agenda/leo-larguier-lapres-midi-chez-lantiquaire-ou-le-manuel-de-lamateur-pauvre
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VOYAGEUR ALTERE
Voyageur altéré, d'une eau vive je rêve
Et n'ai plus soif lorsque j'arrive au bord du puits;
J'ai faim et j'ai sommeil, et jamais je n'achève
Ni le pain qu'on me sert, ni mes rapides nuits.
Printemps, n'êtes-vous beau qu'au déclin des automnes?
Pour croire au Paradis, faut-il qu'il soit perdu?...
Heureux qui peut goûter les bonheurs monotones
Et l'insipide fruit qui n'est pas défendu!
On trouve toujours ce que l'on cherche, sauf la paix du cœur quand on l'a perdue.
Le trouvère se présenta sans modestie.
A l'entendre il avait voyagé par toute la terre, connu les plus flatteuses aventures et les plus hautes infortunes, mais sa voix était belle et les bonnes gens qui se pressaient autour de lui étaient avides de poésie et de chansons.
Il ne les en priva point, mais l'hôtelier lui versant souvent à boire, il s'endormit au milieu d'un couplet, et comme il était ivre de déclamation et de vin, on dut le conduire jusqu'à son lit ...
1° L'alchimiste sera discret et silencieux ; il ne révélera à personne le résultat de ses opérations.
2° Il habitera, loin des hommes, une maison particulière dans laquelle il y ait deux ou trois pièces exclusivement destinées à ses opérations.
3° Il choisira le temps et les heures de son travail.
4° Il sera patient, assidu et persévérant.
5° Il exécutera, d'après les règles de l'Art, la trituration, la sublimation, la fixation, la calcination, la solution, la distillation et la congélation.
6° Il ne se servira que de vaisseaux de verre ou de poterie vernissée.
7° Il sera assez riche pour faire la dépense qu'exigent ses opérations.
8° Il évitera, enfin, d'avoir aucun rapport avec les princes et les seigneurs ...
(Albert le Grand avait tracé depuis longtemps leur voie aux fils de la doctrine, et il avait énuméré les commandements suivants ...)
En soupant lentement sous une treille brune
Dont les beaux muscats blancs luisaient au clair de lune,
Tandis que pour moi seul dans la nuit, un oiseau
Chantait vers le tilleul, je pensais à Rousseau...
Un soir divin et frais venait après l'orage.
Devant le banc de bois du rustique Ermitage,
Une jeune servante avait mis le couvert.
Quelques gouttes tombaient du feuillage plus vert.
Un vase sur la nappe était plein de pervenches,
Madame d'Epinay portait - c'était dimanche,
Son chapeau de bergère et son corsage ouvert.
Pure fraîcheur du soir ! On apportait la lampe,
Et Jean-jacques songeait, un doigt contre sa tempe.
La servante heurtait les plats dans la maison,
L'étoile du berger montait à l'horizon,
Et quand mourait au loin le bruit du char qui rentre
On entendait couler la source dans son antre
Et chanter la rainette et le grillon perdu.
Madame d'Epinay caressait son bras nu,
Rose et rond sur la table, et parfois son haleine
Dans son corsage creux enflait sa gorge pleine
Qu'une tremblante et tiède ligne séparait.
Un léger vent coulis qui passait murmurait
Dans les arbres du parc une plainte endormie,
Et Rousseau, souriant, regardait son amie,
En feuilletant, distrait, un petit livre gris,
A côté d'un panier plein de cerises blanches,
Un petit livre simple et sans or sur les tranches
Que Denis Diderot envoyait de Paris.
La Maison du Poète. ALBIN MICHEL
Le ciel qui était, il n'y avait qu'un instant, du ton délicat des scabieuses, se fonçait rapidement. La nuit approchait, et, comme si elle répondait à la première chandelle clignotant derrière une vitre, la première étoile palpitait amicalement au ciel de Paris.
Cette recherche (de l'or) a toujours passionné les pauvres humains qui mettent tout le bonheur de ce monde dans la possession du fabuleux métal, mais quelle ironie ! L'antique rêve des alchimistes se réalise trop tard ! On fait de l'or quand les pièces d'or n'ont plus cours, car il se peut qu'on lise dans les dictionnaires de l'an 2350 en regard de ce mot, Or : "Métal jaune et brillant, très précieux autrefois en Europe. L'usage de cette monnaie se perdit vers 1980" !
Toujours il associa à ses recherches et à ses réussite la chère Pernelle. Ils ne se sont pas quittés.
Les graves paysans de la belle vallée
Vinrent tous, recueillis, se ranger dans l'allée,
Et lorsque le cercueil sortit, leurs grands chapeaux
Flottèrent comme un vol brusque et noir de corbeaux.
Dans la maison, on entendait pleurer Suzanne...
Une feuille tomba, sèche, du vieux platane.
Jacques et le meunier parurent, le front nu.
A travers les chemins dont chaque arbre est connu,
Longeant les prés fauchés, les champs des patrimoines,
Entre les pailles d'or, les dernières avoines,
L'enterrement gagna le coteau plein de croix,
Et gravit lentement les sentiers plus étroits.
Lorsqu'on eut vingt ans au Quartier Latin, le mois d'avril, qui rit et qui pleure, n'est peut-être nulle part au monde d'une plus mélancolique douceur qu'au Luxembourg ou dans le petit jardin autour de l'hôtel de Cluny.
Je songeais à cela sur un banc de ce dernier où je ne m'étais pas assis depuis 1905, certainement, et je me disais qu'il ne faut pas revenir aux lieux où l'on fut jeune ...