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Critiques de Li Kunwu (108)
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Les pieds bandés

Souffrir pour être belle !



Foutaise ! Souffrir pour être sous l’emprise des hommes. Je comprends pourquoi la femme est plus endurante que l’homme à la douleur. Deux mille ans de soumission ça forge le caractère.



La loi du plus fort est toujours la meilleure. Ce vieil adage est toujours d’actualité malheureusement, les pieds et les seins bandés, l’excision, le voile, paraître 15 ans plus jeune et j’en passe.



L’auteur, Li Kunwu, raconte avec pudeur et beaucoup d’amour la vie de sa nourrice Chunxia. Il nous dévoile 60 ans de souffrance et de calvaire que fut la vie de cette femme dans une Chine du début du XXème siècle. Ce one shot très riche nous apprend beaucoup sur la culture, les traditions et la révolution chinoise. A sa lecture je fus désorientée, en colère de voir ce petit bout de femme accepter avec résilience et résignation son sort.



Cette pratique remonte au Xème siècle. Un Empereur fétichiste des pieds, quelque peu dominant, vous en conviendrez, demanda à sa concubine de se bander les pieds afin qu’ils soient les plus petits possible et ceci tout simplement pour accroître son désir sexuel. Cette coutume se répandra dans le pays et durera jusqu’au XXème siècle. Mille ans de souffrance et de soumission : Toi femme, tu auras de tout petits pieds et ainsi tu ne pourras m’échapper : femme tu es, femme faible et chaste tu resteras. Voilà ce que raconte l’histoire de Chunxia. Pour qu’une Chinoise ait l’opportunité de faire un mariage avec un bon parti, elle devait avoir des pieds à taille idéale appelée Lotus d’or soit 7,5 centimètres. Le passage dans ce récit de la pratique du bandage m’a fait grincer des dents, j’avais envie de secouer la mère de Chunxia et lui dire :

Comment peux-tu infliger ça à ta propre fille, toi qui as tant souffert ?



«Mais vous savez, une paire de petit pieds, c'est une grande jarre de larmes. A l'époque, je souffrais tant que je désirais mourir.»



Mais que peut-on sur le poids d’une symbolique, d’une tradition et le gouffre de la misère ?



«Plus tu es pauvre, moins tu te bandes les pieds, moins tu te bandes les pieds, plus tu es pauvre.»



L’histoire de cette femme est prenante, saisissante et très enrichissante sur le plan culturel. J’ai été quelque peu déçue par le graphisme, non pas parce qu’il est sombre mais les traits manquent parfois de finesse et de précision. Néanmoins, l’écriture tout en pudeur, prend vite le dessus sur le dessin et nous embarque dans une épopée chinoise intéressante, d’avant Mao, que peu de femmes auraient voulu connaître, même avec le plus beau parti du monde.



Après ce récit émouvant, qu’il fait bon danser, courir, marcher, s’enfuir, rester, sauter et s’il le faut mettre des coups de pied au cul !



Les pieds bandés, de l’espoir à la désillusion, une très belle histoire touchante que je conseille pour comprendre une période révolue !



Souffrir pour être belle ? Venez me le dire entre quatre yeux que je prenne mon pied !




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Les pieds bandés

Les pieds bandés est une bande dessinée magnifique et c'est un vrai coup de cœur pour moi, alors cette critique ne va absolument pas être objective, tant pis , j'assume !



Elle nous conte l'histoire de Chun Xiou qui est contrainte a se faire bander les pieds. Coutume plutôt barbare chinoise, les petits pieds étaient une garantie de faire un beau mariage : "Ce que l’on regarde en premier chez une jeune fille n’est pas son visage, ni même son corps, mais sa paire de pieds ! Avec des petits pieds, une jeune fille peut épouser un homme de haut rang et tout le monde la respectera. Elle mangera des plats raffinés, elle aura des vêtements de satin et de soie à profusion. Tout ce qu’elle désirera." ou encore "J'ai d'autres amies qui ont gâché leur vie à cause de cela. Plus tu es pauvre, moins tu te bandes les pieds, moins tu te bandes les pieds, plus tu es pauvre. Heureusement que ma mère s'est sacrifiée pour que j'aie les pieds bandés ! Sinon, comment aurais-je pu devenir une épouse dans la haute famille des Zhu ?"Je dis bien barbare, car les pages ou notre héroïne se fait bander les pieds sont très dures a lire : "Mais vous savez, une paire de petit pieds, c'est une grande jarre de larmes. A l'époque, je souffrais tant que je désirais mourir."



On aperçoit aussi l'évolution de la vie, la politique en chine au cours de la vie de Chun Xiou. On oscille sans arrêt entre tradition et modernité. On découvre une autre culture qui au final nous est assez étrangère.



Coté dessin, ils m'ont un peu choqué au départ. les visages sont un peu déformés les traits un peu irréguliers mais au final, je me suis laissée entraînait par l'histoire et je m'y suis vite habituée.



Au final, cette première rencontre est un succès et je vais me plonger dans d'autres de ses écrits, c'est certain.


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Les pieds bandés

** podophiles pédos, merci de ne pas lire ce billet, je m'en voudrais de nourrir vos fantasmes **



Instaurée au Xe siècle en Chine, la pratique des pieds bandés ne fut bannie qu'au début du XXe siècle, avec la révolution qui mit fin au régime impérial. Mais l'interdiction ne fut effective qu'après 1949, sous la République populaire de Chine - merci Mao, pour une fois !

Cette torture était infligée aux petites filles de six-sept ans - âge idéal car « la peau est douce et les articulations tendres ». Le remodelage du pied durait deux ans.

Le but ? Répondre aux fantasmes masculins, et espérer ainsi sortir de sa condition en faisant un "beau" mariage.

• « Ce qu'on regarde en premier chez une jeune fille n'est pas son visage, ni même son corps, mais sa paire de pieds ! Avec des petits pieds, une jeune fille peut épouser un homme de haut rang et tout le monde la respectera. Elle mangera des plats raffinés, elle aura des vêtements de satin et de soie à profusion, tout ce qu'elle désirera, même des objets venus d'Occident, comme ces petites horloges automatiques. De plus, elle t'appartient ! Elle ne pourra jamais se sauver. »



On imagine la violence de cette pratique et les souffrances endurées, quand on apprend que la taille idéale du pied bandé était de 7.5 cm*, et qu'il devait obéir aux critères suivants : "menu, mince, pointu, souple", en forme de bouton de lotus.



Album fort instructif, qui nous immerge dans la Chine féodale du début du XXe siècle. Les descriptions du bandage de pied sont insoutenables, mais courtes, heureusement. Je regrette que le récit soit un peu décousu et que le trait soit si peu agréable ; les visages sont bizarrement laids et distordus - à l'image des pieds bandés, cela dit...



Une page d'histoire-géo à connaître (cette coutume a perduré pendant plus de mille ans, quand même !), qui nous invite à réfléchir aux exigences de la mode, directement inspirées des fantasmes masculins.

Quid de nos soutien-gorge, strings et talons ? Confort ou allure sexy, il faut choisir...



* à titre indicatif : 23 cm du talon à la pointe du pouce quand on chausse du 38
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La Voie ferrée au-dessus des nuages

L'auteur de cette bande dessinée assez conséquente (210 pages) nous raconte la construction d'une voie ferrée en Chine, dans la province du Yunnan, une région très montagneuse et donc difficile d'accès.

Cette construction pharaonique est due aux Français et a nécessité des milliers d'hommes, des centaines de chevaux et des tonnes de matériel, importé d'Europe pour la plupart.



C'est à partir de la découverte tout à fait par hasard d'un "cimetière d'étrangers", que l'auteur s'est intéressé à cette fameuse voie ferrée.

Il a rencontré le petit-fils d'un des français ayant participé à ce projet, il a pu examiner des centaines de photos d'époque (début des années 1900), il s'est fait traduire le journal d'un français qui a emmené toute sa famille en Chine pour pouvoir collaborer à cette construction, qui a été un véritable défi scientifique, technique et humain sur bien des points.



Les dessins sont en noir et blanc, simples et sans fioritures par moment, beaucoup plus travaillés à d'autres, mais ils nous font vraiment ressentir l'ampleur de cette construction et de sa démesure.

Les photos anciennes (dont certaines figurent à la fin de l'ouvrage) nous révèlent des méthodes de travail, mais aussi des habitudes culturelles et des modes de vie très différents de ceux des européens à cette époque.

Cette bande dessinée a une valeur documentaire et historique indéniable et elle se lit un peu comme une enquête, on part de la découverte d'un petit cimetière oublié de tous et on pénètre dans un univers incroyablement riche, détaillé et passionnant.
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Les pieds bandés

Qu'importe la société qu'on interroge, qu'importe le pays où l'on se trouve, les preuves de l'inégalité hommes -femmes et la maltraitance de ces dernières pleuvent.

Jusqu'à la fin de l'époque féodale, c'est-à-dire juste avant l'arrivée des Communistes et de Mao au pouvoir en Chine, les petites filles dont on voulait assurer un avenir prometteur - c'est-à-dire un mariage riche - se retrouvaient les pieds bandés pour qu'ils restent petits, preuve d'élégance et surtout de fragilité: bref de quoi titiller la virilité des hommes...

Les pieds bandés, si pour vous ce n'est pas très clair, ça signifie: plier les orteils sous la plante des pieds en brisant les os et enrober fermement le tout de rubans avant d'enfermer ces pieds dans de petits chaussons aux embouts durs et solides. Ca signifie aussi souffrir le martyr pendant des années, ne plus pouvoir courir mais marcher à petits pas, et avoir à la place des pieds une masse informe, recroquevillée et malodorante qui étrangement fait chavirer les hommes chinois.

Enfin, avoir les pieds bandés, ça signifie être courtisé par les plus riches, recevoir des cadeaux de l'Occident, et être sous le regard admiratif de tous si en plus on a "les pieds en lotus d'or (7,5cm!)".

Ici donc, Li Kunwu rend hommage à sa nanny, qui lui a un jour raconté son histoire, et cet hommage se fait avec beaucoup de délicatesse et de respect pour cette vieille femme.

On y découvre également, de manière plus générale, l'Histoire tourmentée de la Chine le long du vingtième siècle et le sort des Chinois, lors de la révolution.

J'ai beaucoup apprécié le thème du livre; en revanche je n'ai pas accroché aux illustrations que j'ai parfois eu du mal à comprendre et dont je n'aime pas le tracé, malheureusement; Mais c'est un riche témoignage d'une époque tout juste révolue.

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Les pieds bandés

« L’âge idéal est six ou sept ans quand la peau est douce et les articulations tendres. Il faut d’abord préparer deux petites paires de souliers bien cousus et tout l’équipement nécessaire : une bande blanche de tissu de chanvre, raidie avec l’amidon, bien sèche et enroulée ; également une paire de ciseaux, un dé à coudre, une bonne aiguille et du gros fil de couture, sans oublier de l’alcool jaune, une cuvette, du coton, des chutes de tissu… Ah oui, j’allais oublier, il faut encore du sang frais de chèvre. » « La potion est amère mais le jeu en vaut la chandelle. »



Au début du 20ème siècle, en Chine, si une femme voulait se marier avec un fils de bonne famille, elle devait avoir de tout petits pieds. Et pour avoir de tout petits pieds, il fallait les bander de manière abominable, une vraie torture. Une torture qu’a dû endurer Chunxiu. Elle n’avait que huit ans lorsqu’on lui a bandé les pieds. Dix ans plus tard, alors qu’elle était devenue une magnifique jeune femme prête à marier, l’armée révolutionnaire renversa l’empereur et édicta de nouvelles règles. Les vestiges de l’institution féodale furent bannis et le bandage des pieds interdit. Retournant dans son village natal, Chunxiu devint, suite à un événement tragique, une simple paysanne puis la nounou de Li Kunwu, l’auteur de ce one-shot en tout point édifiant.



Un douloureux destin de femme intimement lié à celui de son pays. Un destin individuel qui symbolise l’évolution de la Chine et sa marche forcée vers la révolution communiste. J’ai trouvé les pages où est décrite la technique du bandage à la limite de l’insoutenable. Quelle horreur ! Le personnage de Chunxiu est pour sa part touchant. Elle a traversé avec une étonnante dignité une existence pas épargnée par le malheur. Li Kunwu mélange avec bonheur la petite et la grande histoire. Son propos est clair et la progression chronologique se fait sans heurts. Une vraie maîtrise de la narration en somme.



Coté dessin, j’ai bien aimé ce noir et blanc (of course !) à l’encrage épais et un peu tremblotant. Les scènes de foule et de marché sont notamment très réussies.



Un bel album, riche et instructif.




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Les pieds bandés

Chine, début du XXème siècle.

Chunxiu était de la classe supérieure, celle des Pétales de Lotus, le must des pieds bandés, objet de fantasme masculin, levier social pour beau mariage, richesse et réussite.

Mais l'Empire du Milieu s'ouvre à une autre vision politique...

Née trop tard pour son avenir radieux d'icone féminine, trop tôt pour avoir échapper à ce supplice avant l'interdiction de ces pratiques féodales, elle sera à la croisée des chemins, incapable de prendre sa place dans la Chine communiste, et finira comme domestique chez un membre du Parti avant de mourir dans la misère, oubliée de tous.



Un touchant devoir de mémoire de Li Kunwu, pour celle qui fut sa nounou, un membre à part entière de sa famille.



Ce roman graphique en noir et blanc, aux visages tourmentés, ressuscite par tableaux les scènes de la vie quotidienne de la Chine impériale à la Révolution Culturelle, et explique au plus près une coutume douloureuse imposée aux filles pour mieux les marier.

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Les pieds bandés

Le titre de ce roman graphique de Li Kunwu parle de lui-même.



Au début du XXème siècle, dans l'Empire du Milieu, sous la dynastie des Qing, une petite fille se révolte : elle refuse qu'on lui bande les pieds. Cette fillette s'appelle Li Chunxiu "Beauté du Printemps". Malgré ses cris et ses protestations, la tradition sera la plus forte et ses pieds seront brisés et bandés. Ainsi en est-il des canons esthétiques féminins de l'époque - décidés par les hommes. Une femme se doit d'avoir les plus minuscules pieds possibles, au prix de terribles souffrances et d'une altération définitive de la démarche. L'opération du bandage m'avait déjà choquée dans Fleur de Neige de Lisa See. Pour être belle,souffre. Pour faire un bon mariage, souffre. Pour plaire à ta future belle-famille, souffre. Parce que tu es née femme, souffre. Souffre, tu n'as pas le choix. Telle est la tradition!



A travers l'histoire de Chunxiu, Li Kunwu raconte le XXème siècle chinois. de l'Empire agonisant à la République de Sun Yatsen, de l'avènement de Mao aux désastres de sa révolution culturelle.  Chunxiu fut sa nounou, à lui et à sa soeur, pendant leur enfance. Il lui rend avec Les pieds bandés un magnifique et vibrant hommage.

L'histoire se mêle à l'Histoire et la bande dessinée se fait tour à tour sociale, historique, politique, etc.



Si le récit m'a complètement transportée et émue, j'ai eu du mal à accrocher au dessin proprement dit. Question de goût tout simplement. Ce qui ne m'a pas empêchée de dévorer les pages, le coeur serré pour les déboires et l'existence difficile de Li Chunxiu, cette fillette qui grimpait aux arbres et ne voulait pas qu'on lui bande les pieds...
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Une vie chinoise, Tome 3

Une BD qui pourrait s'intituler : « La révolution culturelle pour les nuls », tout y est expliqué et décrit de façon simple et ludique : l'endoctrinement, l'adhésion au parti communisme, la glorification de Mao, la famine, les luttes du quotidien pour le chauffage ou l'eau, les humiliations publiques, l'envoi des jeunes à la campagne…le tout à travers les yeux d'un enfant.

Un récit qui nous en apprend plus qu'un long documentaire sur le quotidien de la Chine des années 50 à la mort de Mao en 1976.

Li Kunwu a été publié dans les magazines de BD chinois les plus emblématiques.

D'abord spécialisé dans la BD de propagande, il s'est ensuite orienté vers l'étude des minorités culturelles chinoises dont sa province, le Yunnan, est si riche.

J'ai trouvé cette BD aussi enrichissante que passionnante.
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Les pieds bandés

Ce n'est pas l'auteur qui m'a donné envie de lire ce manga car je ne le connaissais pas.

Ce n'est pas le dessin qu'il propose qui n'est pas vraiment à mon goût avec ce trait trop libre, ses personnages trop ébauchés.

Au point parfois que je ne reconnaissais pas ces derniers.



Non, ce qui m'a poussé à le lire, c'est le sujet, douloureux et je dois l'admettre, difficile à comprendre.

J'avais quelques connaissance sur cette pratique mais l'auteur m'en a appris bien davantage de manière claire et global en montrant différents aspects.

L'auteur ne nous épargne pas les souffrances, indissociable de cette coutume mais nous explique aussi les raisons esthétiques et sociales.



Un manga difficile mais très émouvant.
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Une vie chinoise, Tome 3

Dans ce troisième et dernier tome, c'est la stupéfiante ascension de la Chine au rang des grandes nations que nous décrit l'auteur, un retournement fascinant et émouvant pour le dessinateur qui se rappelle d'où il vient... La Chine d'aujourd'hui s'ouvre au monde et met les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu : jeux olympiques à la gloire de la Chine, premiers pas dans l'espace, expédition chinoise au sommet de l'Everest.. et alors même que la vie semble plus ou moins immuable dans les petits villages reculés, les cybercafés se multiplient au milieu des marchés ancestraux !

Passionnante découverte que cette trilogie qui permet d'appréhender l'incroyable évolution de la Chine entre la fin des années Mao et aujourd'hui.
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Les pieds bandés

Li Kunwu revient sur ses souvenirs d'enfance et se rappelle sa nounou Chunxiu. Arrivée dans leur famille à l'âge de 63 ans, Chunxiu a déjà un long passé derrière elle, marqué par des événements tragiques et douloureux. Née sous la dynastie des Qing, elle va devoir se plier petite-fille à la douloureuse coutume des pieds bandés. Les « Lotus d'or », ainsi appelait-on ces derniers qui ne devaient pas dépasser la taille idéale de 7,5 cm et qui devaient justement ressembler à un bouton de lotus. Tout d'abord pratiquée à la cour impériale, cette coutume va très vite se répandre à toute la population.



Li Kunwu nous décrit cette tradition chinoise, un impératif pour les femmes qui souhaitaient sortir de leur condition sociale et épouser un riche mari. de leur côté, pour les hommes, avoir une femme aux pieds bandés est un symbole de richesse et de distinction… et également un gros fantasme, avouons-le ! Par sa forme, par son odeur, le pied est un véritable objet de désir. Enfin, c'est pour le mari un gage de tranquillité car sa femme ne peut guère se déplacer.

Avec un graphisme où les traits des personnages sont torturés, l'auteur réussit à nous faire ressentir toute la souffrance de la jeune Chunxiu lorsqu'elle doit se plier à cette pratique barbare.



Voici donc l'avenir qui est réservée à la jeune fille, dont les pieds bandés affolent ces messieurs et qui devient une épouse très convoitée. Mais la Révolution est en marche et avec la République s'annonce la disparition des coutumes féodales.



Li Kunwu, autour de l'histoire de Chunxiu et de son village de Dounan, aborde également tout un pan de l'histoire chinoise, nous contant la fin de l'époque mandchoue et l'avènement d'une ère nouvelle.



Une bande dessinée historique, politique et culturelle, simple et claire, mêlant la grande Histoire à la petite, le tout de manière très touchante.

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Les pieds bandés

Une vie de souffrances... Comme toutes les femmes avant le communisme, Chun Xiu doit se faire bander les pieds. Elle accepte de souffrir le martyr dans l'espoir de faire un bon mariage. L'Histoire cependant n'a que faire des plans matrimoniaux. S'ajouteront les douleurs du travail avec des pieds mutilés et celles de la misère.

L'auteur ici retrace la vie de sa nounou, fruit d'une autre époque, qui lui fera découvrir la Chine d'avant Mao. Avec ses beautés et ses laideurs. Le lecteur y découvre la pays, au moment du changement, puis ses conséquences, sur 60 ans.

Le seul reproche que je peux faire concerne le dessin. L'histoire est très bien, mais mal servi par un dessin qui donne l'impression d'être un brouillon et non pas l'oeuvre terminée. Cela peut être assez gênant à la lecture.
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Cicatrices

Cicatrices est un manhua, c.-à-d. une B.D. chinoise. D’abord « soldat-dessinateur » de propagande pour le Parti communiste chinois, puis dans la presse, Li Kunwu, l’auteur, est « découvert » puis collabore en France avec Philippe Ôtié pour la trilogie « Une vie chinoise » (édit. Kana). Néanmoins, ce n’est pas pour la qualité des dessins que je vais mettre 4*, mais parce que c’est un bouquin atypique et intéressant du point de vue historique.

Le synopsis : En Chine aujourd’hui, Mr Li découvre chez un bouquiniste, une gravure japonaise de la fin du 19ème siècle, ce document est une sorte de jeu de l’oie racontant la première guerre Sino-japonaise de 1895. Après beaucoup de marchandages, il sympathise avec le vendeur, qui lui montre d’autres raretés en sa possession, dont une série de journaux et de photos de la deuxième guerre entre Japonais et chinois en 1937. Mr Li est très intéressé mais en Chine les prix de ces imprimés rares sont de plus en plus chers, il ne peut se les offrir ... Il trouvera un subterfuge ... Cette histoire nous permet de plonger dans la réalité chinoise d’aujourd’hui (dont j’avoue ne pas connaitre grand-chose), la classe moyenne, l’intérêt pour leur Histoire dont les chinois ont été éloigné pendant longtemps et notamment durant la révolution culturelle. Il n’y a plus que les très vieux qui se souviennent. Les photos d’époque sont insérées dans la B.D. ce qui lui donne l’aspect d’un documentaire. Et la comparaison avec notre Histoire européenne est frappante.

Page 164 cette citation « à l’époque, ils utilisaient ces documents à des fins de propagande ... Comment voir les faits historiques avec objectivité ? » ; Le devoir de mémoire est aussi l’un des thèmes importants de ce bouquin. Allez, 嗨 (Salut en Chinois « simplifié » ;-)

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Travel book Cuba

En tournant les pages de ce magnifique carnet de voyage on se sent emporté à Cuba en une seconde, comme déposé par un cyclone émotionnel au cœur de l’île. Qu’il choisisse le trait au crayon, l’encrage ou les touches de peinture, Li Kunwu fait toujours montre de sa grande sensibilité, transfigurant ses impressions au prisme de son art.



L’objet-livre est en soi merveilleux par sa finition, sa qualité, sa densité. Le format à l’italienne permet une vision extrêmement large et parfois panoramique avec quelques très belles double pages.



On ne peut que revenir encore et encore dans cet univers, feuilletant, rêvant, cherchant les détails, s’imprégnant d’un lieu si puissant. Ces visages interpellent tandis que l’on croit entendre les klaxons et les voix, sentir les odeurs de mer et d’épices, pouvoir goûter à ces fruits… C’est la quintessence du carnet de voyage, un genre qui remonte à Delacroix et Gauguin.



Ce n’est donc pas tant un carnet de voyageur qu’un carnet d’artiste. Pour en savoir plus sur le parcours de vie de Li Kunwu il faut découvrir son autobiographie en bande dessinée, Une vie chinoise.



Avec son génie particulier, il nous sert de guide de La Havane à Santiago, à la ville comme à la campagne. Les pages en regard proposent des contrastes de style comme de sujets : offrant portraits ou foules bigarrées, monuments comme petites échoppes, paysages et scènes de vie. Certaines illustrations reproduisent des éléments textuels qui font sens : panneaux, affiches, plaques de rues, ticket d’alimentation. La série de six pages sur le combat de coq est à la fois une narration et une étude animale.



Un très bel ouvrage qui donne envie tant de partir que se plonger dans d’autres carnets de voyages…
Lien : https://lireetclaire.wordpre..
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Les pieds bandés

La Chine me fascine depuis toujours, pays si riche en coutumes et traditions. J'ai redécouvert l'une d'elle ici : les pieds bandés. L'auteur nous raconte ici l'histoire véridique de sa nounou à qui on a cassé les orteils et bandé les pieds. Avoir de petits pieds, enfermés dans des chaussons, cousus mains, était synonyme de mariage heureux avec un riche.



La révolution culturelle arrive et brise la vie de tous, la jeune fille y compris qui va se retrouver seule avec des pieds atrophiés.



Une vision effroyable du Xème siècle au début du XXème ! La taille idéale des pieds étant de 7.5 cm... un récit en noir et blanc qui nous touche et nous laisse sans voix. Un milliard de femmes en ont souffert.


Lien : http://lespapotisdesophie.ha..
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La Voie ferrée au-dessus des nuages

Après avoir abordé sa propre histoire dans Une vie chinoise, puis le sort des femmes au début du XXe siècle en Chine dans Les pieds bandés, Li Kunwu nous livre une nouvelle bande dessinée, cette fois sur un sujet en lien avec la France : le chemin de fer du Yunnan !



Dans La voie ferrée au-dessus des nuages, nous suivons Monsieur Li à la recherche de l’histoire du fameux chemin de fer construit au début du XXe siècle par les Français dans le sud-ouest de la Chine, dans le but de relier le Vietnam à la ville de Kunming. Du fait du relief très accidenté de cette région, la construction a été à la fois un exploit technique et un drame pour de nombreuses familles chinoises avec la mort de milliers d’ouvriers sur le chantier.



A travers son enquête, Monsieur Li nous emmène au musée du chemin de fer de Kunming et sur les rails du train encore en service, pour finalement tomber sur une collection de photos prises par un ingénieur français à l’époque ainsi qu’un livre retraçant l’histoire de ce Français et sa famille. Mais va-t-il finir par trouver une explication à ce « cimetière des étrangers », objet de sa quête ?



couverture2Le livre que Monsieur Li déchiffre grâce à des étudiants de l’Espace francophone de Kunming s’appelle Un chemin de fer au Yunnan : L’aventure d’une famille française en Chine, rédigé par Pierre Marbotte, le petit fils de cet ingénieur passionné de photos qui les envoyait à sa femme restée en France.



Li Kunwu nous fait revivre le récit de cette famille en redessinant une partie des photos et en reprenant des lettres qu’ils ont échangées à l’époque, le tout conservé précieusement en France par leurs descendants… et qui ont connu une deuxième vie grâce à une exposition à Kunming et la publication de ces deux livres.



Nous vous conseillons vivement de vous plonger dans cette bande dessinée présentant cette voie ferrée si particulière, l’histoire de ceux qui l’on construite et la réalité actuelle de la lutte pour sa sauvegarde dans le contexte de rentabilité économique qui prévaut en Chine.



Le livre-témoignage de Pierre Marbotte est aussi très intéressant à lire, vous y trouverez la reproduction de nombreuses photos d’époque, lettres et reproductions de documents pour mieux comprendre ce que cette famille a vécu. Vous verrez la différence par rapport à des expatriés qui partent en Chine de nos jours !
Lien : http://asielitteraire.wordpr..
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Les pieds bandés

L'auteur raconte ici l'histoire de sa nourrice, une chinoise aux pieds bandés.

Nous la suivrons pendant toute sa vie, de la décision familiale de lui bander les pieds, en passant pas une vie difficile voire même carrément une vie de misère à cause de ses fameux pieds censés lui assurer un beau mariage... mais l'Histoire vient parfois anéantir bien des espoirs.

On comprend bien que les filles n'avaient pas le choix, ne pas se bander les pieds faisait de vous une bannie de la société et vous condamnait à une vie de simple servante plutôt qu'à devenir une Epouse, qui est le pouvoir suprême pour une femme !

Le thème est intéressant car assez peu traité dans les bandes dessinées mais je n'ai pas forcément beaucoup accroché avec le dessin, j'ai trouvé qu'il manquait de finesse.

Retracer des dizaines d'années d'Histoire en quelques pages était une très bonne idée, les informations sont claires et précises, cependant, les émotions de la jeune fille sont assez peu prises en compte et j'ai trouvé cela dommage.

Sur le même thème, il existe un très bon roman "Fleur de neige" de Lisa See, qui détaille bien le processus du bandage des pieds et les conséquences concrètes sur la mobilité et la totale dépendance de ces femmes.

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Les pieds bandés

Li Kunwu, que je ne connaissais pas avant de tomber sur cette bande dessinée est un des rares, si ce n’est le seul, Chinois à vivre de ses bandes dessinées. Plus connu pour son triptyque La vie chinoise, il décrit ici la vie de sa nourrice, Chunxia, la beauté du printemps, qui eut les pieds bandés à l’âge de six ans, sa mère espérant ainsi lui offrir un beau mariage, mais l’histoire avec une majuscule en a décidé autrement.

Il me semble que le titre est réducteur car si effectivement le bandage des pieds de la petite fille espiègle et pleine de vie qu’était Chunxia occupe une large place dans le premier tiers du livre, cette bande dessinée est avant tout une fresque des nombreuses et contradictoires mutations successives que la Chine a traversé au cours du XXème siècle. Des bouleversements successifs que l’on voit ici à travers la vie d’une femme du petit peuple, d’une femme dont le sort n’intéresse guère l’administration et son idéologie, mais qui doit apprendre à vivre dans cet monde en mutation, elle indélébilement marquée dans sa chaire comme appartenant à l’époque d’avant. On ne se débarrasse pas de ses pieds bandés comme les hommes se sont débarrassés de la natte symbole de la dynastie Qing.

Je n’apprécie guère le dessin trop brouillon de Li Kunwu, mais l’histoire, parce qu’elle est vraie et tragique dans sa banalité m’a touchée, et j’ai aimé cette lecture sans espoir, où la tendresse de l’auteur sourd dans chacune des cases où il représente sa nourrices, mais n’est que rarement ouvertement exprimée. Une bande dessinée témoignage comme on en fait beaucoup maintenant, mais qui, si elle n’est pas la meilleure du genre, a l’intérêt d’aborder un thème loin de nos préoccupations occidentales habituelles et de le faire de façon à la fois tendre et factuelle.
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Les pieds bandés

Chunxiu est une petite enfant espiègle de 7 ans qui vit dans la campagne chinoise du XXème siècle. Elle n'est pas promis à un grand avenir jusqu'à ce que sa mère décide de lui payer un bandage de pied.



La taille de pied idéale est de 7,5cm (prenez une règle et vérifiez, édifiant n'est-ce pas ?), pour atteindre cette taille, il faut donc casser les doigts de pied, les recourber vers l'intérieur du pied, réduire le coup de pied et serrer le tout dans un bandage pour conserver la taille voulue. Une véritable séance de torture.



Mais dans quel but ? Par tradition d'abord mais aussi pour atteindre un idéal féminin dicté par les classes supérieurs masculines. Avoir les pieds bandés signifiait alors se marier à un homme riche et mener la belle vie en ville. Prête pour le sacrifice mesdames ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Difficile de se rendre compte des enjeux maintenant ...



Chunxiu était en fait la nourrice de l'auteur Li Kunwu, cette histoire est vraie et donc d'autant plus glaçante. Bien que très intéressant du point de vue informations et découverte du rituel des pieds bandés, le dessin un peu brouillon en noir et blanc m'a déçu et m'a pas permis de rentrer entièrement dans l'histoire.
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